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Modification de Villes/Nice/Université populaire/CR/331 Mars - Dette, 5000 ans d'histoire, chapitre 4 et 5
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Ce que nous apporte l'analyse de Nietzche ici c'est que si on part du postulat que la pensée humaine est fondamentalement une question de calcul commercial, alors quand nous commençons à penser notre relation avec le cosmos, nous la concevons nécessairement en terme de dette. C'est en ça que la théorie de la dette primordiale est liée aux histoires imaginaires d'Adam Smith avec les primitifs jouant aux boutiquiers entre eux en troquant une flèche contre un peu de gibier. | Ce que nous apporte l'analyse de Nietzche ici c'est que si on part du postulat que la pensée humaine est fondamentalement une question de calcul commercial, alors quand nous commençons à penser notre relation avec le cosmos, nous la concevons nécessairement en terme de dette. C'est en ça que la théorie de la dette primordiale est liée aux histoires imaginaires d'Adam Smith avec les primitifs jouant aux boutiquiers entre eux en troquant une flèche contre un peu de gibier. | ||
− | Mais Nietzche facilite aussi la compréhension de la notion de rédemption qu'on retrouve à travers la plupart des grandes religions. La raison est en fait que ces religions sont nées au milieu d'intenses polémiques sur le rôle de la monnaie et du marché dans la vie humaine. Il est difficile de retrouver le contexte de ces polémiques et d'interpréter correctement les allusions des textes de l'époque. Dans la bible par exemple, les mots hébreux 'padah' et 'goal' sont traduits par rédemption, et ils pouvaient désigner le rachat de quelque chose qu'on a vendu, ou la récupération d'un objet détenu en gage par des créanciers. | + | Mais Nietzche facilite aussi la compréhension de la notion de rédemption qu'on retrouve à travers la plupart des grandes religions. La raison est en fait que ces religions sont nées au milieu d'intenses polémiques sur le rôle de la monnaie et du marché dans la vie humaine. Il est difficile de retrouver le contexte de ces polémiques et d'interpréter correctement les allusions des textes de l'époque. Dans la bible par exemple, les mots hébreux 'padah' et 'goal' sont traduits par rédemption, et ils pouvaient désigner le rachat de quelque chose qu'on a vendu, ou la récupération d'un objet détenu en gage par des créanciers. Il semblerait que ce soit surtout la rédemption des gages, et surtout des membres de la famille détenus en gage pour dettes qui ait été dans l'esprit des prophètes de l'époque. |
− | A l'époque | + | A l'époque les royaumes hébreux commençaient à développer des crises comme celles de Mésopotamie où les paysans finissaient en péonage parce qu'ils ne pouvaient pas rembourser leurs dettes, leurs enfants devaient alors aller servir de domestiques chez les créanciers fortunés. |
Le livre de Néhémie extrait de la bible nous l'explicite un peu (Néhémie était devenu gouverneur de sa Judée natale en 444 av JC): | Le livre de Néhémie extrait de la bible nous l'explicite un peu (Néhémie était devenu gouverneur de sa Judée natale en 444 av JC): | ||
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===Chapitre 5 : Bref traité sur les fondements moraux des relations économiques=== | ===Chapitre 5 : Bref traité sur les fondements moraux des relations économiques=== | ||
− | Comme pour les grandes religions qui, malgré le fait d'être des adversaires résolus de la dette, finissent par intégrer la logique comptable et quantifiée du marché dans leur critique, les théories des sciences sociales contemporaines sur les différentes formes d'obligation qui existent entre les hommes sont pour la plupart biaisées. Elles semblent intégrer systématiquement que la réciprocité et donc l'échange sont au fond la base de toutes les relations. | + | Comme pour les grandes religions qui, malgré le fait d'être des adversaires résolus de la dette, finissent par intégrer la logique comptable et quantifiée du marché dans leur critique, les théories des sciences sociales contemporaines sur les différentes formes d'obligation qui existent entre les hommes sont pour la plupart biaisées. Elles semblent intégrer systématiquement que la réciprocité et donc l'échange sont au fond la la base de toutes les relations. |
Même quand on examine les mécanismes de don au sujet desquels il y a une importante littérature (Marcel Mauss etc.), on en parle presque toujours en terme d'échanges de don, en postulant que l'acte crée une dette et que le receveur du don devra finir par rendre le don. | Même quand on examine les mécanismes de don au sujet desquels il y a une importante littérature (Marcel Mauss etc.), on en parle presque toujours en terme d'échanges de don, en postulant que l'acte crée une dette et que le receveur du don devra finir par rendre le don. | ||
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Ce que Graeber appelle le communisme n'a rien à voir avec l'URSS, ni même avec la mise en commun des outils de production ou d'un code juridique particulier de propriété. C'est plutôt une histoire de relations morales entre individus, relations qui obéissent à l'adage "de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins" (phrase célèbre que Marx avait sortie dans sa critique du programme de Gotha qui était trop grossièrement égalitariste à ses yeux). | Ce que Graeber appelle le communisme n'a rien à voir avec l'URSS, ni même avec la mise en commun des outils de production ou d'un code juridique particulier de propriété. C'est plutôt une histoire de relations morales entre individus, relations qui obéissent à l'adage "de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins" (phrase célèbre que Marx avait sortie dans sa critique du programme de Gotha qui était trop grossièrement égalitariste à ses yeux). | ||
− | Quand une canalisation est rompue par exemple, et que quelqu'un dit "passe-moi la clé anglaise", en général le collègue ne répondra pas "j'ai quoi en échange ?". Il va juste passer la clé anglaise sans comptabiliser son geste pour que l'autre lui rendre la pareille le même nombre de fois. Et ça c'est vrai même si les deux travaillent pour ExxonMobil, Burger King ou GoldMan Sachs. La plupart des entreprises capitalistes adoptent le communisme comme mode de fonctionnement interne, et de plus en plus dernièrement. Plus les | + | Quand une canalisation est rompue par exemple, et que quelqu'un dit "passe-moi la clé anglaise", en général le collègue ne répondra pas "j'ai quoi en échange ?". Il va juste passer la clé anglaise sans comptabiliser son geste pour que l'autre lui rendre la pareille le même nombre de fois. Et ça c'est vrai même si les deux travaillent pour ExxonMobil, Burger King ou GoldMan Sachs. La plupart des entreprises capitalistes adoptent le communisme comme mode de fonctionnement interne, et de plus en plus dernièrement. Plus les employeurs doivent improviser et plus les laisser s'organiser de manière horizontale est efficace, alors que les structures hiérarchiques verticales provoquent la stupidité en haut, et l’inertie et la rancœur en bas. On peut mettre ça en lien avec ce dont on avait parlé au sujet du capitalisme cognitif qui pousse les entreprises à devenir plus horizontales et plus communistes pour des raisons d'efficacité pratiques. |
Le communisme est en fait le socle de base de toute société, sur lequel tout le reste repose. C'est ça qui rend les relations simples de tous les jours possibles. Une simple cigarette demandée à un confrère fumeur (qui imaginerait la payer en liquide ?), ou même une information qu'on demande à un passant qui nous la donne (il pourrait aussi nous ignorer ou nous mentir après tout) est une forme de relation communiste. | Le communisme est en fait le socle de base de toute société, sur lequel tout le reste repose. C'est ça qui rend les relations simples de tous les jours possibles. Une simple cigarette demandée à un confrère fumeur (qui imaginerait la payer en liquide ?), ou même une information qu'on demande à un passant qui nous la donne (il pourrait aussi nous ignorer ou nous mentir après tout) est une forme de relation communiste. | ||
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Contrairement au communisme qui participe d'une certaine éternité, les relations d'échange peuvent être annulés à tout moment par l'une des deux parties : il suffit qu'elle donne autant qu'elle avait reçue et la relation est terminée. | Contrairement au communisme qui participe d'une certaine éternité, les relations d'échange peuvent être annulés à tout moment par l'une des deux parties : il suffit qu'elle donne autant qu'elle avait reçue et la relation est terminée. | ||
− | Il existe deux types d'échanges | + | Il existe deux types d'échanges : l'échange commercial où les deux parties ne s'intéressent qu'à la valeur des choses échangés en essayant d'en tirer la transaction la plus avantageuse possible pour eux et donc la plus désavantageuse possible pour l'autre (d'ailleurs c'est pour ça que David Graeber disait dans le chapitre du troc que les transactions commerciales généralisées mèneraient les gens à s'entretuer si il n'y avait pas l'arsenal policier et juridique que nous avons aujourd'hui, c'est pour ça qu'avant la monnaie il n'y avait pas de troc, ceux des sauvages qui ont commencé à pratiquer abondamment le troc ont du être éliminés par la sélection naturelle et n'ont du coup jamais vraiment existé). |
Et puis il y a l'échange de dons qui permet de reconfigurer les relations sociales par des cadeaux. Dans le cas des dons la compétition fonctionne en général en sens inverse, c'est-à-dire qu'on cherche à montrer qui donne le plus dans un concours de générosité. | Et puis il y a l'échange de dons qui permet de reconfigurer les relations sociales par des cadeaux. Dans le cas des dons la compétition fonctionne en général en sens inverse, c'est-à-dire qu'on cherche à montrer qui donne le plus dans un concours de générosité. | ||
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==Discussion== | ==Discussion== | ||
− | + | Ca arrive aussi :D (après l'atelier) | |
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