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Villes/Nice/Université populaire/CR/590 mars - Le récit communiste du réel selon Bernard Friot

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Le récit communiste du réel selon Bernard Friot[modifier | modifier le wikicode]

590 mars (11 octobre 2017)

Audio de l'atelier[modifier | modifier le wikicode]

https://www.youtube.com/watch?v=TV5ZeO0LpqI

Présentations pour alimenter l'atelier[modifier | modifier le wikicode]

Définitions de quelques mots employés par Bernard Friot[modifier | modifier le wikicode]

[Cette partie est basée essentiellement sur la présentation 1/4 fait par Bernard Friot le 23 septembre 2017 à Séranon. La vidéo arrivera bientôt.]

Je vais présenter la manière dont Bernard Friot utilise certains mots et quel contenu il leur donne, pour qu'on puisse mieux comprendre son analyse par la suite et qu'on évite les quiproquos.

Bernard Friot distingue deux champs lexicaux : d'un côté l'activité, la valeur d'usage, et la richesse, et de l'autre le travail et la valeur économique.

L'activité c'est aussi ce qu'il appelle le travail concret, c'est l'ensemble de ce que les êtres humains font en permanence. Ils produisent des valeurs d'usage, c'est à dire des choses (bien et services) qui sont utiles pour eux et pour les autres.
Il n'y a pas d'êtres humains qui n'aient pas d'activité, et ne produise pas de valeur d'usage, sauf cas extrême de maladies ou ce genre de choses. On en crée tous, ne serait-ce qu'on ayant des liens sociaux avec les autres. Et les valeurs d'usage produites par l'activité de tous ces gens en permanence, sont aussi appelées "richesse".

De l'autre côté on a le travail (travail tout court, celui dont on parle quand on dit "je cherche du travail", aussi appelé travail abstrait par opposition au travail concret), qui est le sous-ensemble des activités réputées produire de la valeur (valeur tout court, ou valeur économique par opposition à la valeur d'usage).
Le PIB est une institution qui permet de faire la somme de la valeur produite dans le pays, c'est à dire la somme des activités réputées productives (les activités qui sont du travail), parmi l'ensemble des activités auxquelles s'adonnent les êtres humains du pays.

Chose importante : pour décider si une activité est du travail ou si c'est une simple activité non productive, utile peut être mais ne produisant pas de valeur économique, il n'y a pas de critère absolu. Par exemple : une activité peut être très pénible et ne pas être du travail, une activité peut être nuisible et être du travail, et inversement. En fait les critères sont choisis politiquement.

Et des activités qui étaient encore considérées comme non productives il y a quelques décennies sont aujourd'hui considérées comme productives : par exemple le salaire des fonctionnaires n'était pas compté dans le PIB et depuis quelques dizaines d'années est compté. Ca veut dire que les fonctionnaires étaient considérés comme utiles mais non productifs, ayant une activité mais ne travaillant pas au sens de la production de valeur économique, et ils sont devenus productifs parce qu'on l'a décidé politiquement en considérant qu'ils produisent de la valeur.

Parmi ces deux champs sémantiques : activité/valeur d'usage et travail/valeur économique, c'est exclusivement le 2ème qui intéresse Friot. C'est une certaine pratique de la valeur économique qui constitue ce qu'il appelle un "mode de production". Et ce mode de production c'est justement le cœur de la lutte de classe entre une classe dominante et une classe révolutionnaire.

Vous avez bien entendu : la lutte de classe pour Friot porte exclusivement sur la souveraineté de la valeur économique, pas sur le travail concret réalisé. Elle porte sur le fait de décider qu'est-ce qui est travail et qu'est-ce qui ne l'est pas, qu'est-ce qui produit, et qu'est-ce qui ne produit pas de valeur. La classe dirigeante est celle qui en décide, et la classe révolutionnaire est celle qui veut transformer le mode de production pour décider elle-même de ce qui est travail et de ce qui ne l'est pas.
La lutte de classe n'a rien à voir avec les conflits sociaux en général, elle concerne seulement le conflit qui porte sur le changement de la valeur.

Pour Friot un processus révolutionnaire prend plusieurs siècles, avec des moments d'intensité où la classe révolutionnaire avance, d'autres moments plus lents où elle recule, c'est comme ça qu'a fait la classe bourgeoise pour la révolution capitaliste : elle a mis 5 siècles pour marginaliser le mode de production féodal.

Une des raisons qui fait que ce processus est si lent c'est qu'il est très difficile de changer les institutions comme le régime de propriété et le statut du producteur. Mais il est encore plus difficile de changer les représentations qui sont dans nos têtes. Si on reprend l'exemple des fonctionnaires qui sont considérées travaillant et produisant de la valeur par l'institution du PIB, l'institution est bien là, elle a été changée, mais la représentation dans nos têtes a du retard : on voit encore les fonctionnaires comme des gens qui dépensent et pas des gens qui produisent. Le même exemple peut être pris avec les parents : en 1946 Ambroise Croisat le ministre communiste pose les parents comme ayant droit à un salaire allocation familiale, et 70 ans après, ce salaire est en train d'être remplacé par un impôt de solidarité qui pose les parents comme des assistés et non comme des producteurs en tant que parents.

A propos de la révolution une chose importante aussi : on a tendance habituellement à voir la révolution comme une prise de pouvoir politique, la prise de pouvoir a bien lieu mais elle intervient seulement à la fin du changement du rapport de production, qui lui a mis plusieurs siècles à s'établir. Quand on a bien transformé le régime de propriété et le statut des producteurs, il ne reste alors plus qu'à faire tomber le pouvoir, de toute façon tout est déjà en place au niveau économique.

Et dans tout ça, le communisme pour Friot c'est le mouvement pragmatique par lequel la classe révolutionnaire change le mode de production capitaliste. Par exemple le salaire donné aux parents qui ont été posés comme producteurs de valeur en tant que parents il y a 70 ans, c'est une institution communiste. Le communisme pour lui ne peut pas être un projet pour demain, sinon il n'arrivera jamais, et il ne peut même pas être un projet tout court en fait, puisque les représentations sont toujours en reatrd sur les institutions qu'on crée dans la lutte.

[Le communisme en France, c'est 3 piliers de transformation du rapport de production analysés par Bernard Friot :

  • le fait de passer d'un statut capitaliste de travailleur sur le marché du travail, ou sur le marché des biens et services qui doit gagner sa vie comme ça, à un communiste de travailleur titulaire d'un salaire à vie attaché à sa personne, qu'il ne peut pas perdre.
  • la suppression du crédit capitaliste, qu'on remplace par la subvention communiste.
  • la suppression de la propriété lucrative capitaliste qu'on scinde en deux dans le mode de production communiste :
    • la propriété d'usage des l'outil de travail par les travailleurs, c'est à dire que les travailleurs décident eux-mêmes de ce qu'ils produisent et de la manière dont ils le produisent.
    • et la propriété patrimoniale de ces outils par une collectivité publique, c'est à dire que personne ne tire de revenus de cette propriété à titre personnel.]

Et enfin dans cette lutte de classe, Friot définit la bourgeoisie qui est la classe dominante et le salariat qui est la classe révolutionnaire.

Le bourgeoisie se définit par sa capacité à maîtriser les institutions de la valeur, sa capacité à définir ce qui vaut. Elle le faut à travers le droit de propriété capitaliste, qui est la propriété lucrative, c'est à dire le fait de posséder une chose dont on tire un revenu en tant que propriétaire, en exploitant les autres. Et elle contrôle le statut du producteur, en ne validant comme travail que les activités qui ont lieu sur les marchés qu'elle domine : le marché du travail et le marché des biens et services.

Et le salariat est la classe révolutionnaire qui est en train de changer le mode de production, en remplaçant la propriété lucrative par : 1- la propriété d'usage par les travailleurs, et 2- la propriété patrimoniale par une collectivité publique. Et elle change aussi le statut du producteur, en définissant le salaire à vie comme matrice de la valeur, à la place du marché du travail et du marché des biens et services.

Récit contre récit : le récit communiste du réel selon Bernard Friot[modifier | modifier le wikicode]

[Cette partie est basée essentiellement sur la présentation 2/4 fait par Bernard Friot le 23 septembre 2017 à Séranon, et sur le chapitre 1 du livre Vaincre Macron]

Pour maintenir son pouvoir, la classe dirigeante a besoin de mobiliser très au delà d'elle au niveau de la pratique mais aussi au niveau des représentations du réel. Il faut qu'elle soit hégémonique, c'est à dire que nous intériorisions sa toute puissance inéluctable, et le fait que nous n'avons jamais rien gagné dans l'ordre de la valeur, du changement du mode de production. Le fait qu'il n'y a pas d'alternative et qu'il n'y e a jamais eu.

Et comme on n'est pas en dictature, il faut bien que la plupart des intellectuels, y compris à gauche, fassent le récit capitaliste du réel, le récit de notre défaite, pour qu'on accepte tout ça sans bouger. Ce récit de la défaite qu'on a y compris chez des marxistes, c'est celui de notre défaite permanente. Ils réclament un peu de solidarité, une meilleure répartition des richesses pour nous les pauvres, exclus, miséreux de l'histoire qui n'avons jamais rien gagné.

Friot se propose de faire un récit du réel qui honore notre histoire révolutionnaire communiste en France, selon lui largement construite depuis un siècle. C'est là qu'il faut faire preuve d'ouverture d'esprit. Ce qui est dit n'est pas difficile à comprendre, mais c'est souvent difficile à admettre tellement nous avons intériorisé les représentations capitalistes.

D'abord, premier grand choc : l'emploi avec contrat de travail et salaire attaché au poste est une des plus grandes conquêtes communistes de la classe ouvrière. Etonnant non ?

L'emploi est toujours présenté comme l'outil de la domination, de la soumission à l'employeur, et certains auraient tendance presque à louer le statut indépendant où on serait plus libre que dans l'emploi. Sauf que justement au 19ème siècle, aux débuts du capitalisme, ce n'est pas l'emploi qui était utilisé mais deux autres formes de mise au travail :

  1. Le travail indépendant où les gens travaillaient directement sur le marché des biens et des services.
  2. Et le contrat de louage d'ouvrage qui donnera les ouvriers. Ce contrat c'était des marchandeurs qui vendaient des ouvrages faits, des biens, par exemple des morceaux de tissus travaillés etc. à des capitalistes qui étaient leurs clients. Ils pouvaient aussi avoir des capitalistes comme fournisseurs profitant de la situation pour piquer de la valeur, ou encore des capitalistes prêteurs. En gros ces marchandeurs étaient des sous-traitants pris dans des réseaux capitalistes. Et derrière, ces marchandeurs se débrouillaient pour faire faire le travail de manière totalement sauvage, sans aucune réglementation.

La première conquête de la classe ouvrière quand elle est à l'offensive fin du 19ème siècle, début du 20ème, c'est d'imposer le contrat de travail contre les deux autres formes. Quel avantage pour eux ? La visibilité. Dans le travail indépendant il n'y avait aucune réglementation puisque chacun était isolé face au marché et ne pouvait rien réclamer collectivement, et dans le contrat de louage d'ouvrage la bataille visible, "publique", se faisait entre les marchandeurs et les capitalistes, au niveau du prix de vente des biens. Mais les travailleurs eux étaient totalement invisibles, il n'y avait aucune réglementation sur leur condition de travail, sur la prise en charge des problèmes etc. Avec le contrat de travail on commence à créer des lois pour lesquelles on se bat collectivement, autour des conditions de travail, autour du salaire des travailleurs etc. Lutte qui est poursuivie ensuite avec les conventions collectives acquises dans les années 20/30 où on a eu des mouvements énormes, par exemple 1 million de mise à pied de fonctionnaires qui avaient adhéré à la CGT alors que c'était interdit.

Friot insiste sur la différence entre le prix de la force de travail telle que décrite par Marx, et le salaire construit au 20ème siècle, pour bien montrer que le salaire, avec son aspect collectif est dans une logique de changement du statut du producteur, donc une logique révolutionnaire.

Là où le prix de la force de travail du 19ème siècle posait les travailleurs comme des êtres de besoin, à qui on donnait du pouvoir d'achat pour qu'ils puissent être au travail le lendemain, les travailleurs salariés se dotent eux de droits collectifs qui prouvent bien qu'ils se posent déjà comme les producteurs de la valeur, légitimes à participer à sa gestion. Un exemple notable de ça c'est quand dans de nombreuses conventions collectives on interdit à l'employeur de mettre le salarié sur un poste moins qualifié. Il peut le licencier mais pas le payer moins parce qu'on commence à attacher le salaire à sa personne. Et au niveau du licenciement d'ailleurs même chose : on commence à avoir des motifs de licenciement précis qui émergent, et qui donneront le CDI.

Mais l'emploi a une limite, c'est que la qualification est placée sur le poste de travail dont la bourgeoisie est la propriétaire, et que quand on perd le poste on se retrouve à poil. Alors il y a eu une deuxième grande vague offensive de la classe révolutionnaire dans le milieu du 20ème siècle, pour déplacer le salaire sur la personne.

Déjà on avait dans les conventions collectives les plus offensives le fait qu'il soit interdit de payer un travailleur moins que son dernier salaire, avec les prud'hommes pour condamner lourdement les employeurs qui le faisaient, on ajoute à ça en 46 le régime général de sécurité sociale, qui se constitue contre la sécurité sociale capitaliste existante, et qui va changer le statut du travailleur pour une part importante de la valeur produite dans le pays.

Ce qu'on dit communément au sujet du contexte dans lequel est né le régime général est totalement faux selon Friot : on dit que ça s'est fait dans des circonstances exceptionnelles, avec un patronat ayant collaboré donc très affaibli, l'URSS aidant pour qu'il ait peur etc. tout ça aurait permis d'acquérir ces droits. En réalité le patronat ne voulait rien lâcher et se battait de manière acharnée, il a par exemple organisé une pénurie pour que les travailleurs se retournent contre leurs organisations syndicales. Et c'est par des batailles acharnées, des grèves, des blocages, que la classe ouvrière a réussi à faire passer une série de mesures clés pour passer à la 2ème étape de la révolution communiste.

Contre la sécurité sociale qui existait à l'époque, le régime général instaure :

  • le taux de cotisation unique interprofessionnel, qui était jusque là négocié par branches. Ce taux unique élimine la possibilité de sous-traitance puisque les gros ne peuvent plus faire faire le travail par de plus petits qui auraient des taux moins élevés.
  • la caisse de sécurité sociale unique et séparée de l'Etat. La GCT et la parti communiste se battent avec acharnement pour éviter que le financement du régime général ne soit fiscalisé, c'est à dire financé par un impôt au titre de la solidarité.
  • la gestion ouvrière de la caisse de équivalent du tiers de la masse salariale, avec les ouvriers qui organisaient eux-mêmes les élections, géraient les caisses etc. et le patronat qui était toujours là pour mettre des bâtons dans les roues de cette institution. On est là vraiment dans une propriété d'usage de la caisse par les travailleurs eux-mêmes. Elle sera malheureusement abolie sournoisement 15 ans plus tard par De Gaulle qui donne plus de pouvoir aux directeurs, puis décrète qu'ils doivent sortir d'une école calquée sur l'ENA,

On construit bien avec le régime général une pratique alternative de la valeur, on change la définition de ce qui est travail, en introduisant de nouvelles activités qui sont du travail, qui génèrent de la valeur, et qui ne respectent pas les critères capitalistes. Des gens qui jusqu'ici ne travaillaient pas, sont considérés à partir de là comme travaillant et à ce titre méritant une rémunération.

D'abord prenons l'exemple des allocations familiales qui constituaient le coeur de la sécurité sociale en 45. Il fallait être sur son poste de travail pour que sa famille touche des allocations familiales, et elles étaient en réalité mises en place par les patrons pour éviter la hausse générale des salaires. Ce qui se passe en 46 c'est que tout parent, quel que soit son rapport à l'emploi, gagne le droit aux allocations, et leur montant est si élevé que le travail d'un parent est considéré comme plus productif que celui d'un ouvrier qualifié de la métallurgie ! Un ménage moyen à cette époque qui a 3 enfants vit alors pour moitié d'un salaire lié à un emploi, et pour l'autre moitié du salaire allocations familiales.

Et donc on a bien changé la définition de ce qu'est le travail en posant que les parents travaillent, et produisent de la valeur qui leur est versée sous forme d'allocations. C'est une idée difficile à accepter parce que nous avons intériorisé les représentations capitalistes qui disent que la production de valeur ne peut passer que par le marché. Mais il faut l'admettre si nous voulons être à la hauteur de ce qui a été réalisé par la classe révolutionnaire.

Autre exemple dont la représentation communiste va être encore plus difficile à accepter pour nous : le cas des retraités.

Là encore en 46 le ministre communiste Ambroise Croisat met en place le salaire pour les retraités, sur le modèle du salaire continué qui existait déjà dans la fonction publique (conquête énorme aussi). Ce qui relève de la représentation communiste là dedans c'est de dire que ce sont les retraités qui produisent la valeur qui leur est versée sous forme de pension puisqu'on réclame 100% du net du dernier salaire, sans notion de points de cotisation passées. Les capitalistes quant à eux veulent à tout prix imposer l'idée du "j'ai cotisé, j'ai droit", comme si les retraités ne travaillaient pas, mais récupéraient simplement la solidarité dont ils ont eux-même fait preuve quand ils travaillaient.

Pour Friot si on veut être dans la dynamique communiste qui a été instaurée en 46, il faut absolument combattre la solidarité intergénérationnelle, tout comme il faut d'ailleurs combattre la solidarité de ceux qui ont vers ceux qui n'ont pas de manière générale : il faut changer la définition du travail pour être légitimes à gérer la valeur que nous produisons, et non pas réclamer un peu plus d'argent. Bernard Friot nous dit : "On n'a jamais les patrons au portefeuille, on les a toujours au travail.". Les patrons nous donneront bien de l'argent autant qu'il faut pour nous calmer si on s'énerve vraiment, tant qu'ils gardent la maîtrise de ce qui vaut, qui est justement leur source d'argent et de pouvoir. Ce qu'il nous faut c'est récupérer cette maîtrise. Et on a déjà commencé en partie à le faire avec la fonction publique et le régime général de sécurité sociale.

Je sais que c'est difficile à admettre que les parents travaillent, ou que les retraités travaillent, pour réussir à le faire il faut vraiment voir l'économie comme des flux d'argent permanents et circulaires, qui vont du consommateur à l'entreprise, puis de l'entreprise à une autre entreprise etc. ou à l'Etat, puis à des salariés ou à des fonctionnaires, ou à des retraités, qui eux-mêmes vont redonner cet argent aux entreprises en achetant etc. Considérer que ce sont les salariés employés qui ont produit la valeur à chaque cycle, ou considérer que ce sont les retraités qui l'ont produit à chaque cycle relève simplement d'une décision politique. C'est juste une question de propriété. On considère que telle catégorie de gens sont productifs de valeur, et qu'à ce titre ils ont le droit à de l'argent qu'ils ont bien mérité et qui leur appartient. Vu que c'est de l'ordre du droit, on peut y mettre en fait à peu près ce qu'on veut, le seul problème c'est le temps que ça prend de faire évoluer les représentations qui sont dans nos têtes. Et justement depuis un siècle cette bataille des représentations a été engagée par la classe révolutionnaire.

Une autre manière de s'en convaincre c'est de se dire que : (citation livre) "Les producteurs de marchandise ont accès à la production non marchande et les producteurs de non marchand ont symétriquement accès aux marchandises, cela exprime la complémentarité de deux types de production inter-dépendantes. Les actifs du marchand ne "financent" ni plus ni moins les actifs du non marchand que les producteurs de chaussure ne financent les producteurs de cuir. Si mon salaire me permet de me payer un vélo, je n'en conclus pas qu'en achetant ce vélo je fais vivre un improductif : je reconnais la valeur qu'il produit. De même, si mon salaire, par la cotisation maladie qu'il contient, me permet d'accéder à des soins, ma cotisation n'est pas l'entretien d'un improductif, c'est la reconnaissance de la valeur qu'il crée, et à laquelle j'accède non pas par un prix, mais par une cotisation."

Je reviens sur un autre pilier du régime général qui a son importance aussi : la production de la santé qui se fait avec des fonctionnaires ayant un salaire lié à leur personne, qu'on ne peut ni virer ni affecter à un poste moins qualifié. Mais aussi un autre modèle communiste qui se construit dans le secteur de la santé : celui des indépendants ayant un salaire à vie. Les professionnels de santé indépendants dont les prestations sont remboursées par la sécurité sociale ont de fait un salaire garanti dès le début de leur carrière, et ne dépendant pas des aléas du marché, ni de la pression de capitalistes, ni n'ont besoin d'emprunter pour travailler.

Enfin autre fait important dans le monde de la santé : au crédit capitaliste finançant l'investissement on a pu opposer la subvention communiste. Les hôpitaux ont entièrement été rénovés avec la création des CHU dans les années 60 sans à aucun moment faire appel au marché des capitaux, sans avoir eu à rembourser le moindre centime à personne, juste avec des cotisations. Voilà un autre pilier du capitalisme qui part en fumée si on généralise la subvention à la place du crédit.

Aujourd'hui à peu près 17 million des + de 18 ans en France ont une forme de salaire à vie attachée à leur personne qu'ils ne peuvent pas perdre. [p 42]

Et c'est là qu'intervient la contre-révolution Macron avec

  • Un retour à l'invisibilisation du travail par le dialogue social dans l'entreprise et la branche (comme c'était au 19ème siècle avec le contrat de louage d'ouvrage)
  • L’abandon de toute qualification personnelle en instaurant des systèmes de points que chacun devra alimenter en fonction de ses prestations marchandes.
  • Et enfin un droit à avoir un minimum vital au titre de la solidarité, que Macron nous sortira sous forme de revenu de base, pour compenser la destruction de toutes les institutions communistes qui nous posaient comme les producteurs de la valeur.

Mais la contre révolution et les solutions, on les verra au second atelier. Là on parle de la révolution réussie depuis un siècle.

Discussion[modifier | modifier le wikicode]

A venir.