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Modification de Villes/Nice/Université populaire/CR/527 mars - L'anti-violence selon Etienne Balibar (2)

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==Son de l'atelier==
 
==Son de l'atelier==
https://www.youtube.com/watch?v=waIGzyi46gc
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A venir après l'atelier.
  
 
==Présentation==
 
==Présentation==
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#* et puis ce que Marx avait appelé l'achèvement de la "Soumission réelle" du travail au capital : <br />Citation de Balibar : "dans la forme d'une incorporation de la consommation, de la santé, de l'éducation, de la vie affective, et généralement des fonctions de "formation" et "d'individuation" de l'être humain, au circuit d'accumulation du capital financier - ce que les économistes néolibéraux appellent l'émergence du "capital humain""
 
#* et puis ce que Marx avait appelé l'achèvement de la "Soumission réelle" du travail au capital : <br />Citation de Balibar : "dans la forme d'une incorporation de la consommation, de la santé, de l'éducation, de la vie affective, et généralement des fonctions de "formation" et "d'individuation" de l'être humain, au circuit d'accumulation du capital financier - ce que les économistes néolibéraux appellent l'émergence du "capital humain""
  
On peut donc dire sur ces deux versants de la cruauté que d'une certaine manière, dans le capitalisme contemporain, le capital se déplace de zone en zone pour tirer tout le profit qu'il peut, avant de l'abandonner totalement dévastée. Il détruit tant les humains, les civilisations dans leur diversité, que l’écosystème. Et c'est notamment ça (cette violence extrême ultra-objective) qui cristallise ensuite les identités désespérées (à travers des mécanismes complexes) engendrant le versant ultra-subjectif de la violence extrême.
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On peut donc dire sur ces deux versants de la cruauté que d'une certaine manière, dans le capitalisme contemporain, le capital se déplace de zone en zone pour tirer tout le profit qu'il peut, avant de l'abandonner totalement dévastée. Il détruit tant les humains, les civilisations dans leur diversité, que l’écosystème. Et c'est notamment ça (cette violence extrême ultra-objective) qui cristallise ensuite les identités désespérées engendrant le versant ultra-subjectif de la violence extrême.
  
 
[remarque personnelle : De manière générale Etienne Balibar est très mesuré. A chaque fois qu'il dit quelque chose, il s'empresse de le tempérer en pointant que ce n'est pas le seul aspect, que ça ne s'applique pas entièrement, que ça n'explique pas tout non plus, que tirer les choses au clair est compliqué etc.]
 
[remarque personnelle : De manière générale Etienne Balibar est très mesuré. A chaque fois qu'il dit quelque chose, il s'empresse de le tempérer en pointant que ce n'est pas le seul aspect, que ça ne s'applique pas entièrement, que ça n'explique pas tout non plus, que tirer les choses au clair est compliqué etc.]
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===La civilité face à la violence extrême===
 
===La civilité face à la violence extrême===
  
La civilité est constituée des moments où l'extrême violence est repoussée ou redirigée vers autre chose, où les sujets réussissent à se réinventer comme sujets politiques pour l'éviter. On ne peut vraiment repérer ces moments avec certitude que rétrospectivement en disant "Il y a eu là de la civilité, l'extrême violence aurait pu submerger les acteurs mais elle a été contenue" (oui parce que si tout se passe bien, on ne sait pas vraiment si c'est de la civilité ou si c'était le cours normal des choses sans risque de violence extrême à ce moment). Et du coup si on se trouve dans une période d'extrême violence ou de possible extrême violence qui arrive, il ne faut pas simplement chercher la paix ou la réconciliation. Il faut chercher des formes de politique nouvelles qui "auront permis" de dissiper l'extrême violence quand on regardera notre situation depuis le futur.<br />Il y a donc une sorte de cercle d'introspection et d'anticipation dans le fait de chercher des moments de civilité. Avec cette technique on peut plus facilement repérer des moments de civilité dans l'histoire comme par exemple les luttes de classe du 20ème siècle qui ont permis des conquêtes sociales, et dont on comprend mieux l'ampleur maintenant que les politiques néolibérales s'y attaquent.
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La civilité est constituée des moments où l'extrême violence est repoussée ou redirigée vers autre chose, où les sujets réussissent à se réinventer comme sujets politiques pour l'éviter. On ne peut vraiment repérer ces moments avec certitude que rétrospectivement en disant "Il y a eu là de la civilité, l'extrême violence aurait pu submerger les acteurs mais elle a été contenue". Et du coup si on se trouve dans une période d'extrême violence il ne faut pas simplement chercher la paix ou la réconciliation. Il faut chercher des formes de politique nouvelles qui "auront permis" de dissiper l'extrême violence quand on regardera notre situation depuis le futur.<br />Il y a donc une sorte de cercle d'introspection et d'anticipation dans le fait de chercher des moments de civilité. Avec cette technique on peut plus facilement repérer des moments de civilité dans l'histoire comme par exemple les luttes de classe du 20ème siècle qui ont permis des conquêtes sociales, et dont on comprend mieux l'ampleur maintenant que les politiques néolibérales s'y attaquent.
  
 
Etienne Balibar esquisse un début de méthode pour engager des actions de civilité : il propose de s'attaquer au cœur de ce qui caractérise l'extrême violence :
 
Etienne Balibar esquisse un début de méthode pour engager des actions de civilité : il propose de s'attaquer au cœur de ce qui caractérise l'extrême violence :
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Il a assez vite été critique envers le "sens de l'historie" de Marx, où le capitalisme devait laisser logiquement place au communisme comme le féodalisme a laissé place au capitalisme, de manière inéluctable. Au contraire pour Balibar de plus en plus, rien n'est certain. Le capitalisme peut dévaster telle zone, puis changer pour aller en dévaster une autre, pour revenir quand la première commence à repartir etc..<br />C'est tout le contraire d'un Bernard Friot par exemple qui pense dans l'idée de Marx que la révolution est en cours, et que malgré les reculs comme celui qu'on vit depuis 30 ans, globalement si on regarde sur plusieurs siècles on est sur une pente clairement ascendante, et un retour en arrière est inenvisageable. Balibar au contraire imagine très bien un retour en arrière total, qu'on puisse tout perdre y compris en europe retourner à l'état social des pays du tiers monde.
 
Il a assez vite été critique envers le "sens de l'historie" de Marx, où le capitalisme devait laisser logiquement place au communisme comme le féodalisme a laissé place au capitalisme, de manière inéluctable. Au contraire pour Balibar de plus en plus, rien n'est certain. Le capitalisme peut dévaster telle zone, puis changer pour aller en dévaster une autre, pour revenir quand la première commence à repartir etc..<br />C'est tout le contraire d'un Bernard Friot par exemple qui pense dans l'idée de Marx que la révolution est en cours, et que malgré les reculs comme celui qu'on vit depuis 30 ans, globalement si on regarde sur plusieurs siècles on est sur une pente clairement ascendante, et un retour en arrière est inenvisageable. Balibar au contraire imagine très bien un retour en arrière total, qu'on puisse tout perdre y compris en europe retourner à l'état social des pays du tiers monde.
  
On peut aussi noter qu'Etienne Balibar a toujours soutenu une vision internationaliste, c'est ce qui l'intéressait principalement dans le communisme (d'ailleurs il préfère le mot cosmopolitisme à internationalisme). C'est pour cette raison qu'il a été un soutien à l'union européenne depuis longtemps, parce qu'il pense qu'il faut un cadre pour une citoyenneté européenne, et même mondiale, sans bien sûr aller jusqu'à remplacer le cadre national. (Cela dit il a commencé à changer d'avis récemment sur l'UE, vu sa nature néolibérale et de plus en plus autoritaire dans laquelle elle s'enfonce chaque jour un peu plus)
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On peut aussi noter qu'Etienne Balibar a toujours soutenu une vision internationaliste, c'est ce qui l'intéressait principalement dans le communisme (d'ailleurs il préfère le mot cosmopolitisme à internationalisme). C'est pour cette raison qu'il a été un soutien à l'union européenne , parce qu'il pense qu'il faut un cadre pour une citoyenneté européenne, et même mondiale, sans bien sûr aller jusqu'à remplacer le cadre national. (Cela dit il a commencé à changer d'avis récemment sur l'UE, vu sa nature néolibérale et de plus en plus autoritaire dans laquelle elle s'enfonce chaque jour un peu plus)
  
 
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Il faut bien distinguer ici le concept d'anti-violence (ou civilité) qui est le fait de repousser le plus possible la violence extrême, et l'opposition non-violence/contre-violence. L'anti-violence est la plupart du temps non-violente, mais elle peut être aussi une contre-violence si la situation l'exige. Par exemple quand un militant non violent avait voulu assassiner Hitler, il avait conscience que c'était de la contre-violence et non pas de la non-violence, mais il était bien dans une action anti-violente quand même, parce que ne pas assassiner Hitler donnait lieu à une violence extrême bien plus grande que l'assassiner.
 
Il faut bien distinguer ici le concept d'anti-violence (ou civilité) qui est le fait de repousser le plus possible la violence extrême, et l'opposition non-violence/contre-violence. L'anti-violence est la plupart du temps non-violente, mais elle peut être aussi une contre-violence si la situation l'exige. Par exemple quand un militant non violent avait voulu assassiner Hitler, il avait conscience que c'était de la contre-violence et non pas de la non-violence, mais il était bien dans une action anti-violente quand même, parce que ne pas assassiner Hitler donnait lieu à une violence extrême bien plus grande que l'assassiner.
  
Dans ce même ordre d'idée Ahmet Insel parle de groupes kurdes emprisonnés en Turquie, qui dans les années 2000 ont procédé à des suicides à tour de rôle en se privant de nourriture, pour obtenir des revendications victimaires pour les Kurdes. A chaque fois qu'un camarade mourrait dans sa cellule, un autre prisonnier allait le remplacer, sans jamais céder tant que leur cause ne serait pas entendue ou tant que tous les membres du groupe n'auraient pas donné leur vie. Plusieurs dizaines de personnes sont mortes comme ça tour à tour... Pour Ahmet Insel il s'agit là d'un comportement non-violent pour autrui certes puisqu'on ne fait du mal qu'à soi-même en ne mangeant pas (comme le faisait Gandhi dans son chantage à la grève de la faim), mais là on va encore un cran au delà puisqu'on est enrôlé dans un processus où on attend de nous qu'on donne notre vie pour un principe victimaire qui se retrouve sacralisé et jamais mis en discussion jusqu'à la victoire ou la mort. Comme nos camarades ont déjà donné leur vie on ne peut rembourser cette dette que par le don de notre propre vie, donc on est hors du champ de la réflexion, on n'est plus un sujet politique. On est dans l'extrême violence. Une extrême violence... qui s’inscrit dans le cadre d'une action non-violente !
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Dans ce même ordre d'idée Ahmet Insel parle de groupes kurdes emprisonnés en Turquie, qui dans les années 2000 ont procédé à des suicides à tour de rôle en se privant de nourriture, pour obtenir des revendications victimaires pour les Kurdes. A chaque fois qu'un camarade mourrait dans sa cellule, un autre prisonnier allait le remplacer, sans jamais céder tant que leur cause ne serait pas entendue ou tant que tous les membres du groupe n'auraient pas donné leur vie. Plusieurs dizaines de personnes sont mortes comme ça tour à tour... Pour Ahmet Insel il s'agit là d'un comportement non-violent pour autrui certes puisqu'on ne fait du mal qu'à soi-même (comme le faisait Gandhi dans son chantage à la grève de la faim), mais là on va encore un cran au delà puisqu'on est enrôlé dans un processus où on attend de nous qu'on donne notre vie pour un principe victimaire qui se retrouve sacralisé et jamais mis en discussion jusqu'à la victoire ou la mort. Comme nos camarades ont déjà donné leur vie on ne peut rembourser cette dette que par le don de notre propre vie, donc on est hors du champ de la réflexion, on n'est plus un sujet politique. On est dans l'extrême violence. Une extrême violence... qui s’inscrit dans le cadre d'une action non-violente !
  
 
On a donc les concepts opposés de non-violence vs contre-violence d'un côté, et anti-violence (ou civilité) vs extrême violence (ou cruauté) de l'autre. Et ces notions peuvent parfois se croiser. C'est en ça que l'anti-violence n'est pas la non-violence comme on l'entend classiquement en pensant à Gandhi.
 
On a donc les concepts opposés de non-violence vs contre-violence d'un côté, et anti-violence (ou civilité) vs extrême violence (ou cruauté) de l'autre. Et ces notions peuvent parfois se croiser. C'est en ça que l'anti-violence n'est pas la non-violence comme on l'entend classiquement en pensant à Gandhi.
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Et donc il pense que la police est en un sens nécessaire. Même si il ne se fait pas d'illusion sur la capacité des citoyens à contrôler "démocratiquement" la police, il pense qu'ils ont quand même certains leviers d'action pour éviter les dérives. Pour lui la police est typiquement une institution issue du monde autoritaire qu'il faut en priorité lutter pour contrôler démocratiquement, de même que les frontières pour prendre un autre exemple.
 
Et donc il pense que la police est en un sens nécessaire. Même si il ne se fait pas d'illusion sur la capacité des citoyens à contrôler "démocratiquement" la police, il pense qu'ils ont quand même certains leviers d'action pour éviter les dérives. Pour lui la police est typiquement une institution issue du monde autoritaire qu'il faut en priorité lutter pour contrôler démocratiquement, de même que les frontières pour prendre un autre exemple.
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====Sur la démocratie====
  
 
==Discussion==
 
==Discussion==
A remplir à partir de l'audio.
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A venir après l'atelier.

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