Histoire des mouvements sociaux

From NuitDebout
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L'impact de Nuit Debout dans notre société est réel: il cherche à modifier la façon de faire la politique en France. Les assemblées populaires qui se déroulent dans de multiples villes de France démontrent bien le ras le bol général du peuple. A une époque de déréglementation poussée à l'extrême, de mise en danger de nos droits sociaux et civiques, nous vous proposons de revenir sur les mouvements sociaux dont nous héritons dans le cadre du mouvement Nuit Debout. Le poids de l'histoire est important: l'objectif de cette page est de relater, d'expliquer les différents mouvements sociaux de notre société, sans limite géographique, de façon à tirer les leçons des échecs, et à s'unir dans la convergence des luttes pour construire la société que nous voulons. L'idée de cette série d'articles n'est pas d'apporter une explication historique - les manuels et ouvrages de nombreux universitaires sont là pour ça. Il s'agit d'essayer de mettre en perspective les événements du passé et ceux que nous vivons actuellement; de façon à peut-être mieux appréhender la lutte dans laquelle une partie des Français se sont lancés, et à anticiper les réactions des politiques, des médias ; en un mot : éviter que le mouvement Nuit Debout tombent aux mains de gens qui ne se battent pas pour l'intérêt général.

N'hésitez pas à nous faire parvenir vos idées (périodes, mouvements de grève, pays, etc.) pour tenter d'enrichir cette page de l'expérience générale. Chaque nouvel article publié sera posté en tête de page.



Table des matières :[edit | edit source]

-Article 1 : la loi sur le repos dominical du 13 juillet 1906, FRANCE

-Article 2: Les mouvements contemporains #1: le mouvement du 15M ou "Les Indignés"

ARTICLE 2 : LES MOUVEMENTS CONTEMPORAINS #1 : Le mouvement 15M - ESPAGNE[edit | edit source]

Chers camarades !


Le 15 mai prochain, le mouvement du 15M fête son cinquième anniversaire. Surtout connu sous le nom « Les Indignés » donné par les médias espagnols qui se réfèrent à l'essai de Stéphane Hessel Indignez-vous !, ce rassemblement populaire marque un changement d'ordre mondial dans la façon de voir, d'appréhender, de faire la politique : c'est une nouvelle forme de contester qui apparaît. Il me semblait évident de traiter ce sujet, compte tenu des nombreuses ressemblances avec le mouvement Nuit Debout que nous vivons actuellement. Cet article traite principalement du mouvement espagnol, malgré la forte diffusion mondiale des revendications défendues par le mouvement. D'autres articles feront l'objet d'autres impulsions populaires inspirées du 15M, tel que Occupy.


I) La naissance du mouvement

Le mouvement des Indignés né donc en Espagne. L'influence de l'essai de Stéphane Hessel n'est pas à négliger : en effet, cet ancien résistant de la seconde guerre mondiale publie en 2010, Indignez-vous !. Dans cet essai, l'auteur lance l'idée selon laquelle, ce qui différencie l'humain des autres espèces animales est la capacité d'indignation, qui est à l'origine de la volonté de résistance. Cet essai reçoit un fort écho en Espagne lors de sa publication. Plusieurs manifestations contre le gouvernement et des contestations dénonçant les mécanismes de la crise espagnole, s'organisent dans le pays avant les élections municipales prévues pour le 22 mai 2011. Un appel à manifester le 15 mai est lancé dans 58 villes, la volonté d'en finir avec la « dictature des marchés », avec une fausse démocratie, d'en finir également avec le bipartisme politique que connaît l'Espagne, devant choisir entre le Parti Populaire (PP) et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE). L'appel du 15 mai rassemble des gens de tout horizon : les générations se mélangent, les idées politiques aussi, et la manifestation compte entre 20 000 et 25 000 participants. Dans les premiers jours du mouvement, libéraux, anarchistes, communistes, social-démocrates se rassemblent pour manifester ensemble leur opposition à la politique espagnole et contre les abus que le système politique laisse faire, voire encourage. Après la manifestation du 15 mai, un petit groupe de personne souhaite poursuivre l'action et rester camper pour la nuit, sur la place de la Puerta del Sol à Madrid. Suivi par plusieurs autres manifestants, un campement s'installe donc sur la place publique espagnole, avec l'espoir que ce mouvement perdure : le premier soir, ils sont environ 200 personnes.

L'idée première de cette contestation originale et non violente est d'occuper la place jusqu'aux élections municipales du 22 mai. Une organisation se met en place petit à petit, des commissions de travail également. Le mouvement voit de nombreux citoyens apporter leur aide (dentistes, électriciens) pour de meilleures conditions de rassemblement : c'est un véritable élan populaire, un réveil de la base. L'occupation de la Puerta del Sol est de plus en plus important au fil des jours, le nombre d'occupants croît de façon considérable. Malgré les tentatives de la police espagnole de déloger les manifestants, ceux-ci ne cessent de relancer les appels à la mobilisation, constituant une assemblée générale dans laquelle tout le monde a sa place. Le mouvement se propage rapidement dans les autres villes d'Espagne, et à plus grande échelle en Europe.


II) La diffusion du mouvement

Après l'occupation de la Puerta del Sol, le mouvement décide de continuer son action assembléiste dans les quartiers, avec l'idée que si les choses de la vie quotidienne doivent changer, il faut commencer à se battre dans les localités, espaces du quotidien par excellence. Le 28 mai 2011, une centaines d'assemblées ont lieu à Madrid, et le 29 mai, la Puerta del Sol voit les portes-paroles de chacune des assemblées de quartiers s'exprimer devant l'assemblée générale du 15 mai. La violence policière est également un élément de la forte diffusion du mouvement : le 27 mai, les 400 Indignés de Barcelone se voient déloger violemment par la police espagnole. Cette opposition entre la violence policière et le pacifisme défendu par le 15M, a pour conséquence d'élargir le champ des manifestants, accroissant de fait la compassion et le sentiment d'indignation décrit dans l'ouvrage de Stéphane Hessel, essai extrêmement édité et lu en Espagne pendant cette période. Le 12 juin, le campement de la Puerta del Sol est démantelé. L'idée est de diffuser le mouvement hors du centre ville de la capitale, voire hors des frontières espagnoles. Un appel mondial est lancé, qui reçoit un fort écho, notamment en Angleterre, en France, au Portugal, en Belgique, ou encore en Grèce.


III) Les revendications du mouvement

De nombreux médias font passer l'idée que le mouvement du 15M n'a pas de programme, façon de décrédibiliser les efforts fournis par les manifestants. Pourtant, même si leurs revendications sont plus larges qu'à l'accoutumée, les Indignés ont de nombreuses propositions : la lutte contre l'austérité, la corruption, le système économique, changer le système politique etc : en résumé, créer une véritable démocratie où le peuple a son mot à dire. Cette idée d'en finir avec la société de consommation excessive pour « changer le monde » est le mouvement social le plus important que connaît l'Espagne depuis la chute de Franco en 1975. Les jeunes Espagnols n'ont jamais été aussi bien formés qu'alors : ils parlent anglais, maîtrisent l'informatique, sont nés pour la plupart dans ce système capitaliste-libéral, ils connaissent le système qui les entourent et servent des nouvelles technologies pour diffuser plus largement leurs idées, ce que commence à faire Nuit Debout avec la construction de sites internets, wiki etc. Ce qui fait l'originalité de ce mouvement, c'est aussi le refus de la récupération politique de ce rassemblement, à l'image de Nuit Debout aujourd'hui. Les Indignés ne souhaitent pas avoir de représentants politiques. Pourtant, en 2013, le « Parti X, Parti du futur » apparaît, se considérant comme une suite politique du mouvement du 15M. Ce nouveau parti politique prône la démocratie directe et défend le fait que chaque citoyen puisse participer à la rédaction législative. Encore aujourd'hui, ce parti reste majoritairement anonyme.


Le mouvement des Indignés doit être une expérience et un témoignage constructif pour Nuit Debout. En effet, il permet de comprendre que ce qui se passe en France aujourd'hui n'est absolument pas nouveau : la lutte contre le système a commencé bien avant Nuit Debout, le réveil d'une partie du peuple européen aussi. Nuit Debout permet de continuer l'action commencée par les Indignés, eux-mêmes fortement influencés par la révolution du Printemps Arabe qui sera traité dans un article ultérieur.

Le système des assemblées populaires occupant les places publiques n'a donc rien de nouveau en Europe. Et c'est loin d'être un détail ! Le mouvement en marche de Nuit Debout doit tenir compte des précédents mouvements tel que celui du 15M, pour faire en sorte que les idées et les contestations défendues dans ces assemblées sortent du cadre de Nuit Debout : le mouvement ne doit pas s'essouffler s'il souhaite prendre la place qui lui revient dans la politique européenne, et la diffusion des idées de Nuit Debout est primordiale pour réunir les populations d'horizons diverses, et montrer aux dirigeants politiques et aux multinationales que, même s'ils possèdent les richesses, c'est nous qui la produisons. Vive la convergence des luttes.


Le 50 mars 2016,

Socialistement,


Z.

- ARTICLE 1er - 13 juillet 1906: loi du repos dominical, FRANCE[edit | edit source]

Chers camarades !

Oui, la France, fût un temps, légiférait des lois dans l'intérêt dans travailleurs. Le premier article de cette page dédiée à l'histoire des mouvements sociaux concerne la loi de 1906 sur la question du repos dominical. Question d'autant plus d'actualité que le gouvernement de Manuel Valls s'en est déjà pris à ce droit social incontestable.


Il serait naïf de penser que le gouvernement français de 1906, sous la présidence d'Armand Fallières, ait voter cette loi sans un fort appel du peuple. En effet, cette loi découle de « la catastrophe de Courrières ». Cet accident survient le 10 mars 1906 : une mine de charbon du Pas-de-Calais proche de la ville de Courrières, est victime d'une explosion de grisou (un gaz invisible, principalement composé de méthane). Malgré l'avertissement, quelques jours auparavant, lancé par certains mineurs sur la présence de ce gaz dans les mines, la compagnie n'en tient pas compte et le 10 mars 1906, un « coup de poussière » (explosion extrêmement violente d'un ensemble de fines particules de poussières de carbone hautement inflammables présent durant l'exploitation des mines de charbon) parcoure 110km de la galerie minière en moins de deux minutes. Le chiffre officiel des victimes s'élève à 1099, mais on estime entre 1100 et 1200 le nombre de mineurs restés ensevelis sur les 1800 descendus le matin.

Cette « catastrophe de Courrières » est très rapidement médiatisée, et les secours se mettent en place pour sauver ceux qui peuvent l'être. De son côté, la compagnie minière hâte les opérations de sauvetage pour relancer la production. C'en est trop pour les « gueules noires » du bassin minier, multipliant les appels à la grève : la journée du 16 mars compte 45 000 mineurs grévistes en France. La colère des mineurs monte à tel point que le tout nouveau ministre de l'intérieur, un certain Georges Clémenceau, après s'être rendu sur les lieux le 17 mars 1906 pour demander un retour au calme et le respect de la liberté de travail, fait envoyer sur place la cavalerie et l'armée (environ 20 000 hommes). Après de multiples contestations dans toute la France, dans de nombreuses mines, un compromis est imposé, et le travail reprend dans la morosité les jours qui suivent le 1er mai. Le gouvernement assure alors aux mineurs des augmentations salariales modérées, l'absence de discrimination lors des recrutements et de l'attribution de logement sur des critères confessionnels, syndicaux ou politiques, ainsi que la fixation de l'âge minimal de l'embauche à douze ans. Mais les licenciements s'abattent sur les grévistes les plus engagés.

La grève de Courrières a aussi des répercussions politiques à échelle nationale. A plusieurs reprises, des députés socialistes réclament la nationalisation. Dès le 14 mars, Alexandre Zévaes (député socialiste), déclare : "Tant que les mines continueront, en vertu de lois monarchiques, à être concédées à des compagnies financières ; tant que la République n'aura pas repris à la spéculation une propriété d'un caractère aussi national que le sous-sol minier ; tant que les mines, en un mot, n'auront pas été nationalisées, nous pourrons, étant donné l'âpreté aux dividendes des compagnies minières, avoir à déplorer d'aussi effroyables catastrophes dues à la négligence et à la cupidité de leurs administrations." . Cette citation s'appliquerait presque mot pour mot à nous aujourd'hui...La nationalisation de la compagnie de Courrières n'a lieu pourtant qu'après la Seconde Guerre Mondiale.

Le 20 mai 1906 ont lieu les élections législatives françaises : la gauche est élue sans difficulté, c'est une victoire écrasante. La loi sur le repos dominical, la « loi Sarrien » est votée le 13 juillet 1906 par une assemblée anticléricale et républicaine : elle instaure le repos dominical pour les ouvriers et les employés (avec des exceptions comme pour les ouvriers agricoles ou les domestiques). Ces exceptions de travailleurs concernant le travail dominical sont éliminées seulement en 1919 après le premier conflit mondial. L'arrivée de Clémenceau à la tête du gouvernement en octobre 1906 marque la création du Ministère du Travail et de la Prévoyance Sociale : c'est une entrée en force de la question sociale dans les préoccupations du Parlement et du gouvernement, jusque là plus soucieux des conséquences de la loi sur la séparation avec l'Eglise que des conditions sociales des travailleurs.


Il convient de noter l'importance sociale de cette loi dans la société française de l'époque. Malgré cela, il s'agit d'en nuancer la portée. En effet, plusieurs autres lois font l'objet du repos dominical : les lois de 1852, 1874, 1892 et 1900, sont consacrées respectivement au travail des fonctionnaires, des enfants, des femmes et des salariés, et posent la règle du repos dominical. Cependant, la loi de 1906 permet à la question sociale d'entrer de plein pied dans les préoccupations gouvernementales et parlementaires, une question sociale générale, et pas simplement destinée à quelques uns. Le principe de cette loi est également important, du fait que le repos dominical constitue une restriction du principe de liberté de commerce et de l'industrie, au profit de la santé et du bien-être public ; il serait intéressant de rappeler ce principe socialiste établit par nos pairs, au gouvernement de M. Valls qui ne semble pas prendre conscience de l'impact du travail quotidien dans la vie des Français.

Quelle leçon tirer de l'expérience de Courrières et de la loi de 1906 relatés dans cet article ? Camarades, n'attendez pas que le sang coule pour lutter dans l'intérêt de vos droits. Trop de fois dans l'histoire, la violence a été nécessaire pour que le peuple s'unisse et se soulève, pour combattre et acquérir plus de droits sociaux. Vous avez le pouvoir.

(Détail de la loi de 1906)


Le 49 mars 2016,


Socialistement,

Z.