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(Rencontres des #NuitDebout - Message depuis la Guette, en Brocéliande, le 168 mars 2016)
 
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La version 0, envoyée aux participant.e.s le 28 aout, est toujours [[Villes/Paimpont/message-depuis-la-guette-en-broceliande|disponible ici]].
 
La version 0, envoyée aux participant.e.s le 28 aout, est toujours [[Villes/Paimpont/message-depuis-la-guette-en-broceliande|disponible ici]].
  
 
== Rencontres des #NuitDebout - Message depuis la Guette, en Brocéliande, le 168 mars 2016 ==
 
== Rencontres des #NuitDebout - Message depuis la Guette, en Brocéliande, le 168 mars 2016 ==
'''Nous sommes
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'''Nous sommes '''des participantes au '''mouvement Nuit debout, venus d'une quarantaine de villes et villages de France, de Suisse et de '''Belgique,''' assemblées
'''des participantes au
+
mouvement Nuit
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debout, venus
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d'une quarantaine de villes et villages de
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France, de Suisse
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et de
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Belgique,''' assemblées
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durant trois jours, les 13, 14
 
durant trois jours, les 13, 14
 
et 15 août 2016, sur l'éco-lieu de la Guette, en forêt de
 
et 15 août 2016, sur l'éco-lieu de la Guette, en forêt de
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sur ces rencontres, notamment de nombreux comptes-rendus et synthèses
 
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des commissions (dont une partie est toujours en rédaction). L'objet
 
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de ce message n'est pas de les résumer. '''A
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de ce message n'est pas de les résumer. '''A la fin de cet été que certaines ont cru « couché », nous avons jugé important d'envoyer un message de confiance en ce que nous faisons à toutes nos camarades debout sur les places. Un message mobilisateur, pour la rentrée sociale comme pour la grande séquence de politique nationale qui démarre.'''
la fin de cet été que certaines ont cru « couché »,
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Nous avons voulu envoyer ce message pour rendre compte de ce que
nous avons jugé important d'envoyer un message de confiance en ce
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que nous faisons à toutes nos camarades debout sur les places. Un
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message mobilisateur, pour la rentrée sociale comme pour la grande
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séquence de politique national qui démarre.'''
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Nous avons voulu vous envoyer ce message pour rendre compte de ce que
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ce temps de mise en commun a permis d'apporter à l'interprétation
 
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Ce message, '''nous
 
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'''l'adressons, en quelque sorte, de partout à la fois, de Tulle,'''
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Rennes, St Naz', Paimpont, Paris, Grenoble... Nous le datons du 168
 
Rennes, St Naz', Paimpont, Paris, Grenoble... Nous le datons du 168
 
mars, même si date de rédaction est postérieure, car il rend
 
mars, même si date de rédaction est postérieure, car il rend
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deboutistes et sympathisantes du mouvement, ainsi qu'<nowiki/>'''à toutes
 
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'''celles qui partagent le constat de la faillite généralisée des
 
'''celles qui partagent le constat de la faillite généralisée des
'''institutions, du discrédit insurmontable de la classe politique et
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et qui s'interrogent sur la manière dont elles peuvent contribuer à
 
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faire cesser cet état des choses. Sa lecture sera également, nous
 
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== Contours de la Nuit ==
 
== Contours de la Nuit ==
'''Nous ne nous connaissions
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'''Nous ne nous connaissions '''pas, et pourtant ces rencontres avaient la saveur de retrouvailles'''.'''
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Dans nos méthodes de travail, d'abord. Passés les inévitables
 
Dans nos méthodes de travail, d'abord. Passés les inévitables
temps auto-promotionnels et les quelques crispations, nous sommes
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pouvoir prendre le temps d'aller au fond des choses. Autogérées,
 
pouvoir prendre le temps d'aller au fond des choses. Autogérées,
 
ouvertes, ces journées ont eu la sérénité offerte par une
 
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organisation simple et l'expérience de quatre mois de mobilisations,
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organisation simple et l'expérience de quatre mois de mobilisations, et en même temps un vrai petit air des nuits des débuts, peuplées
et en même temps un vrai petit air des nuits des débuts, peuplées
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similaires dans leurs diversités, dont certaines lignes tracent
 
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comme des parallèles. '''C'est de ce commun dont nous voulons parler
 
comme des parallèles. '''C'est de ce commun dont nous voulons parler
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=== L'agora et ses constellations ===
 
Les commentatrices ont été
 
Les commentatrices ont été
 
unanimes : Nuit debout est un mouvement flou, paralysé par son
 
unanimes : Nuit debout est un mouvement flou, paralysé par son
 
horizontalité radicale. C'est en quelque sorte vrai, et c'est très
 
horizontalité radicale. C'est en quelque sorte vrai, et c'est très
bien comme ça. Pourtant, nous pensons que '''la dynamique que
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bien comme ça. Pourtant, nous pensons que '''la dynamique que'''
'''recouvre l'appellation « Nuit debout » n'est ni floue, ni
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'''recouvre l'appellation « Nuit debout » n'est ni floue, ni paralysée, mais tout simplement jeune.''' Si jeune, et si radicalement différente que personne, pas même ses participantes,
paralysée, mais tout simplement jeune.''' Si jeune, et si
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ne peuvent en saisir toutes les potentialités ni toutes les
 
ne peuvent en saisir toutes les potentialités ni toutes les
 
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=== Nuit debout n'est rien ===
 
 
Nuit debout n'est rien, Nuit
 
Nuit debout n'est rien, Nuit
 
debout n'est personne, voilà une opinion qu'on aura entendue maintes
 
debout n'est personne, voilà une opinion qu'on aura entendue maintes
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leur temps et leur énergie à une dynamique neuve et imprévue, et
 
leur temps et leur énergie à une dynamique neuve et imprévue, et
 
'''s'organiser dans un cadre ouvert et horizontal.''' Un
 
'''s'organiser dans un cadre ouvert et horizontal.''' Un
cadre '''inclusif''' dans lequel il est facile de prendre la parole et
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cadre '''inclusif''', dans lequel il est facile de prendre la parole et
d'apporter des choses d'emblée, à même de contrer les logiques
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d'apporter des choses d'emblée. Un cadre à même de contrer les logiques
 
concurrentielles que développent les pratiques politiques
 
concurrentielles que développent les pratiques politiques
 
traditionnelles, et de contrebalancer les inégalités dans
 
traditionnelles, et de contrebalancer les inégalités dans
 
l'aptitude à la prise de parole publique. Un cadre qui ne signifie
 
l'aptitude à la prise de parole publique. Un cadre qui ne signifie
 
pas absence de responsabilités, mais '''rotation des tâches''' et
 
pas absence de responsabilités, mais '''rotation des tâches''' et
'''contrôle collectif''', et dans lequel il semble possible d'<nowiki/>'''envisager
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'''contrôle collectif''', et dans lequel il semble possible d'<nowiki/>'''envisager '''d'une manière neuve les perspectives.'''  
d'une manière neuve les perspectives.'''  
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Un cadre auquel, pour être
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C'était, toujours dans
complet, participent à titre individuel de nombreux militants
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d'organisations traditionnelles. C'était d'ailleurs, toujours dans
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l'impulsion originelle, un appel à la  « convergence des
 
l'impulsion originelle, un appel à la  « convergence des
 
luttes », point sur lequel nous aurions, nous dit-on, échoué.
 
luttes », point sur lequel nous aurions, nous dit-on, échoué.
 
Or, si les espoirs de mouvements de masse qui ont pu être suscités
 
Or, si les espoirs de mouvements de masse qui ont pu être suscités
par ces appels se sont rapidement dissipés, '''la convergence des
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par ces appels se sont rapidement dissipés, '''la convergence des luttes est pourtant bien là.''' Discrète entre les
luttes est pourtant bien là'''. Discrète entre les
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participantes au mouvement''',''' dont les filiations politiques et les
 
participantes au mouvement''',''' dont les filiations politiques et les
 
expériences de lutte et de militantisme sont extrêmement diverses,
 
expériences de lutte et de militantisme sont extrêmement diverses,
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thématiques. Des automédias papier, web, radio, vidéo sont apparus
 
thématiques. Des automédias papier, web, radio, vidéo sont apparus
 
un peu partout. '''Et la Nuit devint aussi pour nous cet espace
 
un peu partout. '''Et la Nuit devint aussi pour nous cet espace
'''social informel et horizontal, où viennent échanger et se
+
'''social informel et horizontal, où viennent échanger et se '''coordonner les initiatives''', qu'elles soient nées
coordonner les initiatives, qu'elles soient nées
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de l'assemblée ou déjà existantes auparavant.'''
 
de l'assemblée ou déjà existantes auparavant.'''
 
Nous pensons que là réside un apport essentiel de Nuit debout :
 
Nous pensons que là réside un apport essentiel de Nuit debout :
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reconnues le '''droit à l'erreur''' et le '''droit à la lenteur'''.
 
reconnues le '''droit à l'erreur''' et le '''droit à la lenteur'''.
  
=== Nuit debout n'est personne ===
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=== La Nuit en commun ===
 
Nuit debout n'est rien, ni
 
Nuit debout n'est rien, ni
personne, l'affaire est entendue. '''Pas de leaders, pas de
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personne, l'affaire est entendue. '''Pas de leaders, pas de porte-paroles ou d'attachés de presse, pas de surexposition d'une voix singulière'''. Mais Nuit debout, c'est aussi plein-plein de
porte-paroles ou d'attachés de presse, pas de surexposition d'une
+
voix singulière'''. Mais Nuit debout, c'est aussi plein-plein de
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monde. Plein de voix, de subjectivités, de collectifs, de canaux
 
monde. Plein de voix, de subjectivités, de collectifs, de canaux
 
d'expression, convergence des luttes et des galères en miniature.
 
d'expression, convergence des luttes et des galères en miniature.
'''Mouvement favorisant l'expression des
+
'''Mouvement favorisant l'expression des paroles populaires et exprimant la volonté d'en augmenter la portée de résonance, y compris politique, Nuit debout est nécessairement plurielle, et impossible à centraliser.''' Ce serait perdre son temps, et figer les choses, que de tenter d'en définir nettement les contours, et il s'agit bien plutôt d'encourager chacune à contribuer à cette
paroles populaires et exprimant la
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volonté d'en augmenter la portée de résonance, y
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et impossible à centraliser.''' Ce serait perdre son temps, et
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figer les choses, que de tenter d'en définir nettement les contours,
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de l'anti-hiérarchisme et de l'anti-productivisme ; celui de la
 
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critique des médias, celui du refus de l'ordre sécuritaire et celui
 
critique des médias, celui du refus de l'ordre sécuritaire et celui
de la stigmatisation des musulmans. De l'implication associative,
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du refus de la stigmatisation des musulmans. De l'implication associative,
 
syndicale ou politique. De la résistance à l'oppression et des
 
syndicale ou politique. De la résistance à l'oppression et des
 
logiciels libres. Révolution française, Chiapas, Commune,
 
logiciels libres. Révolution française, Chiapas, Commune,
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des appels au vote utile, marqueurs du referendum européen bafoué,
 
des appels au vote utile, marqueurs du referendum européen bafoué,
 
de la crise de 2008, de la Grèce écrasée.
 
de la crise de 2008, de la Grèce écrasée.
Des guerres, du pétrole et des attentats ;  du béton, des grenades
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Du béton, des grenades
offensives et des milices d'agriculteurs pourchassant des zadistes.  
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offensives et des milices d'agriculteurs pourchassant des zadistes. Des guerres, du pétrole et des attentats.  
  
 
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Alors, Nuit debout est-il un
 
Alors, Nuit debout est-il un
 
mouvement « de gauche », où cette catégorisation
 
mouvement « de gauche », où cette catégorisation
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On en est resté là.  
 
On en est resté là.  
  
Gauche ou pas, le mouvement
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Plurielles, les Nuits n'en constituent pas moins '''une dynamique commune et dans une certaine mesure unificatrice''', qui doit, selon les mots d'une participante, chercher à « ''formuler un commun''
pluriel qu'est Nuit debout n'en constitue pas moins une dynamique
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''politique '''»''''' et apprendre à co-élaborer et coordonner à de plus grandes échelles des actions, revendications et messages. Une dynamique commune dont la portée est
commune et dans une certaine mesure unificatrice, qui doit, selon les
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révolutionnaire. Lorsque le mot a été sorti la première fois, il a fait sourire, et été écarté comme une vieillerie irréaliste.
mots d'une participante, chercher à « '''''formuler un commun
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'''''politique »''''' et apprendre à''' co-élaborer et
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coordonner à de plus grandes échelles des actions, revendications
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et messages'''. Une dynamique commune dont la portée est
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révolutionnaire. Lorsque le mot a été sorti la première fois, il
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Puis le mot à fait son chemin, tout le week-end, et puis oui, quand
 
Puis le mot à fait son chemin, tout le week-end, et puis oui, quand
 
même : si ce que nous formulons comme exigences de réformes
 
même : si ce que nous formulons comme exigences de réformes
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consommation, dans la relation au vivant et dans la répartition des
 
consommation, dans la relation au vivant et dans la répartition des
 
richesses devait advenir, ce serait à coup sûr une révolution.
 
richesses devait advenir, ce serait à coup sûr une révolution.
'''Donc va pour la révolution.'''  
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'''Donc va pour la révolution.''' Et parce que changer la
 
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France, 5ème puissance économique mondiale et force militaire
 
France, 5ème puissance économique mondiale et force militaire
incontournable, ce serait changer le monde, va pour « ''révolutionner
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incontournable, ce serait changer le monde, va pour « ''révolutionner''
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== Horizons de la Nuit : se coordonner pour révolutionner le monde ==
 
== Horizons de la Nuit : se coordonner pour révolutionner le monde ==
 
Nous sommes toutes jusqu'ici
 
Nous sommes toutes jusqu'ici
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portée de nos messages dans le grand public dépendra de deux
 
portée de nos messages dans le grand public dépendra de deux
 
choses : notre capacité à élaborer, lorsque nécessaire, des
 
choses : notre capacité à élaborer, lorsque nécessaire, des
'''messages communs''', et une '''présence forte et continue sur
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'''messages communs''', et une '''présence forte et continue sur les places et dans les rues,''' les « nôtres », mais aussi les autres, voisines ou éloignées.  
'''les places et dans les rues''', les « nôtres », mais
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aussi les autres, voisines ou éloignées.  
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communication existent ou sont en cours de développement pour
 
communication existent ou sont en cours de développement pour
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notamment d'un outil de prise de décision en ligne qui nous fait
 
notamment d'un outil de prise de décision en ligne qui nous fait
 
pour l'instant défaut. Une participante a toutefois souligné le
 
pour l'instant défaut. Une participante a toutefois souligné le
paradoxe apparent, selon lequel « ''Nuit debout est contre le
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paradoxe apparent, selon lequel « ''Nuit debout est contre le ''système, mais Nuit debout n'existerait pas sans internet ».'' C'est vrai, et pourtant, il n'a pas fallu attendre internet pour
système, mais Nuit debout n'existerait pas sans internet'' ».
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s'organiser. Aussi nous pensons que nous devons '''apprendre à nous passer d'internet et à nous organiser « à l'ancienne »''', '''en prenant le temps de nous rencontrer, en échangeant nos
C'est vrai, et pourtant, il n'a pas fallu attendre internet pour
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s'organiser. Aussi nous pensons que nous devons '''apprendre à nous
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'''passer d'internet et à nous organiser « à l'ancienne »,'''
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en prenant le temps de nous rencontrer, en échangeant nos
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coordonnées et en sachant qui contacter pour monter des actions ou
 
coordonnées et en sachant qui contacter pour monter des actions ou
 
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doit pas masquer le besoin primaire, réel, et parfois un peu oublié,
 
de la '''production de contenus'''. S'ils sont correctement investis
 
de la '''production de contenus'''. S'ils sont correctement investis
et animés par les collectifs locaux et les commissions, le [https://nuitdebout.fr/ site
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national], la « [https://gazettedebout.fr/ Gazette debout] », et le site en cours
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[https://nuitdebout.fr/ nuitdebout.fr], la « [https://gazettedebout.fr/ Gazette debout] », et le site en cours
 
d'élaboration « [http://mouvementdemars.fr/ Mouvement de Mars] » (qui vise à rendre
 
d'élaboration « [http://mouvementdemars.fr/ Mouvement de Mars] » (qui vise à rendre
 
visibles les exigences déjà formulées) peuvent être de très bons
 
visibles les exigences déjà formulées) peuvent être de très bons
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nous devons nous efforcer de produire nous-même des relais
 
nous devons nous efforcer de produire nous-même des relais
 
d'expression crédibles. Il nous semble surtout que nos actions
 
d'expression crédibles. Il nous semble surtout que nos actions
doivent en premier lieu chercher à '''créer le contact au moyen
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doivent en premier lieu chercher à '''créer le contact au moyen d'actions de rue permettant des interactions,'''
d'actions de rue permettant des interactions''',
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« Porteur de paroles », efficacement pratiqué à
 
« Porteur de paroles », efficacement pratiqué à
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Nos échanges ont permis de
 
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dégager des horizons communs à nos actions, à court et plus long
 
dégager des horizons communs à nos actions, à court et plus long
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'''Déterminés dès la
 
'''Déterminés dès la
 
'''première nuit à renverser le monde de la Loi Travail, nous ne
 
'''première nuit à renverser le monde de la Loi Travail, nous ne
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'''manquerons pas l'occasion de prendre les places qui nous reviennent '''dans les débats de politique nationale qui s'annoncent,''' celles
dans les débats de politique nationale qui s'annoncent,''' celles
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de la citoyenne, de la militante, de la poétesse ou de l'activiste,
 
de la citoyenne, de la militante, de la poétesse ou de l'activiste,
 
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celles de la manif, du tract et de l'action, celles du tag et du
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ainsi que sur les forces économiques et financières qui dirigent
 
ainsi que sur les forces économiques et financières qui dirigent
nos dirigeantes. Le 3 septembre, un banquet de rentrée de Nuit
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nos dirigeantes. Le 3 septembre prochain, un [[Villes/Paimpont/banquet de rentree|banquet de rentrée de Nuit
debout sera organisé simultanément dans plusieurs villes, sous le
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debout sera organisé simultanément dans plusieurs villes]], sous le
 
signe de la naissance de la démocratie, pour annoncer notre
 
signe de la naissance de la démocratie, pour annoncer notre
 
résolution à '''faire partout irruption dans le débat et la
 
résolution à '''faire partout irruption dans le débat et la
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* 3 septembre : action coordonné - '''Banquet de rentrée''' « Prendre place » / « Naissance de la démocratie »
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* 15 septembre : '''manifestation nationale unitaire contre la Loi Travail''' / message coordonné ?
 
* 15 septembre : '''manifestation nationale unitaire contre la Loi Travail''' / message coordonné ?
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''Bonne rentrée !''

Version actuelle en date du 2 septembre 2016 à 09:25

Cet état du texte correspond à une version intermédiaire "version 1", intégrant des corrections mineures et quelques développements plus substantiels, nés du partage du texte et mis à jour le 1er septembre. La version à jour est ici.

Exhaustif, ce texte est probablement un peu laborieux. Une version résumée de ce texte est disponible ici.

La version 0, envoyée aux participant.e.s le 28 aout, est toujours disponible ici.

Rencontres des #NuitDebout - Message depuis la Guette, en Brocéliande, le 168 mars 2016[modifier | modifier le wikicode]

Nous sommes des participantes au mouvement Nuit debout, venus d'une quarantaine de villes et villages de France, de Suisse et de Belgique, assemblées durant trois jours, les 13, 14 et 15 août 2016, sur l'éco-lieu de la Guette, en forêt de Paimpont, pour nous rencontrer, nous écouter et échanger sur nos expériences de près de cinq mois de mobilisations énergiques et foisonnantes.

Cinq mois de manifs et de blocages, d'occupations de l'espace public, d'échanges et d'élaboration, et, après un euro de foot, une tuerie et trois 49,3, toujours la même urgence et la même joie à nous assembler, toujours la même énergie à partager pour révolutionner le monde.

135 nuits et jours debout, dans des dizaines de villes, expériences essentiellement locales, faiblement en contact les unes avec les autres, et largement perçues au travers du seul prisme parisien. Chez certaines, une inquiétude au cœur de l'été : comment « maintenir » le mouvement, comment le « relancer » à la rentrée ?

Puis, ces trois jours, ensemble, à Paimpont.

Organisées sans autre objectif que de prendre le temps de se rencontrer, action modeste, mais tout de même inouïe par son format, sa durée et par la dimension du rassemblement, ces trois journées auront porté de nombreux fruits. Sur la page dédiée du wiki, tu trouveras de nombreuses informations sur ces rencontres, notamment de nombreux comptes-rendus et synthèses des commissions (dont une partie est toujours en rédaction). L'objet de ce message n'est pas de les résumer. A la fin de cet été que certaines ont cru « couché », nous avons jugé important d'envoyer un message de confiance en ce que nous faisons à toutes nos camarades debout sur les places. Un message mobilisateur, pour la rentrée sociale comme pour la grande séquence de politique nationale qui démarre. Nous avons voulu envoyer ce message pour rendre compte de ce que ce temps de mise en commun a permis d'apporter à l'interprétation des « contours de la Nuit » ; pour diffuser les propositions stratégiques qui ont été avancées ; pour enfin affirmer notre volonté de poursuivre et renforcer nos coopérations et mutualisations, et lancer un appel à poursuivre et amplifier la mise en relation des initiatives et des aspirations.

Ce message, nous l'adressons, en quelque sorte, de partout à la fois, de Tulle, Rennes, St Naz', Paimpont, Paris, Grenoble... Nous le datons du 168 mars, même si date de rédaction est postérieure, car il rend compte de l'état de formulation des idées à l'issue de ces trois jours de rencontres, le soir du 168 mars. Il est adressé aux deboutistes et sympathisantes du mouvement, ainsi qu'à toutes celles qui partagent le constat de la faillite généralisée des institutions, du discrédit insurmontable de la classe dirigeante et des possibles dévastateurs contenus dans la situation politique, et qui s'interrogent sur la manière dont elles peuvent contribuer à faire cesser cet état des choses. Sa lecture sera également, nous l'espérons, fort instructive pour les agentes des services de renseignement, que nous saluons, pour les journalistes mal informés, ainsi que pour les responsables politiques qui pousseraient la conscience professionnelle jusqu'à prendre connaissance de ce message venu du fond de la forêt.

Contours de la Nuit[modifier | modifier le wikicode]

Nous ne nous connaissions pas, et pourtant ces rencontres avaient la saveur de retrouvailles. Dans nos méthodes de travail, d'abord. Passés les inévitables temps auto-promotionnels et les quelques crispations, nous sommes parvenus à nous entendre et travailler rapidement, avec le luxe de pouvoir prendre le temps d'aller au fond des choses. Autogérées, ouvertes, ces journées ont eu la sérénité offerte par une organisation simple et l'expérience de quatre mois de mobilisations, et en même temps un vrai petit air des nuits des débuts, peuplées d'inconnues passionnantes.

Elles avaient la saveur de retrouvailles, car nous nous sommes immédiatement reconnues. Nous avons retrouvé en ces inconnues nos messages et nos préoccupations, nos attitudes et notre énergie, nos faiblesses, nos attentes quant aux suites du mouvement, notre détermination et notre fantaisie. Les nôtres et toutes celles, plurielles mais communes, entendues et vues sur les places et en manifs tout ce long, très long mois de mars. Nous avons reconnu cette même ouverture, cette même aptitude à faire du lien, au-delà des divergences et des chapelles, dont les tentatives ont fleuri partout au printemps et dans lesquels nous avons vécu depuis lors, expériences très similaires dans leurs diversités, dont certaines lignes tracent comme des parallèles. C'est de ce commun dont nous voulons parler ici.

L'agora et ses constellations[modifier | modifier le wikicode]

Les commentatrices ont été unanimes : Nuit debout est un mouvement flou, paralysé par son horizontalité radicale. C'est en quelque sorte vrai, et c'est très bien comme ça. Pourtant, nous pensons que la dynamique que recouvre l'appellation « Nuit debout » n'est ni floue, ni paralysée, mais tout simplement jeune. Si jeune, et si radicalement différente que personne, pas même ses participantes, ne peuvent en saisir toutes les potentialités ni toutes les implications.

Nuit debout n'est rien, Nuit debout n'est personne, voilà une opinion qu'on aura entendue maintes fois en Brocéliande, et qui a semblé à peu près incontestable. Il ne s'en passe pas moins « quelque chose », qu'il faut bien tenter de décrire.

Ce « quelque chose qui se passe » c'est en premier lieu une action de rue. Une occupation de places voire d'édifices, dans le cadre d'un rapport de force militant. Une réappropriation de l'espace public, à rebours de la ville contemporaine, soucieuse de la fluidité de ses usagères et hostile à toute manifestation collective, hors cadre commercial ou inoffensivement ludique.

C'était aussi, dans l'impulsion originale, le dépassement de la manifestation unitaire, sa prolongation, voulue pour créer un espace de discussion réel entre les manifestantes. Cette tentative – et ce qu'il faut bien appeler sa réussite – vient en creux souligner un certain échec des organisations politiques et syndicales, manifestement déconsidérées comme espace de mobilisation pertinent (et ce n'est pas une nouvelle) par de nombreuses opposantes à la Loi Travail, qui ont préféré consacrer leur temps et leur énergie à une dynamique neuve et imprévue, et s'organiser dans un cadre ouvert et horizontal. Un cadre inclusif, dans lequel il est facile de prendre la parole et d'apporter des choses d'emblée. Un cadre à même de contrer les logiques concurrentielles que développent les pratiques politiques traditionnelles, et de contrebalancer les inégalités dans l'aptitude à la prise de parole publique. Un cadre qui ne signifie pas absence de responsabilités, mais rotation des tâches et contrôle collectif, et dans lequel il semble possible d'envisager d'une manière neuve les perspectives.

C'était, toujours dans l'impulsion originelle, un appel à la « convergence des luttes », point sur lequel nous aurions, nous dit-on, échoué. Or, si les espoirs de mouvements de masse qui ont pu être suscités par ces appels se sont rapidement dissipés, la convergence des luttes est pourtant bien là. Discrète entre les participantes au mouvement, dont les filiations politiques et les expériences de lutte et de militantisme sont extrêmement diverses, elle est rendue concrète de multiples manières. Des convergences s'opèrent imperceptiblement au sein des Nuits debout par de multiples témoignages et échanges, entre participantes originaire de milieux sociaux, culturels et ethniques différents, terreau fertile à l'expression de la créativité et à l'émulation, ainsi qu'à la construction de solidarités et d'identité collective. Des convergences se construisent dans des commissions qui s'investissent sur des luttes spécifiques et dans la participation et le soutien à des luttes en cours. Les ramifications se tissent, par la présence à nos assemblées de forces de luttes organisées, par la participation aux Assemblées Générales Interprofessionnelles et par le développement de multiples formes de coordinations entre les forces qui mobilisent.

Ce cadre ouvert, horizontal, inclusif, qui favorise ces convergences, c'est bien sûr l'agora, l'assemblée, générale ou populaire, la création sur les places d'un espace d'expression publique, simple modalité devenue virale. Il y avait eu le premier coup de canon de la pétition « Loi Travail, non merci », puis les témoignages vidéos #OnVautMieuxQueCa. Puis les assemblées populaires. Bureaux des pleurs ou cahiers de doléances, marché aux projets et foire aux solutions, Nuit debout ou Nuit bourrées, c'était brassage public, tous les soirs d'un printemps pourri, entrecoupé de séances d'exposition prolongée aux gaz des forces de l'ordre et d'heures de sommeil volées par-ci, par-là. Et ce qui était fou n'était pas tant ce qui était dit, que la qualité de l'écoute dont faisaient preuve ces humaines assemblées. On a patiemment tout écouté, assises toute les Nuits debout, ici, partout. Pour beaucoup de participantes, probablement radicalisées sur internet, c'était l'occasion d'un apprentissage du dialogue en grands groupes, et de ses modes de régulation. On a causé du système et des actions à mener, envahi des rocades et des Magdo, chanté, et tissé des liens de travail et d'amitié.

Car très vite, pour nous, mille choses se sont cristallisées à partir des idées qui ont émergé de l'écume. Des centaines de commissions se sont montées à travers tout le pays, les unes pour préparer des actions, les autres pour assurer l'animation et le suivi de certaines thématiques. Des automédias papier, web, radio, vidéo sont apparus un peu partout. Et la Nuit devint aussi pour nous cet espace social informel et horizontal, où viennent échanger et se coordonner les initiatives, qu'elles soient nées de l'assemblée ou déjà existantes auparavant. Nous pensons que là réside un apport essentiel de Nuit debout : la capacité à donner naissance et permettre la coordination d'initiatives autonomes, appuyées parfois sur le tissu existant, fonctionnant elles aussi de manière ouverte et horizontale, qui viennent enrichir les propositions, les réflexions, les liens, la vie locale, et multiplier les actions, et pour lesquelles sont reconnues le droit à l'erreur et le droit à la lenteur.

La Nuit en commun[modifier | modifier le wikicode]

Nuit debout n'est rien, ni personne, l'affaire est entendue. Pas de leaders, pas de porte-paroles ou d'attachés de presse, pas de surexposition d'une voix singulière. Mais Nuit debout, c'est aussi plein-plein de monde. Plein de voix, de subjectivités, de collectifs, de canaux d'expression, convergence des luttes et des galères en miniature. Mouvement favorisant l'expression des paroles populaires et exprimant la volonté d'en augmenter la portée de résonance, y compris politique, Nuit debout est nécessairement plurielle, et impossible à centraliser. Ce serait perdre son temps, et figer les choses, que de tenter d'en définir nettement les contours, et il s'agit bien plutôt d'encourager chacune à contribuer à cette diversité.

On retrouve cependant, quoique rarement mis en avant, des marqueurs « identitaires » parmi les participantes au mouvement, et notamment des combats communs. Il n'y a probablement aucun de ces marqueurs qui font l'unanimité, mais aucun de ceux-ci ne semblent poser problème, à la différence des problèmes parfois rencontrés ici et là, que ce soit à l'occasion de la venue d'un certain philosophe médiatique à Paris, ou d'un élu d'une formation populiste et xénophobe à Saint-Nazaire. Ces marqueurs sont, par exemple, ceux de la solidarité entre les peuples et du refus de toutes formes de discrimination, de l'autonomie et de la coopération, du féminisme, de la lecture et de la curiosité, de l'aspiration à une radicalisation de la démocratie, de l'anti-racisme, de l'anti-militarisme et du pacifisme. Ils sont ceux de l'écologie, de la sobriété et du respect du vivant, de l'éducation populaire, du mouvement ouvrier, de l'anti-hiérarchisme et de l'anti-productivisme ; celui de la critique des médias, celui du refus de l'ordre sécuritaire et celui du refus de la stigmatisation des musulmans. De l'implication associative, syndicale ou politique. De la résistance à l'oppression et des logiciels libres. Révolution française, Chiapas, Commune, Révolution russe, '36, désobéissance civile. Les années 68 et la chute du mur. Marqueurs du tournant de la rigueur, du 21 avril 2002, des appels au vote utile, marqueurs du referendum européen bafoué, de la crise de 2008, de la Grèce écrasée. Du béton, des grenades offensives et des milices d'agriculteurs pourchassant des zadistes. Des guerres, du pétrole et des attentats.

La liste pourrait être encore longue.

Alors, Nuit debout est-il un mouvement « de gauche », où cette catégorisation est-elle devenue obsolète ? Ce n'est pas ce week-end que le débat aura été tranché. Les deux camps en présence, d'un poids à la louche sensiblement équivalent, ont échangé des arguments convaincants à l'appui des deux thèses, et il n'a pas été jugé urgent d'aller plus avant dans ce débat. Catégorie dépassée réduisant la portée d'un message transcendant les clivages hérités, ou classification à mettre à jour pour donner à voir les nouvelles frontières politiques et les alternatives réellement en présence ? On en est resté là.

Plurielles, les Nuits n'en constituent pas moins une dynamique commune et dans une certaine mesure unificatrice, qui doit, selon les mots d'une participante, chercher à « formuler un commun politique » et apprendre à co-élaborer et coordonner à de plus grandes échelles des actions, revendications et messages. Une dynamique commune dont la portée est révolutionnaire. Lorsque le mot a été sorti la première fois, il a fait sourire, et été écarté comme une vieillerie irréaliste. Puis le mot à fait son chemin, tout le week-end, et puis oui, quand même : si ce que nous formulons comme exigences de réformes démocratiques, de changement dans les modes de production et de consommation, dans la relation au vivant et dans la répartition des richesses devait advenir, ce serait à coup sûr une révolution. Donc va pour la révolution. Et parce que changer la France, 5ème puissance économique mondiale et force militaire incontournable, ce serait changer le monde, va pour « révolutionner le monde ».

Horizons de la Nuit : se coordonner pour révolutionner le monde[modifier | modifier le wikicode]

Nous sommes toutes jusqu'ici passées largement à côté de cette grande diversité, autant que de cet effort de formulation commune. Et c'est bien compréhensible, tant le mouvement est jeune et les contacts échangés encore peu nombreux. Cette question spécifique a fait l'objet de multiples discussions et ateliers lors des rencontres, et il est certain que l'amélioration de nos communications, entre deboutistes, entre collectifs, et à destination des personnes ayant de la sympathie pour nos actions, doit figurer parmi nos priorités. La portée de nos messages dans le grand public dépendra de deux choses : notre capacité à élaborer, lorsque nécessaire, des messages communs, et une présence forte et continue sur les places et dans les rues, les « nôtres », mais aussi les autres, voisines ou éloignées.

Dépasser internet[modifier | modifier le wikicode]

De nombreux outils de communication existent ou sont en cours de développement pour améliorer la mise en connexion des deboutistes actives. Il est primordial de disposer d'outils de communication efficaces, et notamment d'un outil de prise de décision en ligne qui nous fait pour l'instant défaut. Une participante a toutefois souligné le paradoxe apparent, selon lequel « Nuit debout est contre le système, mais Nuit debout n'existerait pas sans internet ». C'est vrai, et pourtant, il n'a pas fallu attendre internet pour s'organiser. Aussi nous pensons que nous devons apprendre à nous passer d'internet et à nous organiser « à l'ancienne », en prenant le temps de nous rencontrer, en échangeant nos coordonnées et en sachant qui contacter pour monter des actions ou initiatives.

La question des outils ne doit pas masquer le besoin primaire, réel, et parfois un peu oublié, de la production de contenus. S'ils sont correctement investis et animés par les collectifs locaux et les commissions, le site nuitdebout.fr, la « Gazette debout », et le site en cours d'élaboration « Mouvement de Mars » (qui vise à rendre visibles les exigences déjà formulées) peuvent être de très bons outils pour améliorer le partage de l'information, en s'appuyant sur le relais des comptes nationaux sur les réseaux sociaux. En local, nous encourageons la création d'une multitude de supports d'expression, automédias, mais aussi expression artistique, dont la portée considérable est parfois négligée.

L'attention portée au mouvement et les analyses qui en ont été faites dans les médias ont surtout porté jusqu'ici sur le seul cas parisien – qui mérite par son ampleur une attention particulière. La singularité des expériences locales a encore trop peu été partagée. C'est pourquoi nous pensons que des outils communautaires nationaux en gestion partagée entre plusieurs villes et à responsabilité tournante permettraient de rééquilibrer les perceptions du mouvement, et faciliterait la diffusion des informations locales pertinentes et de messages que nous voulons porter en commun. Un fonctionnement en cohérence avec les attendus organisationnels du mouvement, horizontalité, ouverture et transparence.

Quant à la communication vers le grand public, nous pensons que le recours aux outils médiatiques et la réponse aux éventuelles sollicitations des journalistes doivent se faire de manière modérée et pertinente, lorsqu'il y a réellement quelque chose à dire, et en évitant la personnalisation. Nous pensons que face aux dérives du journalisme, nous devons nous efforcer de produire nous-même des relais d'expression crédibles. Il nous semble surtout que nos actions doivent en premier lieu chercher à créer le contact au moyen d'actions de rue permettant des interactions, comme les « Porteur de paroles », efficacement pratiqué à Plélan-le-Grand lors de nos rencontres, les « vélorutions » ou les « marches-actions centre-ville-périphérie », reliant divers quartiers ou territoires et plusieurs types de luttes ou d'alternatives. Être présentes sur le terrain, et organiser des actions spécifiques sur des communes environnantes n'ayant pas connu de dynamique Nuit debout, parce que trop petites. Le lien avec les quartiers populaires, autre soit-disant « échec » de Nuit debout, doit continuer à être cultivé. Il est un autre public absent des Nuit debout dont on a trop peu parlé : celui des territoires ruraux, ceux-là même chez qui s'enregistre une forte poussée de l'abstention et du vote FN. C'est aussi vers cette France dite « périphérique », « invisible », que nos efforts doivent porter. A quel rythme, selon quelles stratégies ?

Changer l'organisation et la saveur de nos vies[modifier | modifier le wikicode]

Nos échanges ont permis de dégager des horizons communs à nos actions, à court et plus long terme. Nous pensons qu' en permettant de mieux cerner et faire comprendre le sens de nos actions, ils peuvent contribuer à mobiliser et réussir la rentrée. Ces horizons sont les suivants : mobilisation contre la Loi Travail, irruption dans les débats de politique nationale à venir, et, au quotidien comme à long terme, éducation populaire et ancrage dans les luttes et les alternatives concrètes.

Déterminés dès la première nuit à renverser le monde de la Loi Travail, nous ne manquerons pas l'occasion de prendre les places qui nous reviennent dans les débats de politique nationale qui s'annoncent, celles de la citoyenne, de la militante, de la poétesse ou de l'activiste, celles de la manif, du tract et de l'action, celles du tag et du hashtag, de l'automédia et de la chanson, du piratage et du porteur de paroles. Nous ne laisserons pas la prochaine farce électorale se dérouler sans intervenir. Nous agirons pour ne pas laisser le champ libre à celles qui spéculent sur les peurs, la violence, la misère et – surtout – sur l'indifférence et la résignation. Plutôt qu'une énième redite du front républicain contre l'épouvantail, permettant de relancer pour cinq ans la machine libérale, nous voulons la fin de ce système politique aristocratique et archaïque. Nous nous mobiliserons pour imposer dans les débats les exigences de tous ceux, individus et collectifs, qui aspirent à retrouver les chemins d'un avenir émancipateur.

Hostiles à l'élection présidentielle, nos actions « 2017 » porteront de manière privilégiée sur la compétition électorale que se livreront les partis et candidates pour accéder au parlement-croupion, dite « élections législatives », sur les immuables et poussiéreuses institutions républicaines, ainsi que sur les forces économiques et financières qui dirigent nos dirigeantes. Le 3 septembre prochain, un banquet de rentrée de Nuit debout sera organisé simultanément dans plusieurs villes, sous le signe de la naissance de la démocratie, pour annoncer notre résolution à faire partout irruption dans le débat et la machine électorale. Ce banquet sera l'occasion d'accueillir les curieuses et les sympathisantes, et de prendre rendez-vous avec la campagne électorale, en cette période de déclarations de candidatures.

L'affrontement politique n'est qu'une des dimensions de la lutte contre les dominations et les inégalités, et nos échéances principales ne sont pas celles du système politico-médiatique. A l'occasion de ces Rencontres sur l'éco-lieu de la Guette, nous affirmons la priorité absolue, pour chaque collectif Nuit debout et chaque participante, à contribuer au quotidien à la création et au développement d'alternatives concrètes, horizontales, écologistes et anticapitalistes, ainsi qu'au renforcement, à tous les échelons, d'un communautarisme de solidarité, afin de développer notre puissance collective et augmenter notre autonomie, favoriser les dynamiques de désertion de l'économie marchande et financière, inverser la courbe de la disparition du vivant en même temps que celle du chômage, accroître nos solidarités et changer concrètement l'organisation même ainsi que la saveur de nos vies.

Avant ces échéances, le mouvement social contre la loi Travail fera sa rentrée, le 15 septembre. Adoptée dans la brutalité, contre la volonté de la majorité du peuple et du parlement-croupion, la loi El-Khomri est illégitime, et ne sera jamais appliquée. Nous poursuivrons notre mobilisation aux côtés des autres forces engagées pour en obtenir l'abrogation. Nous descendrons dans la rue le 15 septembre pour la prochaine manifestation unitaire, participerons aux actions de blocage économique, soutiendrons les camarades en grève.

Calendrier[modifier | modifier le wikicode]

Quelques dates communes ont été cochées ce week-end sur les agendas. Les voici rassemblées :

  • 15 septembre : manifestation nationale unitaire contre la Loi Travail / message coordonné ?
  • 8-9 octobre : rencontre à la coordination des opposants au projet d'aéroport à NDDL.
  • 29 octobre – 1er novembre : nouvelles Rencontres nationales – organisateurs et lieu à préciser

A propos de notre démarche[modifier | modifier le wikicode]

Les positions et présentations exposées ici ne sont ni plus ni moins que la photographie d'une dynamique encore partielle qui est en cours. Ces rencontres étaient loin de réunir l'ensemble des participantes actives au sein de Nuit debout, et d'autres initiatives de convergence de deboutistes ont eu ou vont avoir lieu cet été : outre l'expérience incomparable des marcheuses, parties de Marseille en juin pour rejoindre Paris deux mois plus tard, en faisant halte auprès des collectifs locaux situés sur leur chemin, des membres de plusieurs commissions de Nuit debout République sillonnent actuellement le sud dans le même but. Des Deboutistes de plusieurs villes se sont également retrouvées à l'occasion du Camp Climat, et d'autres lors du rassemblement des opposantes sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (réunion dont sont issues les Rencontres de Paimpont). Un rassemblement était également annoncé pour la fin du mois dans le sud-ouest.

Durant ces trois jours, nous avons travaillé avec la conscience d'agir avec la légitimité, fragile mais réelle, de participantes actives à Nuit debout, nous réunissant pour apprendre comment coordonner nos activités et résoudre nos problèmes communs. La grande proximité de nos propositions avec celles mises en avant, quelques jours plus tôt, lors du Camp Climat, nous confirme dans notre conviction de faire œuvre utile en partageant ces réflexions. Nous espérons que ces propositions seront accueillies avec bienveillance et contribueront à nourrir les réflexions et renforcer la dynamique. Nous aurons prochainement l'occasion d'en débattre de vive voix : de prochaines rencontres nationales sont d'ores et déjà prévues pour le week-end de la Toussaint, dans un lieu non encore défini, rencontres probablement précédées de rencontres régionales. Nous avons hâte de te voir à ces prochains rassemblements :)

Bonne rentrée !