3 mai 2016 : Création de la commission

CR Création de la Commission Musées Debout

3 Mai 2016

Informations

Lancement de la Commission Musées Debout à Lille.

Absence d'ordre du jour si ce n'est : qu'elle est ta vision du musée aujourd'hui ?

Présence parmi les participants d'une personne travaillant au Palais des Beaux Arts (*PBA) de Lille, ce qui a permis un échange très spécialisé sur le Musée dans son aspect "local" avec pour exemple concret le PBA, le LAM ou encore la Piscine.

Questions-Réponses

• Depuis les attentats, la question de la sécurité est désormais à la charge des Musées et donc dans le cas du PBA, à la charge de la Ville de Lille. Le budget quand à lui n'a pas augmenté pour autant. Ce sont donc le budget prévu par le musée qui se voit à la baisse.
• Pourquoi le musée ferme à 18h ? Ne serait-il pas plus intéressant de le fermer le matin et de l'ouvrir en début de soirée ?

En fermant le matin, on perd le public scolaire qui participe à une hausse importante du taux de fréquentation des musées. Les employés sont sous un régime "fonctionnaire" et donc aux 35 heures. Lors des Journées du Patrimoines ou de la Nuit des Musées, les agents viennent généralement bénévolement. Le public est demandeurs de "Nocturnes". L'exposition InterDuck a réuni sur deux jours plus de 13000 visiteurs. Sur l'ensemble de l'exposition, plus de 75% des visiteurs n'était jamais venu au Palais des Beaux Arts. Il existe des visites VIP qui permettent d'aller au-delà des contraintes du musée mais elles restent exceptionnelles (25 personnes maximum). Il y a donc une forte question de l'offre et de la demande pour des événements "extraordinaires".

• La question de la conservation des oeuvres est la partie cachée de l'iceberg et qui a un coût très important pour les musées.
• On ne dirait pas, mais le jour où le musée est le plus en ébullition est le mardi. Exemple : restauration de peinture, nettoyage etc.
• La question des 50 vacataires présents pour 2h, en tant qu'emploi précaire, peu payé, dont le rôle est plus proche de la surveillance désormais, et dans un agenda en rotation a également été évoqué. Cela crée également une absence de motivation pour ces agents qui savent qu'ils ne seront jamais embauchés par la suite.
• Rappel : Le musée n'a pas vocation a être rentable financièrement. Le PBA appartient à chaque lillois puisqu'il existe à travers les impôts de ses derniers. Néanmoins, le prix d'entrée est une obligation à l'époque actuelle pour ne pas augmenté le déficit. Les prix sont tirés au maximum vers le bas mais il faut entretenir les tableaux, les infrastructures, le personnel etc.

Quel est votre expérience du musée sur la métropole ?

• La Piscine de Roubaix est le plus visité de la région, pourtant C. explique qu'en dehors du cadre, il ne trouve pas la collection si lisible que cela. Une autre personne ajoute qu'elle possède une grosse collection d'artiste féminine avant le XIXème siècle mais que cela n'est pas assez mis en valeur. La partie sur le "textile" a l'avantage d'exister surtout dans une ville comme Roubaix.
• Au PBA, il y a des problèmes bêtes d'accueil, de logistique interne, de vestiaires liés à des difficultés entre les personnes qui connaissent les petits problèmes qui gênent la bonne gestion au quotidien et le fait de faire remonter l'information jusqu'à l'administration pour que le problème finisse par être résolu. `

• Pour beaucoup, les cartels sont incompréhensibles car les personnes qui les rédigent sont dans un rapport beaucoup trop scientifique voir élitistes. Pourquoi aller au musée serait-il forcément synonyme d'apprendre des choses ? Ne peut-on pas se balader au musée ? Prendre rendez-vous avec un ami au musée comme on irait au cinéma ? L'importance de l'agent dans le musée, c'est qu'en étant présent hors bureau, il peut facilement voir quels sont les cartels compris ou non à la manière dont se comportent les visiteurs. Il existe des enquêtes auprès des visiteurs mais elles restent assez rares pour des questions de coût. Il y a déjà eu par le passé, un partenariat entre la fac et le PBA, pour l'utilisation de lunettes google qui analysait le comportement des visiteurs et en produisaient des statistiques. Malheureusement, le dispositif étant coûteux, peu d'échantillon ont pu être réalisé.
• Le public du musée ? Il est pris en compte en fonction de son origine géographique. En ce qui concerne le PBA, il y a davantage de Belges et d'Anglais que de visiteurs venant de la région Haut de France. Ce sont principalement des visiteurs lillois ou issus de la Métropole. L'une des raisons évoquées est le fait que chacun "Grande Ville" possède son Palais des Beaux Arts, ce qui amènent le visiteur a visité les expositions réalisés à proximité de son lieu d'habitation alors que les touristes d'une grande ville, vont passer par le palais des beaux arts du coin car il est un inconditionnel du tourisme.
• Certaines expositions sont beaucoup trop spécialisés pour le grand public ! Malheureusement, il faut savoir avoir une programme variée car le public, lui n'est pas universel.

Le musée et le numérique

Pourquoi certaine manifestation qui sortent de l'ordinaire ne sont pas accessibles au grand public ?

Se posent alors la question de "Comment diffuse le musée ses informations et comment ils archivent ses actions ?"

Les musées se sont attelés pour une bonne partie aux réseaux sociaux depuis 4 à 5 ans. Ils sont souvent réticent face à cet aspect de "livre d'or à ciel ouvert" qui pourrait leur faire défaut.

Le PBA avait réfléchi à une plateforme d'échange entre le grand public et le musée afin de faire remonter des requêtes diverses mais ce type de projet demande alors un webmaster permanent et le musée n'en possède pas les moyens. Le budget des musées n'augmente pas, au mieux il stagne, au pire il baisse. En cette période de crise social, le budget consacré à l'art en prend un coup. Pour Lille, la municipalité a fait le choix de rendre prioritaire la question de la culture mais ce n'est pas partout comme cela. Même le Musée du Louvre se voit dans l'obligation d'effectuer une rotation de fermetures de ses salles pour faire face au manque de budget pour prendre du personne.

À quoi sert un musée ?

• Le musée c'est un truc de gens mort qui ont peint des gens morts. Pourtant l'art c'est une façon d'aborder la vie quotidienne à différente époque. Le musée a déconstruit la vie quotidienne pour la classer selon les catégories "d'objet" et non plus leur époque. Il semble plus intéressant de découvrir les porcelaines et rythmes de vie qui entouré les personnes qui vivaient aux côtés de ses tableaux que de devoir visiter plusieurs musées spécialisés pour faire le lien à distance.
• L'art c'est une représentation des icônes, indices de ce qui s'est passé par le passé. On peut alors en apprendre sur nous-même.
• L'art c'est aussi une question d'humilité face à des savoir-faire omniprésent actuellement et dont on oublie bien trop souvent l'origine. Exemple : les lunettes, l'horlogerie qui ont changé radicalement les modes de vie.
• A quoi sert un musée ? Il se défini par ses collections. Néanmoins, la loi du Musée de 2002 précise 4 fonctions : Collecter / Conserver / Exposer / Transmettre
• L'éducation à l'Art est dans l'enseignement secondaire est restreint. Il s'explique par plusieurs choses : il y a un problème de travail sur la durée, il faut faire communiquer entre musée et école dans le but de le faire sortir de ses murs. Les professeurs du secondaire sont sous la contrainte d'une matière "Art Plastique" qui est déconnecté du réel au niveau des programmes. Au mieux les élèves qui pratiquent déjà l'art à côté en tirent une bonne note, au pire les élèves considèrent ce cours comme inutile. En ce qui concerne le primaire, les professeurs sont déjà multi-domaines et n'ont pas forcément ni le savoir-pratique, ni le temps de mettre en place des ateliers de ce type. Ils ne sont pas médiateurs et il y a aussi une question d'équipe pédagogiques. Il existe des dispositifs mais ils sont faibles. 80 enfants sont devenus pendant plusieurs mois les commissaires d'une exposition en France, c'est une aventure extraordinaire.
• Plutôt que de faire venir les enfants au musée pour découvrir les collections aux travers d'ateliers, pourquoi ne pas faire venir le musée par ses conservateurs, ses médiateurs, ses artistes, directement à l'école. Ainsi l'enfant pourrait par la suite venir au musée en famille et faire la visite de ce qu'il a appris. Il existe parfois des dispositifs qui offrent des places aux parents de l'enfant ayant déjà effectué la visite.
• "Être un musée, c'est un handicap, surtout quand le bâtiment est imposant" Les bâtiments anciens ne sont pas conçus pour être des musées. Aller au musée c'est intimidant pour un grand nombre de personnes. Il faut travailler avec les travailleurs sociaux mais aussi questionner les aprioris de l'art par les institutions, le musée serait alors une question politique ? Il existe une production de discours sur l'art élitiste à l'exemple de l'Art Abstrait. Il faut avoir une médiation participative pour faire adhérer le tout-venant qui n'a pas reçu une éducation spécifique à des formes d'arts non-classique.

• Est-ce que Musées Debout a vocation à ne traiter que la question des musées ou à aller plus loin avec la question de l'Art sous toutes ses formes ?
• Il faut réussir à faire venir l'art et plus généralement la culture pour la faire sortir de ses murs. "Avoir l'art sur place" tout en gardant un côté concret via des débats, la venue d'artiste ou la création d'atelier avec Sciences Debout. Le LAM et le Tripostal ont travaillé la question des objets détournés par exemple, cela pourrait tout à fait être une passerelle avec la commission Ecologie et Mode de vie. Il faut réussir à aller du cas pratique vers la théorie et non l'inverse si l'on veut intéresser les gens et sortir de cette image du musée/art/culture poussiéreux.

Propositions

• Remettre l'usager au coeur du musée
• Utilisation de l'Open Source
• Mise en place de sondage à propos des horaires d'ouverture des musées
• Proposer au musée d'aller dans le quartier et non au quartier d'aller dans le musée
• Idem pour le public scolaire en réalisant des ateliers qui donneront envie de visiter de manière plus autonome le musée et non sous forme de contrainte scolaire
• Faire travailler ensemble les Usines et le Musée
• Inscrire le musée dans des actions extérieures comme la Fête de la Soupe à Wazemmes
• Organisation d'un événement à l'occasion de la Nuit des Musées le 21 mai
• Contacter la Région des Musées
• Porter une réflexion sur les discours et la médiations
• Travailler en lien avec Sciences Debout
• Il est encore trop tôt pour travailler directement avec le PBA, mais c'est une question qui avec le temps s'imposera.