Bienvenue sur le wiki de Nuit debout, nous sommes le 2980 mars.




Villes/Limoges/ApresCapitalisme

De NuitDebout
Aller à : navigation, rechercher

Atelier du 16/avril/2016 sur le thème :

                                           "Après-Capitalisme, On fait Quoi ?"

Beaucoup de sujets ont été abordés durant cet atelier très actif où de nombreuses personnes sont venues partager et apprendre sur le capitalisme, ses dérives et les moyens d'en sortir.

Je vais tâcher dans ce compte-rendu de présenter l'ensemble des points abordés de façon structurée autour de 3 axes de réflexion : un constat lucide sur le capitalisme et ses dérives, une réflexion sur les alternatives par lesquelles nous souhaiterions le remplacer, et les moyens d'y parvenir.

Constat

Alors que nous essayions de définir ce que nous entendions par "capitalisme", nous avons pris conscience que ce terme finit par faire office ce fourre-tout pour désigner "le système". Ainsi, nous ne savons plus réellement de quoi nous parlons, parce que ce "système" qui nous oppresse se décline sur un ensemble de pans qui forment la structure de notre société.

Politique

Ce "système", c'est d'abord la pseudo-démocratie appelée république, dans laquelle la délégation du pouvoir à des "représentants" a subtilement remplacé le pouvoir du peuple. Un système politique hiérarchique favorisant la corruption, dans un contexte de mondialisation ou le pouvoir est toujours plus centralisé et contrôlé par l'économie (TAFTA par exemple).

Pourtant, partout à travers la planète, des populations développent des alternatives à ce système politique aujourd'hui obsolète : du Chiapas au Rovaja, en passant par Exarchia à Athènes ou Christiania à Copenhage, des enclaves autonomes expérimentent déjà des formes politiques de démocratie directe.

Économique

Le capitalisme financier, comme tout système économique monétaire, nécessite de cultiver une notion de rareté. Effectivement, plus il y a d’argent disponible et moins il a de valeur (du fait du phénomène de l’inflation). Imaginez qu’il y ait autant d’argent disponible autour de nous que de feuilles d’arbre en automne … Qui se donnerait la peine d’en gagner plus par sa force productive ? Qui troquerait le fruit de son labeur contre de l’argent ? Ainsi, pour qu’il y ait des riches, il faut des pauvres. L’argent instaure alors un rapport dominant/dominé par l'appropriation des diverses ressources.

Ainsi, en 2008, l'agriculture mondiale a produit (d'après l'ONU), de quoi nourrir 12 milliards de personnes. Nous étions 6 milliards, et 1,5 restaient mal nourris. L'argent ne se mange pas, mais il empêche ceux qui en manquent de manger. De la même façon, il y a 10 fois plus de logements vides que de SDF en France. Prenons conscience que les ressources sont là pour satisfaire les besoins de tous le monde, et que c'est notre système économique qui nous en empêche.

Technologique

Ce système économique dirige les entreprises, et les poussent, afin de survivre économiquement, à produire toujours plus et toujours de moins bonne qualité (principe d'obsolescence programmée). Ainsi, nous pillons les ressources de la planète en polluant toujours plus, pour finalement consommer des produits de mauvaise qualité ne correspondant pas à nos besoins.

Pourtant, de nombreuses alternatives existent aux techniques et technologies proposées par le système économique. De la permaculture aux matériels libres, l'ensemble de nos besoins peuvent aujourd'hui être produits avec des technologies libres, autonomisantes et durables.

Social

Le capitalisme a aussi imprégné profondément notre organisation de la communauté : en individualisant les vies de chacun, le système que nous avons construit à détruit petit à petit les liens qui tissaient les réseaux sociaux d'autrefois. Le seul groupe social restant est l'entreprise, où la séparation du travail (tripalium, instrument de contrainte) d'avec le loisir (assuré par la consommation pendant les heures de repos) freine la motivation et la créativité du plus grand nombre.

Contraint pour survivre d'assurer un rôle que l'on a pas vraiment choisit, avec des collègues que l'on a pas choisit, pour un patron que l'on ne choisit surtout pas, comment espérer que nous nous épanouissions, et que le fruit de notre activité ne soit pas que le reflet morbide de cette organisation aberrante ?

Pourtant, de nombreuses alternatives existent également en terme d'organisation du travail. L'autogestion s'expérimente partout, des SCOP aux usines autogérées d'Amérique Latine (voir à ce sujet l'Autogestion, une Révolution économique).

Spirituel

"Changer le monde commence par ce changer soit-même", et pour façonner le monde à son image, le capitalisme agit depuis longtemps modeler l'humain à son projet. A l'école, dans les médias, par la publicité, le système nous conditionne constamment à suivre ses objectifs. Des mythes profondément ancrés limitent nos visions du possible, et notre langage lui-même est détourné pour nous induire en erreur, nous aliénant dans des modes de comportements nuisibles à notre évanouissement individuel et collectif.

Pourtant, contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire, l'Homme n'est pas "un loup pour l'Homme" : ce sont les structures qui conditionnent les comportements, alors même que nos penchants naturels nous poussent vers la bienveillance. Ainsi, l'expérience des valeurs universelles de Schartz réalisées sur un panel de 60 000 personnes dans 68 pays différents montre que, dans chaque groupe analysé, la solidarité, la bienveillance et l'autonomie priment.


Idéal

Politique

La recherche d'une réelle démocratie (pouvoir au peuple) semble consensuelle parmi les participant.e.s de l'atelier : notre vivre ensemble ne nous satisfait pas, et c'est ce qui nous regroupe tous les soirs Place de la République.

Nous sommes convaincu qu'un système politique démocratique doit donner le pouvoir aux personnes concernés par les décisions en question. Nous voulons aller vers une démocratie directe où les décisions sont prises par le bas, par les populations concernées.

Économique

Afin de répondre aux besoins de chacun sans exploitation de l'homme ou de l'environnement, il est indispensable de mettre en place une économie locale basée sur les besoins de la population et le ressources locales.

« Les richesses seront réparties de façon que ceux qui auront beaucoup n'auront rien de trop, et ceux qui auront peu ne manqueront de rien. »

Pour certains, l'abolition de la monnaie doit faire partie de cet idéal, car le concept même de monnaie et les conséquences qu'il engendre sur l'organisation de la société et les comportements des individus nuisent au développement harmonieux de la société.

Technologique

Les technologies que nous développons et utilisons devront être écologiques (qui ne détruit ni n'épuise l'environnement), sobres (qui consomment le moins de ressources, d'énergie et de temps possible -à produire, à utiliser, à recycler) et conviviales (qui développe l'autonomie de l'utilisateur plutôt que de l'aliéner, voir La Convivialité de Ivan Illich).

Social

Il nous semble impératif de réinventer, voir de recréer le tissu social qui nous uni aux personnes avec qui nous vivons : se donner des espaces et des lieux pour se rencontrer et réfléchir ensemble à notre avenir commun, se rencontrer et former des collectifs affinitaires, réintégrer la créativité et le travail dans l'activité créative.

De nombreuses études et expériences montrent la supériorité de l'autogestion sur les structures hiérarchiques. Ainsi, les MMO (Jeu en Ligne Massivement Multijoueurs, ou un univers virtuel complet est recréé avec notamment son économie interne) ont permis de comparer à grande échelle différents modes de gestion collective, et il ressort que les groupes les plus efficaces sont ceux où chacun peut accéder sans condition aux outils de travail.

Spirituel

La nécessité, alors que nous travaillons à changer la société, d'effectuer sur soi-même un travail de déconditionnement et de reconstruction personnelle nous a amené à évoquer la nécessité de sortir de la religion de l'argent pour adopter ce que certains appellent une véritable laïcité, d'autres une spiritualité individuelle.

Il s'agit de retrouver le chemin de notre humanité où solidarité et bienveillance permettent un développement harmonieux de chacun dans une société en constante évolution.


Chemin

Un changement global

Admettant que le « capitalisme » s'est répandu sur l'ensemble des pans de notre société, nous pouvons comprendre pourquoi les alternatives qui existent déjà ne prennent pas plus de poids. En effet, chacune de ces alternatives n'agit que sur l'un des axes à la fois, et tant qu'elles tentent de s'intégrer dans la société actuelle, les autres axes de celle-ci les tirent en arrière.

Ainsi, les entreprises autogérées, si elles sont plus efficaces que les autres en terme de production, connaissent la plupart du temps des difficultés économiques, car rejetant les normes du système, elles deviennent la cible de tous ses mécanismes de régulation (elles ne touchent plus de subventions, payent tout à prix fort et sont toujours tenues par les lois du marché).

De même, des technologies accessibles à tous ne peuvent être développées dans ce système économique, puisque si une entreprise développait un produit facile à fabriquer soit-même … Personne ne lui achèterait ! Voir par exemple l’Éolienne à Pales Souples dont vous n'avez sûrement jamais entendu parler ...

Nous ne pourrons réinventer cette société qu'en la réfléchissant dans sa globalité et en mettant en place des alternatives sur chacun des axes en même temps. Bien-sûr, nous avancerons par étape, et c'est chacune des avancées sur chacun des axes qui nourrira la réflexion et l'évolution des autres.

Sécession économique

Sur ce chemin, il ne faut pas oublier que c'est l'économie qui a prit la suprématie sur l'ensemble des autres pans de la société. Ce n'est pas pour rien que nous désignons cette société par le nom de son pendant économique, le capitalisme. Soyons réalistes : nous n'aurons jamais suffisamment d'argent pour prendre économiquement le pouvoir sur les banques et leurs consorts. Même nos gouvernements sont à leur botte. Faut-il alors en conclure qu'il seront toujours plus puissants que nous ?Ce serait oublier que le capitalisme n’a de pouvoir que parce qu’on lui en donne. Ce système ne tient qu’à un fil et c’est le peuple qui le soutient chaque jour en s’y intégrant. La sécession est l’acte politique consistant, pour la population d’un territoire ou de plusieurs territoires déterminés, à se séparer officiellement et volontairement du reste de l’État ou de la fédération à laquelle elle appartenait jusqu’alors. (Wikipédia) Ainsi, il suffirait d’un mouvement suffisant de désobéissance civile pour faire s’écrouler tout le système de contrôle et de répression gouvernemental et extra-gouvernemental. Si 5 % de la population active décidait d’arrêter de travailler à l’usine (ou au bureau) pour s'organiser en communautés autonomes et produire eux-même leurs besoins, qu’elles seraient les répercussions de la baisse de 5 % du PIB ? L’économie s’écroulerait d’elle-même, et les individus seraient enfin libres de reprendre le contrôle de leur vie. Aujourd’hui, il faut faire la grève générale de la consommation, c’est le seul levier sur lequel nous pouvons agir. C’est-à-dire qu’il faut réduire de façon drastique sa consommation de biens industriels, se détourner au maximum des circuits marchands, et produire autrement ce que nous considérons comme nécessaire à notre bien-être. Le capitalisme ne survivrait pas à une désertion en masse de la consommation. (Anne Steiner)

Quelques pistes

Politique

Des formes de démocratie directe sont à inventer, redécouvrir ou adapter suivant nos besoins. Nous pouvons nous intéressés aux modes de fonctionnement développés dans les communautés existantes, tout comme nous pouvons nous inspirer des nombreuses recherches effectuer notamment dans le domaine organisationnel.

Ainsi, par exemple, la sociocratie est un mode de gouvernance inspirée des découvertes de la cybernétique qui, sans se revendiquer démocratique, vise à partager le pouvoir de décisions entre les personnes concernées par celle-ci. Son expérimentation dans de nombreuses entreprises et organisations a permis de développer un cadre de travail favorisant l'évolution individuelle et collective, et un cadre de prise de décisions implantant le consentement comme une alternative crédible au pouvoir centralisé du chef ou à la dictature de la majorité.

Économique

L'organisation locale pour produire les besoins de la population est une nécessité tant pour survivre à la fin du pétrole que pour reprendre le contrôle de nos vies sur un plan plus large. Il s'agira de réfléchir collectivement à nos réels besoins, puis de trouver les moyens d'y subvenir sans le système capitaliste.

L'organisation de potagers collectifs, la constitution d'AMAP et de Coopératives d'Approvisionnement Populaires, la mise en place d'ateliers de réparation et de fabrication, de nombreuses mesures sont à réfléchir pour revenir à une autonomie locale.

=Technologique

Afin de répondre à ces besoins et de développer une économie populaire en dehors du capitalisme, il faudra se réapproprier le savoir et les technologies dont les entreprises nous privent petit à petit.

Heureusement, de nombreuses personnes à travers le monde travaillent déjà, dans la lignée des logiciels libres, pour développer du matériel libre (plans librement utilisables, conçu pour être auto-produits, sans obsolescence programmée). De l'ordinateur au matériel agricole, il nous faudra en réalité beaucoup de créativité pour concevoir des produits (dont nous avons réellement besoins) et dont les plans n'existent pas déjà.

Social

Il s'agit d'inventer des formes de vie collective qui correspondent à nos aspirations. Au travail comme dans le quartier où nous habitons, il est temps de se rencontrer réellement, d'apprendre à se connaître, et de découvrir les aspirations qui nous unissent et sur lesquelles nous pouvons avancer ensemble.

Il s'agira ensuite de constituer des collectifs affinitaires afin de mettre en place l'organisation nécessaire pour réaliser nos objectifs. De nombreux outils ont été développés dans ce sens dans les dernières années, notamment l'Organisation Apprenante qui vise fondamentalement à améliorer les capacités de chacun de ses membres à atteindre ses objectifs.

Spirituel

Ce changement des structures dans lesquelles nous agissons et vivons forgera à la fois l'occasion et la nécessité d'une évolution de chacun. Par la réappropriation de notre langage, la remise en cause de nos schémas mentaux, et la définition de nos valeurs et idéaux, nous pourrons abandonner nos peurs et ouvrir notre champs du possible pour avancer vers une humanité plus responsable et plus libre.

De nombreux outils de développement spirituel sont déjà à notre disposition, et d'autres restent à inventer. Citons notamment la CNV, une méthode de Communication NonViolente qui a fait ces preuves partout à travers la planète.