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Modification de Villes/Montluçon/sciences/La révolution française

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==PARIS, LE 25 AVRIL 1789==
 
==PARIS, LE 25 AVRIL 1789==
 
Ma chère Emilie,
 
Ma chère Emilie,
 
 
Depuis que les assemblées électorales ont été instituées, elles se sont chargées de la mise en forme de "cahiers de doléances", sur lesquels chacun peut "faire parvenir ses voeux et ses réclamations".
 
Depuis que les assemblées électorales ont été instituées, elles se sont chargées de la mise en forme de "cahiers de doléances", sur lesquels chacun peut "faire parvenir ses voeux et ses réclamations".
 
La France a bien des motifs de se plaindre. Dans les cahiers du Tiers Etat, les revendications sont variées: ici, une famille demande la libération d'un des siens, arrêté, chargé de fers et traîné en prison, pour avoir "fait une farandole" avec d'autres jeunes gens sur les terres du Seigneur. Là, les doléances concernent une grande route qui nécessite d'être pavée pour éviter la boue en hiver et la poussière en été. A Lyon, ce sont les maîtres ouvriers en étoffes qui déplorent l'accroissement du prix des soies d4 à la quantité de
 
La France a bien des motifs de se plaindre. Dans les cahiers du Tiers Etat, les revendications sont variées: ici, une famille demande la libération d'un des siens, arrêté, chargé de fers et traîné en prison, pour avoir "fait une farandole" avec d'autres jeunes gens sur les terres du Seigneur. Là, les doléances concernent une grande route qui nécessite d'être pavée pour éviter la boue en hiver et la poussière en été. A Lyon, ce sont les maîtres ouvriers en étoffes qui déplorent l'accroissement du prix des soies d4 à la quantité de
  
 
mûriers qui ont péri en 1787. Ailleurs, on déplore la liberté des pigeons au temps des semences jusqu'à la récolte des grains, et l'on demande que les garde-chasses ne portent plus d'armes à feu mais des hallebardes. Ces cahiers de doléances seront apportés par les députés aux Etats Généraux, dont =»ouverture est fixée dans moins d'une semaine à Versailles.
 
mûriers qui ont péri en 1787. Ailleurs, on déplore la liberté des pigeons au temps des semences jusqu'à la récolte des grains, et l'on demande que les garde-chasses ne portent plus d'armes à feu mais des hallebardes. Ces cahiers de doléances seront apportés par les députés aux Etats Généraux, dont =»ouverture est fixée dans moins d'une semaine à Versailles.
 
 
Dans leur ensemble, les membres de la Noblesse sont hostiles à trop de réformes, et surtout à l'abolition de leurs privilèges. Pour ma part, j'ai préféré suivre la voie tracée par Mirabeau et rejoindre les assemblées du Tiers Etat. Une effervescence particulière remplit le coeur de chacun, et le mien aussi, qui pense à vous très tendrement,
 
Dans leur ensemble, les membres de la Noblesse sont hostiles à trop de réformes, et surtout à l'abolition de leurs privilèges. Pour ma part, j'ai préféré suivre la voie tracée par Mirabeau et rejoindre les assemblées du Tiers Etat. Une effervescence particulière remplit le coeur de chacun, et le mien aussi, qui pense à vous très tendrement,
 
 
H I P 'QI. YTE
 
H I P 'QI. YTE
 
 
==PARIS, LE 8 MAI 1789==
 
==PARIS, LE 8 MAI 1789==
 
Très chère Emilie,
 
Très chère Emilie,
 
 
Les 27 et 28 avril derniers, peu de jours après que je vous eusse écrit, il y eut des émeutes Faubourg Saint-Antoine. Dans tout le pays, des troubles identiques ont éclaté. Dieu, comme j'ai remercié le ciel que vous ne fûtes plus là pour assister à ces manifestations de violence!
 
Les 27 et 28 avril derniers, peu de jours après que je vous eusse écrit, il y eut des émeutes Faubourg Saint-Antoine. Dans tout le pays, des troubles identiques ont éclaté. Dieu, comme j'ai remercié le ciel que vous ne fûtes plus là pour assister à ces manifestations de violence!
 
 
L'ouverture des Etats Généraux approche. Dès la fin avril sont arrivés à Versailles les députés d'origine modeste, parmi lesquels des avocats, des procureurs, des médecins, et les délégués des campagnes. Ils furent choqués par le luxe qu'affiche encore la cour alors que le peuple meure de faim.
 
L'ouverture des Etats Généraux approche. Dès la fin avril sont arrivés à Versailles les députés d'origine modeste, parmi lesquels des avocats, des procureurs, des médecins, et les délégués des campagnes. Ils furent choqués par le luxe qu'affiche encore la cour alors que le peuple meure de faim.
  
 
Puis, le 4 Mai, eut lieu la procession d'ouverture, Les représentants de la Noblesse arboraient de beaux habits dorés et galonnés; le Clergé resplendissait dans ses habits de pourpre ou de rouge; quant aux députés du Tiers Etat, ils faisaient une tache noire et sombre sur cet ensemble coloré: ils n'avaient droit qu'à un manteau de lainage noir, uniforme de la tristesse et du marasme.
 
Puis, le 4 Mai, eut lieu la procession d'ouverture, Les représentants de la Noblesse arboraient de beaux habits dorés et galonnés; le Clergé resplendissait dans ses habits de pourpre ou de rouge; quant aux députés du Tiers Etat, ils faisaient une tache noire et sombre sur cet ensemble coloré: ils n'avaient droit qu'à un manteau de lainage noir, uniforme de la tristesse et du marasme.
 
 
Le lendemain s'ouvrirent les Etats Généraux, dans une salle de l'hôtel des Menus Plaisirs à Versailles. J'avais quitté Paris la veille avec Mirabeau, et nous avions été hébergés par un de nos amis. Nous assistâmes à l'appel des députés des trois Ordres. Chaque députation était introduite par Monsieur de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies. J'étais parmi une foule bigarrée dans laquelle se tenaient des femmes et des gens du peuple. Nous étions installés dans des tribunes, sur les côtés de la salle. Le roi avait pris place dans le fond sur une estrade et il avait à ses côtés la reine Marie-Antoinette et les princes de sang. Il prononça un bref discours, dans lequel il ne dit rien des réformes sociales et politiques que nous attendions tous. Ensuite parla Necker, qui énuméra les difficultés actuelles du Trésor, mais sans en dire les causes, comme beaucoup d'entre nous l'auraient souhaité.
 
Le lendemain s'ouvrirent les Etats Généraux, dans une salle de l'hôtel des Menus Plaisirs à Versailles. J'avais quitté Paris la veille avec Mirabeau, et nous avions été hébergés par un de nos amis. Nous assistâmes à l'appel des députés des trois Ordres. Chaque députation était introduite par Monsieur de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies. J'étais parmi une foule bigarrée dans laquelle se tenaient des femmes et des gens du peuple. Nous étions installés dans des tribunes, sur les côtés de la salle. Le roi avait pris place dans le fond sur une estrade et il avait à ses côtés la reine Marie-Antoinette et les princes de sang. Il prononça un bref discours, dans lequel il ne dit rien des réformes sociales et politiques que nous attendions tous. Ensuite parla Necker, qui énuméra les difficultés actuelles du Trésor, mais sans en dire les causes, comme beaucoup d'entre nous l'auraient souhaité.
  
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Voilà, chère Emilie, où nous en sommes actuellement, Nos députés parviendront-ils à un accord dans les meilleurs délais? C'est, en tous cas, ce
 
Voilà, chère Emilie, où nous en sommes actuellement, Nos députés parviendront-ils à un accord dans les meilleurs délais? C'est, en tous cas, ce
 
que nous souhaitons tous ici, car nous avons tant d'idées de réformes qu'il devient insupportable de différer davantage les décisions importantes que toute la France attend!
 
que nous souhaitons tous ici, car nous avons tant d'idées de réformes qu'il devient insupportable de différer davantage les décisions importantes que toute la France attend!
 
 
Je vous enverrai bientôt, chère Emilie, d'autres nouvelles. Je conserve votre tendre image sur mon coeur,
 
Je vous enverrai bientôt, chère Emilie, d'autres nouvelles. Je conserve votre tendre image sur mon coeur,
 
 
vo -t r c-- H I F'.PC?I., YTE
 
vo -t r c-- H I F'.PC?I., YTE
 
 
==EASTBOURNE, LE 29 MAI 1789==
 
==EASTBOURNE, LE 29 MAI 1789==
 
Mon cher Hippolyte,
 
Mon cher Hippolyte,
 
 
J'ai tardé à vous écrire car nous sommes en pleins préparatifs de départ. Les beaux jours étant revenus, nous avons projeté un séjour à l'île de Wight, à environ vingt-cinq lieues d'Eastbourne. Pour nous y rendre, nous devons d'abord aller à Portsmouth puis, de là, emprunter un navire qui fait la navette entre la côte et l'île, Lady Twilight y est allée il y a vingt ans, et elle se déclare enchantée du séjour qu'elle y passa.
 
J'ai tardé à vous écrire car nous sommes en pleins préparatifs de départ. Les beaux jours étant revenus, nous avons projeté un séjour à l'île de Wight, à environ vingt-cinq lieues d'Eastbourne. Pour nous y rendre, nous devons d'abord aller à Portsmouth puis, de là, emprunter un navire qui fait la navette entre la côte et l'île, Lady Twilight y est allée il y a vingt ans, et elle se déclare enchantée du séjour qu'elle y passa.
 
 
Une de mes amies, Pauline de Brossac, m'a écrit récemment. Elle n'a pas quitté la France, et demeure dans le château de son père près d'Angoulême. Elle me parle du cahier de doléances des "Femmes de la Charente", qui a fait grand bruit dans sa province. Celles-ci revendiquent certains droits politiques, tel que celui qui devrait permettre aux femmes et aux filles possédant des terres d'être électrices aux Etats Généraux. Les veuves et filles nobles, possédant fiefs, ont déjà ce droit. C' est là une revendication qui me semble justifiée. Ne croyez-vous pas en effet, cher Hipplolyte, que les femmes ont trop peu leur mot à dire dans les affaires qui touchent notre pays?
 
Une de mes amies, Pauline de Brossac, m'a écrit récemment. Elle n'a pas quitté la France, et demeure dans le château de son père près d'Angoulême. Elle me parle du cahier de doléances des "Femmes de la Charente", qui a fait grand bruit dans sa province. Celles-ci revendiquent certains droits politiques, tel que celui qui devrait permettre aux femmes et aux filles possédant des terres d'être électrices aux Etats Généraux. Les veuves et filles nobles, possédant fiefs, ont déjà ce droit. C' est là une revendication qui me semble justifiée. Ne croyez-vous pas en effet, cher Hipplolyte, que les femmes ont trop peu leur mot à dire dans les affaires qui touchent notre pays?
 
 
De nos jours, les femmes peuvent tenir salon, parler philosophie ou littérature, comme le fit Madame du Deffand pendant plus d'un demi-siècle. Mais qu'est-ce que la connaissance qui n'est pas mêlée à l'action? Quel destin choisir quand on est femme? Faut-il se consacrer à l'étude? Faut-il se contenter d'être bonne épouse et bonne mère?
 
De nos jours, les femmes peuvent tenir salon, parler philosophie ou littérature, comme le fit Madame du Deffand pendant plus d'un demi-siècle. Mais qu'est-ce que la connaissance qui n'est pas mêlée à l'action? Quel destin choisir quand on est femme? Faut-il se consacrer à l'étude? Faut-il se contenter d'être bonne épouse et bonne mère?
 
 
Cher Hippolyte, dans la solitude qui est la mienne , je m'interroge sur mon avenir, J'espère pouvoir revenir bientôt auprès de vous et, qui sait, pouvoir combattre à vos côtés.
 
Cher Hippolyte, dans la solitude qui est la mienne , je m'interroge sur mon avenir, J'espère pouvoir revenir bientôt auprès de vous et, qui sait, pouvoir combattre à vos côtés.
 
 
Votre bien-aimée,
 
Votre bien-aimée,
 
 
ÉMI L I E
 
ÉMI L I E
 
 
==ILE DE WIGHT, LE 5 JUIN 1789==
 
==ILE DE WIGHT, LE 5 JUIN 1789==
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
 
Je vous adresse un court billet depuis ce bout du monde ou je vis à l'abri de tout souci, comme dans un paradis terrestre où nulle contrariété ne saurait m'atteindre!
 
Je vous adresse un court billet depuis ce bout du monde ou je vis à l'abri de tout souci, comme dans un paradis terrestre où nulle contrariété ne saurait m'atteindre!
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Lady Twilight et moi logeons dans une auberge, dans laquelle nous prenons
  
Lady Twilight et moi logeons dans une auberge, dans laquelle nous prenons
 
 
aussi nos repas. Nous avons rencontré une vieille dame qui ;=-i ce régulièrement dans cette île. Elle nous parle de la sérénité qu'elle a acr:s à y goûter au jour le jour, comme un don du Ciel. Nous passons nos journées en promenades sur les étroits chemins sableux qui sillonnent les pâ ra_ verdoyants, et nous conduisent jusqu'au sommet des falaises abructe_ : _ surplombent la mer. Quelle beauté dans ce site grandiose! Le soir,
 
aussi nos repas. Nous avons rencontré une vieille dame qui ;=-i ce régulièrement dans cette île. Elle nous parle de la sérénité qu'elle a acr:s à y goûter au jour le jour, comme un don du Ciel. Nous passons nos journées en promenades sur les étroits chemins sableux qui sillonnent les pâ ra_ verdoyants, et nous conduisent jusqu'au sommet des falaises abructe_ : _ surplombent la mer. Quelle beauté dans ce site grandiose! Le soir,
 
passons volontiers quelques heures à bavarder avec les clients de l'auberce. Tout le monde s'assied autour du feu que l'hôtesse allume dans la cheminée. pour atténuer la fraîcheur des soirées du bord de mer.
 
passons volontiers quelques heures à bavarder avec les clients de l'auberce. Tout le monde s'assied autour du feu que l'hôtesse allume dans la cheminée. pour atténuer la fraîcheur des soirées du bord de mer.
 
 
Comment, cher Hippolyte, vous dire combien je serais heureuse de vous faire partager la vie calme et bienfaisante qui est la mienne en ce moment... Je suis à vous pour toujours,
 
Comment, cher Hippolyte, vous dire combien je serais heureuse de vous faire partager la vie calme et bienfaisante qui est la mienne en ce moment... Je suis à vous pour toujours,
 
 
.EMILI-E
 
.EMILI-E
 
 
==PARIS, LE 23 JUIN 1789==
 
==PARIS, LE 23 JUIN 1789==
 
Ma chère Emilie,
 
Ma chère Emilie,
 
 
Il est tard, mais je tiens vous écrire tout de suite pour vous reia:er les événements de ces jours derniers. Le 17 Juin, l'abbé Sieyès proposa q-.~e e Tiers Etat se proclame Assemblée Nationale. Cet abbé Sieyès est un homme à l'esprit ingénieux, il possède l'art des formules frappantes, disant tout 'na-._ ce que beaucoup pensent tout bas. L'Assemblée a été proclamée "une et indivisible". Ce jour-là, la Noblesse s'opposa farouchement à la décision -_ Tiers Etat qu'elle dénonça comme une usurpation. Le Clergé, en revanche, se rallia au Tiers Etat, donnant ainsi à l'assemblée une majorité absolue.
 
Il est tard, mais je tiens vous écrire tout de suite pour vous reia:er les événements de ces jours derniers. Le 17 Juin, l'abbé Sieyès proposa q-.~e e Tiers Etat se proclame Assemblée Nationale. Cet abbé Sieyès est un homme à l'esprit ingénieux, il possède l'art des formules frappantes, disant tout 'na-._ ce que beaucoup pensent tout bas. L'Assemblée a été proclamée "une et indivisible". Ce jour-là, la Noblesse s'opposa farouchement à la décision -_ Tiers Etat qu'elle dénonça comme une usurpation. Le Clergé, en revanche, se rallia au Tiers Etat, donnant ainsi à l'assemblée une majorité absolue.
 
 
Le 20 juin, le roi fit clore la salle des Menus Plaisirs, sous prétexte de rénovation. Les députés se rendirent alors dans une salle voisine déserte, la salle du Jeu de Paume, o, sous la présidence de Bailly, ils prêtèrent le serment de "ne pas se séparer et de se réunir partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume soit établie e-
 
Le 20 juin, le roi fit clore la salle des Menus Plaisirs, sous prétexte de rénovation. Les députés se rendirent alors dans une salle voisine déserte, la salle du Jeu de Paume, o, sous la présidence de Bailly, ils prêtèrent le serment de "ne pas se séparer et de se réunir partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume soit établie e-
 
affermie sur des fondements solides". Cela se passait dans un enthouseias.:
 
affermie sur des fondements solides". Cela se passait dans un enthouseias.:
 
débordant. Tous les députés sauf un prêtèrent serment de façon très_
 
débordant. Tous les députés sauf un prêtèrent serment de façon très_
 
solennelle.
 
solennelle.
 
 
Le lendemain, la salle du Jeu de Paume étant fermée, le Clergé proposa de se rendre à l'église Saint-Louis. C'est alors que cent cinquante membres d_ Clergé, et même deux gentilshommes se joignirent à l'assemblée.
 
Le lendemain, la salle du Jeu de Paume étant fermée, le Clergé proposa de se rendre à l'église Saint-Louis. C'est alors que cent cinquante membres d_ Clergé, et même deux gentilshommes se joignirent à l'assemblée.
 
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Le 23 juin eut lieu une séance royale à la salle des Menus Plaisirs. e roi cassa les décisions du Tiers en matière fiscale, il accepta l'éga'_é devant l'impôt mais apparût résolu à défendre les dîmes, cens, rentes e- devoirs féodaux. Puis il commanda aux trois Ordres de se séparer e- ;e délibérer dans leurs salles respectives. Le roi parti, la plupart ±e_ représentants des ordres privilégiés quittèrent la salle et les députés
Le 23 juin eut lieu une séance royale à la salle des Menus Plaisirs. e roi cassa les décisions du Tiers en matière fiscale, il accepta l'éga'_é devant l'impôt mais apparût résolu à défendre les dîmes, cens, rentes e- devoirs féodaux. Puis il commanda aux trois Ordres de se séparer e- ;e délibérer dans leurs salles respectives. Le roi parti, la plupart ±e_ représentants des ordres privilégiés quittèrent la salle et les députés.
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Tiers restèrent assis. Le marquis de Dreux-Brézé rappela aux assistants l'ordre du roi. Mirabeau, debout près de Sieyès et Bailly, s'avança e: s'écria: "Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par _a volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des_ baïonnettes." Quel soufflet adressé à un représentant du roi! Dreux-Brézé *__ bien obligé d'abandonner la partie, sortant presque à reculons. Après ___ éclat, le roi n'osa pas user de la force contre le Tiers assemblé, _- La séance se poursuivit selon les formes régulières. Sans doute la réunion :es trois ordres est-elle imminente!
 
Tiers restèrent assis. Le marquis de Dreux-Brézé rappela aux assistants l'ordre du roi. Mirabeau, debout près de Sieyès et Bailly, s'avança e: s'écria: "Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par _a volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des_ baïonnettes." Quel soufflet adressé à un représentant du roi! Dreux-Brézé *__ bien obligé d'abandonner la partie, sortant presque à reculons. Après ___ éclat, le roi n'osa pas user de la force contre le Tiers assemblé, _- La séance se poursuivit selon les formes régulières. Sans doute la réunion :es trois ordres est-elle imminente!
 
 
J'aimerais, chère Emilie, que vous partagiez la joie qui me remp_i- :e coeur ce soir. Je voudrais aussi que vous ne passiez pas un jour sans -.s souvenir que vous êtes aimée passionnément par un homme auquel l'amour pr:c-ire le plus parfait des bonheurs...
 
J'aimerais, chère Emilie, que vous partagiez la joie qui me remp_i- :e coeur ce soir. Je voudrais aussi que vous ne passiez pas un jour sans -.s souvenir que vous êtes aimée passionnément par un homme auquel l'amour pr:c-ire le plus parfait des bonheurs...
 
 
vo t z H I PPOL YTE
 
vo t z H I PPOL YTE
 
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==PARIS, LE 18 JUILLET 1789==
 
==PARIS, LE 18 JUILLET 1789==
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
Décidément, les événements se précipitent! Quelques jours après que je vous eusse écrit, une cinquantaine de représentants de la Noblesse rejoignirent l'Assemblée. Puis, le 27 Juin, le roi ordonna à la totalité des représentants des deux Ordres privilégiés de se joindre au Tiers Etat. Un comité de constitution fut créé, présidé par Mounier. Et, le 9 Juillet, l'Assemblée prit le nom d'Assemblée Nationale Constituante. Cependant, le roi était inquiet: craignant un coup d'état militaire préparé par le ministère, il avait fait venir des régiments autour de Paris. Mirabeau fit adresser au roi une requête demandant le renvoi des troupes. Le roi refusa. Le 11 Juillet, Necker fut renvoyé. De sombres rumeurs coururent dans Paris: on craignait que le roi ne fît arrêter des représentants du Tiers Etat, Mirabeau en tête! En peu de jours, les esprits s'échauffèrent. Le 12 Juillet, Camille Desmoulins, un jeune avocat journaliste monta sur une table dans le jardin du Palais-Royal et, un pistolet à la main s'écria: "Citoyens, j'arrive de Versailles: Necker est chassé. C'est le tocsin d'une Saint-Barthélëmy des patriotes. Ce soir même, tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Nous n'avons qu'une ressource, c'est de courir aux armes!..." J'étais présent, admirant la hardiesse de ces paroles, mais ne sachant que penser: l'agitation trop subite de la foule me faisait peur. Le peuple, manquant de pain, craignait un "complot aristocratique" qui affamerait la capitale. Un cortège, portant les bustes de Necker et du duc d'Orléans, dérobés au musée de cires, se lança dans les rues et arriva à la place Louis XV. Puis, au milieu de l'affolement des promeneurs, un régiment de dragons traversa les jardins des Tuileries et il s'ensuivit une émeute entre la foule et les soldats. Les promeneurs s'enfuyaient en poussant des cris. Toute la nuit, le tocsin sonna à l'Hôtel de Ville. Il y avait des feux dans les rues, et des boutiques furent forcées par la foule en délire. Je rentrai chez moi, tard dans la nuit, inquiet. Une telle agitation me faisait mal présager de l'avenir.
 
Décidément, les événements se précipitent! Quelques jours après que je vous eusse écrit, une cinquantaine de représentants de la Noblesse rejoignirent l'Assemblée. Puis, le 27 Juin, le roi ordonna à la totalité des représentants des deux Ordres privilégiés de se joindre au Tiers Etat. Un comité de constitution fut créé, présidé par Mounier. Et, le 9 Juillet, l'Assemblée prit le nom d'Assemblée Nationale Constituante. Cependant, le roi était inquiet: craignant un coup d'état militaire préparé par le ministère, il avait fait venir des régiments autour de Paris. Mirabeau fit adresser au roi une requête demandant le renvoi des troupes. Le roi refusa. Le 11 Juillet, Necker fut renvoyé. De sombres rumeurs coururent dans Paris: on craignait que le roi ne fît arrêter des représentants du Tiers Etat, Mirabeau en tête! En peu de jours, les esprits s'échauffèrent. Le 12 Juillet, Camille Desmoulins, un jeune avocat journaliste monta sur une table dans le jardin du Palais-Royal et, un pistolet à la main s'écria: "Citoyens, j'arrive de Versailles: Necker est chassé. C'est le tocsin d'une Saint-Barthélëmy des patriotes. Ce soir même, tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Nous n'avons qu'une ressource, c'est de courir aux armes!..." J'étais présent, admirant la hardiesse de ces paroles, mais ne sachant que penser: l'agitation trop subite de la foule me faisait peur. Le peuple, manquant de pain, craignait un "complot aristocratique" qui affamerait la capitale. Un cortège, portant les bustes de Necker et du duc d'Orléans, dérobés au musée de cires, se lança dans les rues et arriva à la place Louis XV. Puis, au milieu de l'affolement des promeneurs, un régiment de dragons traversa les jardins des Tuileries et il s'ensuivit une émeute entre la foule et les soldats. Les promeneurs s'enfuyaient en poussant des cris. Toute la nuit, le tocsin sonna à l'Hôtel de Ville. Il y avait des feux dans les rues, et des boutiques furent forcées par la foule en délire. Je rentrai chez moi, tard dans la nuit, inquiet. Une telle agitation me faisait mal présager de l'avenir.
 
 
Je n'étais pas le seul à m'en inquiéter. Le lendemain, à 1' Hôtel de Ville, se forma la Commune de Paris et une milice de douze mille hommes destinée à défendre la ville. La foule parisienne, toujours aussi agitée, cherchait des armes. Le 14 au matin, elle se dirigea vers l'Arsenal qui fut pillé. Puis elle se porta aux Invalides, s'emparant de fusils et de canons. Elle marcha ensuite vers la Bastille où elle comptait trouver d'autres armes. Le gouverneur, Monsieur de Launay, ordonna de tirer, après deux sommations. La foule, aidée de quelques Gardes Françaises, répliqua en amenant deux canons pris à l'Hôtel de ville. Ce fut le début d'un affreux massacre. Une foule considérable était accourue pour voir la bataille depuis le boulevard Saint-Antoine. De Launay, trois officiers et des invalides furent tués et leurs têtes promenées à travers les rues au bout de piques. Les sept prisonniers de la Bastille furent libérés.
 
Je n'étais pas le seul à m'en inquiéter. Le lendemain, à 1' Hôtel de Ville, se forma la Commune de Paris et une milice de douze mille hommes destinée à défendre la ville. La foule parisienne, toujours aussi agitée, cherchait des armes. Le 14 au matin, elle se dirigea vers l'Arsenal qui fut pillé. Puis elle se porta aux Invalides, s'emparant de fusils et de canons. Elle marcha ensuite vers la Bastille où elle comptait trouver d'autres armes. Le gouverneur, Monsieur de Launay, ordonna de tirer, après deux sommations. La foule, aidée de quelques Gardes Françaises, répliqua en amenant deux canons pris à l'Hôtel de ville. Ce fut le début d'un affreux massacre. Une foule considérable était accourue pour voir la bataille depuis le boulevard Saint-Antoine. De Launay, trois officiers et des invalides furent tués et leurs têtes promenées à travers les rues au bout de piques. Les sept prisonniers de la Bastille furent libérés.
 
 
Dès le lendemain, la démolition de la forteresse commença. Une foule immense s'y rendit comme volontaire. La Commune de Paris se donna pour maire Bailly, et La Fayette fut nommé commandant en chef de la Garde nationale parisienne. Louis XVI donna ordre aux troupes d'évacuer la capitale, et il' rappela Necker. Tout le monde fut heureux de voir le roi faire machine arrière. Le 17 Juillet, il se rendit à l'Hôtel de Ville et reçut du nouveau maire les clefs de la ville.
 
Dès le lendemain, la démolition de la forteresse commença. Une foule immense s'y rendit comme volontaire. La Commune de Paris se donna pour maire Bailly, et La Fayette fut nommé commandant en chef de la Garde nationale parisienne. Louis XVI donna ordre aux troupes d'évacuer la capitale, et il' rappela Necker. Tout le monde fut heureux de voir le roi faire machine arrière. Le 17 Juillet, il se rendit à l'Hôtel de Ville et reçut du nouveau maire les clefs de la ville.
 
 
Aujourd'hui, Paris est dans l'allégresse... Cependant, il m'est agréable
 
Aujourd'hui, Paris est dans l'allégresse... Cependant, il m'est agréable
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.e penser que, du fond de votre exil, la vue des troubles passés vous ftt ï-argnëe. Ah! Puissiez-vous être toujours aussi heureuse que vous le fûtes =ertain soir de juin, lorsqu'il m'arriva de vous serrer dans mes bras, et que _=us nous juràmes un amour éternel...
 
.e penser que, du fond de votre exil, la vue des troubles passés vous ftt ï-argnëe. Ah! Puissiez-vous être toujours aussi heureuse que vous le fûtes =ertain soir de juin, lorsqu'il m'arriva de vous serrer dans mes bras, et que _=us nous juràmes un amour éternel...
 
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Fi I PPJL, Y  
Fi I PPJL, Y
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==PARIS, LE 21 JUILLET 1789==
 
==PARIS, LE 21 JUILLET 1789==
 
Ma chère amie,
 
Ma chère amie,
 
 
Depuis quelques jours, je vais attendre à la poste l'arrivée du courrier afin de recevoir les nouvelles une heure plus tôt. Mais aucune lettre de vous _cur moi... Cependant, comme vos lettres me sont nécessaires! Dieu veuille que .a vie heureuse' que vous menez à l'île de Wight ne vous fasse pas oublier un =zeur qui est tout occupé de vous!
 
Depuis quelques jours, je vais attendre à la poste l'arrivée du courrier afin de recevoir les nouvelles une heure plus tôt. Mais aucune lettre de vous _cur moi... Cependant, comme vos lettres me sont nécessaires! Dieu veuille que .a vie heureuse' que vous menez à l'île de Wight ne vous fasse pas oublier un =zeur qui est tout occupé de vous!
 
 
On raconte, à Paris, que de nombreuses émigrations se font. Il paraît que :e comte d'Artois, second frère du roi, s'est enfui avec ses fils. Le roi a autorisé ces départs et bien des membres de la Noblesse se demandent s'ils ne feraient pas bien de suivre l'exemple des grands. Pour ma part, je resterai, :uoiqu'il arrive, à Paris. J'ai rallié la cause du Tiers Etat, et je ferai de ~n mieux pour que les privilèges de toutes sortes disparaissent.
 
On raconte, à Paris, que de nombreuses émigrations se font. Il paraît que :e comte d'Artois, second frère du roi, s'est enfui avec ses fils. Le roi a autorisé ces départs et bien des membres de la Noblesse se demandent s'ils ne feraient pas bien de suivre l'exemple des grands. Pour ma part, je resterai, :uoiqu'il arrive, à Paris. J'ai rallié la cause du Tiers Etat, et je ferai de ~n mieux pour que les privilèges de toutes sortes disparaissent.
 
 
Oserais-je penser, cher amour, que je recevrai de vos nouvelles bientôt? :e veux croire que mes lettres vous apportent quelque consolation. Je vous embrasse tendrement,
 
Oserais-je penser, cher amour, que je recevrai de vos nouvelles bientôt? :e veux croire que mes lettres vous apportent quelque consolation. Je vous embrasse tendrement,
 
 
H I F'PcJL. YTE
 
H I F'PcJL. YTE
 
 
==EASTBOURNE, LE 30 JUILLET 1789==
 
==EASTBOURNE, LE 30 JUILLET 1789==
 
Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
 
Je n'ai pris connaissance de vos deux dernières lettres qu'une fois rentrée à Eastbourne, il y a quelques heures seulement. Je m'empresse de vous répondre afin d'apaiser vos craintes. Sachez, mon ami, que je suis capable de tout, sauf de renoncer à vous aimer. C'est avec la constante certitude de notre amour que j'ai vécu ces deux mois de repos et de bonheur à l'île de Wight. Le temps y était aussi clément que l'on inc l'avait promis et j'ai passé des jours agréables. L'air vif et sain que nous respirâmes là-bas m'a emplie d'un bien-être qui m'aidera, j'en suis persuadée, à vivre plus bonnement les mois d'exil à venir. Mais je ne suis pas aussi heureuse qu'il vous plaît de le supposer! Je sens bien que, loin de vous, mon bonheur est incomplet.
 
Je n'ai pris connaissance de vos deux dernières lettres qu'une fois rentrée à Eastbourne, il y a quelques heures seulement. Je m'empresse de vous répondre afin d'apaiser vos craintes. Sachez, mon ami, que je suis capable de tout, sauf de renoncer à vous aimer. C'est avec la constante certitude de notre amour que j'ai vécu ces deux mois de repos et de bonheur à l'île de Wight. Le temps y était aussi clément que l'on inc l'avait promis et j'ai passé des jours agréables. L'air vif et sain que nous respirâmes là-bas m'a emplie d'un bien-être qui m'aidera, j'en suis persuadée, à vivre plus bonnement les mois d'exil à venir. Mais je ne suis pas aussi heureuse qu'il vous plaît de le supposer! Je sens bien que, loin de vous, mon bonheur est incomplet.
 
 
Je dois me rendre prochainement à Londres pour y rejoindre mon père, qui vient lui aussi de quitter la France. Je vous ferai savoir la date de mon départ. Qui sait, peut-être pourrez-vous m'y rejoindre ou y envoyer un de vos
 
Je dois me rendre prochainement à Londres pour y rejoindre mon père, qui vient lui aussi de quitter la France. Je vous ferai savoir la date de mon départ. Qui sait, peut-être pourrez-vous m'y rejoindre ou y envoyer un de vos
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possible d'échanger plus que des souvenirs que je tiens à vous faire
 
possible d'échanger plus que des souvenirs que je tiens à vous faire
 
 
Dus quitte et que je me repose des ne puissiez pas vivre un jour sans folie et que je suis à vous pour
 
Dus quitte et que je me repose des ne puissiez pas vivre un jour sans folie et que je suis à vous pour
 
amis sûrs? Dans ce cas, il nous serait lettres: j'ai préparé pour vous quelques parvenir en gage de notre amour...
 
amis sûrs? Dans ce cas, il nous serait lettres: j'ai préparé pour vous quelques parvenir en gage de notre amour...
 
 
Minuit sonne. Il est temps que je v~ fatigues du voyage. J'aimerais que vous vous souvenir que vous êtes aimé à la toujours,
 
Minuit sonne. Il est temps que je v~ fatigues du voyage. J'aimerais que vous vous souvenir que vous êtes aimé à la toujours,
 
 
MI1., I E
 
MI1., I E
 
 
==PARIS, LE 15 AOUT 1789==
 
==PARIS, LE 15 AOUT 1789==
 
Très chère et tendre Emilie,
 
Très chère et tendre Emilie,
 
 
Merci, mille fois merci pour la lettre si charmante que je reçus ce matin. Saurez-vous jamais le réconfort qu'elle m'apporta! Grâce à vous, tout le feu, tout le désordre de la passion règnent actuellement dans mon coeur. En ce jour de fête mariale, je voudrais remercier la Vierge de l'amour qui naquit entre nous, et prier pour que jamais il ne s'éteigne. Comme j'eusse aimé passer cette fête avec vous, marcher à vos côtés lors de la procession... Aujourd'hui, les parisiens sont nombreux à rendre gloire à la Vierge Marie, qui ne les abandonne jamais dans leurs luttes.
 
Merci, mille fois merci pour la lettre si charmante que je reçus ce matin. Saurez-vous jamais le réconfort qu'elle m'apporta! Grâce à vous, tout le feu, tout le désordre de la passion règnent actuellement dans mon coeur. En ce jour de fête mariale, je voudrais remercier la Vierge de l'amour qui naquit entre nous, et prier pour que jamais il ne s'éteigne. Comme j'eusse aimé passer cette fête avec vous, marcher à vos côtés lors de la procession... Aujourd'hui, les parisiens sont nombreux à rendre gloire à la Vierge Marie, qui ne les abandonne jamais dans leurs luttes.
 
 
Dès la mi-juillet, des nouvelles nous sont parvenues d'Alsace, de Franche-Comté et du Berry. Là-bas, les paysans voulant détruire toute trace du régime féodal qui les assermentent, ont manisfesté leur mécontement par des émeutes. Ces troubles ont impressionné bon nombre de députés, et parmi eux certains nobles libéraux. Au soir du 4 Août, le vicomte de Noailles et le duc d'Aiguillon proposèrent à l'Assemblée la suppression des droits féodaux pesant sur les personnes. Cette proposition fut accueillie par un débordement de joie. Les députés prirent ensuite la parole à tour de rôle. La séance dura jusqu'à trois heures du matin. Malgré l'accueil réservé du roi, les droits féodaux sont maintement abolis.
 
Dès la mi-juillet, des nouvelles nous sont parvenues d'Alsace, de Franche-Comté et du Berry. Là-bas, les paysans voulant détruire toute trace du régime féodal qui les assermentent, ont manisfesté leur mécontement par des émeutes. Ces troubles ont impressionné bon nombre de députés, et parmi eux certains nobles libéraux. Au soir du 4 Août, le vicomte de Noailles et le duc d'Aiguillon proposèrent à l'Assemblée la suppression des droits féodaux pesant sur les personnes. Cette proposition fut accueillie par un débordement de joie. Les députés prirent ensuite la parole à tour de rôle. La séance dura jusqu'à trois heures du matin. Malgré l'accueil réservé du roi, les droits féodaux sont maintement abolis.
 
 
Chère Emilie, j'eusse été si heureux de me rendre à Londres! Hélas, il m'est impossible d'allerer à l'étranger pour l'instant: si je le faisais, je craindrais de ne pouvoir revenir en France avant longtemps. Ainsi vais-je confier à mon ami Monsieur de la Feuillade quelques affaires pour vous. Il devrait se trouver à Londres dans trois mois. Il demeurera Kensington Street, au n°9. Je lui donnerai pour vous quelques livres dont nous avions parlé avant votre départ. Ce sont les trois volumes des "Etudes de la nature" de Bernardin de Saint-Pierre, et le quatrième volume intitulé "Paul et Virginie". C'est une belle histoire relatant un amour pur et peignant des aveux sincères. Puissiez-vous, en lisant cet ouvrage, vous souvenir qu'il n'y a pas un degré de passion par-delà celle que j'ai pour vous, et que je vous appartiens pour toujours, malgré les mers qui nous séparent...
 
Chère Emilie, j'eusse été si heureux de me rendre à Londres! Hélas, il m'est impossible d'allerer à l'étranger pour l'instant: si je le faisais, je craindrais de ne pouvoir revenir en France avant longtemps. Ainsi vais-je confier à mon ami Monsieur de la Feuillade quelques affaires pour vous. Il devrait se trouver à Londres dans trois mois. Il demeurera Kensington Street, au n°9. Je lui donnerai pour vous quelques livres dont nous avions parlé avant votre départ. Ce sont les trois volumes des "Etudes de la nature" de Bernardin de Saint-Pierre, et le quatrième volume intitulé "Paul et Virginie". C'est une belle histoire relatant un amour pur et peignant des aveux sincères. Puissiez-vous, en lisant cet ouvrage, vous souvenir qu'il n'y a pas un degré de passion par-delà celle que j'ai pour vous, et que je vous appartiens pour toujours, malgré les mers qui nous séparent...
 
 
.H I PPOL YTE
 
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==PARIS, le 26 Août 1789==
 
==PARIS, le 26 Août 1789==
Chère Emilie,  
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Je vous envoie ce petit mot pour vous faire part d'un événement qui se
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tassa aujourd'hui. Depuis la nuit du 4 Août qui avait déchaîné bien des
 
tassa aujourd'hui. Depuis la nuit du 4 Août qui avait déchaîné bien des
 
tassions, l'assemblée a travaillé à l'élaboration d'une "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen", précédée d'un préambule conjointement écrit zar Mirabeau et xounier, président de l'assemblée. Dans ce texte, qui comprend .7 articles, sont défendues toutes les sortes de libertés: liberté Individuelle, liberté de pensée, de parole, de culte et de réunion. La liberté
 
tassions, l'assemblée a travaillé à l'élaboration d'une "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen", précédée d'un préambule conjointement écrit zar Mirabeau et xounier, président de l'assemblée. Dans ce texte, qui comprend .7 articles, sont défendues toutes les sortes de libertés: liberté Individuelle, liberté de pensée, de parole, de culte et de réunion. La liberté
 
est définie comme "le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Je remercie le Ciel que cette Déclaration ait été adoptée et votée, et je souhaite qu'elle puisse avoir une portée universelle.
 
est définie comme "le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Je remercie le Ciel que cette Déclaration ait été adoptée et votée, et je souhaite qu'elle puisse avoir une portée universelle.
 
 
Chère Emilie, je pense continuellement à vous et je vous embrasse,
 
Chère Emilie, je pense continuellement à vous et je vous embrasse,
 
 
13 I P.POL YT.E
 
13 I P.POL YT.E
 
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==LONDRES, LE 8 OCTOBRÈ 1789==
==LONDRES, LE 8 OCTOBRE 1789==
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Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
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Je suis bouleversée! Figurez-vous que, à peine arrivée à Londres où j'ai retrouvé mon père, j'apprends le retour forcé du Roi à Paris! Quelle humiliation il a subie! Etre ainsi ramené depuis Versailles par un troupeau de femmes en fureur! Mon Dieu, comme cela est vil, et comme cela me fait peur! sertes, on peut comprendre ces femmes qui, dit-on à Londres, étaient affamées. :raignaient-elles vraiment qu'un complot affamât davantage la capitale et que _e régiment des Flandres, nouvellement arrivé à Versailles, fût là pour briser :'élan populaire? Est-il vrai qu'elles criaient: "Allons chercher le "boulanger, la boulangère, et le petit mitron"? Cela me contrarie fort de penser que n'importe quel sujet du roi puisse ainsi lui être irrespectueux! -orsque les femmes sont arrivées à Versailles, elles ont demandé à parler au roi. Celui-ci a agi avec une grande noblesse d'âme en se prêtant à leurs embrassades et en promettant de veiller au ravitaillement. Alors, pourquoi les massacres de la nuit ont-ils eu lieu? Il paraît que la foule est entrée dans :es appartements royaux, et que notre pauvre reine, affolée, a dû courir se réfugier chez le roi. Mon Dieu, quel manque de respect pour la souveraine! .'en frisonne pour elle!
Je suis bouleversée! Figurez-vous que, à peine arrivée à Londres où j'ai retrouvé mon père, j'apprends le retour forcé du Roi à Paris! Quelle humiliation il a subie! Etre ainsi ramené depuis Versailles par un troupeau de femmes en fureur! Mon Dieu, comme cela est vil, et comme cela me fait peur! sertes, on peut comprendre ces femmes qui, dit-on à Londres, étaient affamées.  
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Craignaient-elles vraiment qu'un complot affamât davantage la capitale et que _e régiment des Flandres, nouvellement arrivé à Versailles, fût là pour briser :'élan populaire? Est-il vrai qu'elles criaient: "Allons chercher le "boulanger, la boulangère, et le petit mitron"? Cela me contrarie fort de penser que n'importe quel sujet du roi puisse ainsi lui être irrespectueux! -orsque les femmes sont arrivées à Versailles, elles ont demandé à parler au roi. Celui-ci a agi avec une grande noblesse d'âme en se prêtant à leurs embrassades et en promettant de veiller au ravitaillement. Alors, pourquoi les massacres de la nuit ont-ils eu lieu? Il paraît que la foule est entrée dans :es appartements royaux, et que notre pauvre reine, affolée, a dû courir se réfugier chez le roi. Mon Dieu, quel manque de respect pour la souveraine! .'en frisonne pour elle!
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On m'a raconté aussi le départ de la famille royale pour Paris, trajet de six longues heures, dans un cortège précédé d'une avant-garde portant au bout e piques les têtes des gardes du corps du roi! Quelle horreur! Comment la foule peut-elle se complaire dans de telles abominations, et comment peut-elle croire que c'est dans le sang qu'elle trouvera une solution aux problèmes qui la préoccupent?
 
On m'a raconté aussi le départ de la famille royale pour Paris, trajet de six longues heures, dans un cortège précédé d'une avant-garde portant au bout e piques les têtes des gardes du corps du roi! Quelle horreur! Comment la foule peut-elle se complaire dans de telles abominations, et comment peut-elle croire que c'est dans le sang qu'elle trouvera une solution aux problèmes qui la préoccupent?
 
 
Je ne peux vous écrire davantage aujourd'hui, tellement je suis outragée par ce que je viens d'apprendre... Que Dieu préserve notre Roi et la famille royale, et qu'il vous préserve aussi, cher Hippolyte, au milieu des tourmentes qui avilissent notre pays,
 
Je ne peux vous écrire davantage aujourd'hui, tellement je suis outragée par ce que je viens d'apprendre... Que Dieu préserve notre Roi et la famille royale, et qu'il vous préserve aussi, cher Hippolyte, au milieu des tourmentes qui avilissent notre pays,
 
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EMII I  
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==PARIS, LE 22 OCTOBRE 1789==
 
==PARIS, LE 22 OCTOBRE 1789==
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
Je comprends l'émotion que vous avez ressentie en apprenant le retour forcé du roi à Paris. Cependant, je pense qu'il est nécesssaire d'accepter les excès du peuple car c'est lui qui est l'expression exacte de la Nation. C'est par lui et pour lui que nous sommes prêts à faire triompher la liberté. Face à notre Roi qui ne voulait pas accepter de sanctionner les ordonnances touchant les droits féodaux, le peuple a été le plus fort.
 
Je comprends l'émotion que vous avez ressentie en apprenant le retour forcé du roi à Paris. Cependant, je pense qu'il est nécesssaire d'accepter les excès du peuple car c'est lui qui est l'expression exacte de la Nation. C'est par lui et pour lui que nous sommes prêts à faire triompher la liberté. Face à notre Roi qui ne voulait pas accepter de sanctionner les ordonnances touchant les droits féodaux, le peuple a été le plus fort.
 
 
De plus, rassurez-vous: hier, une loi martiale a été votée par l'assemblée. Elle réprime les troubles et les attroupements, interdisant les émeutes populaires qui vous font si peur. Le roi est désormais installé aux Tuileries, et l'Assemblée a décidé de siéger dans la salle du Manège. On a annoncé que les séances pourront être suivies par un public plus ouvert qu'à Versailles.
 
De plus, rassurez-vous: hier, une loi martiale a été votée par l'assemblée. Elle réprime les troubles et les attroupements, interdisant les émeutes populaires qui vous font si peur. Le roi est désormais installé aux Tuileries, et l'Assemblée a décidé de siéger dans la salle du Manège. On a annoncé que les séances pourront être suivies par un public plus ouvert qu'à Versailles.
 
 
Chère Emilie, j'aurais tant voulu que votre présence me réconfortât durant ces dernières semaines! Je vous aime,
 
Chère Emilie, j'aurais tant voulu que votre présence me réconfortât durant ces dernières semaines! Je vous aime,
 
 
H I F' Ft L YTE
 
H I F' Ft L YTE
 
 
==LONDRES, le 15 Novembre 1789==
 
==LONDRES, le 15 Novembre 1789==
 
Très cher Hippolyte,
 
Très cher Hippolyte,
 
 
Pardonnez l'emportement de ma dernière lettre. Je suis rassurée d'apprendre que les émeutes populaires ne recueillent pas non plus votre entière approbation.
 
Pardonnez l'emportement de ma dernière lettre. Je suis rassurée d'apprendre que les émeutes populaires ne recueillent pas non plus votre entière approbation.
 
 
Mais laissons cela... Parlons plutôt d'un sujet qui me tient à coeur, le rencontre que je fis, il y a quelques jours, à l'ambassade de France È Londres. Je brûle de vous faire part de cette visite. Je me rendis là-bas lE 10 Novembre, en compagnie de mon père. Nous voulions rendre nos hommages
 
Mais laissons cela... Parlons plutôt d'un sujet qui me tient à coeur, le rencontre que je fis, il y a quelques jours, à l'ambassade de France È Londres. Je brûle de vous faire part de cette visite. Je me rendis là-bas lE 10 Novembre, en compagnie de mon père. Nous voulions rendre nos hommages
 
notre ambassadeur. Celui-ci, malheureusement, s'était absenté en province poux quelques jours. Nous fûmes reçus par Monsieur André de Chénier, jeunE secrétaire d'ambassade. Il ne fut pas long à nous raconter combien l'exi] qu'il vivait loin de sa patrie lui était pénible. Non qu'il fut très attaché
 
notre ambassadeur. Celui-ci, malheureusement, s'était absenté en province poux quelques jours. Nous fûmes reçus par Monsieur André de Chénier, jeunE secrétaire d'ambassade. Il ne fut pas long à nous raconter combien l'exi] qu'il vivait loin de sa patrie lui était pénible. Non qu'il fut très attaché
 
la France, car il est né à Constantinople, d'un père diplomate et d'une mare grecque. Mais la vie à Londres ne l'intéresse pas, d'autant plus qu'il sait que de grandes choses se passent de l'autre côté de la Manche. Il possède lE même attachement que vous pour la liberté et pour les principes de 1é révolution, à tel point que je pense que vous pourriez sans contrainte devenir amis. De plus, ce jeune homme est poète. Il nous a laissé entendre qu'il avaiécrit des Idylles. Monsieur de Chénier s'ennuie tant qu'il a conçu une poésif
 
la France, car il est né à Constantinople, d'un père diplomate et d'une mare grecque. Mais la vie à Londres ne l'intéresse pas, d'autant plus qu'il sait que de grandes choses se passent de l'autre côté de la Manche. Il possède lE même attachement que vous pour la liberté et pour les principes de 1é révolution, à tel point que je pense que vous pourriez sans contrainte devenir amis. De plus, ce jeune homme est poète. Il nous a laissé entendre qu'il avaiécrit des Idylles. Monsieur de Chénier s'ennuie tant qu'il a conçu une poésif
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scientifique, chargée de philosophie, qui chanterait un monde nouveau. Voyant
 
scientifique, chargée de philosophie, qui chanterait un monde nouveau. Voyant
 
intérêt qu'avaient suscité en nous les quelques vers qu'il nous avait lus,
 
intérêt qu'avaient suscité en nous les quelques vers qu'il nous avait lus,
 
nous en laissa une plaquette. J'aimerais, cher Hippolyte, que vous lisiez :es vers, et que, autour de vous, vous fassiez aimer ce jeune poète.
 
nous en laissa une plaquette. J'aimerais, cher Hippolyte, que vous lisiez :es vers, et que, autour de vous, vous fassiez aimer ce jeune poète.
 
 
N'est-il pas merveilleux de savoir que, au milieu des bouleversements :politiques, il existe une pensée poétique, pleine d'une ferveur nouvelle?
 
N'est-il pas merveilleux de savoir que, au milieu des bouleversements :politiques, il existe une pensée poétique, pleine d'une ferveur nouvelle?
 
 
Cher Hippolyte, j'aimerais posséder le talent de Chénier pour vous dire =~mbien je vous aime, et combien je suis moins malheureuse quand je vous cris..
 
Cher Hippolyte, j'aimerais posséder le talent de Chénier pour vous dire =~mbien je vous aime, et combien je suis moins malheureuse quand je vous cris..
 
 
fl MAI I I., I .E
 
fl MAI I I., I .E
 
 
==LONDRES, LE 25 NOVEMBRE 1789==
 
==LONDRES, LE 25 NOVEMBRE 1789==
 
Cher Hippolyte,
 
Cher Hippolyte,
 
 
J'ai, enfin, pu voir votre ami Monsieur de la Feuillade. Vraiment, je _zsespërais de le rencontrer, bien que j'eusse prolongé mon séjour à Londres ie plus d'une semaine. Enfin, hier, je me rendis une fois de plus à l'adresse :ue vous m'aviez indiquée. Là, tout paraissait aussi calme que de coutume. Néanmoins, la porte me fut ouverte, par un majordome anglais aux manières aussi froides que celles de ses compatriotes. Il me conduisit directement au second étage de l'hôtel où votre ami m'accueillit lui-même. Avant que j'eusse eu le temps de lui dire un mot, il me remercia cordialement pour la patience ;ue j'avais dû montrer pour attendre son arrivée. Il me dit ensuite quelques mots concernant notre terre d'exil, puis quelques mots de la situation en France après ce qu'il appela les "journées d'octobre". Je crus comprendre :u'il était bien aise d'avoir pu enfin quitter un pays où quelques individus taisaient trop cher payer à d'autres le prix qu'ils accordaient à la liberté. Enfin, il me tendit un petit paquet et un mot de vous. Nous ne pûmes nous entretenir plus longtemps car il me fit savoir qu'il craignait que la police ne le recherchât: on lui reprochait, me dit-il, d'avoir transporté frauduleusement certains papiers jugés dangereux par les ennemis du duc d'Orléans. Comprenant à demi-mot qu'il était un émissaire de ce prince du sang gui est soupçonné d'attiser des émeutes révolutionnaires jusqu'en Angleterre, je n'en demandai pas davantage et préférai partir. C'est ainsi que je rentrai dans mon hôtel, portant contre mon sein le mot charmant que vous me fîtes parvenir avec les livrets.
 
J'ai, enfin, pu voir votre ami Monsieur de la Feuillade. Vraiment, je _zsespërais de le rencontrer, bien que j'eusse prolongé mon séjour à Londres ie plus d'une semaine. Enfin, hier, je me rendis une fois de plus à l'adresse :ue vous m'aviez indiquée. Là, tout paraissait aussi calme que de coutume. Néanmoins, la porte me fut ouverte, par un majordome anglais aux manières aussi froides que celles de ses compatriotes. Il me conduisit directement au second étage de l'hôtel où votre ami m'accueillit lui-même. Avant que j'eusse eu le temps de lui dire un mot, il me remercia cordialement pour la patience ;ue j'avais dû montrer pour attendre son arrivée. Il me dit ensuite quelques mots concernant notre terre d'exil, puis quelques mots de la situation en France après ce qu'il appela les "journées d'octobre". Je crus comprendre :u'il était bien aise d'avoir pu enfin quitter un pays où quelques individus taisaient trop cher payer à d'autres le prix qu'ils accordaient à la liberté. Enfin, il me tendit un petit paquet et un mot de vous. Nous ne pûmes nous entretenir plus longtemps car il me fit savoir qu'il craignait que la police ne le recherchât: on lui reprochait, me dit-il, d'avoir transporté frauduleusement certains papiers jugés dangereux par les ennemis du duc d'Orléans. Comprenant à demi-mot qu'il était un émissaire de ce prince du sang gui est soupçonné d'attiser des émeutes révolutionnaires jusqu'en Angleterre, je n'en demandai pas davantage et préférai partir. C'est ainsi que je rentrai dans mon hôtel, portant contre mon sein le mot charmant que vous me fîtes parvenir avec les livrets.
 
 
Je vous sais gré de m'avoir envoyé ces livres. Je vous remercie surtout pour "Paul et Virginie": je suis certaine que cet ouvrage, même si l'amour y connaît un destin tragique, me rapprochera davantage de vous.
 
Je vous sais gré de m'avoir envoyé ces livres. Je vous remercie surtout pour "Paul et Virginie": je suis certaine que cet ouvrage, même si l'amour y connaît un destin tragique, me rapprochera davantage de vous.
 
 
EMIL.1F
 
EMIL.1F
 
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==PARIS, LE 10 DECEMBRE 1789==
 
==PARIS, LE 10 DECEMBRE 1789==
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
J'ai reçu votre dernière lettre avec un immense plaisir: je craignais en effet que vous n'eussiez pas pu rencontrer Monsieur de la Feuillade. Vous avez deviné juste: mon ami est à la charge du duc d'Orléans, qui est très mal vu à la cour en raison de ses idées démocrates. D'après les bruits qui courent, il est en ce moment-même à Londres. Il serait accompagné du capitaine Choderlos de Laclos, auteur des "Liaisons dangereuses", On m'a dit que c'était Laclos qui écrivait les articles du duc d'Orléans, dont il est, en quelque sorte, l'agent.
 
J'ai reçu votre dernière lettre avec un immense plaisir: je craignais en effet que vous n'eussiez pas pu rencontrer Monsieur de la Feuillade. Vous avez deviné juste: mon ami est à la charge du duc d'Orléans, qui est très mal vu à la cour en raison de ses idées démocrates. D'après les bruits qui courent, il est en ce moment-même à Londres. Il serait accompagné du capitaine Choderlos de Laclos, auteur des "Liaisons dangereuses", On m'a dit que c'était Laclos qui écrivait les articles du duc d'Orléans, dont il est, en quelque sorte, l'agent.
 
 
Ici, c'est le temps des compromissions: depuis la "trahison" de Mirabeau qui a pris le parti du roi, je ne sais plus très bien de quel côté me tourner. Il existe depuis peu à Paris la "Société des Amis de la Constitution", club installé dans la salle de la bibliothèque du couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. Les membres en sont des patriotes, décidés à combattre les anciennes bases de la société et à défendre le nouveau régime constitutionnel. Parmi eux, se distingue Maximilien Robespierre, jeune avocat dont les idées démocrates m'impressionnent. Ainsi vais-je régulièrement aux réunions de ce club au sein duquel je commence à me faire des amis.
 
Ici, c'est le temps des compromissions: depuis la "trahison" de Mirabeau qui a pris le parti du roi, je ne sais plus très bien de quel côté me tourner. Il existe depuis peu à Paris la "Société des Amis de la Constitution", club installé dans la salle de la bibliothèque du couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. Les membres en sont des patriotes, décidés à combattre les anciennes bases de la société et à défendre le nouveau régime constitutionnel. Parmi eux, se distingue Maximilien Robespierre, jeune avocat dont les idées démocrates m'impressionnent. Ainsi vais-je régulièrement aux réunions de ce club au sein duquel je commence à me faire des amis.
 
A Paris, en ce moment, peu de choses sont à signaler, si ce n'est que Marat, jeune médecin passionné par la cause populaire, fait entendre sa voix. Dans son journal "L'Ami du peuple", il défend avec violence les petites gens et les opprimés.
 
A Paris, en ce moment, peu de choses sont à signaler, si ce n'est que Marat, jeune médecin passionné par la cause populaire, fait entendre sa voix. Dans son journal "L'Ami du peuple", il défend avec violence les petites gens et les opprimés.
 
 
Il y a eu aussi le discours du docteur Guillotin, député du Tiers Etet, qui proposa à l'assemblée une "machine humanitaire", chargée de donner la mort de façon rapide. L'instantanéité de la mort se fait par la chute d'un couperet séparant la tête du tronc. Je ne sais quel avenir aura cette machine qui, pour l'heure, a occasionné quelques écrits satiriques.
 
Il y a eu aussi le discours du docteur Guillotin, député du Tiers Etet, qui proposa à l'assemblée une "machine humanitaire", chargée de donner la mort de façon rapide. L'instantanéité de la mort se fait par la chute d'un couperet séparant la tête du tronc. Je ne sais quel avenir aura cette machine qui, pour l'heure, a occasionné quelques écrits satiriques.
 
 
Chère Emilie, comment allons-nous passer ces prochaines semaines, qui sont d'ordinaire des jours de fête? Voici presque un an que nous sommes séparés... Qu'adviendra-t-il de notre amour lors de l'année qui s'annonce? Aurons-nous toujours suffisamment de patience pour fortifier la passion qui nous porta naguère dans les bras l'un de l'autre? Chère, très chère amie, votre présence me manque terriblement, J'aimerais surprendre le bleu franc de votre regard et sentir sur ma joue la douceur de votre main...
 
Chère Emilie, comment allons-nous passer ces prochaines semaines, qui sont d'ordinaire des jours de fête? Voici presque un an que nous sommes séparés... Qu'adviendra-t-il de notre amour lors de l'année qui s'annonce? Aurons-nous toujours suffisamment de patience pour fortifier la passion qui nous porta naguère dans les bras l'un de l'autre? Chère, très chère amie, votre présence me manque terriblement, J'aimerais surprendre le bleu franc de votre regard et sentir sur ma joue la douceur de votre main...
 
 
H I FFOL YT'E
 
H I FFOL YT'E
 
 
==EASTBOURNE, LE 25 DECEMBRE 1789==
 
==EASTBOURNE, LE 25 DECEMBRE 1789==
 
Hippolyte adoré,
 
Hippolyte adoré,
 
 
En ce jour de Noël, je pense à vous plus fort encore que d'ordinaire. Je me souviens du dernier Noël que nous passâmes ensemble, de la créche que Lisette avait arrangée avec art, y disposant l'image en cire du divin Enfant, étendu sur la paille. Plus encore, je me souviens des Noëls que, durant mon enfance, je passais au château de Boisvert. Avec quel empressement mon père faisait dresser dans le vestibule un immense sapin, que les domestiques agrémentaient de lanternes, de rubans, de jouets et de friandises! Avec quel émerveillement les enfants du village venaient se joindre à nous pour la
 
En ce jour de Noël, je pense à vous plus fort encore que d'ordinaire. Je me souviens du dernier Noël que nous passâmes ensemble, de la créche que Lisette avait arrangée avec art, y disposant l'image en cire du divin Enfant, étendu sur la paille. Plus encore, je me souviens des Noëls que, durant mon enfance, je passais au château de Boisvert. Avec quel empressement mon père faisait dresser dans le vestibule un immense sapin, que les domestiques agrémentaient de lanternes, de rubans, de jouets et de friandises! Avec quel émerveillement les enfants du village venaient se joindre à nous pour la
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veillée, et partager un goûter mémorable!
 
veillée, et partager un goûter mémorable!
 
 
Hélas, tout ce temps est bien loin! Je vais vivre un triste Noël et mes pensées seront mélancoliques. Néanmoins, au milieu de cette tristesse, il y a pour moi la joie de me savoir aimée. Je sais que, à Paris, vous pensez aussi à moi et que nos deux coeurs sont tendrement réunis.
 
Hélas, tout ce temps est bien loin! Je vais vivre un triste Noël et mes pensées seront mélancoliques. Néanmoins, au milieu de cette tristesse, il y a pour moi la joie de me savoir aimée. Je sais que, à Paris, vous pensez aussi à moi et que nos deux coeurs sont tendrement réunis.
 
 
Je suis à vous, passionnément,
 
Je suis à vous, passionnément,
 
 
EMII Il
 
EMII Il
 
 
==PARIS, LE ler JANVIER 1790==
 
==PARIS, LE ler JANVIER 1790==
 
Ma bien-aimée,
 
Ma bien-aimée,
 
 
J'aimerais tant que cette année fût celle de nos retrouvailles! Quelles étrennes pourrions-nous nous offrir, si ce n'est la promesse d'un amour toujours grandissant malgré l'éloignement?
 
J'aimerais tant que cette année fût celle de nos retrouvailles! Quelles étrennes pourrions-nous nous offrir, si ce n'est la promesse d'un amour toujours grandissant malgré l'éloignement?
 
 
A Paris, depuis la nationalisation des biens du Clergé, proposée par Talleyrand et votée par l'assemblée le 2 Novembre, la vie politique en France connaît une accalmie. Dans notre quartier, nous avons cependant des difficultés d'approvisionnement. Nous en sommes réduits à acheter des pommes de terre, ce "tubercule" dont le pharmacien Parmentier vante les mérites. Nous mangeons du hareng et de la morue séchée. A part cela, nous ne trouvons à Paris que des miches de pain noir. Quand nos amis ont l'occasion de quitter Paris pour se rendre à la campagne, ils nous ramènent des oeufs, des laitages, et surtout du bon pain blanc qui nous manque tant ici. Vous pensez bien quelle doit être la misère des petites gens, si nous-mêmes avons tout juste de quoi manger à notre faim!
 
A Paris, depuis la nationalisation des biens du Clergé, proposée par Talleyrand et votée par l'assemblée le 2 Novembre, la vie politique en France connaît une accalmie. Dans notre quartier, nous avons cependant des difficultés d'approvisionnement. Nous en sommes réduits à acheter des pommes de terre, ce "tubercule" dont le pharmacien Parmentier vante les mérites. Nous mangeons du hareng et de la morue séchée. A part cela, nous ne trouvons à Paris que des miches de pain noir. Quand nos amis ont l'occasion de quitter Paris pour se rendre à la campagne, ils nous ramènent des oeufs, des laitages, et surtout du bon pain blanc qui nous manque tant ici. Vous pensez bien quelle doit être la misère des petites gens, si nous-mêmes avons tout juste de quoi manger à notre faim!
 
 
Chère Emilie, quel tourment que l'absence! Je crains qu'il ne nous faille être courageux pour affronter les jours et les mois à venir. Je vous conjure de vous armer de patience. Que peut-il nous arriver, puisque notre amour nous protège? Je vous serre bien tendrement dans mes bras,
 
Chère Emilie, quel tourment que l'absence! Je crains qu'il ne nous faille être courageux pour affronter les jours et les mois à venir. Je vous conjure de vous armer de patience. Que peut-il nous arriver, puisque notre amour nous protège? Je vous serre bien tendrement dans mes bras,
 
 
H I F'Fc i YT E'
 
H I F'Fc i YT E'
 
 
==EASTBOURNE, LE 15 JANVIER 1790==
 
==EASTBOURNE, LE 15 JANVIER 1790==
 
Mon cher Hippolyte,
 
Mon cher Hippolyte,
 
 
En Angleterre, il court des bruits que nous ne pouvons pas ignorer. Les émigrés sont déjà nombreux et l'Assemblée craint qu'ils ne se liguent et ne
 
En Angleterre, il court des bruits que nous ne pouvons pas ignorer. Les émigrés sont déjà nombreux et l'Assemblée craint qu'ils ne se liguent et ne
forment une armée qui viendrait sauver le roi et reprendre le pouvoir, depuis
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Je forment une armée qui viendrait sauver le roi et reprendre le pouvoir, depuis
l'extérieur. Tout cela est-il vrai? Pensez-vous que les émigrés soient si
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ue ;'extérieur. Tout cela est-il vrai? Pensez-vous que les émigrés soient si
nombreux qu'on le dit?
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t' nombreux qu'on le dit?
 
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on J'ai lu récemment un rappel des dernières décisions de l'Assemblée. Le
J'ai lu récemment un rappel des dernières décisions de l'Assemblée. Le
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re veto suspensif pour la durée de deux législatures a été accordé au roi, et la es el
veto suspensif pour la durée de deux législatures a été accordé au roi, et la es el
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e Constitution, encore sous forme de projet, affirme que "le gouvernement français est monarchique". Mais notre roi a-t-il vraiment accepté, en son for intérieur, de devenir "Louis, par la grâce de Dieu et la Constitution de
e Constitution, encore sous forme de projet, affirme que "le gouvernement français est monarchique".  
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Mais notre roi a-t-il vraiment accepté, en son for intérieur, de devenir "Louis, par la grâce de Dieu et la Constitution de
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1'Etat, roi des Français" au lieu de "Roi de France et de Navarre"?
 
1'Etat, roi des Français" au lieu de "Roi de France et de Navarre"?
 
 
Cher Hippolyte, comment vous dire l'angoisse qui me prend certain soir de savoir qu'il se prépare en France quelque événement politique dont la hardiesse me fait peur par avance! Comme j'aimerais être auprès de vous dans ces moments difficiles! Je vous embrasse,
 
Cher Hippolyte, comment vous dire l'angoisse qui me prend certain soir de savoir qu'il se prépare en France quelque événement politique dont la hardiesse me fait peur par avance! Comme j'aimerais être auprès de vous dans ces moments difficiles! Je vous embrasse,
 
 
EMIL ILS
 
EMIL ILS
 
 
==PARIS, LE 2 FEVRIER 1790==
 
==PARIS, LE 2 FEVRIER 1790==
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,
 
 
En tant que membre du club des Jacobins, et parce que je proposais à l'Assemblée mes services comme secrétaire, je me suis vu confier une nouvelle charge. Il faut d'abord vous dire que, le 15 janvier dernier, l'Assemblée a pris la décision de diviser la France en quatre-vingt-trois départements. La plupart de ces départements correspondent aux limites des gouvernements. Le choix du chef-lieu a été souvent difficile. Par exemple, il y a rivalité entre Aix et Marseille, entre La Rochelle et Saintes. Or, le but de l'assemblée est d'instituer l'union des départements du royaume ainsi que leur égalité. Pour cela, elle a considéré comme nécessaire d'envoyer des émissaires dans toute la France, afin qu'ils informent les municipalités des décisions prises concernant les départements. C'est ainsi que je suis émissaire dans le département du Doubs. Je dois, là-bas, aider les maires des communes à l'appplication des lois. En chemin, je passerai par l'Ile de France et la Bourgogne. Je ne sais combien de temps me prendra ce périple, ni quelles difficultés je rencontrerai. Dans tous les cas, je pense faire mon possible pour me conduire en bon patriote.
 
En tant que membre du club des Jacobins, et parce que je proposais à l'Assemblée mes services comme secrétaire, je me suis vu confier une nouvelle charge. Il faut d'abord vous dire que, le 15 janvier dernier, l'Assemblée a pris la décision de diviser la France en quatre-vingt-trois départements. La plupart de ces départements correspondent aux limites des gouvernements. Le choix du chef-lieu a été souvent difficile. Par exemple, il y a rivalité entre Aix et Marseille, entre La Rochelle et Saintes. Or, le but de l'assemblée est d'instituer l'union des départements du royaume ainsi que leur égalité. Pour cela, elle a considéré comme nécessaire d'envoyer des émissaires dans toute la France, afin qu'ils informent les municipalités des décisions prises concernant les départements. C'est ainsi que je suis émissaire dans le département du Doubs. Je dois, là-bas, aider les maires des communes à l'appplication des lois. En chemin, je passerai par l'Ile de France et la Bourgogne. Je ne sais combien de temps me prendra ce périple, ni quelles difficultés je rencontrerai. Dans tous les cas, je pense faire mon possible pour me conduire en bon patriote.
 
 
A ce propos, savez-vous que j'ai dû troquer ma culotte de soie et mon habit de velours contre des habits de "patriote": pantalon de toile à rayures rouges, frac plus court, agrémenté de larges revers sur lesquels sont étalées les couleurs de la Nation. Je porte aussi un chapeau rond, orné de la cocarde bleue, blanche et rouge, d'après l'exemple que donna il y a quelques mois Camille Desmoulins. Sans doute ne me reconnaîtriez-vous pas sous cet accoutrement que tout le monde porte ici. Les femmes arborent quant à elles une robe blanche à rayures rouges, et portent une cocarde tricolore sur leurs bonnets...
 
A ce propos, savez-vous que j'ai dû troquer ma culotte de soie et mon habit de velours contre des habits de "patriote": pantalon de toile à rayures rouges, frac plus court, agrémenté de larges revers sur lesquels sont étalées les couleurs de la Nation. Je porte aussi un chapeau rond, orné de la cocarde bleue, blanche et rouge, d'après l'exemple que donna il y a quelques mois Camille Desmoulins. Sans doute ne me reconnaîtriez-vous pas sous cet accoutrement que tout le monde porte ici. Les femmes arborent quant à elles une robe blanche à rayures rouges, et portent une cocarde tricolore sur leurs bonnets...
  
 
Na tendre amie, je pars dès demain. J'espère pouvoir vous envoyer de temps en temps un petit mot. Je ne saurais trop vous conseiller de cesser de m'écrire durant quelques mois. S'il arrivait que votre lettre s'égarât et tombât entre de mauvaises mains, je ne me le pardonnerais pas. Nos vies seraient en danger. Vous savez que les émigrés sont mal considérés, et que l'on regarde d'un mauvais oeil ceux qui correspondent avec eux. Rassurez-vous: je sais que votre silence ne sera pas le signe d'un manque d'amour, mais la preuve de votre sagesse et de votre patience.
 
Na tendre amie, je pars dès demain. J'espère pouvoir vous envoyer de temps en temps un petit mot. Je ne saurais trop vous conseiller de cesser de m'écrire durant quelques mois. S'il arrivait que votre lettre s'égarât et tombât entre de mauvaises mains, je ne me le pardonnerais pas. Nos vies seraient en danger. Vous savez que les émigrés sont mal considérés, et que l'on regarde d'un mauvais oeil ceux qui correspondent avec eux. Rassurez-vous: je sais que votre silence ne sera pas le signe d'un manque d'amour, mais la preuve de votre sagesse et de votre patience.
 
Jamais vous ne m'avez été aussi chère, et, quelque chagrin que j'éprouve d'être séparé de vous, il n'y a pas de jour où je ne me félicite de vous savoir en sécurité en Angleterre.
 
Jamais vous ne m'avez été aussi chère, et, quelque chagrin que j'éprouve d'être séparé de vous, il n'y a pas de jour où je ne me félicite de vous savoir en sécurité en Angleterre.
 
 
Bien à vous, pour toujours,
 
Bien à vous, pour toujours,
 
 
III:PPc I YTJE
 
III:PPc I YTJE
 
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==BESANCON, LE 7 MARS 1790==
 
==BESANCON, LE 7 MARS 1790==
 
Chère Emilie,
 
Chère Emilie,

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