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Villes/Nice/Université populaire/CR/106 Mars + Ce que parler veut dire, économie des échanges linguistiques

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Ce que parler veut dire, économie des échanges linguistiques

13 juin 2016

Présentation

Analyse tirée du livre sus-cité de Pierre Bourdieu. Doutant de l'intérêt d'un compte-rendu wiki (qui cela peut-il intéresser ?), je fais l'effort de m'y atteler pour ne pas laisser sans voix : 1) un livre s'appliquant à démonter des hiérarchies socialement construites, 2) l'oratrice (votre serviteuse) qui, en sa qualité de femme (de classe 'moyenne-basse'), a l'habitude d'être réduite au silence ou reléguée au 'babillage'. Ce serait dommage de censurer tout ça ici.

Capital linguistique et marché de la tchatche

Bourdieu schématise l'espace social selon 2 axes : capital économique (plus ou moins de pognon et de patrimoine) et capital culturel (+ ou - farci de 'bonne culture'). A ce dernier participe le capital linguistique qui détermine nos productions langagières.

Acte de parole = conjoncture entre un habitus linguistique et un marché linguistique.

L'habitus détermine la forme du discours (lexique, syntaxe, accent, etc), la propension à parler et à dire des choses déterminées et enfin la capacité sociale permettant d'utiliser adéquatement cette compétence. Nos façons de parler sont forgées par nos milieux d'appartenance (familiaux, sociaux), reflètent un héritage reçu + ce qu'on glane dans les milieux où l'on traîne + les éventuels efforts qu'on a à faire pour se donner un style (total free style dans l'interprétation).

Le marché linguistique, en gros les différentes situations sociales, s'impose de son côté comme un système de sanctions et de récompenses (favorable ou non à nos productions). "Plus le marché et officiel, conforme aux normes de la langue légitime, plus il est dominé par les dominants". Tu es dans un endroit où tout le monde parle bien et porte des costards et tu te dis "fantastique, je vais pouvoir participer à cette discussion passionnante", ou bien "je vais plutôt fermer ma gueule si je veux pas passer pour un-e con-ne", ou encore "c'est quoi ce ramassis de bourgeois qui se font mousser en disant de la merde", tu leur dis, et tu passes pour un-e débile malappris-e. (complètement hors exposé)

En effet la langue légitime détermine l'efficacité du discours, donne du crédit, en 'impose', et suscite l'inclination à coopérer.

Hiérarchies de styles, hiérarchies de classes

Cette langue légitime, efficace et valorisante, implique un niveau de correction élevé en plus d'une certaine coolitude (détente dans la tension). C'est un signe distinctif, une forme de richesse, c'est la langue de ceux qui assurent grave dans le monde (riches ou pas en capital matériel, illes le sont au moins en capital symbolique). Elle est la référence à laquelle toutes les autres pratiques linguistiques sont mesurées.

Les classes sup sont favorisées par leur fréquentation précoce et durable des marchés où l'on use de ce parler travaillé que les 'luttes de classement' ont historiquement hissé comme référence. Les classes pop ou petite-bourgeoises, si elles acceptent les règles du jeu, auront un effort particulier à fournir pour manier la langue de ceux d'en haut, ou du moins gommer les éléments stigmatisés de leur propre langage afin de gagner en crédibilité.

Obey or not obey ?

Conclusion

"Le sens de la valeur de ses propres produits linguistiques est une dimension fondamentale du sens de la place occupée dans l'espace social".