Villes/Bayonne/CR/7 juin/ 99 mars/ AG Violences 1

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AG Violences chapitre 1[edit | edit source]

7 juin

La violence - chapitre 1 - Nuit Debout Bayonne[edit | edit source]

Dans le combat social aujourd'hui, on se bat contre une inversion de la hiérarchie des normes. Qu'est-ce que la violence ? Qui fait violence ? C'est une question posée par une jeune qui admet que certains de ses copains sont tentés d'utiliser la violence envers les symboles nationaux. Pour autant, il interroge : "quel autre choix a-t-on, quand de toute manière, les parents ont tellement été humiliés qu'ils ne pourront jamais accompagner vers une éducation de qualité?".

Comment caractériser cette violence sociale? Et dans Nuit Debout, le problème se pose aussi, on est assez stigmatisé par des cassages, mais le vrai problème, ce ne sont pas les faits qui émanent en marge des manifestations contre la Loi Travail, c'est le nettoyage des préjugés au sein des assemblées, l'apprentissage du débat, pour aboutir à un projet commun qui soit pluriel et non les antagonismes préexistant.

Les violences existent à plusieurs niveaux. Qui fait violence ? on est passé de "c'est le gouvernement" à "c'est le Medef", c'est "les riches, les puissants"... Qui oppresse? Dans cette désignation, on avance, c'est la "lutte des classes". On pourrait investir les conseils municipaux pour dénoncer, mais on risquerait "l'insulte en réunion", et cela n'aurait pour effet que "le sabotage de nos vies".

On est soumis à des normes, sans même avoir de prises sur leur instauration. Le Tafta n'est pas seulement une histoire globale, c'est idéologique et cela aura des répercussions sur nos pratiques.

La loi travail, c'est une question de philosophie, être grand patron n'est pas suffisant, mais le travail est en plus un instrument d'asservissement. C'est la violence monumentale du système et de ses modes d'action qui s'en prennent aux droits fondamentaux de l'être humain Comment faire sauter cela à coups d'arguments ? Il faudrait "décoloniser le naturel". Connaît-on aucun mouvement qui n'ait jamais utilisé la violence ?

Nous, à Nuit Debout Bayonne, on veut reconstituer l'Agora, même si on est pas toujours d'accord là-dessus, on avance comme ça, on fait ressortir ce principe, on aimerait instituer cela, pour ceux qui suivront : qu'ils sachent que si un jour ils veulent débattre d'un problème citoyen, eh bien c’est le lieu.

Aujourd'hui, on oppose la violence à la non-violence, et dans l'institution, on a fait disparaître la vraie clinique. C'est le piège de la bienveillance, et de la non-violence (dans des contextes inégalitaires), c'est à dire où le rapport de force n'est pas égal (monde du travail, monde social avec inégalités de richesse). Le but de la clinique psychiatrique aujourd'hui (qui passe par le comportementalisme et la bible de la psychiatrie US) est de faire disparaître l'inconscient, en médicalisant tout le monde avec le même anti-dépresseur, en classant tout le monde depuis la petite-enfance (notion pas anodine) : hyper-actif, timide...

Pourtant, la violence authentique fait partie des relations humaines, ça s'entrechoque, c'est le narcissisme, on ne peut pas abolir cette blessure narcissique, revenir avant, il faut apprendre à vivre avec cette violence/blessure. Aller vers l'autre, sortir de son nombril, c’est se faire violence, c'est oser être en désaccord, prendre la parole c'est violent, et pourtant ce n'est pas malsain. A force de tourner en rond, de se confronter, on va pouvoir faire quelque chose ensemble. De l'un au groupe, c'est cela que l'on travaille.

Comment la violence est véhiculée sur la planète ? On aime pas les non-violents (Gandhi, Jesus, Socrate, Luther King... L'exemple de la lutte non-violente en Larzac est intéressante aussi : "Gardarem ou Larzac". On peut opposer à la violence institutionnelle, mais pas répondre à la violence par la violence. Voir l'analyse du 13 nov effectuée par Alain Badiou. On peut dire qu'Hollande est le président le + violent de la 5ème république car il est passé à l'acte, au contraire de ses prédécesseurs.

Peut-on alors parler de légitime défense ? Exprimer sa colère dans quelle mesure c'est sain ? qu'est-ce que ça veut dire ? Comment on sort du dualisme ? On a créé une dramatisation de l'action, on a opposé action vs blabla, alors que toute parole en acte porte plus que n'importe quel coup d'éclat.

Confronter ses idées avec celles des autres, c'est essentiel; c'est important sur le long terme. Il y a des violences inéluctables, mais nous devons faire attention aux violences aveugles. Existe-t-il une violence légitime? Un agriculteur meurt tous les jours. La parole politique est confisquée par nos représentants. Il n'y a plus de place pour penser nos contradictions. La colère ce n'est pas la violence. Sortir de la violence, c'est aussi poser des limites, nommer les faits, faire argument.

C'est un rapport de force, donc une entité qui impose à l'autre - "je suis pour la négociation". Quel est le Contrat Social ? que tout le monde crève ? soit asservi ? Le Contrat social c'est l'intérêt commun, de tous. Quitte à l'imposer par la force ? oui si on confond intérêt général et intérêt commun. Qui dicte l'intérêt général?

Prenons l'exemple du referendum sur le Pays basque (EPCI), quelles sont les attentes ? Quelles sont les stratégies d'action ? Cette entité permettra-t-elle in retour de la vie communale (qui n'est plus pensée en faveur d'une confusion entre identité politique et identité culturelle). Et les questions sociales, comment les traite-on? On voit le problème de l'Europe. Alors à Nuit Debout, a-t-on envie de faire mouvement, ou de rejoindre d'autres luttes selon le désir de chacun ?

Le referendum aurait lieu chaque année, et devrait permettre la transition démocratique? Ce pourrait être un outil consensuel; mais sur quels points ? Sans pédagogie en amont, cela risque d'être inopérant, le peuple est jeune, il renaît à peine. Le referendum dans ce sens pourrait faire poids face aux lobbies psychiatriques, et aux multinationales, à l'oligarchie. "Le pouvoir c'est nous, prenons-le".

On ne peut déconnecter théorie et pratiques. On est "vachement" déconnectés du vivant? Est-on encore capable de subvenir à nos besoins, de vivre à l'état sauvage ? Il existe des villages auto-gérés, des alternatives comme les éco-lieux, le woofing... Dans les Landes, il y en a 3, prenons ces leviers, et les subventions publiques. Ces lieux sortent-ils alors vraiment de l'économie monétaire ... ? Pas vraiment.

"Pour moi, la radicalité, ce ne sont pas les voies déjà connues, c’est le NON". On a d'autres choses à faire grandir que les plantes, par exemple, le sens des rythmes, des saisons, et des affects humains. Qu'est-ce que l'harmonie, le partage ? Qu'est-ce qu'on fabrique en inventant tout ça ? de la culpabilité ? du mal-être?

C'est bien beau une révolution, mais on voit bien commet les théoriciens de la révolution ont créé une pieuvre avec l'argent, la technique, le progrès, mais n'ont pas pris la question du changement social au sérieux. Qu'est-ce qu'on met à la place?

- organiser sa pensée - faire oeuvre

Quels objectifs ? on en revient toujours à cette question? changer le système ? mais comment ? A quoi bon? On a fait une commission élection, on a proposé un outil réferendum, une autre manière d'organiser la représentativité... on a constaté que le fonctionnement de la tribu était révolu, et que le fonctionnement de la tribune était terminé.

Quand on dit qu'est-ce qu'on met à la place et qu'on répond : "organiser sa pensée, faire oeuvre", pour beaucoup c'est insuffisant. L'objectif doit être politique. On propose donc d'inverser les choses, et de ne pas sortir ceux qui sont au pouvoir, mais d'y mettre ceux qui n'y sont pas aussi. C'est la démocratie directe, et avant ça, on peut commencer par un système représentatif réel.

Pour revenir à la technique, il fait sortir la technique du problème, car ce sont les possédants qui possèdent la technique, et comment faire pour que cette technique serve au peuple. On peut toujours vouloir retourner à la terre, mais il ne fait pas oublier que retourner à la terre c'est mourir aussi, au sens figuré.

Concrètement, on voudrait matérialiser un espace pour les assemblées, les CR, les rendez-vous et recréer une agora où la parole devienne acte. ON voudrait construire une vie/ville à l'échelle de la tribu dans laquelle on pourrait s'emparer des problèmes, et pas fonctionner dans du toujours plus gros. C'est le délire politique, le délire de grandeur qui est violent, parce qu'il détruit tout autour de lui. On veut créer une nouvelle utopie.

La prise de parole est essentielle car c'est par elle qu'on construit le contrat social, qui existe à l'échelle de la tribu/de la commune et du quartier. C'est un travail de s'émanciper, et seul le temps peut le permettre. Nuit Debout institue un espace-temps pour faire cela : faire oeuvre par la rencontre de nos pratiques. Oui l'être humain peut réapprendre, les alternatives le montrent, mais ne peuvent être des fins en soi, car il y manque le rapport à l'inconnu. Le travail c'est ce qui permet de faire oeuvre, et dans la violence de cette loi travail, c'est ce que nous pointons : un individu qui ne fait plus oeuvre est dépossédé de sa liberté, et la multiplication des n'y changera rien.

Il n'y a plus que 3% d'agriculteurs aujourd'hui en France. Les militants du Larzac demandaient à travailler deux heures salariées par jour, bizi aussi. Il fait voir en dehors du salariat tout ce qui fait travail et qui n'est pas considéré comme tel. On ne peut pas toucher à tout le progrès, mais on peut envisager une décroissance intelligente. Certains voudraient mesurer le bonheur.

Quel fonctionnement ? L'échelle de la tribu on y est, le fonctionnement est un peu plus compliqué. Attention à l'angélisme des éco-lieux, car quand on observe le fonctionnement, on peut considérer que c'est de la servitude volontaire. A la ville, à la campagne, comment on se fédère ? Puisque le travail se désagrège ce sont aussi les liens sociaux qui tenaient grâce à lui, et qui fondaient notre pratique démocratique. Cela remet en question toute la vie jusqu'à présent. C'est la révolution permanente que nous voulons remettre au centre, pour éviter les incessantes leçons de l'histoire, la régularité sociologique des crises.

A notre échelle, et pour l'instant, remettre la violence à sa place c'est reprendre pouvoir sur notre travail (au sens plein et pluriel) et peser pour le principe de démocratie directe partout dans nos institutions, et donc penser l'articulation de l'individuel et du collectif. Qui s'occupe de notre spiritualité? de ce patrimoine humain ? Nuit Debout c'est politique, et c'est justement cette articulation. Comment vivre ensemble avec nos différences, mais aussi mettre en commun notre pluralité? Comment on gère le pot collectif, les ressources naturelles ? Quel rapport entretient-on avec la nature?

Il y a un conflit d'interprétation ici, et aussi un phénomène récurrent qui est l'annulation de la parole de l'autre. Comment on met en place une "écologie individuelle" pour travailler sur soi. Nous devons "métaboliser", "incorporer", "laisser une trace" qui fait la synthèse. La réunion de l'assemblée est légitime, donc nous devons poser la question de la restitution. Pour beaucoup, ça ne mène à rien. Porter notre parole, nos décisions, c'est capital.

Un exemple de débat sur le salariat pendant le CPE qui a vraiment porté et qui reprend là : deux mythes inversés (le travail et l'emploi) et dans une société capitaliste la confusion entre la valeur d'un individu et la valeur de son travail. N'a de valeur que ce qui est sur le marché capitaliste. Donc on peut décider collectivement ce qui a de la valeur et en retirer à ce qui en a accumulé... La démocratie est absente de l'entreprise, d'où la difficulté jusqu'à présent. UN droit progressiste n'est pas à la base un droit qui convient à tous.

Laisser des traces c'est aussi faire de la science, chercher, créer, dans tous les domaines, et notamment en ce qui nous concerne 1) le contrat social et la place du travail salarié là-dedans - in trouve les causes, on fait histoire en s'inscrivant dans un rapport au savoir et au monde. 2) le lien que chacun entretient avec la nature, la nature des choses y compris, celle des gens.

Sortir de la violence, c'est avoir la possibilité de se projeter, de faire œuvre d'avenir.