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Histoire des mouvements sociaux

De NuitDebout
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L'impact de Nuit Debout dans notre société est réel: il cherche à modifier la façon de faire la politique en France. Les assemblées populaires qui se déroulent dans de multiples villes de France démontrent bien le raz le bol général du peuple. A une époque de déréglementation poussée à l'extrême, de mise en danger de nos droits sociaux et civiques, nous vous proposons de revenir sur les mouvements sociaux de nos ancêtres dans le cadre du mouvement Nuit Debout. Le poids de l'histoire est important: l'objectif de cette page est de relater, d'expliquer les différents mouvements sociaux de notre société, sans limite géographique, de façon à tirer les leçons des échecs, et à s'unir dans la convergence des luttes pour construire la société que nous voulons.

N'hésitez pas à nous faire parvenir vos idées (périodes, mouvements de grève, pays etc) pour tenter d'enrichir cette page de l'expérience générale.


- ARTICLE 1er - 13 juillet 1906: loi du repos dominical, FRANCE

Chers camarades !

Oui, la France, fût un temps, légiférait des lois dans l'intérêt dans travailleurs. Le premier article de cette page dédiée à l'histoire des mouvements sociaux concerne la loi de 1906 sur la question du repos dominical. Question d'autant plus d'actualité que le gouvernement de Manuel Valls s'en est déjà pris à ce droit social incontestable.


Il serait naïf de penser que le gouvernement français de 1906, sous la présidence d'Armand Fallières, ait voter cette loi sans un fort appel du peuple. En effet, cette loi découle de « la catastrophe de Courrières ». Cet accident survient le 10 mars 1906 : une mine de charbon du Pas-de-Calais proche de la ville de Courrières, est victime d'une explosion de grisou (un gaz invisible, principalement composé de méthane). Malgré l'avertissement, quelques jours auparavant, lancé par certains mineurs sur la présence de ce gaz dans les mines, la compagnie n'en tient pas compte et le 10 mars 1906, un « coup de poussière » (explosion extrêmement violente d'un ensemble de fines particules de poussières de carbone hautement inflammables présent durant l'exploitation des mines de charbon) parcoure 110km de la galerie minière en moins de deux minutes. Le chiffre officiel des victime s'élève à 1099, mais on estime entre 1100 et 1200 le nombre de mineurs restés ensevelis sur les 1800 descendus le matin.

Cette « catastrophe de Courrières » est très rapidement médiatisée, et les secours se mettent en place pour sauver ceux qui peuvent l'être. De son côté, la compagnie minière hâte les opérations de sauvetage pour relancer la production. C'en est trop pour les « gueules noires » du bassin minier, multipliant les appels à la grève : la journée du 16 mars compte 45 000 mineurs grévistes en France. La colère des mineurs monte à tel point que le tout nouveau ministre de l'intérieur, un certain Georges Clémenceau, après s'être rendu sur les lieux le 17 mars 1906 pour demander un retour au calme et le respect de la liberté de travail, fait envoyer sur place la cavalerie et l'armée (environ 20 000 hommes). Après de multiples contestations dans toute la France, dans de nombreuses mines, un compromis est imposé, et le travail reprend dans la morosité les jours qui suivent le 1er mai. Le gouvernement assure alors aux mineurs des augmentations salariales modérées, l'absence de discrimination lors des recrutements et de l'attribution de logement sur des critères confessionnels, syndicaux ou politiques, ainsi que la fixation de l'âge minimal de l'embauche à douze ans. Mais les licenciements s'abattent sur les grévistes les plus engagés.

La grève de Courrières a aussi des répercussions politiques à échelle nationale. A plusieurs reprises, des députés socialistes réclament la nationalisation. Dès le 14 mars, Alexandre Zévaes (député socialiste), déclare : "Tant que les mines continueront, en vertu de lois monarchiques, à être concédées à des compagnies financières ; tant que la République n'aura pas repris à la spéculation une propriété d'un caractère aussi national que le sous-sol minier ; tant que les mines, en un mot, n'auront pas été nationalisées, nous pourrons, étant donné l'âpreté aux dividendes des compagnies minières, avoir à déplorer d'aussi effroyables catastrophes dues à la négligence et à la cupidité de leurs administrations." . Cette citation s'appliquerait presque mot pour mot à nous aujourd'hui...La nationalisation de la compagnie de Courrières n'a lieu pourtant qu'après la Seconde Guerre Mondiale.

Le 20 mai 1906 ont lieu les élections législatives françaises : la gauche est élue sans difficulté, c'est une victoire écrasante. La loi sur le repos dominical, la « loi Sarrien » est votée le 13 juillet 1906 par une assemblée anticléricale et républicaine : elle instaure le repos dominical pour les ouvriers et les employés (avec des exceptions comme pour les ouvriers agricoles ou les domestiques). Ces exceptions de travailleurs concernant le travail dominical sont éliminées seulement en 1919 après le premier conflit mondial. L'arrivée de Clémenceau à la tête du gouvernement en octobre 1906 marque la création du Ministère du Travail et de la Prévoyance Sociale : c'est une entrée en force de la question sociale dans les préoccupations du Parlement et du gouvernement, jusque là plus soucieux des conséquences de la loi sur la séparation avec l'Eglise que des conditions sociales des travailleurs.


Il convient de noter l'importance sociale de cette loi dans la société française de l'époque. Malgré cela, il s'agit d'en nuancer la portée. En effet, plusieurs autres lois font l'objet du repos dominical : les lois de 1852, 1874, 1892 et 1900, sont consacrées respectivement au travail des fonctionnaires, des enfants, des femmes et des salariés, et posent la règle du repos dominical. Cependant, la loi de 1906 permet à la question sociale d'entrer de plein pied dans les préoccupations gouvernementales et parlementaires, une question sociale générale, et pas simplement destinée à quelques uns. Le principe de cette loi est également important, du fait que le repos dominical constitue une restriction du principe de liberté de commerce et de l'industrie, au profit de la santé et du bien-être public ; il serait intéressant de rappeler ce principe socialiste établit par nos pairs, au gouvernement de M. Valls qui ne semble pas prendre conscience de l'impact du travail quotidien dans la vie des Français.

Quelle leçon tirer de l'expérience de Courrières et de la loi de 1906 relatés dans cet article ? Camarades, n'attendez pas que le sang coule pour lutter dans l'intérêt de vos droits. Trop de fois dans l'histoire, la violence a été nécessaire pour que le peuple s'unisse et se soulève, pour combattre et acquérir plus de droits sociaux. Vous avez le pouvoir.

(Détail de la loi de 1906)


Le 18 avril 2016,


Socialistement,

Z.