Bienvenue sur le wiki de Nuit debout, nous sommes le 2986 mars.




Villes/Bordeaux/Sciences Debout : Développons notre esprit critique/Q/OGM

De NuitDebout
Aller à : navigation, rechercher

Introduction[modifier | modifier le wikicode]

La définition d'un organisme génétiquement modifié (OGM) est assez large. Elle concerne en effet toutes les modifications qui pourraient être effectuées dans l'ADN d'un organisme par l'intervention de l'homme. Il me semble essentiel de bien dissocier la technologie d'une part, c'est à dire la dimension purement scientifique (dont l'acquisition de connaissances fondamentales*) et l'usage commercial des variétés OGM, c'est à dire des questions plus larges, économiques et bioéthiques. Pour ma part, je vais discuter essentiellement des technologies, en évoquant les avantages & les limites, afin d'essayer de rester le plus neutre possible. Le sujet étant particulièrement vaste, par la suite, je ne discuterai que d'une forme d'OGM, la plus connue et celle qui est la plus décriée, le transfert d'un gène entre espèces. Selon moi, il est essentiel de distinguer deux situations, la cisgénèse et la transgénèse.

La cisgénèse[modifier | modifier le wikicode]

La cisgénèse concerne le transfert de gènes entre variétés ou espèces proches (des espèces qui continuent de se croiser dans la nature, ou en tout cas qui pourraient le faire si elles étaient présentes au même endroit). C'est à dire que la cisgénèse concerne un transfert d'un gène sous l'action de l'homme, mais un transfert qui pourrait se produire naturellement par croisements (sous l'action d'un transfert de pollen de l'espèce 1 vers l'espace 2 et la production de descendants viables). Une question naturelle que vous pourriez vous poser à ce stade serait: quel intérêt de passer par une telle technologie si ce transfert peut se faire naturellement par de simples croisements? Prenons un exemple simple d'amélioration génétique (et une montre). Vous êtes sélectionneur et vous vous intéressez à la création d'une variété qui aurait une meilleure résistance à une maladie. Vous avez à disposition une espèce proche de votre espèce cultivée et cette espèce sauvage est porteuse d'un gène de résistance contre une maladie mais malheureusement cette variété donne des fruits tout moches et très amers. De l'autre côté, vous avez des variétés cultivées produisant des fruits de qualité mais ces variétés sont très sensibles à cette maladie (et donc contrôlée par de nombreux traitements chimiques au champ). Si vous souhaitez introduire uniquement par croisement le gène de résistance, il va vous falloir plusieurs générations de croisements (disons 4 ou 5) pour avoir des descendants ayant à la fois le caractère résistant et l'absence d'amertume. Si votre espèce fleurit en 5 ans, cela veut dire qu'il vous faudra entre 20 et 25 ans pour générer cette nouvelle variété résistante mais sans amertume. Tic Tac Tic Tac... Considérons maintenant que par le transfert du gène a lieu par génie génétique, alors en intégrant le gène de résistance au fond génétique de l'espèce 1 dans la variété cultivée, il n'y aura aucune introduction des caractères associées à l'amertume. En une seule génération, cette variété est crée.

La transgénèse[modifier | modifier le wikicode]

La transgènèse concerne cette fois-ci un transfert d'un gène d'une espèce 1 à une espèce 2, espèces qui par contre sont suffisamment éloignées pour ne pas pouvoir échanger des gènes par croisement (on parle alors d'organismes transgéniques). Les transferts de gènes peuvent alors concerner des espèces qui se sont séparées il y a des centaines de millions d'années, une protéine fluorescente d'une méduse dans une souris par exemple (pour faire une souris verte, si si c'est possible...). Si on prend l'exemple bien connu d'un maïs d'une société très connue. Le maïs est naturellement attaqué par un bioagresseur: la pyrale. Seul petit problème, la pyrale vit à l'intérieur de la plante, les traitements insecticides pulvérisés ne sont que peu efficaces contre la pyrale. La question est donc: comment rendre efficace l'insecticide à l'intérieur de la plante? C'est là où la transgénèse intervient... Les ingénieurs de cette entreprise ont transféré le gène d'une bactérie (Bacillus thuringiensis), bactérie qui produit un insecticide naturel, au maïs par génie génétique. La plante produit alors naturellement l'insecticide et ce dans tous ses tissus. La conséquence est donc que, même quand la pyrale est bien au chaud, elle est au contact de l'insecticide. Au delà de la question bioéthique sur le transfert de gènes entre des espèces extrêmement éloignées - question que je n'aborde pas ici -, il y existe un risque de diffusion du transgène à des espèces non-cibles (autrement appelée le flux de gènes)... Prenons un exemple d'une société qui produit l'herbicide "glyphosate" (herbicide le plus utilisé au monde, dont le très célèbre roundup). Des variétés transgéniques tolérantes au glyphosate ont été produites pour que les agriculteurs puissent utiliser cet herbicide directement sur leurs cultures. Tout l'intérêt réside dans le fait que la variété est tolérante, le traitement herbicide n'a alors aucun effet sur la variété, par contre toutes les plantes qui n'ont pas ce gène sont alors ciblées par l'herbicide... un moyen de désherbage a priori extrêmement efficace. Il existe toutefois un risque que le gène se diffuse ensuite à des espèces proches par croisements naturels, toutes ces espèces proches intègreraient alors ce transgène et deviendraient alors elles aussi tolérantes au glyphosate. Un moyen de se prémunir de ce risque serait que les variétés OGM soient stériles pour rendre le flux de gènes avec les espèces proches impossible... mais cette solution aurait une autre répercussion, les semences étant alors stériles, elles ne peuvent alors plus être resemées, ce qui crée de fait une dépendance des agriculteurs aux aux semences, en nécessitant l'achat de nouveaux lots de graines chaque année.


* D'un point de vue scientifique, le meilleur moyen de connaître l'effet d'un gène est de générer un mutant n'ayant pas le gène. Si on voit qu'une plante sans le gène X n'est plus capable de produire de pollen, alors on sait que le gène X intervient quelque part dans la production du pollen... Ces mutants nuls contribuent aujourd'hui à une part significative de l'acquisition de nouvelles connaissances en biologie.


Commentaires[modifier | modifier le wikicode]

Il ne faudrait pas oublier les NPBT (New Plant Breeding Techniques), ces nouveaux OGM qui permettent la même accaparation du vivant par quelques multinationales et qui sont potentiellement aussi dangereux que les OGM cultivés massivement en plein champ.