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L'université populaire

534 mars (16 août 2017)

Son de l'atelier

Présentations pour alimenter la discussion

L'université populaire doit l'être vraiment d'après un article de Thomas Moreau

Lien de l'article : https://www.revue-ballast.fr/luniversite-populaire/

Thomas Moreau retrace un historique de l'université populaire d'un point de vue socialiste libertaire. Il raconte l'histoire à travers deux personnages historiques. D'abord il prend le cas d'Emile Méreau, ouvrier ébéniste qui organise des soirées d'éducation populaire avec des collègues, chez lui après le boulot, vers la fin du 19ème siècle. Pendant ces soirées ils lisent un texte introductif dans un livre acheté ensemble, et partagent ensuite une réflexion commune. Peu à peu ils abordent des sujets de plus en plus intellectuels et fouillés, mais ils font toujours l'effort d'eux-mêmes. Ils créent eux-mêmes les conditions de leur émancipation en exerçant leur liberté individuelle et collective. Et puis un jour George Deherme, ouvrier typographe, passe à une des soirées, et il a une idée pour revisiter le concept : il introduit la figure de l'intellectuel universitaire. Il fonde alors en 1899 la première université populaire. Le principe est de faire la jonction entre les masses voulant acquérir du savoir, et les intellectuels voulant agir sur les masses. Mais si ça a un grand succès pendant quelques années avec plus d'une centaine d'université populaires en France en moins de deux ans, le succès retombe très vite et leur nombre s'effondre rapidement. Elles sont à nouveau remplacées par les bourses du travail où on se réunit pour mener des actions sociales, faire la grève etc.

Selon Thomas Moreau cet échec est dû à deux raisons :

  • Si le concept d'Emile Méreau mettait l'accent sur la libération de l'individu par l'autogestion, la volonté de partage et d'émulation mutuelle, le concept de George Deherme avait le défaut d'introduire un aspect utilitariste avec des figures intellectuelles militantes célèbres qui se servaient de ces universités pour mener à bien leurs projets.
  • L'autre problème vient de la place prépondérante que prennent peu à peu les intellectuels, et qui fait qu'une divergence vis-à-vis des sujets théoriques qu'ils imposent, alors que les ouvriers préfèrent des sujets liés à leur actualité, et finissent par se désintéresser de cette construction intellectuelle à laquelle ils ne participent pas vraiment.

Ensuite tout le long du 20ème siècle la diffusion du savoir passe par les réseaux militants, par l'associatif. Mais tout ça est peu à peu institutionnalisé, subventionné. L'Etat crée un ministère de la culture et les associatifs qui s'occupaient de l'éducation deviennent salariés dans des domaines très spécifique. Tout l'aspect politique de cette éducation est progressivement remplacé par de la culture inoffensive comme sait si bien le faire l'Etat.

Enfin, les université populaires renaissent dans les années 1990. Elles sont gratuites, mais leur forme est encore trop élitiste. Des conférenciers présentent des choses et proposent ensuite d'en parler un peu avec l'auditoire, qui finalement n'en retiendra pas grand chose parce qu'il n'y projette aucun affect.

Thomas Moreau propose de changer ces universités populaires pour transformer les participants en sujets politiques, en acteurs plutôt que spectateurs. Il faut selon lui que l'intellectuel spécialisé accepte de descendre de son piédestal, et reste en retrait pour ne pas créer une séparation entre sachants et ignorants. Le conférencier peut alors apporter des réponses concrètes que les autres se posent en fonction de leur savoir empirique. Ca lui permet d'être confronté à une situation dont il n'a pas l'habitude et de s'enrichir de ça, et aux autres d'être des acteurs d'une construction collective du savoir, qui forme des connaissances à usage concrêt et immédiat. Il cite Simone Weil qui dit qu'il s’agit de contrer la « domination de ceux qui savent manier les mots sur ceux qui savent manier les choses ».

Mais ça ne suffit pas selon lui, il faut un deuxième aspect de transformation :

"Il faut, dans la mesure du possible, réconcilier dans les contenus la pensée théorique et la pratique, l’esprit et le corps, l’intellect et l’émotion. Pour se matérialiser, cette réconciliation peut passer par un regroupement avec la culture des activités de solidarités (Économie sociale et solidaire, AMAP, ateliers d’autonomie avec des thématiques comme « se nourrir », « faire son vêtement », etc.), les cafés et les restaurants solidaires. Ce côtoiement des activités et la priorité donnée à l’expérience sensible permettent de vivifier ces structures en assurant la présence de tous les publics. Il érige aussi des passerelles entre les savoirs dans l’acte de l’apprentissage. Enfin, il fait naître une atmosphère quotidienne de convivialité. Le groupe d’auditeurs-acteurs gagne en autonomie spirituelle, intellectuelle et matérielle. Cette forme et ces méthodes proprement populaires correspondent au « projet d’éducation politique des adultes » voulu par Condorcet comme Saint-Fargeau, qui lui assignaient la fonction d’empêcher l’apparition d’une société inégalitaire fondée sur les savoirs. Cette élaboration critique du savoir dans les universités populaires serait un crachat lancé à la face du conservatisme actuel de l’enseignement supérieur, qui cherche à tout prix à empêcher l’énonciation du conflit social par un enseignement ultraspécialisé, inoffensif, hors-sol, excluant tous rapports sociaux et toute visée critique au nom de la sacro-sainte objectivité. L’autonomie des universités et l’entrée « partenariale » du monde de l’entreprise témoignent de cette volonté de façonner un Homo capitalicus, selon les besoins, les souhaits et les attentes du Capital. À l’envers de ce modèle, l’université populaire mène un exercice de déconstruction des savoirs morts, mais dote surtout ses membres de savoirs pratiques qui leur donnent la « puissance d’agir » décrite par Spinoza. Ils peuvent verbaliser ce qu’ils vivent et contrer la diminution pratique comme sémantique de leur réalité sociale d’exploités et d’exclus."

Educ'Pop Debout

Site : https://educpopdebout.org

Educ'Pop Debout s'est assez rapidement autonomisé par rapport à la nuit debout, avec ses médias, son lieu sur la place, et a continué longtemps alors qu'il n'y a vait presque plus personne à la nuit debout de Paris République. Et ils continuent toujours.

La formule de base de fonctionnement est que ceux qui veulent venir parler d'un sujet le proposent, et ils auront alors 5 à 20mn de présentation suivi de 40 mn de discussion avec les gens sur la place. On ne connaît que leur prénom et pas leur fonction (et ils sont priés de ne pas se présenter en experts mais de parler de manière accessible), et on peut les intérompre n'importe quand pour une remarque ou une question.

Les conventions sont bien sûr celles classiques de Nuit Debout : on ne parle pas en même temps qu'un autre, on lève la main pour demander la parole, on peut faire des gestes, on est bienveillants les uns envers les autres etc. et un modérateur s'assure qu'on les respecte que la parole circule, y compris de manière paritaire.

Tout le monde peut s’inscrire pour venir intervenir en proposant un thème de discussion portants sur un savoir-faire, une expérience, une passion, un projet,une idée, une pensée… le sujet est choisit par l’intervenant, ses propos n’engagent que lui et pas Debout Éducation populaire qui a juste une fonction organisationnelle.

Ils ont par la suite adopté deux autres formats :

  • la boite à questions qui consiste à réserver des sessions où on lit à haute voix des questions posées sur desbouts de papier ou par internet, et on reste dessus tant que quelqu'un a une réponse à apporter, puis on en change, avec la possibilité de rester jusqu'à 1 heure sur une question.
  • l'atelier hebdomadaire "Educ'Pop" de 2 heures, où un grand thème est poursuivi de semaine en semaine pour construire colelctivement des propositions. Ils ont fait en 40 séances le thème "Quelle société veut-on ?" suivi de "Comemnt arriver à la société qu'on veut ?".

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