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Modification de Villes/Montluçon/sciences/La révolution française

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==EASTBOURNE, LE 8 AVRIL 1789==
 
==EASTBOURNE, LE 8 AVRIL 1789==
 
Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
 
Depuis que vous m'en avez parlé, je me suis imprégnée davantage des oeuvres de Rousseau, de son idée de souveraineté indivisible et inaliénable du peuple. La volonté générale visant au bien de tous est une défense formidable de la liberté.
 
Depuis que vous m'en avez parlé, je me suis imprégnée davantage des oeuvres de Rousseau, de son idée de souveraineté indivisible et inaliénable du peuple. La volonté générale visant au bien de tous est une défense formidable de la liberté.
 
 
Je me suis efforcée aussi de me tenir au courant des affaires politiques. J'ai lu des journaux dans lesquels il est question de l'agitation qui anime Paris et les provinces françaises à la veille des Etats Généraux. En Angleterre, le ministre William Pitt manifeste une bienveillante neutralité face à l'agitation française, ne voyant pas là un péril immédiat pour son pays. Cependant, j'ai entendu dire autour de moi: "Il faudrait que votre Roi sache s'adapter aux désirs du peuple, sinon..." Je ne sais pas ce que signifie ce "sinon", mais cela me fait bien peur...
 
Je me suis efforcée aussi de me tenir au courant des affaires politiques. J'ai lu des journaux dans lesquels il est question de l'agitation qui anime Paris et les provinces françaises à la veille des Etats Généraux. En Angleterre, le ministre William Pitt manifeste une bienveillante neutralité face à l'agitation française, ne voyant pas là un péril immédiat pour son pays. Cependant, j'ai entendu dire autour de moi: "Il faudrait que votre Roi sache s'adapter aux désirs du peuple, sinon..." Je ne sais pas ce que signifie ce "sinon", mais cela me fait bien peur...
 
Hippolyte bien aimé, je m'efforce, dans mon exil, de trouver le meilleur en tout et de ne pas céder à la mélancolie. Grâce à vos lettres, je me sens plus proche de vous et je demeure pour toujours votre
 
Hippolyte bien aimé, je m'efforce, dans mon exil, de trouver le meilleur en tout et de ne pas céder à la mélancolie. Grâce à vos lettres, je me sens plus proche de vous et je demeure pour toujours votre
 
 
EMILii
 
EMILii
 
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PARIS, LE 25 AVRIL 1789
==PARIS, LE 25 AVRIL 1789==
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Ma chère Emilie,
 
Ma chère Emilie,
 
 
Depuis que les assemblées électorales ont été instituées, elles se sont chargées de la mise en forme de "cahiers de doléances", sur lesquels chacun peut "faire parvenir ses voeux et ses réclamations".
 
Depuis que les assemblées électorales ont été instituées, elles se sont chargées de la mise en forme de "cahiers de doléances", sur lesquels chacun peut "faire parvenir ses voeux et ses réclamations".
 
La France a bien des motifs de se plaindre. Dans les cahiers du Tiers Etat, les revendications sont variées: ici, une famille demande la libération d'un des siens, arrêté, chargé de fers et traîné en prison, pour avoir "fait une farandole" avec d'autres jeunes gens sur les terres du Seigneur. Là, les doléances concernent une grande route qui nécessite d'être pavée pour éviter la boue en hiver et la poussière en été. A Lyon, ce sont les maîtres ouvriers en étoffes qui déplorent l'accroissement du prix des soies d4 à la quantité de
 
La France a bien des motifs de se plaindre. Dans les cahiers du Tiers Etat, les revendications sont variées: ici, une famille demande la libération d'un des siens, arrêté, chargé de fers et traîné en prison, pour avoir "fait une farandole" avec d'autres jeunes gens sur les terres du Seigneur. Là, les doléances concernent une grande route qui nécessite d'être pavée pour éviter la boue en hiver et la poussière en été. A Lyon, ce sont les maîtres ouvriers en étoffes qui déplorent l'accroissement du prix des soies d4 à la quantité de
  
 
mûriers qui ont péri en 1787. Ailleurs, on déplore la liberté des pigeons au temps des semences jusqu'à la récolte des grains, et l'on demande que les garde-chasses ne portent plus d'armes à feu mais des hallebardes. Ces cahiers de doléances seront apportés par les députés aux Etats Généraux, dont =»ouverture est fixée dans moins d'une semaine à Versailles.
 
mûriers qui ont péri en 1787. Ailleurs, on déplore la liberté des pigeons au temps des semences jusqu'à la récolte des grains, et l'on demande que les garde-chasses ne portent plus d'armes à feu mais des hallebardes. Ces cahiers de doléances seront apportés par les députés aux Etats Généraux, dont =»ouverture est fixée dans moins d'une semaine à Versailles.
 
 
Dans leur ensemble, les membres de la Noblesse sont hostiles à trop de réformes, et surtout à l'abolition de leurs privilèges. Pour ma part, j'ai préféré suivre la voie tracée par Mirabeau et rejoindre les assemblées du Tiers Etat. Une effervescence particulière remplit le coeur de chacun, et le mien aussi, qui pense à vous très tendrement,
 
Dans leur ensemble, les membres de la Noblesse sont hostiles à trop de réformes, et surtout à l'abolition de leurs privilèges. Pour ma part, j'ai préféré suivre la voie tracée par Mirabeau et rejoindre les assemblées du Tiers Etat. Une effervescence particulière remplit le coeur de chacun, et le mien aussi, qui pense à vous très tendrement,
 
 
H I P 'QI. YTE
 
H I P 'QI. YTE
 
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PARIS, LE 8 MAI 1789
==PARIS, LE 8 MAI 1789==
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Très chère Emilie,
 
Très chère Emilie,
 
 
Les 27 et 28 avril derniers, peu de jours après que je vous eusse écrit, il y eut des émeutes Faubourg Saint-Antoine. Dans tout le pays, des troubles identiques ont éclaté. Dieu, comme j'ai remercié le ciel que vous ne fûtes plus là pour assister à ces manifestations de violence!
 
Les 27 et 28 avril derniers, peu de jours après que je vous eusse écrit, il y eut des émeutes Faubourg Saint-Antoine. Dans tout le pays, des troubles identiques ont éclaté. Dieu, comme j'ai remercié le ciel que vous ne fûtes plus là pour assister à ces manifestations de violence!
 
 
L'ouverture des Etats Généraux approche. Dès la fin avril sont arrivés à Versailles les députés d'origine modeste, parmi lesquels des avocats, des procureurs, des médecins, et les délégués des campagnes. Ils furent choqués par le luxe qu'affiche encore la cour alors que le peuple meure de faim.
 
L'ouverture des Etats Généraux approche. Dès la fin avril sont arrivés à Versailles les députés d'origine modeste, parmi lesquels des avocats, des procureurs, des médecins, et les délégués des campagnes. Ils furent choqués par le luxe qu'affiche encore la cour alors que le peuple meure de faim.
 
 
Puis, le 4 Mai, eut lieu la procession d'ouverture, Les représentants de la Noblesse arboraient de beaux habits dorés et galonnés; le Clergé resplendissait dans ses habits de pourpre ou de rouge; quant aux députés du Tiers Etat, ils faisaient une tache noire et sombre sur cet ensemble coloré: ils n'avaient droit qu'à un manteau de lainage noir, uniforme de la tristesse et du marasme.
 
Puis, le 4 Mai, eut lieu la procession d'ouverture, Les représentants de la Noblesse arboraient de beaux habits dorés et galonnés; le Clergé resplendissait dans ses habits de pourpre ou de rouge; quant aux députés du Tiers Etat, ils faisaient une tache noire et sombre sur cet ensemble coloré: ils n'avaient droit qu'à un manteau de lainage noir, uniforme de la tristesse et du marasme.
 
 
Le lendemain s'ouvrirent les Etats Généraux, dans une salle de l'hôtel des Menus Plaisirs à Versailles. J'avais quitté Paris la veille avec Mirabeau, et nous avions été hébergés par un de nos amis. Nous assistâmes à l'appel des députés des trois Ordres. Chaque députation était introduite par Monsieur de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies. J'étais parmi une foule bigarrée dans laquelle se tenaient des femmes et des gens du peuple. Nous étions installés dans des tribunes, sur les côtés de la salle. Le roi avait pris place dans le fond sur une estrade et il avait à ses côtés la reine Marie-Antoinette et les princes de sang. Il prononça un bref discours, dans lequel il ne dit rien des réformes sociales et politiques que nous attendions tous. Ensuite parla Necker, qui énuméra les difficultés actuelles du Trésor, mais sans en dire les causes, comme beaucoup d'entre nous l'auraient souhaité.
 
Le lendemain s'ouvrirent les Etats Généraux, dans une salle de l'hôtel des Menus Plaisirs à Versailles. J'avais quitté Paris la veille avec Mirabeau, et nous avions été hébergés par un de nos amis. Nous assistâmes à l'appel des députés des trois Ordres. Chaque députation était introduite par Monsieur de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies. J'étais parmi une foule bigarrée dans laquelle se tenaient des femmes et des gens du peuple. Nous étions installés dans des tribunes, sur les côtés de la salle. Le roi avait pris place dans le fond sur une estrade et il avait à ses côtés la reine Marie-Antoinette et les princes de sang. Il prononça un bref discours, dans lequel il ne dit rien des réformes sociales et politiques que nous attendions tous. Ensuite parla Necker, qui énuméra les difficultés actuelles du Trésor, mais sans en dire les causes, comme beaucoup d'entre nous l'auraient souhaité.
 
 
La question primordiale du vote par ordre ou par tête n'avait pas encore été abordée, lorsque Mirabeau se leva et, contre toute étiquette, s'adressa directement au roi. Il ne put achever le discours qu'il avait préparé, car le roi se leva, signifiant ainsi que tout était fini. L'Assemblée dut se séparer. La Noblesse et le Clergé se réfugièrent dans les salles préparées à leur intention. Les députés du Tiers Etat restèrent seuls dans la salle des Menus Plaisirs. Ils auraient voulu que le travail fût effectué en commun, mais les privilégiés refusèrent. Les nobles restèrent irréductiblement pour le vote par ordre alors que les membres du Clergé furent plus nombreux à accepter. La journée se termina sur un sentiment d'échec.
 
La question primordiale du vote par ordre ou par tête n'avait pas encore été abordée, lorsque Mirabeau se leva et, contre toute étiquette, s'adressa directement au roi. Il ne put achever le discours qu'il avait préparé, car le roi se leva, signifiant ainsi que tout était fini. L'Assemblée dut se séparer. La Noblesse et le Clergé se réfugièrent dans les salles préparées à leur intention. Les députés du Tiers Etat restèrent seuls dans la salle des Menus Plaisirs. Ils auraient voulu que le travail fût effectué en commun, mais les privilégiés refusèrent. Les nobles restèrent irréductiblement pour le vote par ordre alors que les membres du Clergé furent plus nombreux à accepter. La journée se termina sur un sentiment d'échec.
 
 
Voilà, chère Emilie, où nous en sommes actuellement, Nos députés parviendront-ils à un accord dans les meilleurs délais? C'est, en tous cas, ce
 
Voilà, chère Emilie, où nous en sommes actuellement, Nos députés parviendront-ils à un accord dans les meilleurs délais? C'est, en tous cas, ce
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que nous souhaitons tous ici, car nous avons tant d'idées de réformes qu'il devient insupportable de différer davantage les décisions importantes que toute la France attend!
 
que nous souhaitons tous ici, car nous avons tant d'idées de réformes qu'il devient insupportable de différer davantage les décisions importantes que toute la France attend!
 
 
Je vous enverrai bientôt, chère Emilie, d'autres nouvelles. Je conserve votre tendre image sur mon coeur,
 
Je vous enverrai bientôt, chère Emilie, d'autres nouvelles. Je conserve votre tendre image sur mon coeur,
 
 
vo -t r c-- H I F'.PC?I., YTE
 
vo -t r c-- H I F'.PC?I., YTE
 
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EASTBOURNE, LE 29 MAI 1789
==EASTBOURNE, LE 29 MAI 1789==
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Mon cher Hippolyte,
 
Mon cher Hippolyte,
 
 
J'ai tardé à vous écrire car nous sommes en pleins préparatifs de départ. Les beaux jours étant revenus, nous avons projeté un séjour à l'île de Wight, à environ vingt-cinq lieues d'Eastbourne. Pour nous y rendre, nous devons d'abord aller à Portsmouth puis, de là, emprunter un navire qui fait la navette entre la côte et l'île, Lady Twilight y est allée il y a vingt ans, et elle se déclare enchantée du séjour qu'elle y passa.
 
J'ai tardé à vous écrire car nous sommes en pleins préparatifs de départ. Les beaux jours étant revenus, nous avons projeté un séjour à l'île de Wight, à environ vingt-cinq lieues d'Eastbourne. Pour nous y rendre, nous devons d'abord aller à Portsmouth puis, de là, emprunter un navire qui fait la navette entre la côte et l'île, Lady Twilight y est allée il y a vingt ans, et elle se déclare enchantée du séjour qu'elle y passa.
 
 
Une de mes amies, Pauline de Brossac, m'a écrit récemment. Elle n'a pas quitté la France, et demeure dans le château de son père près d'Angoulême. Elle me parle du cahier de doléances des "Femmes de la Charente", qui a fait grand bruit dans sa province. Celles-ci revendiquent certains droits politiques, tel que celui qui devrait permettre aux femmes et aux filles possédant des terres d'être électrices aux Etats Généraux. Les veuves et filles nobles, possédant fiefs, ont déjà ce droit. C' est là une revendication qui me semble justifiée. Ne croyez-vous pas en effet, cher Hipplolyte, que les femmes ont trop peu leur mot à dire dans les affaires qui touchent notre pays?
 
Une de mes amies, Pauline de Brossac, m'a écrit récemment. Elle n'a pas quitté la France, et demeure dans le château de son père près d'Angoulême. Elle me parle du cahier de doléances des "Femmes de la Charente", qui a fait grand bruit dans sa province. Celles-ci revendiquent certains droits politiques, tel que celui qui devrait permettre aux femmes et aux filles possédant des terres d'être électrices aux Etats Généraux. Les veuves et filles nobles, possédant fiefs, ont déjà ce droit. C' est là une revendication qui me semble justifiée. Ne croyez-vous pas en effet, cher Hipplolyte, que les femmes ont trop peu leur mot à dire dans les affaires qui touchent notre pays?
 
 
De nos jours, les femmes peuvent tenir salon, parler philosophie ou littérature, comme le fit Madame du Deffand pendant plus d'un demi-siècle. Mais qu'est-ce que la connaissance qui n'est pas mêlée à l'action? Quel destin choisir quand on est femme? Faut-il se consacrer à l'étude? Faut-il se contenter d'être bonne épouse et bonne mère?
 
De nos jours, les femmes peuvent tenir salon, parler philosophie ou littérature, comme le fit Madame du Deffand pendant plus d'un demi-siècle. Mais qu'est-ce que la connaissance qui n'est pas mêlée à l'action? Quel destin choisir quand on est femme? Faut-il se consacrer à l'étude? Faut-il se contenter d'être bonne épouse et bonne mère?
 
 
Cher Hippolyte, dans la solitude qui est la mienne , je m'interroge sur mon avenir, J'espère pouvoir revenir bientôt auprès de vous et, qui sait, pouvoir combattre à vos côtés.
 
Cher Hippolyte, dans la solitude qui est la mienne , je m'interroge sur mon avenir, J'espère pouvoir revenir bientôt auprès de vous et, qui sait, pouvoir combattre à vos côtés.
 
 
Votre bien-aimée,
 
Votre bien-aimée,
 
 
ÉMI L I E
 
ÉMI L I E
 
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ILE DE WIGHT, LE 5 JUIN 1789
==ILE DE WIGHT, LE 5 JUIN 1789==
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Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
 
Je vous adresse un court billet depuis ce bout du monde ou je vis à l'abri de tout souci, comme dans un paradis terrestre où nulle contrariété ne saurait m'atteindre!
 
Je vous adresse un court billet depuis ce bout du monde ou je vis à l'abri de tout souci, comme dans un paradis terrestre où nulle contrariété ne saurait m'atteindre!
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Lady Twilight et moi logeons dans une auberge, dans laquelle nous prenons
  
Lady Twilight et moi logeons dans une auberge, dans laquelle nous prenons
 
 
aussi nos repas. Nous avons rencontré une vieille dame qui ;=-i ce régulièrement dans cette île. Elle nous parle de la sérénité qu'elle a acr:s à y goûter au jour le jour, comme un don du Ciel. Nous passons nos journées en promenades sur les étroits chemins sableux qui sillonnent les pâ ra_ verdoyants, et nous conduisent jusqu'au sommet des falaises abructe_ : _ surplombent la mer. Quelle beauté dans ce site grandiose! Le soir,
 
aussi nos repas. Nous avons rencontré une vieille dame qui ;=-i ce régulièrement dans cette île. Elle nous parle de la sérénité qu'elle a acr:s à y goûter au jour le jour, comme un don du Ciel. Nous passons nos journées en promenades sur les étroits chemins sableux qui sillonnent les pâ ra_ verdoyants, et nous conduisent jusqu'au sommet des falaises abructe_ : _ surplombent la mer. Quelle beauté dans ce site grandiose! Le soir,
 
passons volontiers quelques heures à bavarder avec les clients de l'auberce. Tout le monde s'assied autour du feu que l'hôtesse allume dans la cheminée. pour atténuer la fraîcheur des soirées du bord de mer.
 
passons volontiers quelques heures à bavarder avec les clients de l'auberce. Tout le monde s'assied autour du feu que l'hôtesse allume dans la cheminée. pour atténuer la fraîcheur des soirées du bord de mer.
 
 
Comment, cher Hippolyte, vous dire combien je serais heureuse de vous faire partager la vie calme et bienfaisante qui est la mienne en ce moment... Je suis à vous pour toujours,
 
Comment, cher Hippolyte, vous dire combien je serais heureuse de vous faire partager la vie calme et bienfaisante qui est la mienne en ce moment... Je suis à vous pour toujours,
 
 
.EMILI-E
 
.EMILI-E
 
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PARIS, LE 23 JUIN 1789
==PARIS, LE 23 JUIN 1789==
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Ma chère Emilie,
 
Ma chère Emilie,
 
 
Il est tard, mais je tiens vous écrire tout de suite pour vous reia:er les événements de ces jours derniers. Le 17 Juin, l'abbé Sieyès proposa q-.~e e Tiers Etat se proclame Assemblée Nationale. Cet abbé Sieyès est un homme à l'esprit ingénieux, il possède l'art des formules frappantes, disant tout 'na-._ ce que beaucoup pensent tout bas. L'Assemblée a été proclamée "une et indivisible". Ce jour-là, la Noblesse s'opposa farouchement à la décision -_ Tiers Etat qu'elle dénonça comme une usurpation. Le Clergé, en revanche, se rallia au Tiers Etat, donnant ainsi à l'assemblée une majorité absolue.
 
Il est tard, mais je tiens vous écrire tout de suite pour vous reia:er les événements de ces jours derniers. Le 17 Juin, l'abbé Sieyès proposa q-.~e e Tiers Etat se proclame Assemblée Nationale. Cet abbé Sieyès est un homme à l'esprit ingénieux, il possède l'art des formules frappantes, disant tout 'na-._ ce que beaucoup pensent tout bas. L'Assemblée a été proclamée "une et indivisible". Ce jour-là, la Noblesse s'opposa farouchement à la décision -_ Tiers Etat qu'elle dénonça comme une usurpation. Le Clergé, en revanche, se rallia au Tiers Etat, donnant ainsi à l'assemblée une majorité absolue.
 
 
Le 20 juin, le roi fit clore la salle des Menus Plaisirs, sous prétexte de rénovation. Les députés se rendirent alors dans une salle voisine déserte, la salle du Jeu de Paume, o, sous la présidence de Bailly, ils prêtèrent le serment de "ne pas se séparer et de se réunir partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume soit établie e-
 
Le 20 juin, le roi fit clore la salle des Menus Plaisirs, sous prétexte de rénovation. Les députés se rendirent alors dans une salle voisine déserte, la salle du Jeu de Paume, o, sous la présidence de Bailly, ils prêtèrent le serment de "ne pas se séparer et de se réunir partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume soit établie e-
 
affermie sur des fondements solides". Cela se passait dans un enthouseias.:
 
affermie sur des fondements solides". Cela se passait dans un enthouseias.:
 
débordant. Tous les députés sauf un prêtèrent serment de façon très_
 
débordant. Tous les députés sauf un prêtèrent serment de façon très_
 
solennelle.
 
solennelle.
 
 
Le lendemain, la salle du Jeu de Paume étant fermée, le Clergé proposa de se rendre à l'église Saint-Louis. C'est alors que cent cinquante membres d_ Clergé, et même deux gentilshommes se joignirent à l'assemblée.
 
Le lendemain, la salle du Jeu de Paume étant fermée, le Clergé proposa de se rendre à l'église Saint-Louis. C'est alors que cent cinquante membres d_ Clergé, et même deux gentilshommes se joignirent à l'assemblée.
 
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Le 23 juin eut lieu une séance royale à la salle des Menus Plaisirs. e roi cassa les décisions du Tiers en matière fiscale, il accepta l'éga'_é devant l'impôt mais apparût résolu à défendre les dîmes, cens, rentes e- devoirs féodaux. Puis il commanda aux trois Ordres de se séparer e- ;e délibérer dans leurs salles respectives. Le roi parti, la plupart ±e_ représentants des ordres privilégiés quittèrent la salle et les députés
Le 23 juin eut lieu une séance royale à la salle des Menus Plaisirs. e roi cassa les décisions du Tiers en matière fiscale, il accepta l'éga'_é devant l'impôt mais apparût résolu à défendre les dîmes, cens, rentes e- devoirs féodaux. Puis il commanda aux trois Ordres de se séparer e- ;e délibérer dans leurs salles respectives. Le roi parti, la plupart ±e_ représentants des ordres privilégiés quittèrent la salle et les députés.
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Tiers restèrent assis. Le marquis de Dreux-Brézé rappela aux assistants l'ordre du roi. Mirabeau, debout près de Sieyès et Bailly, s'avança e: s'écria: "Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par _a volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des_ baïonnettes." Quel soufflet adressé à un représentant du roi! Dreux-Brézé *__ bien obligé d'abandonner la partie, sortant presque à reculons. Après ___ éclat, le roi n'osa pas user de la force contre le Tiers assemblé, _- La séance se poursuivit selon les formes régulières. Sans doute la réunion :es trois ordres est-elle imminente!
 
Tiers restèrent assis. Le marquis de Dreux-Brézé rappela aux assistants l'ordre du roi. Mirabeau, debout près de Sieyès et Bailly, s'avança e: s'écria: "Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par _a volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des_ baïonnettes." Quel soufflet adressé à un représentant du roi! Dreux-Brézé *__ bien obligé d'abandonner la partie, sortant presque à reculons. Après ___ éclat, le roi n'osa pas user de la force contre le Tiers assemblé, _- La séance se poursuivit selon les formes régulières. Sans doute la réunion :es trois ordres est-elle imminente!
 
 
J'aimerais, chère Emilie, que vous partagiez la joie qui me remp_i- :e coeur ce soir. Je voudrais aussi que vous ne passiez pas un jour sans -.s souvenir que vous êtes aimée passionnément par un homme auquel l'amour pr:c-ire le plus parfait des bonheurs...
 
J'aimerais, chère Emilie, que vous partagiez la joie qui me remp_i- :e coeur ce soir. Je voudrais aussi que vous ne passiez pas un jour sans -.s souvenir que vous êtes aimée passionnément par un homme auquel l'amour pr:c-ire le plus parfait des bonheurs...
 
 
vo t z H I PPOL YTE
 
vo t z H I PPOL YTE
 
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==PARIS, LE 18 JUILLET 1789==
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PARIS, LE 18 JUILLET 1789
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
Décidément, les événements se précipitent! Quelques jours après que je vous eusse écrit, une cinquantaine de représentants de la Noblesse rejoignirent l'Assemblée. Puis, le 27 Juin, le roi ordonna à la totalité des représentants des deux Ordres privilégiés de se joindre au Tiers Etat. Un comité de constitution fut créé, présidé par Mounier. Et, le 9 Juillet, l'Assemblée prit le nom d'Assemblée Nationale Constituante. Cependant, le roi était inquiet: craignant un coup d'état militaire préparé par le ministère, il avait fait venir des régiments autour de Paris. Mirabeau fit adresser au roi une requête demandant le renvoi des troupes. Le roi refusa. Le 11 Juillet, Necker fut renvoyé. De sombres rumeurs coururent dans Paris: on craignait que le roi ne fît arrêter des représentants du Tiers Etat, Mirabeau en tête! En peu de jours, les esprits s'échauffèrent. Le 12 Juillet, Camille Desmoulins, un jeune avocat journaliste monta sur une table dans le jardin du Palais-Royal et, un pistolet à la main s'écria: "Citoyens, j'arrive de Versailles: Necker est chassé. C'est le tocsin d'une Saint-Barthélëmy des patriotes. Ce soir même, tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Nous n'avons qu'une ressource, c'est de courir aux armes!..." J'étais présent, admirant la hardiesse de ces paroles, mais ne sachant que penser: l'agitation trop subite de la foule me faisait peur. Le peuple, manquant de pain, craignait un "complot aristocratique" qui affamerait la capitale. Un cortège, portant les bustes de Necker et du duc d'Orléans, dérobés au musée de cires, se lança dans les rues et arriva à la place Louis XV. Puis, au milieu de l'affolement des promeneurs, un régiment de dragons traversa les jardins des Tuileries et il s'ensuivit une émeute entre la foule et les soldats. Les promeneurs s'enfuyaient en poussant des cris. Toute la nuit, le tocsin sonna à l'Hôtel de Ville. Il y avait des feux dans les rues, et des boutiques furent forcées par la foule en délire. Je rentrai chez moi, tard dans la nuit, inquiet. Une telle agitation me faisait mal présager de l'avenir.
 
Décidément, les événements se précipitent! Quelques jours après que je vous eusse écrit, une cinquantaine de représentants de la Noblesse rejoignirent l'Assemblée. Puis, le 27 Juin, le roi ordonna à la totalité des représentants des deux Ordres privilégiés de se joindre au Tiers Etat. Un comité de constitution fut créé, présidé par Mounier. Et, le 9 Juillet, l'Assemblée prit le nom d'Assemblée Nationale Constituante. Cependant, le roi était inquiet: craignant un coup d'état militaire préparé par le ministère, il avait fait venir des régiments autour de Paris. Mirabeau fit adresser au roi une requête demandant le renvoi des troupes. Le roi refusa. Le 11 Juillet, Necker fut renvoyé. De sombres rumeurs coururent dans Paris: on craignait que le roi ne fît arrêter des représentants du Tiers Etat, Mirabeau en tête! En peu de jours, les esprits s'échauffèrent. Le 12 Juillet, Camille Desmoulins, un jeune avocat journaliste monta sur une table dans le jardin du Palais-Royal et, un pistolet à la main s'écria: "Citoyens, j'arrive de Versailles: Necker est chassé. C'est le tocsin d'une Saint-Barthélëmy des patriotes. Ce soir même, tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Nous n'avons qu'une ressource, c'est de courir aux armes!..." J'étais présent, admirant la hardiesse de ces paroles, mais ne sachant que penser: l'agitation trop subite de la foule me faisait peur. Le peuple, manquant de pain, craignait un "complot aristocratique" qui affamerait la capitale. Un cortège, portant les bustes de Necker et du duc d'Orléans, dérobés au musée de cires, se lança dans les rues et arriva à la place Louis XV. Puis, au milieu de l'affolement des promeneurs, un régiment de dragons traversa les jardins des Tuileries et il s'ensuivit une émeute entre la foule et les soldats. Les promeneurs s'enfuyaient en poussant des cris. Toute la nuit, le tocsin sonna à l'Hôtel de Ville. Il y avait des feux dans les rues, et des boutiques furent forcées par la foule en délire. Je rentrai chez moi, tard dans la nuit, inquiet. Une telle agitation me faisait mal présager de l'avenir.
 
 
Je n'étais pas le seul à m'en inquiéter. Le lendemain, à 1' Hôtel de Ville, se forma la Commune de Paris et une milice de douze mille hommes destinée à défendre la ville. La foule parisienne, toujours aussi agitée, cherchait des armes. Le 14 au matin, elle se dirigea vers l'Arsenal qui fut pillé. Puis elle se porta aux Invalides, s'emparant de fusils et de canons. Elle marcha ensuite vers la Bastille où elle comptait trouver d'autres armes. Le gouverneur, Monsieur de Launay, ordonna de tirer, après deux sommations. La foule, aidée de quelques Gardes Françaises, répliqua en amenant deux canons pris à l'Hôtel de ville. Ce fut le début d'un affreux massacre. Une foule considérable était accourue pour voir la bataille depuis le boulevard Saint-Antoine. De Launay, trois officiers et des invalides furent tués et leurs têtes promenées à travers les rues au bout de piques. Les sept prisonniers de la Bastille furent libérés.
 
Je n'étais pas le seul à m'en inquiéter. Le lendemain, à 1' Hôtel de Ville, se forma la Commune de Paris et une milice de douze mille hommes destinée à défendre la ville. La foule parisienne, toujours aussi agitée, cherchait des armes. Le 14 au matin, elle se dirigea vers l'Arsenal qui fut pillé. Puis elle se porta aux Invalides, s'emparant de fusils et de canons. Elle marcha ensuite vers la Bastille où elle comptait trouver d'autres armes. Le gouverneur, Monsieur de Launay, ordonna de tirer, après deux sommations. La foule, aidée de quelques Gardes Françaises, répliqua en amenant deux canons pris à l'Hôtel de ville. Ce fut le début d'un affreux massacre. Une foule considérable était accourue pour voir la bataille depuis le boulevard Saint-Antoine. De Launay, trois officiers et des invalides furent tués et leurs têtes promenées à travers les rues au bout de piques. Les sept prisonniers de la Bastille furent libérés.
 
 
Dès le lendemain, la démolition de la forteresse commença. Une foule immense s'y rendit comme volontaire. La Commune de Paris se donna pour maire Bailly, et La Fayette fut nommé commandant en chef de la Garde nationale parisienne. Louis XVI donna ordre aux troupes d'évacuer la capitale, et il' rappela Necker. Tout le monde fut heureux de voir le roi faire machine arrière. Le 17 Juillet, il se rendit à l'Hôtel de Ville et reçut du nouveau maire les clefs de la ville.
 
Dès le lendemain, la démolition de la forteresse commença. Une foule immense s'y rendit comme volontaire. La Commune de Paris se donna pour maire Bailly, et La Fayette fut nommé commandant en chef de la Garde nationale parisienne. Louis XVI donna ordre aux troupes d'évacuer la capitale, et il' rappela Necker. Tout le monde fut heureux de voir le roi faire machine arrière. Le 17 Juillet, il se rendit à l'Hôtel de Ville et reçut du nouveau maire les clefs de la ville.
 
 
Aujourd'hui, Paris est dans l'allégresse... Cependant, il m'est agréable
 
Aujourd'hui, Paris est dans l'allégresse... Cependant, il m'est agréable
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.e penser que, du fond de votre exil, la vue des troubles passés vous ftt ï-argnëe. Ah! Puissiez-vous être toujours aussi heureuse que vous le fûtes =ertain soir de juin, lorsqu'il m'arriva de vous serrer dans mes bras, et que _=us nous juràmes un amour éternel...
 
.e penser que, du fond de votre exil, la vue des troubles passés vous ftt ï-argnëe. Ah! Puissiez-vous être toujours aussi heureuse que vous le fûtes =ertain soir de juin, lorsqu'il m'arriva de vous serrer dans mes bras, et que _=us nous juràmes un amour éternel...
 
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Fi I PPJL, Y  
Fi I PPJL, Y
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PARIS, LE 21 JUILLET 1789
 
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==PARIS, LE 21 JUILLET 1789==
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Ma chère amie,
 
Ma chère amie,
 
 
Depuis quelques jours, je vais attendre à la poste l'arrivée du courrier afin de recevoir les nouvelles une heure plus tôt. Mais aucune lettre de vous _cur moi... Cependant, comme vos lettres me sont nécessaires! Dieu veuille que .a vie heureuse' que vous menez à l'île de Wight ne vous fasse pas oublier un =zeur qui est tout occupé de vous!
 
Depuis quelques jours, je vais attendre à la poste l'arrivée du courrier afin de recevoir les nouvelles une heure plus tôt. Mais aucune lettre de vous _cur moi... Cependant, comme vos lettres me sont nécessaires! Dieu veuille que .a vie heureuse' que vous menez à l'île de Wight ne vous fasse pas oublier un =zeur qui est tout occupé de vous!
 
 
On raconte, à Paris, que de nombreuses émigrations se font. Il paraît que :e comte d'Artois, second frère du roi, s'est enfui avec ses fils. Le roi a autorisé ces départs et bien des membres de la Noblesse se demandent s'ils ne feraient pas bien de suivre l'exemple des grands. Pour ma part, je resterai, :uoiqu'il arrive, à Paris. J'ai rallié la cause du Tiers Etat, et je ferai de ~n mieux pour que les privilèges de toutes sortes disparaissent.
 
On raconte, à Paris, que de nombreuses émigrations se font. Il paraît que :e comte d'Artois, second frère du roi, s'est enfui avec ses fils. Le roi a autorisé ces départs et bien des membres de la Noblesse se demandent s'ils ne feraient pas bien de suivre l'exemple des grands. Pour ma part, je resterai, :uoiqu'il arrive, à Paris. J'ai rallié la cause du Tiers Etat, et je ferai de ~n mieux pour que les privilèges de toutes sortes disparaissent.
 
 
Oserais-je penser, cher amour, que je recevrai de vos nouvelles bientôt? :e veux croire que mes lettres vous apportent quelque consolation. Je vous embrasse tendrement,
 
Oserais-je penser, cher amour, que je recevrai de vos nouvelles bientôt? :e veux croire que mes lettres vous apportent quelque consolation. Je vous embrasse tendrement,
 
 
H I F'PcJL. YTE
 
H I F'PcJL. YTE
 
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EASTBOURNE, LE 30 JUILLET 1789
==EASTBOURNE, LE 30 JUILLET 1789==
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Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
 
Je n'ai pris connaissance de vos deux dernières lettres qu'une fois rentrée à Eastbourne, il y a quelques heures seulement. Je m'empresse de vous répondre afin d'apaiser vos craintes. Sachez, mon ami, que je suis capable de tout, sauf de renoncer à vous aimer. C'est avec la constante certitude de notre amour que j'ai vécu ces deux mois de repos et de bonheur à l'île de Wight. Le temps y était aussi clément que l'on inc l'avait promis et j'ai passé des jours agréables. L'air vif et sain que nous respirâmes là-bas m'a emplie d'un bien-être qui m'aidera, j'en suis persuadée, à vivre plus bonnement les mois d'exil à venir. Mais je ne suis pas aussi heureuse qu'il vous plaît de le supposer! Je sens bien que, loin de vous, mon bonheur est incomplet.
 
Je n'ai pris connaissance de vos deux dernières lettres qu'une fois rentrée à Eastbourne, il y a quelques heures seulement. Je m'empresse de vous répondre afin d'apaiser vos craintes. Sachez, mon ami, que je suis capable de tout, sauf de renoncer à vous aimer. C'est avec la constante certitude de notre amour que j'ai vécu ces deux mois de repos et de bonheur à l'île de Wight. Le temps y était aussi clément que l'on inc l'avait promis et j'ai passé des jours agréables. L'air vif et sain que nous respirâmes là-bas m'a emplie d'un bien-être qui m'aidera, j'en suis persuadée, à vivre plus bonnement les mois d'exil à venir. Mais je ne suis pas aussi heureuse qu'il vous plaît de le supposer! Je sens bien que, loin de vous, mon bonheur est incomplet.
 
 
Je dois me rendre prochainement à Londres pour y rejoindre mon père, qui vient lui aussi de quitter la France. Je vous ferai savoir la date de mon départ. Qui sait, peut-être pourrez-vous m'y rejoindre ou y envoyer un de vos
 
Je dois me rendre prochainement à Londres pour y rejoindre mon père, qui vient lui aussi de quitter la France. Je vous ferai savoir la date de mon départ. Qui sait, peut-être pourrez-vous m'y rejoindre ou y envoyer un de vos
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possible d'échanger plus que des souvenirs que je tiens à vous faire
 
possible d'échanger plus que des souvenirs que je tiens à vous faire
 
 
Dus quitte et que je me repose des ne puissiez pas vivre un jour sans folie et que je suis à vous pour
 
Dus quitte et que je me repose des ne puissiez pas vivre un jour sans folie et que je suis à vous pour
 
amis sûrs? Dans ce cas, il nous serait lettres: j'ai préparé pour vous quelques parvenir en gage de notre amour...
 
amis sûrs? Dans ce cas, il nous serait lettres: j'ai préparé pour vous quelques parvenir en gage de notre amour...
 
 
Minuit sonne. Il est temps que je v~ fatigues du voyage. J'aimerais que vous vous souvenir que vous êtes aimé à la toujours,
 
Minuit sonne. Il est temps que je v~ fatigues du voyage. J'aimerais que vous vous souvenir que vous êtes aimé à la toujours,
 
 
MI1., I E
 
MI1., I E
 
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PARIS, LE 15 AOUT 1789
==PARIS, LE 15 AOUT 1789==
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Très chère et tendre Emilie,
 
Très chère et tendre Emilie,
 
 
Merci, mille fois merci pour la lettre si charmante que je reçus ce matin. Saurez-vous jamais le réconfort qu'elle m'apporta! Grâce à vous, tout le feu, tout le désordre de la passion règnent actuellement dans mon coeur. En ce jour de fête mariale, je voudrais remercier la Vierge de l'amour qui naquit entre nous, et prier pour que jamais il ne s'éteigne. Comme j'eusse aimé passer cette fête avec vous, marcher à vos côtés lors de la procession... Aujourd'hui, les parisiens sont nombreux à rendre gloire à la Vierge Marie, qui ne les abandonne jamais dans leurs luttes.
 
Merci, mille fois merci pour la lettre si charmante que je reçus ce matin. Saurez-vous jamais le réconfort qu'elle m'apporta! Grâce à vous, tout le feu, tout le désordre de la passion règnent actuellement dans mon coeur. En ce jour de fête mariale, je voudrais remercier la Vierge de l'amour qui naquit entre nous, et prier pour que jamais il ne s'éteigne. Comme j'eusse aimé passer cette fête avec vous, marcher à vos côtés lors de la procession... Aujourd'hui, les parisiens sont nombreux à rendre gloire à la Vierge Marie, qui ne les abandonne jamais dans leurs luttes.
 
 
Dès la mi-juillet, des nouvelles nous sont parvenues d'Alsace, de Franche-Comté et du Berry. Là-bas, les paysans voulant détruire toute trace du régime féodal qui les assermentent, ont manisfesté leur mécontement par des émeutes. Ces troubles ont impressionné bon nombre de députés, et parmi eux certains nobles libéraux. Au soir du 4 Août, le vicomte de Noailles et le duc d'Aiguillon proposèrent à l'Assemblée la suppression des droits féodaux pesant sur les personnes. Cette proposition fut accueillie par un débordement de joie. Les députés prirent ensuite la parole à tour de rôle. La séance dura jusqu'à trois heures du matin. Malgré l'accueil réservé du roi, les droits féodaux sont maintement abolis.
 
Dès la mi-juillet, des nouvelles nous sont parvenues d'Alsace, de Franche-Comté et du Berry. Là-bas, les paysans voulant détruire toute trace du régime féodal qui les assermentent, ont manisfesté leur mécontement par des émeutes. Ces troubles ont impressionné bon nombre de députés, et parmi eux certains nobles libéraux. Au soir du 4 Août, le vicomte de Noailles et le duc d'Aiguillon proposèrent à l'Assemblée la suppression des droits féodaux pesant sur les personnes. Cette proposition fut accueillie par un débordement de joie. Les députés prirent ensuite la parole à tour de rôle. La séance dura jusqu'à trois heures du matin. Malgré l'accueil réservé du roi, les droits féodaux sont maintement abolis.
 
 
Chère Emilie, j'eusse été si heureux de me rendre à Londres! Hélas, il m'est impossible d'allerer à l'étranger pour l'instant: si je le faisais, je craindrais de ne pouvoir revenir en France avant longtemps. Ainsi vais-je confier à mon ami Monsieur de la Feuillade quelques affaires pour vous. Il devrait se trouver à Londres dans trois mois. Il demeurera Kensington Street, au n°9. Je lui donnerai pour vous quelques livres dont nous avions parlé avant votre départ. Ce sont les trois volumes des "Etudes de la nature" de Bernardin de Saint-Pierre, et le quatrième volume intitulé "Paul et Virginie". C'est une belle histoire relatant un amour pur et peignant des aveux sincères. Puissiez-vous, en lisant cet ouvrage, vous souvenir qu'il n'y a pas un degré de passion par-delà celle que j'ai pour vous, et que je vous appartiens pour toujours, malgré les mers qui nous séparent...
 
Chère Emilie, j'eusse été si heureux de me rendre à Londres! Hélas, il m'est impossible d'allerer à l'étranger pour l'instant: si je le faisais, je craindrais de ne pouvoir revenir en France avant longtemps. Ainsi vais-je confier à mon ami Monsieur de la Feuillade quelques affaires pour vous. Il devrait se trouver à Londres dans trois mois. Il demeurera Kensington Street, au n°9. Je lui donnerai pour vous quelques livres dont nous avions parlé avant votre départ. Ce sont les trois volumes des "Etudes de la nature" de Bernardin de Saint-Pierre, et le quatrième volume intitulé "Paul et Virginie". C'est une belle histoire relatant un amour pur et peignant des aveux sincères. Puissiez-vous, en lisant cet ouvrage, vous souvenir qu'il n'y a pas un degré de passion par-delà celle que j'ai pour vous, et que je vous appartiens pour toujours, malgré les mers qui nous séparent...
 
 
.H I PPOL YTE
 
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==PARIS, le 26 Août 1789==
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PARIS, le 26 Août 1789
Chère Emilie,  
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Je vous envoie ce petit mot pour vous faire part d'un événement qui se
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tassa aujourd'hui. Depuis la nuit du 4 Août qui avait déchaîné bien des
 
tassa aujourd'hui. Depuis la nuit du 4 Août qui avait déchaîné bien des
 
tassions, l'assemblée a travaillé à l'élaboration d'une "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen", précédée d'un préambule conjointement écrit zar Mirabeau et xounier, président de l'assemblée. Dans ce texte, qui comprend .7 articles, sont défendues toutes les sortes de libertés: liberté Individuelle, liberté de pensée, de parole, de culte et de réunion. La liberté
 
tassions, l'assemblée a travaillé à l'élaboration d'une "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen", précédée d'un préambule conjointement écrit zar Mirabeau et xounier, président de l'assemblée. Dans ce texte, qui comprend .7 articles, sont défendues toutes les sortes de libertés: liberté Individuelle, liberté de pensée, de parole, de culte et de réunion. La liberté
 
est définie comme "le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Je remercie le Ciel que cette Déclaration ait été adoptée et votée, et je souhaite qu'elle puisse avoir une portée universelle.
 
est définie comme "le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Je remercie le Ciel que cette Déclaration ait été adoptée et votée, et je souhaite qu'elle puisse avoir une portée universelle.
 
 
Chère Emilie, je pense continuellement à vous et je vous embrasse,
 
Chère Emilie, je pense continuellement à vous et je vous embrasse,
 
 
13 I P.POL YT.E
 
13 I P.POL YT.E
 
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LONDRES, LE 8 OCTOBRÈ 1789
==LONDRES, LE 8 OCTOBRE 1789==
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Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
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Je suis bouleversée! Figurez-vous que, à peine arrivée à Londres où j'ai retrouvé mon père, j'apprends le retour forcé du Roi à Paris! Quelle humiliation il a subie! Etre ainsi ramené depuis Versailles par un troupeau de femmes en fureur! Mon Dieu, comme cela est vil, et comme cela me fait peur! sertes, on peut comprendre ces femmes qui, dit-on à Londres, étaient affamées. :raignaient-elles vraiment qu'un complot affamât davantage la capitale et que _e régiment des Flandres, nouvellement arrivé à Versailles, fût là pour briser :'élan populaire? Est-il vrai qu'elles criaient: "Allons chercher le "boulanger, la boulangère, et le petit mitron"? Cela me contrarie fort de penser que n'importe quel sujet du roi puisse ainsi lui être irrespectueux! -orsque les femmes sont arrivées à Versailles, elles ont demandé à parler au roi. Celui-ci a agi avec une grande noblesse d'âme en se prêtant à leurs embrassades et en promettant de veiller au ravitaillement. Alors, pourquoi les massacres de la nuit ont-ils eu lieu? Il paraît que la foule est entrée dans :es appartements royaux, et que notre pauvre reine, affolée, a dû courir se réfugier chez le roi. Mon Dieu, quel manque de respect pour la souveraine! .'en frisonne pour elle!
Je suis bouleversée! Figurez-vous que, à peine arrivée à Londres où j'ai retrouvé mon père, j'apprends le retour forcé du Roi à Paris! Quelle humiliation il a subie! Etre ainsi ramené depuis Versailles par un troupeau de femmes en fureur! Mon Dieu, comme cela est vil, et comme cela me fait peur! sertes, on peut comprendre ces femmes qui, dit-on à Londres, étaient affamées.  
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Craignaient-elles vraiment qu'un complot affamât davantage la capitale et que _e régiment des Flandres, nouvellement arrivé à Versailles, fût là pour briser :'élan populaire? Est-il vrai qu'elles criaient: "Allons chercher le "boulanger, la boulangère, et le petit mitron"? Cela me contrarie fort de penser que n'importe quel sujet du roi puisse ainsi lui être irrespectueux! -orsque les femmes sont arrivées à Versailles, elles ont demandé à parler au roi. Celui-ci a agi avec une grande noblesse d'âme en se prêtant à leurs embrassades et en promettant de veiller au ravitaillement. Alors, pourquoi les massacres de la nuit ont-ils eu lieu? Il paraît que la foule est entrée dans :es appartements royaux, et que notre pauvre reine, affolée, a dû courir se réfugier chez le roi. Mon Dieu, quel manque de respect pour la souveraine! .'en frisonne pour elle!
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On m'a raconté aussi le départ de la famille royale pour Paris, trajet de six longues heures, dans un cortège précédé d'une avant-garde portant au bout e piques les têtes des gardes du corps du roi! Quelle horreur! Comment la foule peut-elle se complaire dans de telles abominations, et comment peut-elle croire que c'est dans le sang qu'elle trouvera une solution aux problèmes qui la préoccupent?
 
On m'a raconté aussi le départ de la famille royale pour Paris, trajet de six longues heures, dans un cortège précédé d'une avant-garde portant au bout e piques les têtes des gardes du corps du roi! Quelle horreur! Comment la foule peut-elle se complaire dans de telles abominations, et comment peut-elle croire que c'est dans le sang qu'elle trouvera une solution aux problèmes qui la préoccupent?
 
 
Je ne peux vous écrire davantage aujourd'hui, tellement je suis outragée par ce que je viens d'apprendre... Que Dieu préserve notre Roi et la famille royale, et qu'il vous préserve aussi, cher Hippolyte, au milieu des tourmentes qui avilissent notre pays,
 
Je ne peux vous écrire davantage aujourd'hui, tellement je suis outragée par ce que je viens d'apprendre... Que Dieu préserve notre Roi et la famille royale, et qu'il vous préserve aussi, cher Hippolyte, au milieu des tourmentes qui avilissent notre pays,
 
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EMII I  
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PARIS, LE 22 OCTOBRE 1789
==PARIS, LE 22 OCTOBRE 1789==
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Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
Je comprends l'émotion que vous avez ressentie en apprenant le retour forcé du roi à Paris. Cependant, je pense qu'il est nécesssaire d'accepter les excès du peuple car c'est lui qui est l'expression exacte de la Nation. C'est par lui et pour lui que nous sommes prêts à faire triompher la liberté. Face à notre Roi qui ne voulait pas accepter de sanctionner les ordonnances touchant les droits féodaux, le peuple a été le plus fort.
 
Je comprends l'émotion que vous avez ressentie en apprenant le retour forcé du roi à Paris. Cependant, je pense qu'il est nécesssaire d'accepter les excès du peuple car c'est lui qui est l'expression exacte de la Nation. C'est par lui et pour lui que nous sommes prêts à faire triompher la liberté. Face à notre Roi qui ne voulait pas accepter de sanctionner les ordonnances touchant les droits féodaux, le peuple a été le plus fort.
 
 
De plus, rassurez-vous: hier, une loi martiale a été votée par l'assemblée. Elle réprime les troubles et les attroupements, interdisant les émeutes populaires qui vous font si peur. Le roi est désormais installé aux Tuileries, et l'Assemblée a décidé de siéger dans la salle du Manège. On a annoncé que les séances pourront être suivies par un public plus ouvert qu'à Versailles.
 
De plus, rassurez-vous: hier, une loi martiale a été votée par l'assemblée. Elle réprime les troubles et les attroupements, interdisant les émeutes populaires qui vous font si peur. Le roi est désormais installé aux Tuileries, et l'Assemblée a décidé de siéger dans la salle du Manège. On a annoncé que les séances pourront être suivies par un public plus ouvert qu'à Versailles.
 
 
Chère Emilie, j'aurais tant voulu que votre présence me réconfortât durant ces dernières semaines! Je vous aime,
 
Chère Emilie, j'aurais tant voulu que votre présence me réconfortât durant ces dernières semaines! Je vous aime,
 
 
H I F' Ft L YTE
 
H I F' Ft L YTE
 
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LONDRES, le 15 Novembre 1789
==LONDRES, le 15 Novembre 1789==
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Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
 
Pardonnez l'emportement de ma dernière lettre. Je suis rassurée d'apprendre que les émeutes populaires ne recueillent pas non plus votre entière approbation.
 
Pardonnez l'emportement de ma dernière lettre. Je suis rassurée d'apprendre que les émeutes populaires ne recueillent pas non plus votre entière approbation.
 
 
Mais laissons cela... Parlons plutôt d'un sujet qui me tient à coeur, le rencontre que je fis, il y a quelques jours, à l'ambassade de France È Londres. Je brûle de vous faire part de cette visite. Je me rendis là-bas lE 10 Novembre, en compagnie de mon père. Nous voulions rendre nos hommages
 
Mais laissons cela... Parlons plutôt d'un sujet qui me tient à coeur, le rencontre que je fis, il y a quelques jours, à l'ambassade de France È Londres. Je brûle de vous faire part de cette visite. Je me rendis là-bas lE 10 Novembre, en compagnie de mon père. Nous voulions rendre nos hommages
 
notre ambassadeur. Celui-ci, malheureusement, s'était absenté en province poux quelques jours. Nous fûmes reçus par Monsieur André de Chénier, jeunE secrétaire d'ambassade. Il ne fut pas long à nous raconter combien l'exi] qu'il vivait loin de sa patrie lui était pénible. Non qu'il fut très attaché
 
notre ambassadeur. Celui-ci, malheureusement, s'était absenté en province poux quelques jours. Nous fûmes reçus par Monsieur André de Chénier, jeunE secrétaire d'ambassade. Il ne fut pas long à nous raconter combien l'exi] qu'il vivait loin de sa patrie lui était pénible. Non qu'il fut très attaché
 
la France, car il est né à Constantinople, d'un père diplomate et d'une mare grecque. Mais la vie à Londres ne l'intéresse pas, d'autant plus qu'il sait que de grandes choses se passent de l'autre côté de la Manche. Il possède lE même attachement que vous pour la liberté et pour les principes de 1é révolution, à tel point que je pense que vous pourriez sans contrainte devenir amis. De plus, ce jeune homme est poète. Il nous a laissé entendre qu'il avaiécrit des Idylles. Monsieur de Chénier s'ennuie tant qu'il a conçu une poésif
 
la France, car il est né à Constantinople, d'un père diplomate et d'une mare grecque. Mais la vie à Londres ne l'intéresse pas, d'autant plus qu'il sait que de grandes choses se passent de l'autre côté de la Manche. Il possède lE même attachement que vous pour la liberté et pour les principes de 1é révolution, à tel point que je pense que vous pourriez sans contrainte devenir amis. De plus, ce jeune homme est poète. Il nous a laissé entendre qu'il avaiécrit des Idylles. Monsieur de Chénier s'ennuie tant qu'il a conçu une poésif
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scientifique, chargée de philosophie, qui chanterait un monde nouveau. Voyant
 
scientifique, chargée de philosophie, qui chanterait un monde nouveau. Voyant
 
intérêt qu'avaient suscité en nous les quelques vers qu'il nous avait lus,
 
intérêt qu'avaient suscité en nous les quelques vers qu'il nous avait lus,
 
nous en laissa une plaquette. J'aimerais, cher Hippolyte, que vous lisiez :es vers, et que, autour de vous, vous fassiez aimer ce jeune poète.
 
nous en laissa une plaquette. J'aimerais, cher Hippolyte, que vous lisiez :es vers, et que, autour de vous, vous fassiez aimer ce jeune poète.
 
 
N'est-il pas merveilleux de savoir que, au milieu des bouleversements :politiques, il existe une pensée poétique, pleine d'une ferveur nouvelle?
 
N'est-il pas merveilleux de savoir que, au milieu des bouleversements :politiques, il existe une pensée poétique, pleine d'une ferveur nouvelle?
 
 
Cher Hippolyte, j'aimerais posséder le talent de Chénier pour vous dire =~mbien je vous aime, et combien je suis moins malheureuse quand je vous cris..
 
Cher Hippolyte, j'aimerais posséder le talent de Chénier pour vous dire =~mbien je vous aime, et combien je suis moins malheureuse quand je vous cris..
 
 
fl MAI I I., I .E
 
fl MAI I I., I .E
 
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LONDRES, LE 25 NOVEMBRE 1789
==LONDRES, LE 25 NOVEMBRE 1789==
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Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
 
J'ai, enfin, pu voir votre ami Monsieur de la Feuillade. Vraiment, je _zsespërais de le rencontrer, bien que j'eusse prolongé mon séjour à Londres ie plus d'une semaine. Enfin, hier, je me rendis une fois de plus à l'adresse :ue vous m'aviez indiquée. Là, tout paraissait aussi calme que de coutume. Néanmoins, la porte me fut ouverte, par un majordome anglais aux manières aussi froides que celles de ses compatriotes. Il me conduisit directement au second étage de l'hôtel où votre ami m'accueillit lui-même. Avant que j'eusse eu le temps de lui dire un mot, il me remercia cordialement pour la patience ;ue j'avais dû montrer pour attendre son arrivée. Il me dit ensuite quelques mots concernant notre terre d'exil, puis quelques mots de la situation en France après ce qu'il appela les "journées d'octobre". Je crus comprendre :u'il était bien aise d'avoir pu enfin quitter un pays où quelques individus taisaient trop cher payer à d'autres le prix qu'ils accordaient à la liberté. Enfin, il me tendit un petit paquet et un mot de vous. Nous ne pûmes nous entretenir plus longtemps car il me fit savoir qu'il craignait que la police ne le recherchât: on lui reprochait, me dit-il, d'avoir transporté frauduleusement certains papiers jugés dangereux par les ennemis du duc d'Orléans. Comprenant à demi-mot qu'il était un émissaire de ce prince du sang gui est soupçonné d'attiser des émeutes révolutionnaires jusqu'en Angleterre, je n'en demandai pas davantage et préférai partir. C'est ainsi que je rentrai dans mon hôtel, portant contre mon sein le mot charmant que vous me fîtes parvenir avec les livrets.
 
J'ai, enfin, pu voir votre ami Monsieur de la Feuillade. Vraiment, je _zsespërais de le rencontrer, bien que j'eusse prolongé mon séjour à Londres ie plus d'une semaine. Enfin, hier, je me rendis une fois de plus à l'adresse :ue vous m'aviez indiquée. Là, tout paraissait aussi calme que de coutume. Néanmoins, la porte me fut ouverte, par un majordome anglais aux manières aussi froides que celles de ses compatriotes. Il me conduisit directement au second étage de l'hôtel où votre ami m'accueillit lui-même. Avant que j'eusse eu le temps de lui dire un mot, il me remercia cordialement pour la patience ;ue j'avais dû montrer pour attendre son arrivée. Il me dit ensuite quelques mots concernant notre terre d'exil, puis quelques mots de la situation en France après ce qu'il appela les "journées d'octobre". Je crus comprendre :u'il était bien aise d'avoir pu enfin quitter un pays où quelques individus taisaient trop cher payer à d'autres le prix qu'ils accordaient à la liberté. Enfin, il me tendit un petit paquet et un mot de vous. Nous ne pûmes nous entretenir plus longtemps car il me fit savoir qu'il craignait que la police ne le recherchât: on lui reprochait, me dit-il, d'avoir transporté frauduleusement certains papiers jugés dangereux par les ennemis du duc d'Orléans. Comprenant à demi-mot qu'il était un émissaire de ce prince du sang gui est soupçonné d'attiser des émeutes révolutionnaires jusqu'en Angleterre, je n'en demandai pas davantage et préférai partir. C'est ainsi que je rentrai dans mon hôtel, portant contre mon sein le mot charmant que vous me fîtes parvenir avec les livrets.
 
 
Je vous sais gré de m'avoir envoyé ces livres. Je vous remercie surtout pour "Paul et Virginie": je suis certaine que cet ouvrage, même si l'amour y connaît un destin tragique, me rapprochera davantage de vous.
 
Je vous sais gré de m'avoir envoyé ces livres. Je vous remercie surtout pour "Paul et Virginie": je suis certaine que cet ouvrage, même si l'amour y connaît un destin tragique, me rapprochera davantage de vous.
 
 
EMIL.1F
 
EMIL.1F
 
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==PARIS, LE 10 DECEMBRE 1789==
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PARIS, LE 10 DECEMBRE 1789
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
J'ai reçu votre dernière lettre avec un immense plaisir: je craignais en effet que vous n'eussiez pas pu rencontrer Monsieur de la Feuillade. Vous avez deviné juste: mon ami est à la charge du duc d'Orléans, qui est très mal vu à la cour en raison de ses idées démocrates. D'après les bruits qui courent, il est en ce moment-même à Londres. Il serait accompagné du capitaine Choderlos de Laclos, auteur des "Liaisons dangereuses", On m'a dit que c'était Laclos qui écrivait les articles du duc d'Orléans, dont il est, en quelque sorte, l'agent.
 
J'ai reçu votre dernière lettre avec un immense plaisir: je craignais en effet que vous n'eussiez pas pu rencontrer Monsieur de la Feuillade. Vous avez deviné juste: mon ami est à la charge du duc d'Orléans, qui est très mal vu à la cour en raison de ses idées démocrates. D'après les bruits qui courent, il est en ce moment-même à Londres. Il serait accompagné du capitaine Choderlos de Laclos, auteur des "Liaisons dangereuses", On m'a dit que c'était Laclos qui écrivait les articles du duc d'Orléans, dont il est, en quelque sorte, l'agent.
 
 
Ici, c'est le temps des compromissions: depuis la "trahison" de Mirabeau qui a pris le parti du roi, je ne sais plus très bien de quel côté me tourner. Il existe depuis peu à Paris la "Société des Amis de la Constitution", club installé dans la salle de la bibliothèque du couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. Les membres en sont des patriotes, décidés à combattre les anciennes bases de la société et à défendre le nouveau régime constitutionnel. Parmi eux, se distingue Maximilien Robespierre, jeune avocat dont les idées démocrates m'impressionnent. Ainsi vais-je régulièrement aux réunions de ce club au sein duquel je commence à me faire des amis.
 
Ici, c'est le temps des compromissions: depuis la "trahison" de Mirabeau qui a pris le parti du roi, je ne sais plus très bien de quel côté me tourner. Il existe depuis peu à Paris la "Société des Amis de la Constitution", club installé dans la salle de la bibliothèque du couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. Les membres en sont des patriotes, décidés à combattre les anciennes bases de la société et à défendre le nouveau régime constitutionnel. Parmi eux, se distingue Maximilien Robespierre, jeune avocat dont les idées démocrates m'impressionnent. Ainsi vais-je régulièrement aux réunions de ce club au sein duquel je commence à me faire des amis.
 
A Paris, en ce moment, peu de choses sont à signaler, si ce n'est que Marat, jeune médecin passionné par la cause populaire, fait entendre sa voix. Dans son journal "L'Ami du peuple", il défend avec violence les petites gens et les opprimés.
 
A Paris, en ce moment, peu de choses sont à signaler, si ce n'est que Marat, jeune médecin passionné par la cause populaire, fait entendre sa voix. Dans son journal "L'Ami du peuple", il défend avec violence les petites gens et les opprimés.
 
 
Il y a eu aussi le discours du docteur Guillotin, député du Tiers Etet, qui proposa à l'assemblée une "machine humanitaire", chargée de donner la mort de façon rapide. L'instantanéité de la mort se fait par la chute d'un couperet séparant la tête du tronc. Je ne sais quel avenir aura cette machine qui, pour l'heure, a occasionné quelques écrits satiriques.
 
Il y a eu aussi le discours du docteur Guillotin, député du Tiers Etet, qui proposa à l'assemblée une "machine humanitaire", chargée de donner la mort de façon rapide. L'instantanéité de la mort se fait par la chute d'un couperet séparant la tête du tronc. Je ne sais quel avenir aura cette machine qui, pour l'heure, a occasionné quelques écrits satiriques.
 
 
Chère Emilie, comment allons-nous passer ces prochaines semaines, qui sont d'ordinaire des jours de fête? Voici presque un an que nous sommes séparés... Qu'adviendra-t-il de notre amour lors de l'année qui s'annonce? Aurons-nous toujours suffisamment de patience pour fortifier la passion qui nous porta naguère dans les bras l'un de l'autre? Chère, très chère amie, votre présence me manque terriblement, J'aimerais surprendre le bleu franc de votre regard et sentir sur ma joue la douceur de votre main...
 
Chère Emilie, comment allons-nous passer ces prochaines semaines, qui sont d'ordinaire des jours de fête? Voici presque un an que nous sommes séparés... Qu'adviendra-t-il de notre amour lors de l'année qui s'annonce? Aurons-nous toujours suffisamment de patience pour fortifier la passion qui nous porta naguère dans les bras l'un de l'autre? Chère, très chère amie, votre présence me manque terriblement, J'aimerais surprendre le bleu franc de votre regard et sentir sur ma joue la douceur de votre main...
 
 
H I FFOL YT'E
 
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EASTBOURNE, LE 25 DECEMBRE 1789
==EASTBOURNE, LE 25 DECEMBRE 1789==
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Hippolyte adoré,
 
Hippolyte adoré,
 
 
En ce jour de Noël, je pense à vous plus fort encore que d'ordinaire. Je me souviens du dernier Noël que nous passâmes ensemble, de la créche que Lisette avait arrangée avec art, y disposant l'image en cire du divin Enfant, étendu sur la paille. Plus encore, je me souviens des Noëls que, durant mon enfance, je passais au château de Boisvert. Avec quel empressement mon père faisait dresser dans le vestibule un immense sapin, que les domestiques agrémentaient de lanternes, de rubans, de jouets et de friandises! Avec quel émerveillement les enfants du village venaient se joindre à nous pour la
 
En ce jour de Noël, je pense à vous plus fort encore que d'ordinaire. Je me souviens du dernier Noël que nous passâmes ensemble, de la créche que Lisette avait arrangée avec art, y disposant l'image en cire du divin Enfant, étendu sur la paille. Plus encore, je me souviens des Noëls que, durant mon enfance, je passais au château de Boisvert. Avec quel empressement mon père faisait dresser dans le vestibule un immense sapin, que les domestiques agrémentaient de lanternes, de rubans, de jouets et de friandises! Avec quel émerveillement les enfants du village venaient se joindre à nous pour la
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veillée, et partager un goûter mémorable!
 
veillée, et partager un goûter mémorable!
 
 
Hélas, tout ce temps est bien loin! Je vais vivre un triste Noël et mes pensées seront mélancoliques. Néanmoins, au milieu de cette tristesse, il y a pour moi la joie de me savoir aimée. Je sais que, à Paris, vous pensez aussi à moi et que nos deux coeurs sont tendrement réunis.
 
Hélas, tout ce temps est bien loin! Je vais vivre un triste Noël et mes pensées seront mélancoliques. Néanmoins, au milieu de cette tristesse, il y a pour moi la joie de me savoir aimée. Je sais que, à Paris, vous pensez aussi à moi et que nos deux coeurs sont tendrement réunis.
 
 
Je suis à vous, passionnément,
 
Je suis à vous, passionnément,
 
 
EMII Il
 
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PARIS, LE ler JANVIER 1790
==PARIS, LE ler JANVIER 1790==
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Ma bien-aimée,
 
Ma bien-aimée,
 
 
J'aimerais tant que cette année fût celle de nos retrouvailles! Quelles étrennes pourrions-nous nous offrir, si ce n'est la promesse d'un amour toujours grandissant malgré l'éloignement?
 
J'aimerais tant que cette année fût celle de nos retrouvailles! Quelles étrennes pourrions-nous nous offrir, si ce n'est la promesse d'un amour toujours grandissant malgré l'éloignement?
 
 
A Paris, depuis la nationalisation des biens du Clergé, proposée par Talleyrand et votée par l'assemblée le 2 Novembre, la vie politique en France connaît une accalmie. Dans notre quartier, nous avons cependant des difficultés d'approvisionnement. Nous en sommes réduits à acheter des pommes de terre, ce "tubercule" dont le pharmacien Parmentier vante les mérites. Nous mangeons du hareng et de la morue séchée. A part cela, nous ne trouvons à Paris que des miches de pain noir. Quand nos amis ont l'occasion de quitter Paris pour se rendre à la campagne, ils nous ramènent des oeufs, des laitages, et surtout du bon pain blanc qui nous manque tant ici. Vous pensez bien quelle doit être la misère des petites gens, si nous-mêmes avons tout juste de quoi manger à notre faim!
 
A Paris, depuis la nationalisation des biens du Clergé, proposée par Talleyrand et votée par l'assemblée le 2 Novembre, la vie politique en France connaît une accalmie. Dans notre quartier, nous avons cependant des difficultés d'approvisionnement. Nous en sommes réduits à acheter des pommes de terre, ce "tubercule" dont le pharmacien Parmentier vante les mérites. Nous mangeons du hareng et de la morue séchée. A part cela, nous ne trouvons à Paris que des miches de pain noir. Quand nos amis ont l'occasion de quitter Paris pour se rendre à la campagne, ils nous ramènent des oeufs, des laitages, et surtout du bon pain blanc qui nous manque tant ici. Vous pensez bien quelle doit être la misère des petites gens, si nous-mêmes avons tout juste de quoi manger à notre faim!
 
 
Chère Emilie, quel tourment que l'absence! Je crains qu'il ne nous faille être courageux pour affronter les jours et les mois à venir. Je vous conjure de vous armer de patience. Que peut-il nous arriver, puisque notre amour nous protège? Je vous serre bien tendrement dans mes bras,
 
Chère Emilie, quel tourment que l'absence! Je crains qu'il ne nous faille être courageux pour affronter les jours et les mois à venir. Je vous conjure de vous armer de patience. Que peut-il nous arriver, puisque notre amour nous protège? Je vous serre bien tendrement dans mes bras,
 
 
H I F'Fc i YT E'
 
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EASTBOURNE, LE 15 JANVIER 1790
==EASTBOURNE, LE 15 JANVIER 1790==
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Mon cher Hippolyte,
 
Mon cher Hippolyte,
 
 
En Angleterre, il court des bruits que nous ne pouvons pas ignorer. Les émigrés sont déjà nombreux et l'Assemblée craint qu'ils ne se liguent et ne
 
En Angleterre, il court des bruits que nous ne pouvons pas ignorer. Les émigrés sont déjà nombreux et l'Assemblée craint qu'ils ne se liguent et ne
forment une armée qui viendrait sauver le roi et reprendre le pouvoir, depuis
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Je forment une armée qui viendrait sauver le roi et reprendre le pouvoir, depuis
l'extérieur. Tout cela est-il vrai? Pensez-vous que les émigrés soient si
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nombreux qu'on le dit?
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t' nombreux qu'on le dit?
 
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on J'ai lu récemment un rappel des dernières décisions de l'Assemblée. Le
J'ai lu récemment un rappel des dernières décisions de l'Assemblée. Le
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re veto suspensif pour la durée de deux législatures a été accordé au roi, et la es el
veto suspensif pour la durée de deux législatures a été accordé au roi, et la es el
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e Constitution, encore sous forme de projet, affirme que "le gouvernement français est monarchique". Mais notre roi a-t-il vraiment accepté, en son for intérieur, de devenir "Louis, par la grâce de Dieu et la Constitution de
e Constitution, encore sous forme de projet, affirme que "le gouvernement français est monarchique".  
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Mais notre roi a-t-il vraiment accepté, en son for intérieur, de devenir "Louis, par la grâce de Dieu et la Constitution de
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1'Etat, roi des Français" au lieu de "Roi de France et de Navarre"?
 
1'Etat, roi des Français" au lieu de "Roi de France et de Navarre"?
 
 
Cher Hippolyte, comment vous dire l'angoisse qui me prend certain soir de savoir qu'il se prépare en France quelque événement politique dont la hardiesse me fait peur par avance! Comme j'aimerais être auprès de vous dans ces moments difficiles! Je vous embrasse,
 
Cher Hippolyte, comment vous dire l'angoisse qui me prend certain soir de savoir qu'il se prépare en France quelque événement politique dont la hardiesse me fait peur par avance! Comme j'aimerais être auprès de vous dans ces moments difficiles! Je vous embrasse,
 
 
EMIL ILS
 
EMIL ILS
 
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PARIS, LE 2 FEVRIER 1790
==PARIS, LE 2 FEVRIER 1790==
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Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
En tant que membre du club des Jacobins, et parce que je proposais à l'Assemblée mes services comme secrétaire, je me suis vu confier une nouvelle charge. Il faut d'abord vous dire que, le 15 janvier dernier, l'Assemblée a pris la décision de diviser la France en quatre-vingt-trois départements. La plupart de ces départements correspondent aux limites des gouvernements. Le choix du chef-lieu a été souvent difficile. Par exemple, il y a rivalité entre Aix et Marseille, entre La Rochelle et Saintes. Or, le but de l'assemblée est d'instituer l'union des départements du royaume ainsi que leur égalité. Pour cela, elle a considéré comme nécessaire d'envoyer des émissaires dans toute la France, afin qu'ils informent les municipalités des décisions prises concernant les départements. C'est ainsi que je suis émissaire dans le département du Doubs. Je dois, là-bas, aider les maires des communes à l'appplication des lois. En chemin, je passerai par l'Ile de France et la Bourgogne. Je ne sais combien de temps me prendra ce périple, ni quelles difficultés je rencontrerai. Dans tous les cas, je pense faire mon possible pour me conduire en bon patriote.
 
En tant que membre du club des Jacobins, et parce que je proposais à l'Assemblée mes services comme secrétaire, je me suis vu confier une nouvelle charge. Il faut d'abord vous dire que, le 15 janvier dernier, l'Assemblée a pris la décision de diviser la France en quatre-vingt-trois départements. La plupart de ces départements correspondent aux limites des gouvernements. Le choix du chef-lieu a été souvent difficile. Par exemple, il y a rivalité entre Aix et Marseille, entre La Rochelle et Saintes. Or, le but de l'assemblée est d'instituer l'union des départements du royaume ainsi que leur égalité. Pour cela, elle a considéré comme nécessaire d'envoyer des émissaires dans toute la France, afin qu'ils informent les municipalités des décisions prises concernant les départements. C'est ainsi que je suis émissaire dans le département du Doubs. Je dois, là-bas, aider les maires des communes à l'appplication des lois. En chemin, je passerai par l'Ile de France et la Bourgogne. Je ne sais combien de temps me prendra ce périple, ni quelles difficultés je rencontrerai. Dans tous les cas, je pense faire mon possible pour me conduire en bon patriote.
 
 
A ce propos, savez-vous que j'ai dû troquer ma culotte de soie et mon habit de velours contre des habits de "patriote": pantalon de toile à rayures rouges, frac plus court, agrémenté de larges revers sur lesquels sont étalées les couleurs de la Nation. Je porte aussi un chapeau rond, orné de la cocarde bleue, blanche et rouge, d'après l'exemple que donna il y a quelques mois Camille Desmoulins. Sans doute ne me reconnaîtriez-vous pas sous cet accoutrement que tout le monde porte ici. Les femmes arborent quant à elles une robe blanche à rayures rouges, et portent une cocarde tricolore sur leurs bonnets...
 
A ce propos, savez-vous que j'ai dû troquer ma culotte de soie et mon habit de velours contre des habits de "patriote": pantalon de toile à rayures rouges, frac plus court, agrémenté de larges revers sur lesquels sont étalées les couleurs de la Nation. Je porte aussi un chapeau rond, orné de la cocarde bleue, blanche et rouge, d'après l'exemple que donna il y a quelques mois Camille Desmoulins. Sans doute ne me reconnaîtriez-vous pas sous cet accoutrement que tout le monde porte ici. Les femmes arborent quant à elles une robe blanche à rayures rouges, et portent une cocarde tricolore sur leurs bonnets...
 
 
Na tendre amie, je pars dès demain. J'espère pouvoir vous envoyer de temps en temps un petit mot. Je ne saurais trop vous conseiller de cesser de m'écrire durant quelques mois. S'il arrivait que votre lettre s'égarât et tombât entre de mauvaises mains, je ne me le pardonnerais pas. Nos vies seraient en danger. Vous savez que les émigrés sont mal considérés, et que l'on regarde d'un mauvais oeil ceux qui correspondent avec eux. Rassurez-vous: je sais que votre silence ne sera pas le signe d'un manque d'amour, mais la preuve de votre sagesse et de votre patience.
 
Na tendre amie, je pars dès demain. J'espère pouvoir vous envoyer de temps en temps un petit mot. Je ne saurais trop vous conseiller de cesser de m'écrire durant quelques mois. S'il arrivait que votre lettre s'égarât et tombât entre de mauvaises mains, je ne me le pardonnerais pas. Nos vies seraient en danger. Vous savez que les émigrés sont mal considérés, et que l'on regarde d'un mauvais oeil ceux qui correspondent avec eux. Rassurez-vous: je sais que votre silence ne sera pas le signe d'un manque d'amour, mais la preuve de votre sagesse et de votre patience.
 
Jamais vous ne m'avez été aussi chère, et, quelque chagrin que j'éprouve d'être séparé de vous, il n'y a pas de jour où je ne me félicite de vous savoir en sécurité en Angleterre.
 
Jamais vous ne m'avez été aussi chère, et, quelque chagrin que j'éprouve d'être séparé de vous, il n'y a pas de jour où je ne me félicite de vous savoir en sécurité en Angleterre.
 
 
Bien à vous, pour toujours,
 
Bien à vous, pour toujours,
 
 
III:PPc I YTJE
 
III:PPc I YTJE
 
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==BESANCON, LE 7 MARS 1790==
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BESANCON, LE 7 MARS 1790
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Me voilà donc en province. J'ai quitté Paris quelques jours après vous avoir écrit. Le voyage fut long et pénible. Les routes étaient encore enneigées par endroits, et il faisait trop froid pour que le cocher pût faire avancer les chevaux à une vitesse satisfaisante. Nous sommes passés par Rozay-en-Brie où l'on se bat pour que la ville soit le chef-lieu de Seine-et-Marne, à la place de Melun. Ceux qui soutiennent Melun sont néanmoins les plus nombreux, et il ne serait guère étonnant que Melun l'emportât finalement.
 
Me voilà donc en province. J'ai quitté Paris quelques jours après vous avoir écrit. Le voyage fut long et pénible. Les routes étaient encore enneigées par endroits, et il faisait trop froid pour que le cocher pût faire avancer les chevaux à une vitesse satisfaisante. Nous sommes passés par Rozay-en-Brie où l'on se bat pour que la ville soit le chef-lieu de Seine-et-Marne, à la place de Melun. Ceux qui soutiennent Melun sont néanmoins les plus nombreux, et il ne serait guère étonnant que Melun l'emportât finalement.
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ie H I PPD.L YTE
 
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==EASTBOURNE, LE 15 JUIN 1790==
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ta EASTBOURNE, LE 15 JUIN 1790
 
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Cher Hippolyte, voilà que je parle maintenant de mon séjour en Angleterre comme s'il devait encore durer des années! Cependant, comme j'aimerais vous revoir! Vous savez combien je vous aime, et combien je serais perdue s'il vous arrivait malheur. Je vis dans l'attente de votre prochaine lettre...
 
Cher Hippolyte, voilà que je parle maintenant de mon séjour en Angleterre comme s'il devait encore durer des années! Cependant, comme j'aimerais vous revoir! Vous savez combien je vous aime, et combien je serais perdue s'il vous arrivait malheur. Je vis dans l'attente de votre prochaine lettre...
 
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==PARIS, LE 30 JUIN 1790==
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PARIS, LE 30 JUIN 1790
 
Très chère Emilie,
 
Très chère Emilie,
 
Je suis rentré à Paris hier soir, et j'y ai trouvé votre lettre. Actuellement, les émigrés se trouvent dans une situation bien délicate. Ils sont haïs par le peuple, qui voit en eux les détenteurs des richesses voulant garder leurs privilèges malgré les décrets de l'Assemblée. Alors, quelle peut être votre attitude dans tout cela? Ne pensez-vous pas qu'il serait plus sage que vous rentriez en France? Dans ce cas, une fois rentrée, il vous faudrait faire quelques concessions, mais vous n'auriez plus de raison d'être inquiétée. Nous pourrions alors nous marier et, en tant qu'épouse d'un émissaire du gouvernement, vous seriez en toute sécurité dans cette France tourmentée...
 
Je suis rentré à Paris hier soir, et j'y ai trouvé votre lettre. Actuellement, les émigrés se trouvent dans une situation bien délicate. Ils sont haïs par le peuple, qui voit en eux les détenteurs des richesses voulant garder leurs privilèges malgré les décrets de l'Assemblée. Alors, quelle peut être votre attitude dans tout cela? Ne pensez-vous pas qu'il serait plus sage que vous rentriez en France? Dans ce cas, une fois rentrée, il vous faudrait faire quelques concessions, mais vous n'auriez plus de raison d'être inquiétée. Nous pourrions alors nous marier et, en tant qu'épouse d'un émissaire du gouvernement, vous seriez en toute sécurité dans cette France tourmentée...
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HIFFQI YTE
 
HIFFQI YTE
 
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==PARIS, LE 15 JUILLET 1790==
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PARIS, LE 15 JUILLET 1790
 
Très chère Emilie,
 
Très chère Emilie,
 
Quelle mémorable journée nous vécûmes hier! La "fête de la Fédération" marqua la victoire du patriotisme français! Dès le mois de Juillet de l'année dernière, presque toutes les villes avaient créé leur Garde Nationale, formée de citoyens de leur commune. Pour accroître leurs forces, ces Gardes Nationales avaient décidé de se fédérer. La première Fédération eut lieu près de Valence. Les délégués de vingt localités y prêtèrent serment d'union et d'entraide pour la défense de la Révolution.
 
Quelle mémorable journée nous vécûmes hier! La "fête de la Fédération" marqua la victoire du patriotisme français! Dès le mois de Juillet de l'année dernière, presque toutes les villes avaient créé leur Garde Nationale, formée de citoyens de leur commune. Pour accroître leurs forces, ces Gardes Nationales avaient décidé de se fédérer. La première Fédération eut lieu près de Valence. Les délégués de vingt localités y prêtèrent serment d'union et d'entraide pour la défense de la Révolution.
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==EASTBOURNE, LE 1ER AOUT 1790==
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EASTBOURNE, LE 1ER AOUT 1790
 
Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
Je ne saurais vous dire combien vos deux dernières lettre m'ont soulagée! Ainsi, vous êtes rentré à Paris, sain et sauf. J'ai dit à mon père que vous me conseilliez de rentrer sans plus tarder. Fiais il hésite encore, ne sachant quelle décision prendre. Peut-être serait-il mieux que vous lui écriviez, pour lui faire entendre raison?
 
Je ne saurais vous dire combien vos deux dernières lettre m'ont soulagée! Ainsi, vous êtes rentré à Paris, sain et sauf. J'ai dit à mon père que vous me conseilliez de rentrer sans plus tarder. Fiais il hésite encore, ne sachant quelle décision prendre. Peut-être serait-il mieux que vous lui écriviez, pour lui faire entendre raison?
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Voilà, cher Hippolyte, les réflexions que je me suis faites au fil des mois, dans mon exil britannique... Sachez que je ne supporterai plus longtemps cet exil dans lequel je languis. Répondez-moi bien vite,
 
Voilà, cher Hippolyte, les réflexions que je me suis faites au fil des mois, dans mon exil britannique... Sachez que je ne supporterai plus longtemps cet exil dans lequel je languis. Répondez-moi bien vite,
 
EMIL I-
 
EMIL I-
==PARIS, LE 14 AOUT 1790==
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PARIS, LE 14 AOUT 1790
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
La situation des émigrés s'aggrave. L'Assemblée craint un complot, venu de l'étranger. Il paraît que le comte d'Artois, émigré à Turin chez son beau-père le roi de Sardaigne, organise un réseau de correspondances pour fomenter des complots dans les provinces. Il voudrait organiser une fuite de la famille royale en direction de Metz ou de Rouen.
 
La situation des émigrés s'aggrave. L'Assemblée craint un complot, venu de l'étranger. Il paraît que le comte d'Artois, émigré à Turin chez son beau-père le roi de Sardaigne, organise un réseau de correspondances pour fomenter des complots dans les provinces. Il voudrait organiser une fuite de la famille royale en direction de Metz ou de Rouen.
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Je joins à cette lettre un petit mot pour votre père qui, je l'espère, se décidera à rentrer en France avec vous. Chère Emilie, n'oubliez jamais à quel point je vous aime,
 
Je joins à cette lettre un petit mot pour votre père qui, je l'espère, se décidera à rentrer en France avec vous. Chère Emilie, n'oubliez jamais à quel point je vous aime,
 
f I F'POL YTE
 
f I F'POL YTE
==PARIS, LE 6 SEPTEMBRE 1790==
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PARIS, LE 6 SEPTEMBRE 1790
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Vous ne m'avez toujours pas répondu. J'ose croire que ce n'est pas votre père qui vous interdit de correspondre avec moi!
 
Vous ne m'avez toujours pas répondu. J'ose croire que ce n'est pas votre père qui vous interdit de correspondre avec moi!
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H I F' F'OL YTE
 
H I F' F'OL YTE
 
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==LONDRES, LE 20 SEPTEMBRE 1790==
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LONDRES, LE 20 SEPTEMBRE 1790
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
J'ai donné votre mot à mon père. Mais je crains qu'il n'ait très mal pris la chose, arguant qu'il n'était pas de votre ressort de le conseiller. Je pense que le mieux est donc, pour l'instant, de nous armer d'encore un peu de patience, et d'attendre un moment plus favorable pour nous rejoindre. Je ne voudrais en aucun cas fâcher mon père.
 
J'ai donné votre mot à mon père. Mais je crains qu'il n'ait très mal pris la chose, arguant qu'il n'était pas de votre ressort de le conseiller. Je pense que le mieux est donc, pour l'instant, de nous armer d'encore un peu de patience, et d'attendre un moment plus favorable pour nous rejoindre. Je ne voudrais en aucun cas fâcher mon père.
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Cher Hippolyte, que vous dire encore, sinon que je ne voudrais pas que ma destinée vous entraîne et vous perde. Le plus sage est que je ne vous écrive plus pendant quelque temps. Je ne voudrais pas vous voir courir le risque d'être inquiété à cause de moi. Malgré tout ce que notre position a de pénible, et bien que je tremble que mon courage ne s'affaiblisse, je compte sur notre amour pour me donner la force d'endurer cette épreuve.
 
Cher Hippolyte, que vous dire encore, sinon que je ne voudrais pas que ma destinée vous entraîne et vous perde. Le plus sage est que je ne vous écrive plus pendant quelque temps. Je ne voudrais pas vous voir courir le risque d'être inquiété à cause de moi. Malgré tout ce que notre position a de pénible, et bien que je tremble que mon courage ne s'affaiblisse, je compte sur notre amour pour me donner la force d'endurer cette épreuve.
 
EMILIE
 
EMILIE
==PARIS, LE 21 OCTOBRE 1790==
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PARIS, LE 21 OCTOBRE 1790
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Votre lettre m'a désarmé! Ainsi, vous pensez qu'il vaut mieux retarder encore votre retour... Je ne sais si c'est la plus sage des résolutions. Quoiqu'il en soit, profitez, cher ange, des moments de bonheur que vous vivez!
 
Votre lettre m'a désarmé! Ainsi, vous pensez qu'il vaut mieux retarder encore votre retour... Je ne sais si c'est la plus sage des résolutions. Quoiqu'il en soit, profitez, cher ange, des moments de bonheur que vous vivez!
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H I FPOL Y I
 
H I FPOL Y I
 
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==PARIS, LE 20 NOVEMBRE 1790==
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PARIS, LE 20 NOVEMBRE 1790
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
L'hiver approche et, avec lui, la tristesse des jours plus courts. quotidiennement, je vais à mon travail. Je n'ai garde de négliger de me rendre A l'Assemblée pour écouter les discours. Mirabeau possède toujours la même verve qui fait de lui un tribun très écouté, même si les auditeurs ne sont pas toujours d'accord avec ses propositions. Il y a un mois, il défendit avec une ardeur toute révolutionnaire la proposition de substituer le drapeau tricolore au drapeau blanc sur la flotte nationale,
 
L'hiver approche et, avec lui, la tristesse des jours plus courts. quotidiennement, je vais à mon travail. Je n'ai garde de négliger de me rendre A l'Assemblée pour écouter les discours. Mirabeau possède toujours la même verve qui fait de lui un tribun très écouté, même si les auditeurs ne sont pas toujours d'accord avec ses propositions. Il y a un mois, il défendit avec une ardeur toute révolutionnaire la proposition de substituer le drapeau tricolore au drapeau blanc sur la flotte nationale,
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Les discours des députés sont prometteurs de changements humanitaires. En les écoutant je suis rempli d'ardeur révolutionnaire. Dans ces moments de joie, comme dans mes moments de tristesse, vous êtes, mon cher ange, présente éternellement dans mon coeur.
 
Les discours des députés sont prometteurs de changements humanitaires. En les écoutant je suis rempli d'ardeur révolutionnaire. Dans ces moments de joie, comme dans mes moments de tristesse, vous êtes, mon cher ange, présente éternellement dans mon coeur.
 
H I F' JE c I YTE
 
H I F' JE c I YTE
==PARIS, LE 10 DECEMBRE 1790==
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PARIS, LE 10 DECEMBRE 1790
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Il paraît que Louis XVI a envoyé, le 3 décembre, une lettre au roi de Prusse, dans laquelle il demande un congrès européen des puissances. Le roi a pour émissaire spécial monsieur de Breteuil, son ancien ministre. Il cherche par tous les moyens à s'échapper de l'emprise de l'Assemblée. Il se serait même écrié récemment: "J'aimerais mieux être roi de Metz que de demeurer roi de France dans une telle position, mais cela finira bientôt!". Qu'entend-t-il par là? 0I1 semble qu'il refuse désormais toute entente avec l'Assemblée! Mais alors, pourquoi s'obstine-t-il à cautionner officiellement ses actes? N'y
 
Il paraît que Louis XVI a envoyé, le 3 décembre, une lettre au roi de Prusse, dans laquelle il demande un congrès européen des puissances. Le roi a pour émissaire spécial monsieur de Breteuil, son ancien ministre. Il cherche par tous les moyens à s'échapper de l'emprise de l'Assemblée. Il se serait même écrié récemment: "J'aimerais mieux être roi de Metz que de demeurer roi de France dans une telle position, mais cela finira bientôt!". Qu'entend-t-il par là? 0I1 semble qu'il refuse désormais toute entente avec l'Assemblée! Mais alors, pourquoi s'obstine-t-il à cautionner officiellement ses actes? N'y
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==LONDRES, LE 24 DECENBRE 1790==
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LONDRES, LE 24 DECENBRE 1790
 
Mon Hippolyte adoré,
 
Mon Hippolyte adoré,
 
 
En ce jour de Noël, je ne peux m'empêcher de vous écrire. Tout à l'heure, je me suis souvenue de la journée que nous passâmes ensemble dans la campagne enneigée, dans une grande turgotine qui nous avait emmenés sur les bords gelés de la Loire. Vous rappelez-vous comment, serrés l'un contre l'autre, nous avions ri à la vitesse que prenait la voiture malgré le froid, et au vent qui nous giclait au visage? Vous rappelez-vous également la petite auberge dans laquelle nous déjeunâmes, d'une soupe, d'une poule faisane et d'un pichet de vin rosé?
 
En ce jour de Noël, je ne peux m'empêcher de vous écrire. Tout à l'heure, je me suis souvenue de la journée que nous passâmes ensemble dans la campagne enneigée, dans une grande turgotine qui nous avait emmenés sur les bords gelés de la Loire. Vous rappelez-vous comment, serrés l'un contre l'autre, nous avions ri à la vitesse que prenait la voiture malgré le froid, et au vent qui nous giclait au visage? Vous rappelez-vous également la petite auberge dans laquelle nous déjeunâmes, d'une soupe, d'une poule faisane et d'un pichet de vin rosé?
 
 
Comme ce temps de bonheur est bien loin maintenant! Ce soir, j'étais invité à un grand dîner, oÙ l'on fit bombance: bisque d'écrevisses, canetons, truffes, asperges, pommes à la Charlotte, et puis compotes de poires et de cerneaux. Il semble que le temps de la Révolution n'atteigne pas de ses restrictions les hauts lieux de la société anglaise!
 
Comme ce temps de bonheur est bien loin maintenant! Ce soir, j'étais invité à un grand dîner, oÙ l'on fit bombance: bisque d'écrevisses, canetons, truffes, asperges, pommes à la Charlotte, et puis compotes de poires et de cerneaux. Il semble que le temps de la Révolution n'atteigne pas de ses restrictions les hauts lieux de la société anglaise!
 
 
Hélas, j'ai du mal à participer sans arrière-pensée à ses festivités. Sans compter qu'un vague malaise règne tout de même dans la société londonienne où les émigrés s'inquiètent.
 
Hélas, j'ai du mal à participer sans arrière-pensée à ses festivités. Sans compter qu'un vague malaise règne tout de même dans la société londonienne où les émigrés s'inquiètent.
 
Cher, très cher Hippolyte, sans cesse, je pense à vous et je voudrais vous dire combien je suis à vous pour toujours,
 
Cher, très cher Hippolyte, sans cesse, je pense à vous et je voudrais vous dire combien je suis à vous pour toujours,
 
 
.EM I .L I .E
 
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==PARIS, LE 2 JANVIER 1791==
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PARIS, LE 2 JANVIER 1791
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Je ne peux laisser passer le temps de la nouvelle année sans vous écrire. Je vous invite à oublier la tristesse de notre séparation. Je ne souffrirais pas que vous fussiez malheureuse. Mon bonheur sera d'autant plus grand que je vous saurai heureuse et rayonnante à Londres. Vous êtes, par votre jeunesse et votre beauté, la force qui me donne envie de vivre.
 
Je ne peux laisser passer le temps de la nouvelle année sans vous écrire. Je vous invite à oublier la tristesse de notre séparation. Je ne souffrirais pas que vous fussiez malheureuse. Mon bonheur sera d'autant plus grand que je vous saurai heureuse et rayonnante à Londres. Vous êtes, par votre jeunesse et votre beauté, la force qui me donne envie de vivre.
 
Adieu, chère Emilie. Je vous aime,
 
Adieu, chère Emilie. Je vous aime,
 
.HI F' F'OLY~E
 
.HI F' F'OLY~E
==LONDRES, LE 18 JANVIER 1791==
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LONDRES, LE 18 JANVIER 1791
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Vous avez raison: il me faut vaincre la tristesse et la mélancolie. Cependant, je ne prends guère de plaisir dans les fêtes et les grands dîners qui sont donnés ici. Je préfère les soirées entre amis.
 
Vous avez raison: il me faut vaincre la tristesse et la mélancolie. Cependant, je ne prends guère de plaisir dans les fêtes et les grands dîners qui sont donnés ici. Je préfère les soirées entre amis.
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EM I L in
 
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==PARIS, LE 30 FEVRIER 1791==
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PARIS, LE 30 FEVRIER 1791
 
Emilie bien-aimée,
 
Emilie bien-aimée,
 
Le 20 de ce mois, une nouvelle a bouleversé l'Assemblée: "Mesdames sont parties!". En effet, les tantes du Roi, Mesdames Adélaïde et Victoire, quittèrent Paris pour Rome. A Paris, on eut peur d'une invasion de la France par les soldats autrichiens et piémontais, prévenus par Mesdames. On eut peur aussi d'un projet de fuite du roi, et on décida d'empêcher les départs d'autres membres de la famille royale. Le 24, Mesdames ont été arrêtées à Arnay-le-Duc. L'Assemblée a eu, dans cette affaire, plus de peur que de mal, mais cela a contribué à notifier l'urgence de décisions à prendre en ce qui concerne l'émigration.
 
Le 20 de ce mois, une nouvelle a bouleversé l'Assemblée: "Mesdames sont parties!". En effet, les tantes du Roi, Mesdames Adélaïde et Victoire, quittèrent Paris pour Rome. A Paris, on eut peur d'une invasion de la France par les soldats autrichiens et piémontais, prévenus par Mesdames. On eut peur aussi d'un projet de fuite du roi, et on décida d'empêcher les départs d'autres membres de la famille royale. Le 24, Mesdames ont été arrêtées à Arnay-le-Duc. L'Assemblée a eu, dans cette affaire, plus de peur que de mal, mais cela a contribué à notifier l'urgence de décisions à prendre en ce qui concerne l'émigration.
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Revenez, cher ange, notre bonheur en dépend.
 
Revenez, cher ange, notre bonheur en dépend.
 
votre IiIPPJL,YT.E
 
votre IiIPPJL,YT.E
==LONDRES, LE 20 MARS 1791==
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LONDRES, LE 20 MARS 1791
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
 
Merci, merci de m'avoir mise au courant de la situation dans laquelle ne manqueront pas de se trouver les émigrés. Je vous remercie doublement, car mon père fut, cette fois-ci, sensible à votre argument. De plus, il sait combien nous nous aimons. Ainsi, les choses s'arrangent. J'espère que nous pourrons rentrer en France sans être inquiétés. Nous pensons rejoindre directement La Flèche, o nous avons toujours notre résidence d'été. Nous nous y reposerons un peu, le temps de voir si les événements tournent ou non en notre faveur. Je retrouverai avec plaisir notre vieille demeure familiale, au bord du Loir. Elle est tellement enfouie dans la végétation qu'on peut y vYvre à l'abri des indsicrétions et que l'on pourrait, le cas échéant, s'y cacher quelque temps.
 
Merci, merci de m'avoir mise au courant de la situation dans laquelle ne manqueront pas de se trouver les émigrés. Je vous remercie doublement, car mon père fut, cette fois-ci, sensible à votre argument. De plus, il sait combien nous nous aimons. Ainsi, les choses s'arrangent. J'espère que nous pourrons rentrer en France sans être inquiétés. Nous pensons rejoindre directement La Flèche, o nous avons toujours notre résidence d'été. Nous nous y reposerons un peu, le temps de voir si les événements tournent ou non en notre faveur. Je retrouverai avec plaisir notre vieille demeure familiale, au bord du Loir. Elle est tellement enfouie dans la végétation qu'on peut y vYvre à l'abri des indsicrétions et que l'on pourrait, le cas échéant, s'y cacher quelque temps.
 
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Cher Hippolyte, je suis contente que mon retour soit enfin si proche. :utile de vous demander de ne plus m'écrire pour l'instant. Attendez d'avoir
 
Cher Hippolyte, je suis contente que mon retour soit enfin si proche. :utile de vous demander de ne plus m'écrire pour l'instant. Attendez d'avoir
 
mes nouvelles. J'espère que, la prochaine fois que je vous écrirai, ce sera gour vous annoncer ma venue à Paris où je pourrai enfin, cher amour, me serrer ±ans vos bras.
 
mes nouvelles. J'espère que, la prochaine fois que je vous écrirai, ce sera gour vous annoncer ma venue à Paris où je pourrai enfin, cher amour, me serrer ±ans vos bras.
 
 
EMII I.E
 
EMII I.E
 
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LA FLECHE, LE 18 AVRIL 1791
==LA FLECHE, LE 18 AVRIL 1791==
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Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
 
Nous venons, enfin, d'arriver à La Flèche. Malheureusement, nous n'avons plus qu'un domestique, et nous n'espérons pas en trouver d'autres. Par les temps qui courent, plus personne ne veut servir les aristocrates. Il faudra donc que, mon père et moi, nous nous contentions de l'aide de notre fidèle Lisette. Cette solitude que nous allons vivre à la résidence est, sommes toutes, bienvenue. C'est un gage de discrétion.
 
Nous venons, enfin, d'arriver à La Flèche. Malheureusement, nous n'avons plus qu'un domestique, et nous n'espérons pas en trouver d'autres. Par les temps qui courent, plus personne ne veut servir les aristocrates. Il faudra donc que, mon père et moi, nous nous contentions de l'aide de notre fidèle Lisette. Cette solitude que nous allons vivre à la résidence est, sommes toutes, bienvenue. C'est un gage de discrétion.
 
 
Cher Hippolyte, la première nouvelle que j'ai lue dans les journaux français en rentrant est celle de la mort de Mirabeau. Comme vous devez être triste d'avoir perdu celui qui était votre ami, même si vous ne partagiez pas toujours ses opinions!
 
Cher Hippolyte, la première nouvelle que j'ai lue dans les journaux français en rentrant est celle de la mort de Mirabeau. Comme vous devez être triste d'avoir perdu celui qui était votre ami, même si vous ne partagiez pas toujours ses opinions!
 
 
Je vous annonce mon retour à Paris pour le 7 mai, c'est-à-dire dans un mois. J'aimerais faire tout mon possible pour vous revoir le jour de votre anniversaire. Notre rencontre serait pour vous le plus beau des présents. Le voyage en diligence prenant presque trois jours, je pense que nous partirons le 4 mai. Nous devrions arriver le 6 après midi.
 
Je vous annonce mon retour à Paris pour le 7 mai, c'est-à-dire dans un mois. J'aimerais faire tout mon possible pour vous revoir le jour de votre anniversaire. Notre rencontre serait pour vous le plus beau des présents. Le voyage en diligence prenant presque trois jours, je pense que nous partirons le 4 mai. Nous devrions arriver le 6 après midi.
 
 
A bientôt donc, à très bientôt mon tendre ami,
 
A bientôt donc, à très bientôt mon tendre ami,
 
 
EMIL IE
 
EMIL IE
 
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LA FLECHE, LE 25 JUIN 1791
==LA FLECHE, LE 25 JUIN 1791==
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Mon cher amour,
 
Mon cher amour,
 
 
Comme mon père avait raison d'être inquiet, et de penser que la place des aristocrates n'était plus dans cette France qui les rejette! Aujourd'hui, me revoilà à La Flèche, oü nous sommes tout de même plus en sécurité qu'à Paris, surtout après ce qui vient de se passer. Ainsi, les rumeurs étaient fondées, qui craignaient la fuite du roi vers l'étranger. Nous sommes partis si vite l'autre jour en apprenant la nouvelle que nous n'en avons su les détails qu'en arrivant ici. La famille royale s'est donc enfuie des Tuileries dans la nuit du 20 au 21, par une porte non gardée. Les souverains pensaient, parait-il, gagner la frontière, en direction des Pays-Bas autrichiens. Or, c'est à Sainte-Ménehould que le roi, cependant déguisé, a été reconnu par le fils du maître de poste. La famille royale fut ensuite arrêtée à Varennes-en-Argonne, et ramenée en cortège à Paris par trois émissaires de la Constituante, au milieu d'un peuple silencieux aux regards chargés de haine. Mon dieu, comme
 
Comme mon père avait raison d'être inquiet, et de penser que la place des aristocrates n'était plus dans cette France qui les rejette! Aujourd'hui, me revoilà à La Flèche, oü nous sommes tout de même plus en sécurité qu'à Paris, surtout après ce qui vient de se passer. Ainsi, les rumeurs étaient fondées, qui craignaient la fuite du roi vers l'étranger. Nous sommes partis si vite l'autre jour en apprenant la nouvelle que nous n'en avons su les détails qu'en arrivant ici. La famille royale s'est donc enfuie des Tuileries dans la nuit du 20 au 21, par une porte non gardée. Les souverains pensaient, parait-il, gagner la frontière, en direction des Pays-Bas autrichiens. Or, c'est à Sainte-Ménehould que le roi, cependant déguisé, a été reconnu par le fils du maître de poste. La famille royale fut ensuite arrêtée à Varennes-en-Argonne, et ramenée en cortège à Paris par trois émissaires de la Constituante, au milieu d'un peuple silencieux aux regards chargés de haine. Mon dieu, comme
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cette fuite du roi fut maladroite! Je ne sais ce qui serait advenu si elle eût réussi! En cas d'échec, comme cela fut le cas, elle ne pouvait qu'attirer sur le souverain la foudre et la colère de tous les partis. Le peuple a eu peur qu'une invasion militaire suive cette tentative de fuite. Nous craignions, de notre côté, un armement massif des gardes nationaux dont nous vîmes déjà les premiers mouvements à Chartres, Bellême et Le Mans, villes que nous traversâmes pour rentrer. D'après les journaux, nombreux !sont maintenant les partisans qui demandent la déchéance du roi. Crois-tu, mon cher amour, que cela soit possible dans un proche avenir?
 
cette fuite du roi fut maladroite! Je ne sais ce qui serait advenu si elle eût réussi! En cas d'échec, comme cela fut le cas, elle ne pouvait qu'attirer sur le souverain la foudre et la colère de tous les partis. Le peuple a eu peur qu'une invasion militaire suive cette tentative de fuite. Nous craignions, de notre côté, un armement massif des gardes nationaux dont nous vîmes déjà les premiers mouvements à Chartres, Bellême et Le Mans, villes que nous traversâmes pour rentrer. D'après les journaux, nombreux !sont maintenant les partisans qui demandent la déchéance du roi. Crois-tu, mon cher amour, que cela soit possible dans un proche avenir?
 
 
Quoiqu'il en soit, nous avons passé à Paris deux mois si merveilleux que leur souvenir nous fera supporter avec plus d'indulgence les prochaines semaines. Te dirai-je jamais assez combien je fus heureuse de me serrer dans tes bras, le 7 Mai dernier, lorsque nous nous revîmes enfin? Saurai-je t'exprimer la joie que j'eus de te revoir chaque soir, puis celle de voir grandir entre mon père et toi un sentiment de bonne entente qui me réchauffa le coeur? Enfin, je me souviendrai toujours de ce soir du 20 Mai, lorsque tu m'annonças que tu avais tout préparé pour que notre mariage pût être célébré dans les plus brefs délais. Evidemment, nous n'eûmes pas la joie d'un mariage somptueux, à la vue de tous. Notre mariage fut secret, bien que très officiel. Je pense aujourd'hui que tu étais raisonnable lorsque tu me fis comprendre que devenir baronne en un pareil moment n'était pas un avantage. Cest donc pour toi que j'ai accepté de devenir tout simplement, Emilie Lomont, faisant fi de la "baronne de La Jonquière", qui n'existera sans doute jamais! Nos enfants ont perdu le droit de s'enorgueillir un jour d'un titre de noblesse! Mais l'essentiel n'est-il pas que nous soyons unis à jamais"?
 
Quoiqu'il en soit, nous avons passé à Paris deux mois si merveilleux que leur souvenir nous fera supporter avec plus d'indulgence les prochaines semaines. Te dirai-je jamais assez combien je fus heureuse de me serrer dans tes bras, le 7 Mai dernier, lorsque nous nous revîmes enfin? Saurai-je t'exprimer la joie que j'eus de te revoir chaque soir, puis celle de voir grandir entre mon père et toi un sentiment de bonne entente qui me réchauffa le coeur? Enfin, je me souviendrai toujours de ce soir du 20 Mai, lorsque tu m'annonças que tu avais tout préparé pour que notre mariage pût être célébré dans les plus brefs délais. Evidemment, nous n'eûmes pas la joie d'un mariage somptueux, à la vue de tous. Notre mariage fut secret, bien que très officiel. Je pense aujourd'hui que tu étais raisonnable lorsque tu me fis comprendre que devenir baronne en un pareil moment n'était pas un avantage. Cest donc pour toi que j'ai accepté de devenir tout simplement, Emilie Lomont, faisant fi de la "baronne de La Jonquière", qui n'existera sans doute jamais! Nos enfants ont perdu le droit de s'enorgueillir un jour d'un titre de noblesse! Mais l'essentiel n'est-il pas que nous soyons unis à jamais"?
 
 
Mon cher époux promets-moi de venir me rejoindre à La Flèche dès que tes occupations professionnelles pourront te laisser quelque temps libre? Je t'aime et je t'embrasse,
 
Mon cher époux promets-moi de venir me rejoindre à La Flèche dès que tes occupations professionnelles pourront te laisser quelque temps libre? Je t'aime et je t'embrasse,
 
 
E14IIL,IE
 
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LE 10 JUILLET 1791
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Ma chère femme,
 
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Tu as bien fait de retourner à La Flèche après la fuite et l'arrestation du roi.. Cet événement a fait naître dans les coeurs une haine de la monarchie qu'il sera difficile de faire taire maintenant. Dans la rue comme à l'Assemblée, les idées républicaines se multiplient, défendues principalement par les Cordeliers. La république fait peur aux bourgeois qui craignent de voir les idées démocratiques prendre de l'ampleur.
 
Tu as bien fait de retourner à La Flèche après la fuite et l'arrestation du roi.. Cet événement a fait naître dans les coeurs une haine de la monarchie qu'il sera difficile de faire taire maintenant. Dans la rue comme à l'Assemblée, les idées républicaines se multiplient, défendues principalement par les Cordeliers. La république fait peur aux bourgeois qui craignent de voir les idées démocratiques prendre de l'ampleur.
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H 11'FOL YTE
 
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==PARIS, LE 20 JUILLET 1791==
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PARIS, LE 20 JUILLET 1791
 
Ma très chère Emilie,
 
Ma très chère Emilie,
 
Plus le temps passe, plus je suis aise de te savoir à l'abri, loin de Paris. En effet, il s'est passé hier des événements dont l'horreur n'a pas d'égal. Je vais t'en conter l'essentiel, en taisant les détails sordides qui bouleverseraient ton coeur sensible. Depuis l'arrestation du roi, beaucoup de mouvements se sont faits à l'Assemblée. Certains députés, révoltés par son attitude, demandent sa déchéance et l'instauration d'une République. D'autres redoutent une dictature populaire, et veulent s'appuyer sur la constitution. Dans leur ensemble, les révolutionnaires demandent le jugement du roi, qu'ils considèrent comme "traître à la Nation".
 
Plus le temps passe, plus je suis aise de te savoir à l'abri, loin de Paris. En effet, il s'est passé hier des événements dont l'horreur n'a pas d'égal. Je vais t'en conter l'essentiel, en taisant les détails sordides qui bouleverseraient ton coeur sensible. Depuis l'arrestation du roi, beaucoup de mouvements se sont faits à l'Assemblée. Certains députés, révoltés par son attitude, demandent sa déchéance et l'instauration d'une République. D'autres redoutent une dictature populaire, et veulent s'appuyer sur la constitution. Dans leur ensemble, les révolutionnaires demandent le jugement du roi, qu'ils considèrent comme "traître à la Nation".
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Je t'aime, cher ange et j'aurais souhaité que la vie amoureuse que nous menâmes en mai et juin dernier à Paris durât pour nous l'éternité! Pour l'instant, ne t'inquiète pas pour moi, ma vie n'est pas en danger. Je t'embrasse,
 
Je t'aime, cher ange et j'aurais souhaité que la vie amoureuse que nous menâmes en mai et juin dernier à Paris durât pour nous l'éternité! Pour l'instant, ne t'inquiète pas pour moi, ma vie n'est pas en danger. Je t'embrasse,
 
t c ri H 1 F' F'CI)L YTE
 
t c ri H 1 F' F'CI)L YTE
==LA FLECHE, LE 28 JUILLET 1791==
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LA FLECHE, LE 28 JUILLET 1791
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Ce que tu m'apprends sur les événements du 17 Juillet est bien inquiétant en effet. J'en ai lu les détails dans "L'Ami du Roi". Connais-tu ce journal? Mon père le reçoit depuis notre retour en France. C'est un journal de quatre pages, sous-titré: "L'ami du Roi, des français, de l'ordre et surtout de la Vérité". En épigraphe, on peut lire une phrase qui fait référence à Louis XVi: "Je l'aimai tout-puissant, malheureux je l'adore". C'est là l'opinion actuelle de mon père, qui est toujours profondément royaliste. Il n'est pas prêt d'oublier les insultes reçues par la famille royale le 20 juin dernier. Quart à moi, je ne sais plus au juste ce que je dois croire. L'attitude de notre roi
 
Ce que tu m'apprends sur les événements du 17 Juillet est bien inquiétant en effet. J'en ai lu les détails dans "L'Ami du Roi". Connais-tu ce journal? Mon père le reçoit depuis notre retour en France. C'est un journal de quatre pages, sous-titré: "L'ami du Roi, des français, de l'ordre et surtout de la Vérité". En épigraphe, on peut lire une phrase qui fait référence à Louis XVi: "Je l'aimai tout-puissant, malheureux je l'adore". C'est là l'opinion actuelle de mon père, qui est toujours profondément royaliste. Il n'est pas prêt d'oublier les insultes reçues par la famille royale le 20 juin dernier. Quart à moi, je ne sais plus au juste ce que je dois croire. L'attitude de notre roi
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Cher époux, je t'attends avec impatience, en te vouant tout mon amour,
 
Cher époux, je t'attends avec impatience, en te vouant tout mon amour,
 
EMI.L, I E
 
EMI.L, I E
==PARIS, LE 6 AOUT 1791==
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PARIS, LE 6 AOUT 1791
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Tu as raison de penser que je ne lis pas "L'Ami du Roi": j'afficherais ainsi des idées monarchistes qui ne s'accorderaient pas avec la charge que j'occupe. Cependant, comme les journaux ne manquent pas à Paris, j'en lis régulièrement quelques uns. Il m'arrive d'en écouter la lecture chez les cafetiers qui ont l'habitude de lire, devant les clients attablés, la feuille du jour qui vient d'arriver. Dans ces lieux publics se trouvent surtout "Le patriote français", gazette libre, et "Les révolutions de Paris" qui proclame: "Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux... Levons-nous!". Je lis aussi "L'ami de la Constitution" duquel je suis souscripteur. Je n'apprécie guère le journal de Marat, dont les textes sont imprégnés d'une violence qui me répugne. Je n'aime pas non plus "Le père Duchesne", journal d'Hébert, où la vulgarité qui veut flatter le peuple m' agace profondément.
 
Tu as raison de penser que je ne lis pas "L'Ami du Roi": j'afficherais ainsi des idées monarchistes qui ne s'accorderaient pas avec la charge que j'occupe. Cependant, comme les journaux ne manquent pas à Paris, j'en lis régulièrement quelques uns. Il m'arrive d'en écouter la lecture chez les cafetiers qui ont l'habitude de lire, devant les clients attablés, la feuille du jour qui vient d'arriver. Dans ces lieux publics se trouvent surtout "Le patriote français", gazette libre, et "Les révolutions de Paris" qui proclame: "Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux... Levons-nous!". Je lis aussi "L'ami de la Constitution" duquel je suis souscripteur. Je n'apprécie guère le journal de Marat, dont les textes sont imprégnés d'une violence qui me répugne. Je n'aime pas non plus "Le père Duchesne", journal d'Hébert, où la vulgarité qui veut flatter le peuple m' agace profondément.
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Ii I FFc.L YTE
 
Ii I FFc.L YTE
 
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==LA FLECHE, LE 31 AOUT 1791==
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LA FLECHE, LE 31 AOUT 1791
 
Hippolyte bien-aimé,
 
Hippolyte bien-aimé,
 
J'ai appris ce matin, toujours par les gazettes, qu'une déclaration avait =_ë faite par les princes étrangers réunis à Pillnitz. Le roi de Prusse,
 
J'ai appris ce matin, toujours par les gazettes, qu'une déclaration avait =_ë faite par les princes étrangers réunis à Pillnitz. Le roi de Prusse,
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Mon cher amour, je m'ennuie loin de toi! Je t'embrasse, en espérant ton zrcchain retour,
 
Mon cher amour, je m'ennuie loin de toi! Je t'embrasse, en espérant ton zrcchain retour,
 
EMILIE
 
EMILIE
==PARIS, LE 14 SEPTEMBRE 1791==
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PARIS, LE 14 SEPTEMBRE 1791
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Le roi a sanctionné l'acte constitutionnel qui vient d'être achevé. Un texte définitif lui avait été porté dans les premiers jours de Septembre. Il l'a lu pendant huit jours, étudiant, à ce qu'on en a dit, tous les paragraphes avec soin.
 
Le roi a sanctionné l'acte constitutionnel qui vient d'être achevé. Un texte définitif lui avait été porté dans les premiers jours de Septembre. Il l'a lu pendant huit jours, étudiant, à ce qu'on en a dit, tous les paragraphes avec soin.
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Je suis bien aise que le travail de l'Assemblée Constituante soit fini. Cela va me libérer de ma tâche de secrétaire, et je pourrai, enfin, te rejoindre. Les constituants ont décidé qu'aucun des députés sortant rie pourrait se faire réélire à la nouvelle assemblée. Quant à moi, je serai libre bientôt. Je dois cependant attendre la dernière séance du 30 Septembre. Après cela, si tout va bien, je serai en route pour La Flèche où je sais que tu m'attends avec impatience,
 
Je suis bien aise que le travail de l'Assemblée Constituante soit fini. Cela va me libérer de ma tâche de secrétaire, et je pourrai, enfin, te rejoindre. Les constituants ont décidé qu'aucun des députés sortant rie pourrait se faire réélire à la nouvelle assemblée. Quant à moi, je serai libre bientôt. Je dois cependant attendre la dernière séance du 30 Septembre. Après cela, si tout va bien, je serai en route pour La Flèche où je sais que tu m'attends avec impatience,
 
£IFFCJLYYE
 
£IFFCJLYYE
==PARIS, LE 6 MAI 1792==
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PARIS, LE 6 MAI 1792
 
Très chère Emilie,
 
Très chère Emilie,
 
J'ai bien fait de retourner A Paris, après que nous ayons appris la nouvelle de la déclaration de guerre à l'Autriche. J'ai retrouvé Martin, mon officieux qui m'avait régulièrement fait suivre mon courrier. Durant les sept mois de mon absence, l'Assemblée Législative s'est mise en place. A droite siège le parti Feuillant dont les membres sont des modérés. A gauche siège le parti Jacobin, favorable à plus de réformes. Et, au centre, siège le parti Indépendant,
 
J'ai bien fait de retourner A Paris, après que nous ayons appris la nouvelle de la déclaration de guerre à l'Autriche. J'ai retrouvé Martin, mon officieux qui m'avait régulièrement fait suivre mon courrier. Durant les sept mois de mon absence, l'Assemblée Législative s'est mise en place. A droite siège le parti Feuillant dont les membres sont des modérés. A gauche siège le parti Jacobin, favorable à plus de réformes. Et, au centre, siège le parti Indépendant,
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:us devons sauver des mains de l'ennemi.
 
:us devons sauver des mains de l'ennemi.
  
==LA FLECHE, LE 24 JUIN 1792==
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LA FLECHE, LE 24 JUIN 1792
 
Mon cher et tendre époux,
 
Mon cher et tendre époux,
 
Depuis ton départ, je n'ai cessé d'hésiter entre deux attitudes: le ='agrin de te savoir loin de moi, affrontant des dangers qui me sont inconnus; e: puis la fierté de reconnaître en toi une âme noble qui décida de répondre à
 
Depuis ton départ, je n'ai cessé d'hésiter entre deux attitudes: le ='agrin de te savoir loin de moi, affrontant des dangers qui me sont inconnus; e: puis la fierté de reconnaître en toi une âme noble qui décida de répondre à
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PS: J'envoie cette lettre sur le front de l'armée du Nord, en espèrar.t pue le courrier suivra.
 
PS: J'envoie cette lettre sur le front de l'armée du Nord, en espèrar.t pue le courrier suivra.
  
==LA FLEGME, LE 21 JUILLET 1792==
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LA FLEGME, LE 21 JUILLET 1792
 
Mon cher Hippolyte,
 
Mon cher Hippolyte,
 
Je n'ai pas eu de tes nouvelles depuis que tu es parti. J'espère cependant que tu as reçu la lettre dans laquelle je t'annonçais que nous allions avoir un enfant. Dans ce cas, cette nouvelle n'a pu te laisser indifférent, et cela me rapproche de toi, même si tu ne peux me répondre tout de suite.
 
Je n'ai pas eu de tes nouvelles depuis que tu es parti. J'espère cependant que tu as reçu la lettre dans laquelle je t'annonçais que nous allions avoir un enfant. Dans ce cas, cette nouvelle n'a pu te laisser indifférent, et cela me rapproche de toi, même si tu ne peux me répondre tout de suite.
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EM I L I .E
 
EM I L I .E
 
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==MAUBEUGE, LE ler AOUT 1792==
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MAUBEUGE, LE ler AOUT 1792
 
Ma très chère Emilie,
 
Ma très chère Emilie,
 
J'ai bien reçu tes deux lettres, avec du retard bien entendu. L'essentiel est que le service des postes ne tienne pas les soldats éloignés du reste de .eur famille. Quelle joie m'as-tu faite en m'annonçant la naissance prochaine :e notre enfant! J'espère de tout mon coeur pouvoir rentrer à temps pour cet _ :ënement..
 
J'ai bien reçu tes deux lettres, avec du retard bien entendu. L'essentiel est que le service des postes ne tienne pas les soldats éloignés du reste de .eur famille. Quelle joie m'as-tu faite en m'annonçant la naissance prochaine :e notre enfant! J'espère de tout mon coeur pouvoir rentrer à temps pour cet _ :ënement..
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MIF'POL.3rrM
 
MIF'POL.3rrM
 
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==LA FLECHE, LE 13 AOUT 1792==
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LA FLECHE, LE 13 AOUT 1792
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Depuis que tu m'as annoncé ta prochaine bataille, je ne cesse de trembler. Tu avais raison de supposer que le manifeste de Brunswick aurait de regrettables répercussions à Paris. Nous avons appris que, le 3 Août, le maire Pétion, aux noms des sections parisiennes, a demandé à l'Assemblée la déchéance du roi. Les députés semblèrent hésiter, et ne surent que répondre, tandis que, dans les rues, la rumeur montait et les populations semblaient prêtes à semer le désordre.
 
Depuis que tu m'as annoncé ta prochaine bataille, je ne cesse de trembler. Tu avais raison de supposer que le manifeste de Brunswick aurait de regrettables répercussions à Paris. Nous avons appris que, le 3 Août, le maire Pétion, aux noms des sections parisiennes, a demandé à l'Assemblée la déchéance du roi. Les députés semblèrent hésiter, et ne surent que répondre, tandis que, dans les rues, la rumeur montait et les populations semblaient prêtes à semer le désordre.
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==LA FLECHE, LE 9 SEPTEMBRE 1792==
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LA FLECHE, LE 9 SEPTEMBRE 1792
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
.;e ne sais si j'aurai la force de te raconter les horribles journées qui 7=_nnent, de nouveau, d'ensanglanter la capitale. Je n'eus d'ailleurs guère le __~ age de lire le récit de ces massacres dans les journaux. Est-il possible
 
.;e ne sais si j'aurai la force de te raconter les horribles journées qui 7=_nnent, de nouveau, d'ensanglanter la capitale. Je n'eus d'ailleurs guère le __~ age de lire le récit de ces massacres dans les journaux. Est-il possible
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Adieu!
 
Adieu!
 
1IILIE
 
1IILIE
==VALMY, LE 21 SEPTEMBRE 1792==
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VALMY, LE 21 SEPTEMBRE 1792
 
Chère, très chère Emilie,
 
Chère, très chère Emilie,
 
Je m'empresse de te réconforter. Certes, les événements qui se déroulèrent au début de ce mois à Paris et dans certaines villes de province sont tristes et affligeants. Mais je pense qu'il faut considérer que ce ne sont que des parenthèses dans la lutte pour l'égalité que la Nation française
 
Je m'empresse de te réconforter. Certes, les événements qui se déroulèrent au début de ce mois à Paris et dans certaines villes de province sont tristes et affligeants. Mais je pense qu'il faut considérer que ce ne sont que des parenthèses dans la lutte pour l'égalité que la Nation française
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H I FFQL YT
 
H I FFQL YT
 
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==CHARLEROI, LE ler JANVIER 1793==
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CHARLEROI, LE ler JANVIER 1793
 
Emilie chérie,
 
Emilie chérie,
 
Voici le troisième nouvel an que je passerai loin de toi. Mon coeur est cependant rempli de joie à l'idée que l'année qui s'annonce sera celle de la naissance de notre enfant. J'espère que ta santé est bonne et je souhaite que la venue au monde se passe bien.
 
Voici le troisième nouvel an que je passerai loin de toi. Mon coeur est cependant rempli de joie à l'idée que l'année qui s'annonce sera celle de la naissance de notre enfant. J'espère que ta santé est bonne et je souhaite que la venue au monde se passe bien.
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Hippolyte mon amour, notre fils est né cette nuit! Comme nous en avions convenu, il s'appelle Augustin. C'est un gros garçon, à la peau fripée. Je suis bien fatiguée, aussi ne t'écrirai-je pas plus longuement aujourd'hui. Je t'envoie mille baisers.
 
Hippolyte mon amour, notre fils est né cette nuit! Comme nous en avions convenu, il s'appelle Augustin. C'est un gros garçon, à la peau fripée. Je suis bien fatiguée, aussi ne t'écrirai-je pas plus longuement aujourd'hui. Je t'envoie mille baisers.
 
Tore E1ŒIL, IE
 
Tore E1ŒIL, IE
==PARIS, LE 31 JANVIER 1793==
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PARIS, LE 31 JANVIER 1793
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Tu penseras sans doute que j'ai tardé à t'écrire depuis la naissance d'Augustin. C'est que les nouvelles que j'ai à t'apprendre sont si terribles que je n'osais prendre la plume. Je ne sais si mon père et moi avons bien fait de retourner nous installer à Paris. En septembre dernier, la Convention s'est mise en place. Elle siège aux Tuileries, et réunit 749 députés. La première mesure qu'elle prit fut l'abolition de la royauté, puis elle proclama la République. Depuis quelques mois, la Convention s'intéresse au sort du roi.
 
Tu penseras sans doute que j'ai tardé à t'écrire depuis la naissance d'Augustin. C'est que les nouvelles que j'ai à t'apprendre sont si terribles que je n'osais prendre la plume. Je ne sais si mon père et moi avons bien fait de retourner nous installer à Paris. En septembre dernier, la Convention s'est mise en place. Elle siège aux Tuileries, et réunit 749 députés. La première mesure qu'elle prit fut l'abolition de la royauté, puis elle proclama la République. Depuis quelques mois, la Convention s'intéresse au sort du roi.
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.EM I L il?
 
.EM I L il?
 
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==CHARLEROI, le 24 FEVRIER 1793==
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CHARLEROI, le 24 FEVRIER 1793
 
Mon épouse adorée,
 
Mon épouse adorée,
 
Ta dernière lettre ne m'est parvenue que tout à l'heure. Je m'empresse d'y répondre pour apaiser tes tourments bien que, ici aussi, les nouvelles ne soient guère bonnes. Dès mon arrivée en Belgique, j'ai rejoint les troupes du général Dumouriez. Le ler de ce mois, nous avons appris que la France déclarait la guerre à l'Angleterre et à la Hollande. Ainsi est née une coalition contre laquelle il va falloir nous battre. Je te mentirais en te disant que le moral des troupes est aussi bon qu'à Valmy. Nous sommes surtout conscients de la petitesse de nos effectifs, et je ne serais pas étonné qu'une nouvelle levée en masse fût prochainement décrétée pour grossir nos troupes.
 
Ta dernière lettre ne m'est parvenue que tout à l'heure. Je m'empresse d'y répondre pour apaiser tes tourments bien que, ici aussi, les nouvelles ne soient guère bonnes. Dès mon arrivée en Belgique, j'ai rejoint les troupes du général Dumouriez. Le ler de ce mois, nous avons appris que la France déclarait la guerre à l'Angleterre et à la Hollande. Ainsi est née une coalition contre laquelle il va falloir nous battre. Je te mentirais en te disant que le moral des troupes est aussi bon qu'à Valmy. Nous sommes surtout conscients de la petitesse de nos effectifs, et je ne serais pas étonné qu'une nouvelle levée en masse fût prochainement décrétée pour grossir nos troupes.
 
Pour l'instant, nous préparons une marche vers le Nord, en direction de la Hollande. Notre sort étant plus que jamais incertain, je te supplie de trouver les forces de vivre, pour l'amour de moi et de notre petit. Je vous embrasse tous deux,
 
Pour l'instant, nous préparons une marche vers le Nord, en direction de la Hollande. Notre sort étant plus que jamais incertain, je te supplie de trouver les forces de vivre, pour l'amour de moi et de notre petit. Je vous embrasse tous deux,
 
H I PF'©L, 'TE'
 
H I PF'©L, 'TE'
==LA FLECHE, LE 28 MARS 1793==
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LA FLECHE, LE 28 MARS 1793
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Je t'écris alors qu'Augustin s'est endormi. Il vient d'avoir deux mois et se porte bien, mais j'ai des difficultés à le nourrir: les nouvelles qui nous parviennent de Paris et des provinces sont si mauvaises que cela me rend nerveuse et risque de faire tarir mon lait. Nous avons appris que la France avait déclaré la guerre à l'Espagne. Allons-nous donc nous mettre à dos toutes les puissances européennes'?
 
Je t'écris alors qu'Augustin s'est endormi. Il vient d'avoir deux mois et se porte bien, mais j'ai des difficultés à le nourrir: les nouvelles qui nous parviennent de Paris et des provinces sont si mauvaises que cela me rend nerveuse et risque de faire tarir mon lait. Nous avons appris que la France avait déclaré la guerre à l'Espagne. Allons-nous donc nous mettre à dos toutes les puissances européennes'?
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==DINANT, LE 18 AVRIL 1793==
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DINANT, LE 18 AVRIL 1793
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Je réponds à ta question concernant ta présence en Vendée. A mon avis, tu risques gros en restant là-bas. La Flèche est en pleine zone de rébellion et e crains que la révolte vendéenne soit loin d'être réprimée. Aussi, je te Demande de partir pour Orléans, chez ma soeur qui demeure 9, rue de la Loire. :11e t'accueillera à bras ouverts, avec notre petit Augustin.
 
Je réponds à ta question concernant ta présence en Vendée. A mon avis, tu risques gros en restant là-bas. La Flèche est en pleine zone de rébellion et e crains que la révolte vendéenne soit loin d'être réprimée. Aussi, je te Demande de partir pour Orléans, chez ma soeur qui demeure 9, rue de la Loire. :11e t'accueillera à bras ouverts, avec notre petit Augustin.
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Je te donnerai de mes nouvelles dès mon retour. En attendant, rends-toi chez ma soeur, et ne t'inquiète pas davantage.
 
Je te donnerai de mes nouvelles dès mon retour. En attendant, rends-toi chez ma soeur, et ne t'inquiète pas davantage.
 
H I P.F'c i ' r
 
H I P.F'c i ' r
==ORLEANS, LE 8 MAI 1793==
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ORLEANS, LE 8 MAI 1793
 
Mon chéri, je suis arrivée chez ta soeur hier soir. J'hésitai à faire ce voyage avec Augustin, mais j'ai pensé qu'il était finalement plus sage de suivre ton conseil. Ta soeur Julie nous a accueillis tous deux avec une extrême gentillesse. J'ai déposé Augustin endormi dans un petit lit que ta soeur lui avait préparé. Quant à moi, je ne fus pas longue à aller me coucher, tant le voyage m'avait fatiguée. Aujourd'hui, je vais faire plus ample connaissance avec ta soeur. Elle m'a déjà fait visiter la maison. Il me tarde que tu viennes nous y rejoindre. Je t'embrasse,
 
Mon chéri, je suis arrivée chez ta soeur hier soir. J'hésitai à faire ce voyage avec Augustin, mais j'ai pensé qu'il était finalement plus sage de suivre ton conseil. Ta soeur Julie nous a accueillis tous deux avec une extrême gentillesse. J'ai déposé Augustin endormi dans un petit lit que ta soeur lui avait préparé. Quant à moi, je ne fus pas longue à aller me coucher, tant le voyage m'avait fatiguée. Aujourd'hui, je vais faire plus ample connaissance avec ta soeur. Elle m'a déjà fait visiter la maison. Il me tarde que tu viennes nous y rejoindre. Je t'embrasse,
 
E'MIL,IE
 
E'MIL,IE
 
141
 
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==PARIS, LE 20 MAI 1793==
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PARIS, LE 20 MAI 1793
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Me voici de retour à Paris, où j'ai dû m'installer dans un petit appartement Faubourg du Temple, notre hôtel ayant été pillé lors de récentes émeutes. Je suis d'ailleurs tout à fait disposé à mener désormais une vie plus simple. La Révolution aura au moins contribué à ce que chacun change de façon de vivre, en faisant fi du sens de la propriété et des titres de noblesse.
 
Me voici de retour à Paris, où j'ai dû m'installer dans un petit appartement Faubourg du Temple, notre hôtel ayant été pillé lors de récentes émeutes. Je suis d'ailleurs tout à fait disposé à mener désormais une vie plus simple. La Révolution aura au moins contribué à ce que chacun change de façon de vivre, en faisant fi du sens de la propriété et des titres de noblesse.
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Je t'embrasse,
 
Je t'embrasse,
 
II I .F' F'aL Y7'E
 
II I .F' F'aL Y7'E
==PARIS, LE 15 JUILLET 1793==
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PARIS, LE 15 JUILLET 1793
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Le mois de Juin que nous avons passé ensemble m'a rempli d'allégresse et m'a redonné la joie de vivre. Dieu comme Augustin est beau et sage! Ce petit bout d'homme était si charmant lorsqu'il m'agrippait le doigt dans sa petite main et me souriait tendrement... De tels moments de bonheur effacent les tristesses et la mélancolie passées!
 
Le mois de Juin que nous avons passé ensemble m'a rempli d'allégresse et m'a redonné la joie de vivre. Dieu comme Augustin est beau et sage! Ce petit bout d'homme était si charmant lorsqu'il m'agrippait le doigt dans sa petite main et me souriait tendrement... De tels moments de bonheur effacent les tristesses et la mélancolie passées!
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Je t'embrasse et te dis donc à bientôt,
 
Je t'embrasse et te dis donc à bientôt,
 
H I FF'cJL YYE'
 
H I FF'cJL YYE'
==PARIS, LE 30 SEPTEMBRE 1793==
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PARIS, LE 30 SEPTEMBRE 1793
 
Ma chérie,
 
Ma chérie,
 
Je suis toujours mélancolique lorsque je rentre à Paris sans toi, et que j'y retrouve les difficultés de la vie quotidienne. Je suis néanmoins content d'avoir goûté en famille les derniers jours d'été et le début d'un automne qui s'annoncerait si beau, s'il n'y avait cette Terreur mise à l'ordre du jour.
 
Je suis toujours mélancolique lorsque je rentre à Paris sans toi, et que j'y retrouve les difficultés de la vie quotidienne. Je suis néanmoins content d'avoir goûté en famille les derniers jours d'été et le début d'un automne qui s'annoncerait si beau, s'il n'y avait cette Terreur mise à l'ordre du jour.
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Prends bien soin de toi et de notre petit. Je vous embrasse tous deux,
 
Prends bien soin de toi et de notre petit. Je vous embrasse tous deux,
 
11IFFOLYTE
 
11IFFOLYTE
==ORLEANS, LE 10 OCTOBRE 1793==
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ORLEANS, LE 10 OCTOBRE 1793
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Chaque fois que je sors, je m'applique à agir comme tu me l'as demandé, et â ne prononcer aucune parole suspecte. J'essaye de vivre le plus civilement du monde, ne me cachant pas de la vue des voisins pour ne pas éveiller en eux la méfiance. Je connais d'ailleurs maintenant certains d'entre eux et je vois bien que, comme moi, ces gens traversent la période de troubles actuels avec une grande lassitude et bien peu d'espérance!
 
Chaque fois que je sors, je m'applique à agir comme tu me l'as demandé, et â ne prononcer aucune parole suspecte. J'essaye de vivre le plus civilement du monde, ne me cachant pas de la vue des voisins pour ne pas éveiller en eux la méfiance. Je connais d'ailleurs maintenant certains d'entre eux et je vois bien que, comme moi, ces gens traversent la période de troubles actuels avec une grande lassitude et bien peu d'espérance!
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Je pense à toi et t'embrasse tendrement,
 
Je pense à toi et t'embrasse tendrement,
 
Mir. IE
 
Mir. IE
==PARIS, 7 BRUMAIRE AN II==
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PARIS, 7 BRUMAIRE AN II
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
J'ai enfin obtenu un nouveau poste. La Commission des Subsistances a été créée le 1er Brumaire. Dans les sections, des services ont été instaurés, chargés d'appliquer les mesures prises par le gouvernement en ce qui concerne l'approvisionnement. C'est ainsi que je suis employé à la sous-commission des subsistances de la section du Faubourg du Temple. Notre tâche ,est lourde car il est excessivement difficile pour tout le monde de s'approvisionner. Il faut parfois sept heures d'attente avant de se procurer du pain. Paris, qui a épuisé ses réserves, ressemble à une ville assiégée et plusieurs boulangers ont été obligés de fermer boutique. On a placé des sentinelles pour surveiller les distributions. Dans certaines sections, on a même confectionné des cartes de rationnement. Au décret punissant de mort les accapareurs de denrées est venue s'ajouter la loi du "maximum" général des denrées et des salaires. La commission des subsistances s'est d'abord donné pour but de ravitailler l'armée, puis la capitale. Je fais partie du service qui s'occupe de la
 
J'ai enfin obtenu un nouveau poste. La Commission des Subsistances a été créée le 1er Brumaire. Dans les sections, des services ont été instaurés, chargés d'appliquer les mesures prises par le gouvernement en ce qui concerne l'approvisionnement. C'est ainsi que je suis employé à la sous-commission des subsistances de la section du Faubourg du Temple. Notre tâche ,est lourde car il est excessivement difficile pour tout le monde de s'approvisionner. Il faut parfois sept heures d'attente avant de se procurer du pain. Paris, qui a épuisé ses réserves, ressemble à une ville assiégée et plusieurs boulangers ont été obligés de fermer boutique. On a placé des sentinelles pour surveiller les distributions. Dans certaines sections, on a même confectionné des cartes de rationnement. Au décret punissant de mort les accapareurs de denrées est venue s'ajouter la loi du "maximum" général des denrées et des salaires. La commission des subsistances s'est d'abord donné pour but de ravitailler l'armée, puis la capitale. Je fais partie du service qui s'occupe de la
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Mon amour, je pense souvent à toi et je t'embrasse très fort,
 
Mon amour, je pense souvent à toi et je t'embrasse très fort,
 
I3 I F' F'QL YTE
 
I3 I F' F'QL YTE
==ORLEANS, 22 BRUMAIRE AN II==
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ORLEANS, 22 BRUMAIRE AN II
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Dieu comme le temps est maussade! Il fait froid, un vent violent souffle ie l'ouest. La pluie tombe toute la nuit, alors que, dans la journée, de sourds nuages noirs s'amoncellent, menaçants. Sans doute le temps est-il aussi triste que les coeurs...
 
Dieu comme le temps est maussade! Il fait froid, un vent violent souffle ie l'ouest. La pluie tombe toute la nuit, alors que, dans la journée, de sourds nuages noirs s'amoncellent, menaçants. Sans doute le temps est-il aussi triste que les coeurs...
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EMIL IE
 
EMIL IE
 
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==PARIS, 16 FRIMAIRE AN II==
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PARIS, 16 FRIMAIRE AN II
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
J'aimerais que l'image de l'échafaud ne te hante plus! Je voudrais te rendre heureuse, en étant à tes côtés pour te rassurer, pour partager tes joies et tes peines. Je ferai tout mon possible pour passer Noël à Orléans.
 
J'aimerais que l'image de l'échafaud ne te hante plus! Je voudrais te rendre heureuse, en étant à tes côtés pour te rassurer, pour partager tes joies et tes peines. Je ferai tout mon possible pour passer Noël à Orléans.
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Je pense tendrement à toi et je te dis â bientôt. Nous passerons notre premier Noël en famille, avec notre petit Augustin qu'il me tarde de tenir dans mes bras.
 
Je pense tendrement à toi et je te dis â bientôt. Nous passerons notre premier Noël en famille, avec notre petit Augustin qu'il me tarde de tenir dans mes bras.
 
.H I FPCDL YTE
 
.H I FPCDL YTE
==ORLEANS, 3 FRIMAIRE AN II==
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ORLEANS, 3 FRIMAIRE AN II
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
La nouvelle année s'est annoncée à Orléans par la neige, qui tombe sans intermittence depuis deux jours. Cependant, le froid n'est pas aussi rude que les années précédentes et cela me réjouit.
 
La nouvelle année s'est annoncée à Orléans par la neige, qui tombe sans intermittence depuis deux jours. Cependant, le froid n'est pas aussi rude que les années précédentes et cela me réjouit.
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Cher Hippolyte, je t'embrasse et t'envoie mille baisers de la par- n: re petit bonhomme,
 
Cher Hippolyte, je t'embrasse et t'envoie mille baisers de la par- n: re petit bonhomme,
 
EMIL IE
 
EMIL IE
==ORLEANS, 8 PLUVIOSE AN II==
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ORLEANS, 8 PLUVIOSE AN II
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
Augustin a un an aujourd'hui. Il marche bien maintenant, et ne tombe =resque plus. Il garde toujours avec lui le bateau en bois que tu lui a :ffert, avec lequel il joue à l'intérieur de la maison, car il fait encore trop mauvais dehors pour qu'il puisse sortir.
 
Augustin a un an aujourd'hui. Il marche bien maintenant, et ne tombe =resque plus. Il garde toujours avec lui le bateau en bois que tu lui a :ffert, avec lequel il joue à l'intérieur de la maison, car il fait encore trop mauvais dehors pour qu'il puisse sortir.
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J'aimerais tant que notre Augustin ne connaisse jamais ces troubles! En _-tendant ta prochaine venue, je t'embrasse,
 
J'aimerais tant que notre Augustin ne connaisse jamais ces troubles! En _-tendant ta prochaine venue, je t'embrasse,
 
EMIL I-E
 
EMIL I-E
==PARIS, 16 PLUVIOSE AN II==
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PARIS, 16 PLUVIOSE AN II
 
Emilie Chérie,
 
Emilie Chérie,
 
Je compends ton désarroi quand tu parles de la Vendée, mais, je t'en rie, je t'en prie mille fois, n'écris plus de pareilles choses! Sais-tu qu'il _.:rait suffit de la moitié de ce que tu m'écrivis l'autre jour pour que tu
 
Je compends ton désarroi quand tu parles de la Vendée, mais, je t'en rie, je t'en prie mille fois, n'écris plus de pareilles choses! Sais-tu qu'il _.:rait suffit de la moitié de ce que tu m'écrivis l'autre jour pour que tu
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Je t'embrasse, ainsi qu'Augustin, très, très fort. Embrasse aussi pour moi cette chère Julie qui est si bonne,
 
Je t'embrasse, ainsi qu'Augustin, très, très fort. Embrasse aussi pour moi cette chère Julie qui est si bonne,
 
H I F F OL Y TE
 
H I F F OL Y TE
==PARIS, 12 GERMINAL AN II==
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PARIS, 12 GERMINAL AN II
 
Ma Chérie,
 
Ma Chérie,
 
Ne t'alarme pas de la nouvelle que je vais t'apprendre: hier, un détachement de gardes nationaux est venu m'arrêter, avec plusieurs des mes camarades de section que l'on juge trop modérés. Cela est sans doute le fruit d'une dénonciation anonyme. Je profite de la gentillesse du géôlier pour te faire passer ce mot. Depuis l'arrestation et l'exécution de Hébert et des Enragés, il régnait sur Paris un climat d'anxiété pire encore qu'à l'ordinaire. Quelques jours plus tard, ce fut l'arrestation de Danton et de ses amis les Indulgents. Je fus arrêté le lendemain. Ma Chérie, de te savoir en sécurité hors de Paris me rassure. Prends bien soin de toi et du petit. Tu es ma femme, à jamais,
 
Ne t'alarme pas de la nouvelle que je vais t'apprendre: hier, un détachement de gardes nationaux est venu m'arrêter, avec plusieurs des mes camarades de section que l'on juge trop modérés. Cela est sans doute le fruit d'une dénonciation anonyme. Je profite de la gentillesse du géôlier pour te faire passer ce mot. Depuis l'arrestation et l'exécution de Hébert et des Enragés, il régnait sur Paris un climat d'anxiété pire encore qu'à l'ordinaire. Quelques jours plus tard, ce fut l'arrestation de Danton et de ses amis les Indulgents. Je fus arrêté le lendemain. Ma Chérie, de te savoir en sécurité hors de Paris me rassure. Prends bien soin de toi et du petit. Tu es ma femme, à jamais,
 
H I FFOL YT.E
 
H I FFOL YT.E
 
148
 
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==SAINT-LAZARE, 17 GERMINAL AN II==
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SAINT-LAZARE, 17 GERMINAL AN II
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Il est des coïncidences qui réchauffent le coeur, même dans les situations les moins enviables. Ainsi ai-je rencontré, dans ma prison de Saint-Lazare, un homme qui fut arrêté quelques semaines avant moi. C'est André Thénier, ce jeune poète diplomate que tu avais rencontré à Londres. Je lui ai parlé de toi, et il s'est souvenu de ta visite. Il t'a décrite à moi comme une charmante femme dont les grands yeux bleus et la bouche fine l'avaient charmé. Four un peu, je serais jaloux!
 
Il est des coïncidences qui réchauffent le coeur, même dans les situations les moins enviables. Ainsi ai-je rencontré, dans ma prison de Saint-Lazare, un homme qui fut arrêté quelques semaines avant moi. C'est André Thénier, ce jeune poète diplomate que tu avais rencontré à Londres. Je lui ai parlé de toi, et il s'est souvenu de ta visite. Il t'a décrite à moi comme une charmante femme dont les grands yeux bleus et la bouche fine l'avaient charmé. Four un peu, je serais jaloux!
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Nous avons appris l'exécution de Danton et de ses amis hier. Comme, de mon côté, je n'ai pas été inquiété, j'aimerais pouvoir me faire oublier, en attendant des jours meilleurs. Adieu, mon amie. Crois en la force de notre amour qui ne pourra jamais nous séparer totalement,
 
Nous avons appris l'exécution de Danton et de ses amis hier. Comme, de mon côté, je n'ai pas été inquiété, j'aimerais pouvoir me faire oublier, en attendant des jours meilleurs. Adieu, mon amie. Crois en la force de notre amour qui ne pourra jamais nous séparer totalement,
 
H I p' p' Yiri
 
H I p' p' Yiri
==PARIS, LE 14 THERMIDOR AN II==
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PARIS, LE 14 THERMIDOR AN II
 
Ma chérie,
 
Ma chérie,
 
Je suis libre, depuis hier. Robespierre a été arrêté avec ses amis. On le rendait responsable de la Grande Terreur. On lui en voulait de certains excès, ,_om.me d'avoir instauré la fête de l'Etre Suprême le 20 Prairial. Il parlait s'épurer les deux Comités et la Convention elle-même, Chaque député se crut ïisé, et craignit pour sa vie. Parmi ceux qui décidèrent d'agir, il y a -allien, Fouché et Barras. A l'Assemblée, ils obtinrent l'appui de la Plaine pendant que Robespierre et ses amis comptaient sur la Commune et le Club des Jacobins. Le lendemain, Robespierre, Couthon et Saint-Just furent arrêtés à la =.onvention. La Commune les delivra et les mena à l'Hôtel de Ville, protégé par ;rois mille sans-culottes. Vers deux heures du matin, les troupes de la :onvention pénétrèrent à l'Hôtel de Ville et arrêtèrent de nouveau Robespierre. Il fut transféré aux Tuileries, dans l'antichambre du Comité de Salut public. Il avait, paraît-il, une blessure à la mâchoire, sans doute due à un coup de revolver qu'il aurait reçu lors de l'attaque de l'Hôtel de Ville. :1 perdait son sang et ne fut pansé qu'à cinq heures du matin. Puis il fut
 
Je suis libre, depuis hier. Robespierre a été arrêté avec ses amis. On le rendait responsable de la Grande Terreur. On lui en voulait de certains excès, ,_om.me d'avoir instauré la fête de l'Etre Suprême le 20 Prairial. Il parlait s'épurer les deux Comités et la Convention elle-même, Chaque député se crut ïisé, et craignit pour sa vie. Parmi ceux qui décidèrent d'agir, il y a -allien, Fouché et Barras. A l'Assemblée, ils obtinrent l'appui de la Plaine pendant que Robespierre et ses amis comptaient sur la Commune et le Club des Jacobins. Le lendemain, Robespierre, Couthon et Saint-Just furent arrêtés à la =.onvention. La Commune les delivra et les mena à l'Hôtel de Ville, protégé par ;rois mille sans-culottes. Vers deux heures du matin, les troupes de la :onvention pénétrèrent à l'Hôtel de Ville et arrêtèrent de nouveau Robespierre. Il fut transféré aux Tuileries, dans l'antichambre du Comité de Salut public. Il avait, paraît-il, une blessure à la mâchoire, sans doute due à un coup de revolver qu'il aurait reçu lors de l'attaque de l'Hôtel de Ville. :1 perdait son sang et ne fut pansé qu'à cinq heures du matin. Puis il fut
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Ma chérie, je ne sais si nos malheurs sont terminés. Par précaution, je ne cherche pas à vous rejoindre tout de suite. Je te préviendrai de mon retour. Comment va notre petit bonhomme? Comme je ne peux pas vous serrer dans mes bras maintenant, je veux du moins goûter la satisfaction de vous faire partager en pensée tout mon amour.
 
Ma chérie, je ne sais si nos malheurs sont terminés. Par précaution, je ne cherche pas à vous rejoindre tout de suite. Je te préviendrai de mon retour. Comment va notre petit bonhomme? Comme je ne peux pas vous serrer dans mes bras maintenant, je veux du moins goûter la satisfaction de vous faire partager en pensée tout mon amour.
 
I1 I F F'OL YT'E
 
I1 I F F'OL YT'E
==ORLEANS, 30 THERMIDOR AN II==
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ORLEANS, 30 THERMIDOR AN II
 
Hippolyte chéri,
 
Hippolyte chéri,
 
Tu imagines ma joie lorsque je reçus ta dernière lettre! Moi qui eus si peur de te perdre! Dans ces moments d'angoisse que nous avons vécus, j'ai compris combien tu m'étais vraiment nécessaire. Je remercie le Ciel de l'heureuse issue de ton emprisonnement.
 
Tu imagines ma joie lorsque je reçus ta dernière lettre! Moi qui eus si peur de te perdre! Dans ces moments d'angoisse que nous avons vécus, j'ai compris combien tu m'étais vraiment nécessaire. Je remercie le Ciel de l'heureuse issue de ton emprisonnement.
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Pour l'heure, nous vivons dans la joie de te savoir libre, et dans l'espoir de te voir bientôt parmi nous. Je t'embrasse très, très fort,
 
Pour l'heure, nous vivons dans la joie de te savoir libre, et dans l'espoir de te voir bientôt parmi nous. Je t'embrasse très, très fort,
 
EM I L 1H'
 
EM I L 1H'
==PARIS, 12 FRUCTIDOR AN II==
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PARIS, 12 FRUCTIDOR AN II
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Quelle joie ce fut pour moi, ce matin, de recevoir ta lettre! Cela faisait si longtemps que j'étais sans nouvelle de toi! La Convention thermidorienne a renouvelé les Comités. Elle a fait procéder à l'arrestation de Fouquier-Tinville, l'accusateur public entre les mains duquel sont passés tant de dossiers. Et puis, le gouvernement a été réorganisé en seize comités.
 
Quelle joie ce fut pour moi, ce matin, de recevoir ta lettre! Cela faisait si longtemps que j'étais sans nouvelle de toi! La Convention thermidorienne a renouvelé les Comités. Elle a fait procéder à l'arrestation de Fouquier-Tinville, l'accusateur public entre les mains duquel sont passés tant de dossiers. Et puis, le gouvernement a été réorganisé en seize comités.
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En attendant, je vais goûter enfin la douceur de la vie familiale. A très bientôt donc,
 
En attendant, je vais goûter enfin la douceur de la vie familiale. A très bientôt donc,
 
H I F ©L YTE
 
H I F ©L YTE
===PARIS, 1 PLUVIOSE AN III==
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PARIS, 1 PLUVIOSE AN III
 
Ma Chérie,
 
Ma Chérie,
 
Nous avons passés ensemble quatre mois merveilleux, qui m'ont permis_ d'oublier les mauvais moments que j'avais passés en prison. Je me rappellera, longtemps de la fête que me fit Augustin lorsque j'arrivai. Et puis, je suis si content d'avoir assisté, jours après jours, A ses progrès. Je fus amusé rasa volonté de manger tout seul. Je fus étonné par la multitude de mots qu'i= connaît maintenant, Je fus ému par sa façon d'ouvrir de grands yeux lorsque
 
Nous avons passés ensemble quatre mois merveilleux, qui m'ont permis_ d'oublier les mauvais moments que j'avais passés en prison. Je me rappellera, longtemps de la fête que me fit Augustin lorsque j'arrivai. Et puis, je suis si content d'avoir assisté, jours après jours, A ses progrès. Je fus amusé rasa volonté de manger tout seul. Je fus étonné par la multitude de mots qu'i= connaît maintenant, Je fus ému par sa façon d'ouvrir de grands yeux lorsque
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HIFF JLYTE
 
HIFF JLYTE
 
151
 
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==ORLEANS, 25 PLUVIOSE AN III==
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ORLEANS, 25 PLUVIOSE AN III
 
Mon chéri,
 
Mon chéri,
 
Je suis heureuse que ton nouveau poste te satisfasse. Quant à notre futur logement, fais comme bon te semblera. Je suis sûre que tu choisiras à merveille, car tu sais bien quels sont mes goûts. L'essentiel n'est-il pas d'être ensemble?
 
Je suis heureuse que ton nouveau poste te satisfasse. Quant à notre futur logement, fais comme bon te semblera. Je suis sûre que tu choisiras à merveille, car tu sais bien quels sont mes goûts. L'essentiel n'est-il pas d'être ensemble?
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MIL, IE
 
MIL, IE
 
PS: Augustin a reçu tes soldats de plomb avec joie, et il passe des heures à s'amuser avec, mimant déjà des batailles.
 
PS: Augustin a reçu tes soldats de plomb avec joie, et il passe des heures à s'amuser avec, mimant déjà des batailles.
==PARIS, 13 VENTOSE AN III==
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PARIS, 13 VENTOSE AN III
 
Ma chérie,
 
Ma chérie,
 
Ce que tu dis de la situation économique est exact. Bien que la tendance actuelle soit au libéralisme, les difficultés persistent. En septembre, la Convention a prorogé le maximum général et celui des grains, puis l'a supprimé un peu avant Noël, car l'idée se faisait dans les esprits que la taxation entraînait la disette. La liberté des transactions et des transports de grains étant de nouveau assurée, il faudra quelque temps avant que le marché français ne redevienne florissant. En ce moment, une forte spéculation sur les grains, les toiles et les chandelles sévit, entraînant une hausse des prix qu'il est difficile d'enrayer. De plus, la récolte de cet automne s'est avérée médiocre. Ceci est dû non seulement aux grêles de printemps et aux pluies d'été, mais aussi au manque de main d'oeuvre à cause de la levée en masse. Tout n'est qu'une question de patience. Les denrées vont, je l'éspère, être cle nouveau disponibles et la situation en sera améliorée dans les mois qui viennent.
 
Ce que tu dis de la situation économique est exact. Bien que la tendance actuelle soit au libéralisme, les difficultés persistent. En septembre, la Convention a prorogé le maximum général et celui des grains, puis l'a supprimé un peu avant Noël, car l'idée se faisait dans les esprits que la taxation entraînait la disette. La liberté des transactions et des transports de grains étant de nouveau assurée, il faudra quelque temps avant que le marché français ne redevienne florissant. En ce moment, une forte spéculation sur les grains, les toiles et les chandelles sévit, entraînant une hausse des prix qu'il est difficile d'enrayer. De plus, la récolte de cet automne s'est avérée médiocre. Ceci est dû non seulement aux grêles de printemps et aux pluies d'été, mais aussi au manque de main d'oeuvre à cause de la levée en masse. Tout n'est qu'une question de patience. Les denrées vont, je l'éspère, être cle nouveau disponibles et la situation en sera améliorée dans les mois qui viennent.
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.H I F' F CJI Y 1F'
 
.H I F' F CJI Y 1F'
 
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==PARIS, 13 GERMINAL AN III==
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PARIS, 13 GERMINAL AN III
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Depuis quelques temps, on voit dans Paris des hommes et femmes qui affichent un luxe extravagant. Ce sont des acheteurs de biens nationaux, des fonctionnaires ou des fournisseurs de guerre qui ont acquis leur richesse grâce à la spéculation. A côté de cela, des milliers de parisiens meurent encore de faim. Hier, la population affamée a forçé les portes de la convention en réclamant du pain. Elle a été repoussée par les gendarmes aidés des muscadins. On appelle ainsi les jeunes royalistes excentriques, aux cheveux longs sur les épaules. Ils portent une redingote et une culotte collante. Ils sont armés de gourdins avec lesquels ils chassent les Jacobins.
 
Depuis quelques temps, on voit dans Paris des hommes et femmes qui affichent un luxe extravagant. Ce sont des acheteurs de biens nationaux, des fonctionnaires ou des fournisseurs de guerre qui ont acquis leur richesse grâce à la spéculation. A côté de cela, des milliers de parisiens meurent encore de faim. Hier, la population affamée a forçé les portes de la convention en réclamant du pain. Elle a été repoussée par les gendarmes aidés des muscadins. On appelle ainsi les jeunes royalistes excentriques, aux cheveux longs sur les épaules. Ils portent une redingote et une culotte collante. Ils sont armés de gourdins avec lesquels ils chassent les Jacobins.
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Je t'embrasse,
 
Je t'embrasse,
 
.H I .P F'CDL YYE
 
.H I .P F'CDL YYE
==ORLEANS, 21 GERMINAL AN III==
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ORLEANS, 21 GERMINAL AN III
 
Mon Chéri,
 
Mon Chéri,
 
Ce que tu me dis sur la jeunesse dorée de Paris m'a étonnée. Saurai-je moi aussi retrouver une vie de plaisirs, où l'on ose aller au bal et sortir dans de belles toilettes? Je me sens quelque fois si vieille, après ces cinq années où nous fûmes si souvent séparés, oÙ je dus élever presque seule notre enfant... Combien faudra-t-il de temps pour oublier? Heureusement, notre fils est jeune, et sa mémoire rie sera pas, je l'espère, flétrie par les souvenirs de la Terreur. Il a plus de deux ans maintenant! Il s'est fait de petits camarades. C'est un enfant adorable. Avec ses boucles frisées et ses yeux noirs rieurs, il possède un charme dont il sait user pour obtenir quelque friandise ou quelque cadeau. Cependant, c'est un enfant agité, qui n'est jamais fatigué. Et, mon dieu, il m'arrive, à la fin de la journée, d'être plus fatiguée que lui!
 
Ce que tu me dis sur la jeunesse dorée de Paris m'a étonnée. Saurai-je moi aussi retrouver une vie de plaisirs, où l'on ose aller au bal et sortir dans de belles toilettes? Je me sens quelque fois si vieille, après ces cinq années où nous fûmes si souvent séparés, oÙ je dus élever presque seule notre enfant... Combien faudra-t-il de temps pour oublier? Heureusement, notre fils est jeune, et sa mémoire rie sera pas, je l'espère, flétrie par les souvenirs de la Terreur. Il a plus de deux ans maintenant! Il s'est fait de petits camarades. C'est un enfant adorable. Avec ses boucles frisées et ses yeux noirs rieurs, il possède un charme dont il sait user pour obtenir quelque friandise ou quelque cadeau. Cependant, c'est un enfant agité, qui n'est jamais fatigué. Et, mon dieu, il m'arrive, à la fin de la journée, d'être plus fatiguée que lui!
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J13'M I I I E
 
J13'M I I I E
 
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==PARIS, 24 PRAIRIAL AN III==
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PARIS, 24 PRAIRIAL AN III
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
J'ai enfin trouvé le logement qu'il nous faut. Il est situé au premier étage d'une maison rue du Chat noir. Les fenêtres en sont grandes, donnant beaucoup de jour à l'intérieur. Nous aurons accès à une petite cour, située sur l'arrière de la maison, oû Augustin pourra venir jouer en toute tranquillité. La propriétaire occupe le logement en dessous du nôtre. C'est une vieille dame, veuve depuis longtemps. Son fils fut tué à Fleurus, lors de la victoire remportée par l'armée du Rhin, auprès de laquelle Saint-Just était représentant en mission. J'ai réglé avec elle les problèmes de la location. Nous pourrons emménager début thermidor. D'ici là, je me charge de trouver quelques meubles indispensables. Plus tard, tu te feras une joie de compléter le mobilier et d'arranger l'intérieur à ta façon.
 
J'ai enfin trouvé le logement qu'il nous faut. Il est situé au premier étage d'une maison rue du Chat noir. Les fenêtres en sont grandes, donnant beaucoup de jour à l'intérieur. Nous aurons accès à une petite cour, située sur l'arrière de la maison, oû Augustin pourra venir jouer en toute tranquillité. La propriétaire occupe le logement en dessous du nôtre. C'est une vieille dame, veuve depuis longtemps. Son fils fut tué à Fleurus, lors de la victoire remportée par l'armée du Rhin, auprès de laquelle Saint-Just était représentant en mission. J'ai réglé avec elle les problèmes de la location. Nous pourrons emménager début thermidor. D'ici là, je me charge de trouver quelques meubles indispensables. Plus tard, tu te feras une joie de compléter le mobilier et d'arranger l'intérieur à ta façon.
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retrouvailles est proche! Embrasse Augustin pour moi.
 
retrouvailles est proche! Embrasse Augustin pour moi.
 
III F'POL YTE
 
III F'POL YTE
==PARIS, LE 7 THERMIDOR AN III==
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PARIS, LE 7 THERMIDOR AN III
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
Comme prévu, nous emménagerons le 12. J'arriverai à Orléans aprés-demain et nous retournerons à Paris tous ensemble. J'espère que nous n'aurons plus à nous écrire. Cette lettre devrait être la dernière dans laquelle je te donne
 
Comme prévu, nous emménagerons le 12. J'arriverai à Orléans aprés-demain et nous retournerons à Paris tous ensemble. J'espère que nous n'aurons plus à nous écrire. Cette lettre devrait être la dernière dans laquelle je te donne
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A Paris, nos députés ont travaillé à la Constitution de l'An III, pour 3nner de nouvelles bases à notre société meurtrie.
 
A Paris, nos députés ont travaillé à la Constitution de l'An III, pour 3nner de nouvelles bases à notre société meurtrie.
 
A bientôt ma chérie, je vous embrasse tous deux,
 
A bientôt ma chérie, je vous embrasse tous deux,
 
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*==Epiloguie==
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c uv-c I.. U.S I ON
Quelques jours plus tard Emilie et Hippolyte emménageaient à Paris avec le petit Augustin.
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Quelques jours plus tard Emilie et Hippolyte emménageaient à Paris avec e petit Augustin.
 
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Le texte constitutionnel, voté par la Convention, conservait la
 
Le texte constitutionnel, voté par la Convention, conservait la
 
République. Le pouvoir législatif était partagé entre le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens. Le pouvoir exécutif était confié à cinq directeurs. Cette constitution ouvrait une nouvelle période de l'Histoire de France, annonçant le règne d'une république bourgeoise, foulant aux pieds les sans-culottes. Le 4 Brumaire an IV, la Convention se séparait et le 9 Brumaire marquait le début du Directoire. Chacun désirait chasser de son esprit les horreurs vécues durant la Révolution Française. Symboliquement, la Place de la Révolution prenait le nom de Place de la Concorde. Une vie nouvelle commençait, et on allait s'intéresser aux exploits du jeune Bonaparte. Chef de :'armée de l'intérieur après le 13 Vendémiaire an IV, il n'allait pas tarder à faire plus amplement parler de lui...
 
République. Le pouvoir législatif était partagé entre le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens. Le pouvoir exécutif était confié à cinq directeurs. Cette constitution ouvrait une nouvelle période de l'Histoire de France, annonçant le règne d'une république bourgeoise, foulant aux pieds les sans-culottes. Le 4 Brumaire an IV, la Convention se séparait et le 9 Brumaire marquait le début du Directoire. Chacun désirait chasser de son esprit les horreurs vécues durant la Révolution Française. Symboliquement, la Place de la Révolution prenait le nom de Place de la Concorde. Une vie nouvelle commençait, et on allait s'intéresser aux exploits du jeune Bonaparte. Chef de :'armée de l'intérieur après le 13 Vendémiaire an IV, il n'allait pas tarder à faire plus amplement parler de lui...
 
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== Liste des personnalités de la révolution française ==
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I EXIQ[TE
 
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A
===A===
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AIGUILLON (Armand de Vignerot, duc d'): 1761-1800. Député de la Noblesse aux Etats Généraux. Emigra en Allemagne après le 10 Août 1792.
*AIGUILLON (Armand de Vignerot, duc d'): 1761-1800. Député de la Noblesse aux Etats Généraux. Emigra en Allemagne après le 10 Août 1792.
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ARTOIS (Comte de); 1757-1836. Frère de Louis XVI. Emigra dès 1789. Prit part au débarquement de Quiberon. Futur Charles X.
*ARTOIS (Comte de); 1757-1836. Frère de Louis XVI. Emigra dès 1789. Prit part au débarquement de Quiberon. Futur Charles X.
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B
===B===
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BAILLY (Jean-Sylvain): 1736-1793, Maire de Paris en 1789, mourut
*BAILLY (Jean-Sylvain): 1736-1793, Maire de Paris en 1789, mourut
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guillotiné.
 
guillotiné.
*BARERE (Bertrand): 1755-1841. Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Membre de la Constituante. Président de la Convention lors du procés de Louis XVI. Déporté en 1795.
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BARERE (Bertrand): 1755-1841. Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Membre de la Constituante. Président de la Convention lors du procés de Louis XVI. Déporté en 1795.
*BARNAVE (Antoine): 1761-1793. Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux, mourut guillotiné.
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BARNAVE (Antoine): 1761-1793. Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux, mourut guillotiné.
*BARRAS (Paul): 1755-1829. Elu à la Convention, Directeur en 1795.
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BARRAS (Paul): 1755-1829. Elu à la Convention, Directeur en 1795.
*BILLAUD-VARENNE (Jean-Nicolas): 1756-1819. Elu à la Convention, membre du Comité de Salut public, déporté en Guyane après Thermidor.
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BILLAUD-VARENNE (Jean-Nicolas): 1756-1819. Elu à la Convention, membre du Comité de Salut public, déporté en Guyane après Thermidor.
*BONAPARTE (Napoléon): 1769-1821. Reprit Toulon aux Anglais en 1793. Commandant en chef de l'armée de l'Intérieur en 1795. Dirigea les campagnes d'Italie et d'Egypte. Premier consul à vie en 1802 puis empereur des Français en 1804.
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BONAPARTE (Napoléon): 1769-1821. Reprit Toulon aux Anglais en 1793. Commandant en chef de l'armée de l'Intérieur en 1795. Dirigea les campagnes d'Italie et d'Egypte. Premier consul à vie en 1802 puis empereur des Français en 1804.
*BRETEUIL (Louis Auguste Le Tonnelier, baron de): 1730-1807. Ministre des affaires étrangères de Louis XVI. Emigra apèrs la prise de la Bastille.
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BRETEUIL (Louis Auguste Le Tonnelier, baron de): 1730-1807. Ministre des affaires étrangères de Louis XVI. Emigra apèrs la prise de la Bastille.
*BRISSOT (Jacques-Pierre): 1754-1793. Publiciste, rédacteur du "Patriote français", chef du groupe des Brissotins (ou "Girondins"), mourut guillotiné.
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BRISSOT (Jacques-Pierre): 1754-1793. Publiciste, rédacteur du "Patriote français", chef du groupe des Brissotins (ou "Girondins"), mourut guillotiné.
*BRUNSWICK (Charles Guillaume Ferdinand, duc de): 1735-1806. Chef des armées austro-prusiennes, vaincu à Valmy.
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BRUNSWICK (Charles Guillaume Ferdinand, duc de): 1735-1806. Chef des armées austro-prusiennes, vaincu à Valmy.
===C===
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CARNOT (Lazare Hippolyte): 1753-1823. Officier, député à la Législative, élu à la Convention, membre du Comité de Salut public, Directeur en 1795.
 
CARNOT (Lazare Hippolyte): 1753-1823. Officier, député à la Législative, élu à la Convention, membre du Comité de Salut public, Directeur en 1795.
 
CHARETTE (François): 1763-1796. Chef de l'insurrection vendéenne,
 
CHARETTE (François): 1763-1796. Chef de l'insurrection vendéenne,
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COUTHON (Georges): 1755-1794. Avocat, paralysé des jambes, député à la Législative, élu à la Convention, membre du Comité de Salut public, guillotiné avec Robespierre.
 
COUTHON (Georges): 1755-1794. Avocat, paralysé des jambes, député à la Législative, élu à la Convention, membre du Comité de Salut public, guillotiné avec Robespierre.
 
CUSTINE (Adam Philippe, comte de): 1740-1793. Général français. Député de la Noblesse aux Etats Généraux. Commandant de l'armée du Rhin. Accusé de trahison et condamné à mort.
 
CUSTINE (Adam Philippe, comte de): 1740-1793. Général français. Député de la Noblesse aux Etats Généraux. Commandant de l'armée du Rhin. Accusé de trahison et condamné à mort.
===D===
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ID
 
DANTON (Georges Jacques): 1759-1794. Avocat, fondateur du Club des Cordeliers, mourut guillotiné.
 
DANTON (Georges Jacques): 1759-1794. Avocat, fondateur du Club des Cordeliers, mourut guillotiné.
 
DEFFAND (Marie, marquise du): 1697-1780. Femme de lettres française.
 
DEFFAND (Marie, marquise du): 1697-1780. Femme de lettres française.
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DREUX-BREZE (Henri Evrard, marquis de): 1762-1829. Grand maître des cérémonies de Louis XVI. Emigré après le 10 Août 1792.
 
DREUX-BREZE (Henri Evrard, marquis de): 1762-1829. Grand maître des cérémonies de Louis XVI. Emigré après le 10 Août 1792.
 
DUNOURIEZ (Charles-François): 1739-1823. Commandant en chef de l'armée du Nord, vainqueur à Valmy. Après sa défaite de Neerwinden, il passa à l'ennemi et finit sa vie en exil.
 
DUNOURIEZ (Charles-François): 1739-1823. Commandant en chef de l'armée du Nord, vainqueur à Valmy. Après sa défaite de Neerwinden, il passa à l'ennemi et finit sa vie en exil.
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FABRE (Philippe dit Fabre d'Eglantine): 1755-1794. Homme de lettres, élu à la Convention, travailla au calendrier révolutionnaire, mourut guillotiné avec Danton.
 
FABRE (Philippe dit Fabre d'Eglantine): 1755-1794. Homme de lettres, élu à la Convention, travailla au calendrier révolutionnaire, mourut guillotiné avec Danton.
 
FOUCHE (Joseph): 1759-1820. Elu à la Convention, organisa la Terreur à Lyon, arrêté lors de la Convention thermidorienne puis amnistié. Ministre de la Police en 1799.
 
FOUCHE (Joseph): 1759-1820. Elu à la Convention, organisa la Terreur à Lyon, arrêté lors de la Convention thermidorienne puis amnistié. Ministre de la Police en 1799.
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FREDERIC-GUILLAUIŒ II; 1744-1797. Roi de Prusse. Ses armées étaies- :ommandées par le général Brunswick.
 
FREDERIC-GUILLAUIŒ II; 1744-1797. Roi de Prusse. Ses armées étaies- :ommandées par le général Brunswick.
===G===
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G
 
GUILLOTIN (Joseph Ignace): 1738-1814, Médecin, député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Inventeur de la guillotine.
 
GUILLOTIN (Joseph Ignace): 1738-1814, Médecin, député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Inventeur de la guillotine.
===H===
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H
 
HEBERT (Jacques René): 1757-1794. Journaliste, fondateur du "Père Duchesne", Enragé, mourut guillotiné sur ordre de Robespierre.
 
HEBERT (Jacques René): 1757-1794. Journaliste, fondateur du "Père Duchesne", Enragé, mourut guillotiné sur ordre de Robespierre.
 
HOCHE (Louis Lazare): 1768-1797. Général en chef de l'armée de Moselle, vainqueur au Geisberg, dénoncé comme suspect et incarcéré. Libéré après Thermidor, il battit les émigrés à Quiberon,
 
HOCHE (Louis Lazare): 1768-1797. Général en chef de l'armée de Moselle, vainqueur au Geisberg, dénoncé comme suspect et incarcéré. Libéré après Thermidor, il battit les émigrés à Quiberon,
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JOURDAN (Jean-Baptiste, comte): 1762-1833. Général français, se distingua à la tête des armées du Nord, remporta la bataille de Fleurus. Membre du Conseil des Cinq-Cents,
 
JOURDAN (Jean-Baptiste, comte): 1762-1833. Général français, se distingua à la tête des armées du Nord, remporta la bataille de Fleurus. Membre du Conseil des Cinq-Cents,
===K===
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K
 
SELLERAANH (François Etienne, duc de Valmy): 1735-1820, Général français, vainqueur avec Dumouriez à Vaimy. Fut envoyé ensuite à la tête de l'armée des Alpes.
 
SELLERAANH (François Etienne, duc de Valmy): 1735-1820, Général français, vainqueur avec Dumouriez à Vaimy. Fut envoyé ensuite à la tête de l'armée des Alpes.
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L
 
LA FAYETTE <Gilbert Motier, marquis de): 1757-1834. Officier parti combattre aux côtés des insurgents d'Amérique. Député'de la Noblesse aux Etats Généraux, commandant de la Garde Nationale. Décrété d'accusation après la chute du trône, il passa la frontière.
 
LA FAYETTE <Gilbert Motier, marquis de): 1757-1834. Officier parti combattre aux côtés des insurgents d'Amérique. Député'de la Noblesse aux Etats Généraux, commandant de la Garde Nationale. Décrété d'accusation après la chute du trône, il passa la frontière.
 
LAIBBALLE (princesse de): 1749-1792. Surintendante de la maison de la reine Marie-Antoinette. Fut tuée lors des massacres de septembre 1792.
 
LAIBBALLE (princesse de): 1749-1792. Surintendante de la maison de la reine Marie-Antoinette. Fut tuée lors des massacres de septembre 1792.
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LOUIS XVI: 1754-1793. Roi de France de 1774 à 1791 puis roi des Français. Emprisonné au Temple, il mourut guillotiné.
 
LOUIS XVI: 1754-1793. Roi de France de 1774 à 1791 puis roi des Français. Emprisonné au Temple, il mourut guillotiné.
 
LOUIS %VII (Louis Charles de France): 1785-1795. Second fils de Louis XVI et Marie-Antoinette. Enfermé au Temple, il y mourut, probablement en 1795.
 
LOUIS %VII (Louis Charles de France): 1785-1795. Second fils de Louis XVI et Marie-Antoinette. Enfermé au Temple, il y mourut, probablement en 1795.
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NARAT (Jean-Paul): 1743-1793. Médecin et journaliste, fondateur de l'Ami du Peuple", mourut poignardé par Charlotte Corday.
 
NARAT (Jean-Paul): 1743-1793. Médecin et journaliste, fondateur de l'Ami du Peuple", mourut poignardé par Charlotte Corday.
 
N.ARIE-ANTOINETTE: 1755-1793. Reine de France, épouse de Louis XVI, mourut guillotinée.
 
N.ARIE-ANTOINETTE: 1755-1793. Reine de France, épouse de Louis XVI, mourut guillotinée.
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MIRABEAU (Honoré Gabriel Riqueti, comte de): 1749-1791. Député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Membre de l'Assemblée Constituante, brillant orateur, mourut de maladie.
 
MIRABEAU (Honoré Gabriel Riqueti, comte de): 1749-1791. Député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Membre de l'Assemblée Constituante, brillant orateur, mourut de maladie.
 
KOUNIER (Jean-Joseph): 1758-1806. Député du Tiers Etat aux Etats Généraux, président de l'Assemblée Constituante, co-auteur du Préambule de la Déclaration des Droits de l'Homme, émigra en Suisse en 1790.
 
KOUNIER (Jean-Joseph): 1758-1806. Député du Tiers Etat aux Etats Généraux, président de l'Assemblée Constituante, co-auteur du Préambule de la Déclaration des Droits de l'Homme, émigra en Suisse en 1790.
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NECKER (Jacques): 1732-1804. Ministre des Finances de Louis XVI.
 
NECKER (Jacques): 1732-1804. Ministre des Finances de Louis XVI.
 
NOAILLES (Vicomte de): 1756-1804. Député de la Noblesse aux Etats Généraux, se prononça en faveur de l'abolition des privilèges le 4 Août 1789, émigra en 1792.
 
NOAILLES (Vicomte de): 1756-1804. Député de la Noblesse aux Etats Généraux, se prononça en faveur de l'abolition des privilèges le 4 Août 1789, émigra en 1792.
 
Cu]
 
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ORLEANS (Louis Philippe Joseph, duc d'): 1747-1793. Prince du sang, député aux Etats Généraux. Après la chute du trône, prit le nom de Philippe-Egalité. Vota la mort du roi, mourut guillotiné.
 
ORLEANS (Louis Philippe Joseph, duc d'): 1747-1793. Prince du sang, député aux Etats Généraux. Après la chute du trône, prit le nom de Philippe-Egalité. Vota la mort du roi, mourut guillotiné.
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PARXENTIER (Antoine Augustin): 1737-1813. Pharmacien militaire et agronome. Répandit en France la culture de la pomme de terre.
 
PARXENTIER (Antoine Augustin): 1737-1813. Pharmacien militaire et agronome. Répandit en France la culture de la pomme de terre.
 
PETION de VILLENEUVE (Jérôme): 1756-1794. Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux, Jacobin, maire de la Commune de Paris, président de la Convention. Se rallia aux Girondins et, après leur chute, se suicida.
 
PETION de VILLENEUVE (Jérôme): 1756-1794. Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux, Jacobin, maire de la Commune de Paris, président de la Convention. Se rallia aux Girondins et, après leur chute, se suicida.
 
PICHEGRU (Charles): 1761-1804. Général français. Membre du Conseil des Cinq-Cents.
 
PICHEGRU (Charles): 1761-1804. Général français. Membre du Conseil des Cinq-Cents.
PROVENCE (Comte de): 1755-1824. Frère de Louis XVI, il émigra en 1791 à Coblence, puis à Vérone. Futur Louis XVIII
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PROVENCE (Comte de): 1755-1824. Frère de Louis XVI, il émigra en 1791 à Coblence, puis à Vérone. Futur Louis XVIII.
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ROBESPIERRE (Maximilien de): 1758-1794. Député du Tiers Etat aux Etats Généraux, Jacobin puis Montagnard, membre du Comité de Salut Public, mourut guillotiné.
 
ROBESPIERRE (Maximilien de): 1758-1794. Député du Tiers Etat aux Etats Généraux, Jacobin puis Montagnard, membre du Comité de Salut Public, mourut guillotiné.
 
ROLAND de La PLATIERE (Jean-Marie): 1734-1793. Un des chefs des Girondins, ministre de 1'Intérieur sous la Législative, se suicida après l'exécution de sa femme.
 
ROLAND de La PLATIERE (Jean-Marie): 1734-1793. Un des chefs des Girondins, ministre de 1'Intérieur sous la Législative, se suicida après l'exécution de sa femme.
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ROUGET DE LISLE (Claude Joseph): 1760-1836. Capitaine en garnison à Strasbourg, composa le "Chant de guerre de l'armée du Rhin" qui devint la "Marseillaise".
 
ROUGET DE LISLE (Claude Joseph): 1760-1836. Capitaine en garnison à Strasbourg, composa le "Chant de guerre de l'armée du Rhin" qui devint la "Marseillaise".
 
ROYOU (Thomas-Marie): 1741-1792, Prêtre et journaliste, fit paraître l' "Ami du Roi". Décrété d'accusation, il parvint à se cacher mais mourut peu après.
 
ROYOU (Thomas-Marie): 1741-1792, Prêtre et journaliste, fit paraître l' "Ami du Roi". Décrété d'accusation, il parvint à se cacher mais mourut peu après.
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SAINT-JUST (Louis-Antoine de): 1767-1794. Montagnard, élu à la
 
SAINT-JUST (Louis-Antoine de): 1767-1794. Montagnard, élu à la
 
Convention, membre du Comité de Salut Public, mourut guillotiné avec
 
Convention, membre du Comité de Salut Public, mourut guillotiné avec
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SIEYES <Emmanuel Joseph): 1748-1836. Vicaire général de Chartres, cérat` i Tiers Etat aux Etats Généraux. Jacobin, puis Feuillant. Elu s =invention, élu Directeur en 1795.
 
SIEYES <Emmanuel Joseph): 1748-1836. Vicaire général de Chartres, cérat` i Tiers Etat aux Etats Généraux. Jacobin, puis Feuillant. Elu s =invention, élu Directeur en 1795.
 
STOFFLET <Jean Nicolas): 1751-1796. Chef vendéen, arrêté et exécuté A Angers.
 
STOFFLET <Jean Nicolas): 1751-1796. Chef vendéen, arrêté et exécuté A Angers.
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TALLEYRAND <Charles Maurice, prince de): 1754-1838. Evêque d'Autun, député du Clergé aux Etats Généraux. Il approuva la Constitution civile du Vergé. Envoyé en mission à l'étranger, il ne rentra en France qu'après la Terreur.
 
TALLEYRAND <Charles Maurice, prince de): 1754-1838. Evêque d'Autun, député du Clergé aux Etats Généraux. Il approuva la Constitution civile du Vergé. Envoyé en mission à l'étranger, il ne rentra en France qu'après la Terreur.
 
TALLIEN <Jean-Lambert): 1767-1820. Jacobin, élu à la Convention, membre du Comité de Sûreté générale, prit part à la Convention Thermidorienne, membre du Conseil des Cinq-Cents.
 
TALLIEN <Jean-Lambert): 1767-1820. Jacobin, élu à la Convention, membre du Comité de Sûreté générale, prit part à la Convention Thermidorienne, membre du Conseil des Cinq-Cents.
 
TALLIEN <Thérésa Cabarrus): 1773-1835. Emprisonnée sous la Terreur, elle fut libérée après le 9 Thermidor et surnommée "Notre-Dame de Thermidor".
 
TALLIEN <Thérésa Cabarrus): 1773-1835. Emprisonnée sous la Terreur, elle fut libérée après le 9 Thermidor et surnommée "Notre-Dame de Thermidor".
 
THOURET (Jacques-Guillaume): 1746-1794, Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Se prononça contre les excès de la terreur et mouru-. guillotiné.
 
THOURET (Jacques-Guillaume): 1746-1794, Avocat, député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Se prononça contre les excès de la terreur et mouru-. guillotiné.
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VERGNIAUD <Pierre Victurnien): 1753-1793. Avocat, un des chefs girondine. mourut guillotiné
 
VERGNIAUD <Pierre Victurnien): 1753-1793. Avocat, un des chefs girondine. mourut guillotiné
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*'''WALPOLE (Horace):''' 1717-1797. Ecrivain anglais, inaugura le genre "roman noir" en Angleterre, ami de Madame du Deffand.
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WALPOLE <Horace): 1717-1797. Ecrivain anglais, inaugura le genre "roman noir" en Angleterre, ami de Madame du Deffand.
 
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I1c NQLL7cIE S JMMAIRF C1?S9—Z?5.)
==Chronologie de la révolution française==
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5 MAI 1789 OUVERTURE DES ETATS GENERAUX
*5 MAI 1789 OUVERTURE DES ETATS GENERAUX
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20 JUIN 1789 SERMENT DU JEU DE PAUME
*20 JUIN 1789 SERMENT DU JEU DE PAUME
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9 JUIL 1789 ASSEMBLEE NATIONALE CONSTITUANTE
*9 JUIL 1789 ASSEMBLEE NATIONALE CONSTITUANTE
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14 JUIL 1789 PRISE DE LA BASTILLE
*14 JUIL 1789 PRISE DE LA BASTILLE
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4 AOUT 1789 ABOLITION DES PRIVILEGES
*4 AOUT 1789 ABOLITION DES PRIVILEGES
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26 AOUT 1789 DECLARATION DES DROITS DE L'HOMME
*26 AOUT 1789 DECLARATION DES DROITS DE L'HOMME
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6 OCT 1789 RETOUR FORCE DU ROI A PARIS
*6 OCT 1789 RETOUR FORCE DU ROI A PARIS
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15 JANV 1790 DIVISION DE LA FRANCE EN DEPARTEMENTS
*15 JANV 1790 DIVISION DE LA FRANCE EN DEPARTEMENTS
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14 JUIL 1790 FETE DE LA FEDERATION
*14 JUIL 1790 FETE DE LA FEDERATION
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20 JUIN 1791 FUITE DU ROI A VARENNES
*20 JUIN 1791 FUITE DU ROI A VARENNES
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17 JUIL 1791 MASSACRE DU CHAMP DE MARS
*17 JUIL 1791 MASSACRE DU CHAMP DE MARS
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14 SEPT 1791 LOUIS XVI ACCEPTE LA CONSTITUTION
*14 SEPT 1791 LOUIS XVI ACCEPTE LA CONSTITUTION
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1 OCT 1791 ASSEMBLEE NATIONALE LEGISLATIVE
*1 OCT 1791 ASSEMBLEE NATIONALE LEGISLATIVE
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20 AVR 1792 DECLARATION DE GUERRE A L'AUTRICHE
*20 AVR 1792 DECLARATION DE GUERRE A L'AUTRICHE
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20 JUIN 1792 LA FOULE ENVAHIT LES TUILERIES
*20 JUIN 1792 LA FOULE ENVAHIT LES TUILERIES
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11 JUIL 1792 L'ASSEMBLEE DECLARE LA PATRIE EN DANGER
*11 JUIL 1792 L'ASSEMBLEE DECLARE LA PATRIE EN DANGER
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25 JUIL 1792 MANIFESTE DE BRUNSWICK
*25 JUIL 1792 MANIFESTE DE BRUNSWICK
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10 AOUT 1792 CHUTE DE LA ROYAUTE
*10 AOUT 1792 CHUTE DE LA ROYAUTE
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20 SEPT 1792 VICTOIRE DE VALMY
*20 SEPT 1792 VICTOIRE DE VALMY
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21 SEPT 1792 PROCLAMATION DE LA REPUBLIQUE
*21 SEPT 1792 PROCLAMATION DE LA REPUBLIQUE
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21 JANV 1793 EXECUTION DE LOUIX XVI
*21 JANV 1793 EXECUTION DE LOUIX XVI
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6 AVR 1793 CREATION DU COMITE DE SALUT PUBLIC
*6 AVR 1793 CREATION DU COMITE DE SALUT PUBLIC
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2 JUIN 1793 CHUTE DES GIRONDINS
*2 JUIN 1793 CHUTE DES GIRONDINS
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24 JUIN 1793 CONSTITUTION DE L'AN I
*24 JUIN 1793 CONSTITUTION DE L'AN I
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13 JUIL 1793 ASSASSINAT DE MARAT
*13 JUIL 1793 ASSASSINAT DE MARAT
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17 SEPT'1793 LOI DES SUSPECTS
*17 SEPT'1793 LOI DES SUSPECTS
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4 GERM AN II EXECUTION DES HEBERTISTES
*4 GERM AN II EXECUTION DES HEBERTISTES
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16 GERM AN II EXECUTION DE DANTON
*16 GERM AN II EXECUTION DE DANTON
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8 MESS AN II VICTOIRE DE FLEURUS
*8 MESS AN II VICTOIRE DE FLEURUS
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9 THER AN II EXECUTION DE ROBESPIERRE
*9 THER AN II EXECUTION DE ROBESPIERRE
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12 PRAI AN III SUPPRESSION DU TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE
*12 PRAI AN III SUPPRESSION DU TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE
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4 THER AN III LES EMIGRES SONT VAINCUS A QUIBERON
*4 THER AN III LES EMIGRES SONT VAINCUS A QUIBERON
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5 FRUC AN III CONSTITUTION DE L'AN III
*5 FRUC AN III CONSTITUTION DE L'AN III
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4 BRUN AN IV LA CONVENTION SE SEPARE
*4 BRUN AN IV LA CONVENTION SE SEPARE
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[[catégorie:histoire]]
 
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