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Modification de Villes/Nice/Université populaire/CR/471 mars - Gandhi et la non violence en politique

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*Les années 46-47 sont des années d'émeute entre hindous et musulmans. Des milliers de personnes vont mourir. Ghandi se précipite à chaque fois sur place et entame une grève de la faim pour que les gens déposent les armes. Ca marche à chaque fois, jusqu'à Dahli où il est assassiné par un nationaliste hindou qui le trouvait trop modéré vis-à-vis des musulmans.<br />
 
*Les années 46-47 sont des années d'émeute entre hindous et musulmans. Des milliers de personnes vont mourir. Ghandi se précipite à chaque fois sur place et entame une grève de la faim pour que les gens déposent les armes. Ca marche à chaque fois, jusqu'à Dahli où il est assassiné par un nationaliste hindou qui le trouvait trop modéré vis-à-vis des musulmans.<br />
 
Il y avait en parallèle de Gandhi un autre mouvement qui se basait sur les mêmes références religieuses, et la personne qui l'a tué justifiait comme ça son assassinat, en disant que Gandhi et son action était un danger pour l'Inde, avec un Pakistan dangereux qui se formait à ses frontières.
 
Il y avait en parallèle de Gandhi un autre mouvement qui se basait sur les mêmes références religieuses, et la personne qui l'a tué justifiait comme ça son assassinat, en disant que Gandhi et son action était un danger pour l'Inde, avec un Pakistan dangereux qui se formait à ses frontières.
 
===Présentation de Gandhi sur le plan philosophique et idéologique===
 
La non-violence est un élément clé de la pensée gandhienne. Elle est tellement au cœur de celle-ci qu’on pourrait dire qu’elle fait le lien entre ses conceptions religieuses et ses idées politiques. Pour Gandhi, en effet, la religion ne doit pas être séparée de la politique, mais, bien au contraire, c’est elle qui doit guider toute action politique, sociale et économique. Même l’art doit faire penser à Dieu sous peine de n’être qu’une « beautification de l’immoralité » . La politique sans religion est « saleté absolue ». La non-violence est à la fois un principe religieux et une méthode d’action politique. C’est elle qui doit régir le rapport entre l’Homme et la nature, mais aussi les relations des hommes entre eux.
 
 
C’est bien sûr dans la tradition jaïn que l’on trouve l’affirmation la plus radicale de la non-violence. Dans toute l’histoire de l’Inde, les conflits se sont réglés par la force. De même, la plupart des Indiens, tant s’en faut, ne sont pas végétariens. Il existe cependant, au sein de la grande tradition indienne, et notamment parmi les brahmanes, un courant qui fait de l’ahimsa une valeur cardinale.
 
 
Gandhi s’appuiera sur cette tradition pour faire de la non-violence le concept le plus fondamental de sa pensée. Toutefois la non-violence de Gandhi est empreinte d’éléments qui ne sont pas spécifiquement hindous : nous pensons particulièrement aux idées de charité et surtout d’amour qui sont, pour lui, indissociables de la non-violence. Souvent, lui-même traduit ahimsa par « amour ». « La conscience de l’unité entre les hommes se manifeste par l’amour du prochain, car sans amour la vie n’est que souffrance… Aime celui qui t’a fait du mal, que tu condamnes.» Ainsi la non-violence n’est plus, chez Gandhi, une loi passive, mais un mode de vie devant imprégner toute action et toute relation.
 
 
Elle implique, sans aucun doute, la condamnation de toute agression physique et de l’usage de la force, physique ou armée, en général. Le « tu ne tueras point » s’étend ici à l’ensemble des êtres vivants, ce qui explique, bien sûr, le végétarisme.
 
Les textes où Gandhi parle de la non-violence sont très nombreux, mais aussi très épars. Une fois encore ils ne manquent pas d’ambiguïtés, voire de contradictions. Bien que Gandhi veillât à la défense des animaux, et affirmât que la vie d’un agneau avait, pour lui, autant d’importance que celle d’un homme , il ne se montra pas toujours cohérent sur ce point et il n’hésita pas à approuver l’abattage de 60 chiens enragés dans la ville d’Ahmedabad. Il fut aussitôt assailli d’un abondant courrier lui reprochant cette prise de position. Plus tard, il fit tuer un veau malade dans l’enceinte même de l’ashram. Une fois encore, les lettres fusèrent.
 
 
C’est peut-être sa fougue à l’encontre des « sectaires de l’ahimsa » qui l’amena, de façon pour le moins surprenante, à prendre position en faveur de l’euthanasie qu’il considère comme conforme aux principes de la non-violence : il ne s’agit, selon lui, que de soulager l’âme des douleurs que le corps lui inflige.
 
 
Ces quelques exemples nous montrent combien il est difficile de saisir sa pensée en matière de non-violence. Certes, il faut reconnaître que, dans les actions qu’il a lui-même menées, il a prôné la désobéissance civile, la résistance et le boycottage. Il met en exergue la fermeté, certes, mais aussi le compromis, la persuasion et la discussion. Néanmoins, les mouvements de masse qu’il a lancés ont, très souvent, entraîné des violences.
 
 
La non-violence entendue par Gandhi concerne principalement l’usage de la force physique. Il est moins convaincant quant à la violence morale et lui-même utilisa cette arme, notamment dans la grève de la faim. A propos du jeûne, on voit bien que, dans une tradition ascétique, Gandhi ne rejette pas la violence physique exercée sur soi-même, c’est-à-dire la mortification. La souffrance est alors vue comme libératrice, sinon rédemptrice : « Nous n’obtiendrons le salut que par la souffrance », écrit-il. Lors des campagnes qu’il mène, il appelle au « sacrifice de soi », à d’autres moments il affirme que la souffrance est la seule forme de repentir. Enfin il considère que la pénitence est un principe de la religion hindoue, la souffrance est purifiante et source de joie.
 
 
Pour ses actions politiques, par contre, il conçut une méthode de lutte non violente qu’il appela satyagraha, « la force de la vérité ». C’est en Afrique du Sud que Gandhi conçut cette méthode.
 
 
Préférant donner à cette méthode d’action un nom d’origine indienne, il énonce lui-même les règles fondamentales, le code de discipline et les étapes des campagnes d’action  : l’accent est mis sur la mobilisation et la diffusion des objectifs. L’essentiel doit être tenu pour non négociable, mais la porte à la négociation doit toujours être ouverte. Les participants doivent être prêts à souffrir sans jamais manifester leur propre colère. Ils doivent s’abstenir de toute insulte et se laisser arrêter.
 
 
Parmi les actions menées par Gandhi sous le mode du satyagraha, on peut citer la grève des ouvriers textiles de 1918, l’agitation contre les Rowlatt Bills de 1919, la campagne des paysans de Bardoli de 1928, la marche du sel de 1930. A chaque fois, on est frappé par la détermination précise des objectifs, la qualité de l’organisation, le caractère symbolique de la lutte et l’utilisation de la presse comme moyen de diffusion du message.
 
 
Le succès de ces actions tient aussi pour une bonne part dans la présence d’un chef. Gandhi tenait d’ailleurs à ce que chaque mouvement soit placé sous l’autorité d’une personne et que l’obéissance à cette personne soit totale. Cette condition, souvent négligée par les commentateurs, est pourtant essentielle à la réussite des actions. Tant qu’elles restaient sous le contrôle de Gandhi ou de l’un de ses proches, elles tendaient à se conformer aux idéaux affirmés. Par contre, lorsqu’ils échappaient à tout contrôle, ces mouvements tendaient à dégénérer.
 
 
Gandhi ne pense pas que les masses puissent agir d’elles-mêmes. l est conscient de l’exigence de ses méthodes et fait de l’obéissance au chef un des principes de l’action. Dans un discours prononcé en Europe, il déplore l’absence de leaders spirituels qui permettraient aux Européens de mener une lutte non violente.
 
 
On peut distinguer plusieurs types de jeûne : le premier est une simple mortification qui n’a d’autre but qu’une élévation spirituelle ou une manière de résoudre des problèmes de santé. Ce dernier, comme bon nombre de ses compatriotes, a régulièrement pratiqué ce type de jeûne. Ainsi entendu, il n’est pas anodin puisqu’il présuppose une capacité de résister à la douleur et un contrôle de ses désirs. Dans le second type, le jeûne devient grève de la faim ; il est alors arme politique, un moyen de faire pression sur l’ennemi en mettant sa propre vie en jeu.
 
 
Lorsqu’il met sa vie en jeu pour que cessent les massacres entre hindous et musulmans, il est seul contre tous. Il utilise son corps comme sa seule arme face à une violence aveugle. Par contre, dans la lutte qui l’opposa à Ambedkar, il jeûna d’une façon qui tient quasiment du chantage politique, en forçant son adversaire à céder sous peine d’être tenu pour seul responsable de sa mort.
 
 
En Afrique du Sud, Gandhi était entouré de nombreux Occidentaux et sa pensée était influencée par les théosophistes, Tolstoï, Thoreau ou Ruskin. Au cours de sa vie, Gandhi en vint à concevoir l’Occident comme satanique. Il rejeta ainsi tout ce qui était considéré comme occidental : la culture, l’éducation, l’urbanisation, la médecine, la recherche du profit, le matérialisme, les vêtements, les machines et les beaux-arts. Les commentateurs de l’œuvre de Gandhi tendent à ignorer cet aspect de sa pensée. Il est pourtant essentiel, même s’il repose sur une conception manichéenne et simpliste du monde.
 
Dans le premier livre qu’il ait écrit, Hind Swaraj, un puissant pamphlet politique, il affirme avec force que la civilisation est une maladie dont l’Inde doit se prémunir. Il rejette l’idée d’une Inde inspirée de l’Occident.
 
 
Même la démocratie parlementaire ne trouve pas grâce à ses yeux puisqu’il traite le Parlement de « femme stérile et de prostituée » , et il pèse ses mots : pas une seule bonne action n’est sortie des assemblées législatives. De retour en Inde, Gandhi assumera les conséquences de ses conceptions et il demanda aux Indiens de renoncer aux produits manufacturés et d’abandonner leur emploi dans l’administration. Dans le discours qu’il tient à Bénarès en 1916, il s’oppose à l’usage de la langue anglaise dans l’enseignement. Plus tard, il incita les jeunes gens à quitter les universités, même contre l’avis de leurs parents, et proposa de substituer le filage à l’enseignement universitaire.
 
 
Les valeurs proposées par Gandhi ne correspondaient pas nécessairement à celles des leaders de la décolonisation. En même temps, il réaffirmait la grandeur de l’Inde, il proposait un monde nouveau, si pas égalitaire du moins consensuel. Il faisait de la tradition un atout pour l’avenir. L’Inde affirmait-il n’avait pas été prise par les Anglais, elle s’était donnée à eux parce qu’elle avait renié la force qu’elle avait en elle-même.
 
 
L’idéal de Gandhi est, sans doute, plus proche d’une démocratie directe et décentralisée. Il était en principe opposé à un État centralisé et, dans les dernières décennies, il lutta pour la régénération du village comme entité fondamentale de la vie du pays. Il admirait l’idéal égalitaire du communisme et il s’opposait au principe même de « propriété privée ». Il n’est d’ailleurs pas éloigné de la théorie marxiste de la valeur quand il affirme qu’un bien n’appartient à personne et qu’il est constitué du travail successif de plusieurs personnes . Cependant, il ne pouvait accepter l’athéisme qui sous-tend le marxisme. Enfin, il est également opposé aux modèles d’industrialisation et de centralisation qui caractérisaient la Russie soviétique.
 
 
Gandhi rejette tout autant le capitalisme, au moins en théorie, car, dans la pratique, il était en contact étroit avec des industriels dont certains finançaient ses activités. C’est une des raisons pour lesquelles les marxistes de l’époque le considéraient comme un agent de la bourgeoisie nationale dont le rôle principal était d’empêcher toute révolution prolétarienne en Inde . Par bien des aspects, il est vrai, la pensée gandhienne peut paraître conservatrice, notamment par son accent sur la religion, la tradition ou la nation.
 
 
Néanmoins, il n’est pas sûr qu’il puisse légitimement être considéré comme un « réactionnaire » ou encore un partisan du statu quo. Dans un sens, il est un même vrai révolutionnaire. En tout cas, il met en cause les fondements mêmes de la politique et de l’économie. Son projet de société s’inscrit en rupture avec les formes antérieures. Sur le plan politique, par exemple, il est en faveur d’une décentralisation radicale du pouvoir et un retour aux communautés de village, même si, rappelons-le, il ne mit pas sur pied des institutions pour mettre ces idées en pratique. En résumé, on dira que sa pensée est avant tout une utopie, et qu’à ce titre elle échappe aux catégories politiques traditionnelles.
 
 
Parmi les critiques les plus sévères de Gandhi figure Rabindranath Tagore, le poète indien, prix Nobel de littérature. Dès 1919, Tagore, qui avait été le premier à l’appeler mahatma, lui fait part de sa préoccupation vis-à-vis du nationalisme gandhien. Il dénonce la politique de boycottage des biens étrangers qui, selon lui, ne fait qu’attiser les sentiments les plus frustes et abjects de ses compatriotes. L’anti-occidentalisme est également rejeté par Tagore qui craint de voir l’Inde se développer à l’écart du monde . « Aucun peuple ne peut faire son salut en se détachant des autres », affirmait Tagore, selon lequel le nationalisme était une menace en lui-même . Lors du mouvement de désobéissance civile, Tagore est « suffoqué » par ce qu’il voit, par la soumission aveugle des masses à leur chef, par la mise à l’écart de toute raison et de toute culture . Tagore écrivit à Gandhi pour lui dire que la résistance passive n’est pas morale en elle-même et qu’elle peut elle aussi trahir la vérité. De façon symptomatique, Gandhi lui répondit qu’il n’avait rien à faire du sort de l’humanité, mais que seul le bien-être de son pays le préoccupait.
 
 
Gandhi, souligne Rolland, refusa de voir que ceux qui brûlent les étoffes en criant son nom sont prêts à s’attaquer aux hommes et Tagore a eu raison de dire que, tout en prêchant la non-violence, on a semé les graines de la violence. Les émeutes et les agressions qui suivirent devaient d’ailleurs lui donner raison.
 
  
 
===Comment la non-violence protège l’État par Peter Gelderloos===
 
===Comment la non-violence protège l’État par Peter Gelderloos===

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