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De NuitDebout
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Prologue[modifier | modifier le wikicode]

Il lui restait du chemin à parcourir, et la mort brûlante déferlait, déferlait...

Quatre monoptères quittèrent la formation groupée, pour s'égayer dans les quatre directions cardinales. Très loin, de l'autre côté de la clairière, là où la forêt bordait le village géant de son peuple, Ormond vit des nuages brunâtres se répandre au-dessus de la jungle pourrissante, lachés par l'appareil qui la survolait.

Les défoliants! Le Mutant grinça des dents. Cependant, les Nettoyeurs restés en formation cessèrent leur déluge de feu. Ils se rapprochèrent du sol. D'où il était, Ormond devina, plus qu'il ne vit, les compagnies de soldats sautant hors des soutes des ailes volantes. Il savait bien comment ils opéraient: sanglés dans leurs scaphandres ignifugés, juchés sur leurs semelles de saut, ils rebondissaient telles des balles parmi les débris calcinés, à la recherche de survivants qu'ils capturaient avec leurs lance-filets.

Ormond poussa un cri que nul gosier humain ne savait imiter, car mêlant horriblement la joie et la haine, la détresse et la soif de tuer: il allait s'offrir, avant de mourir, quelques soldats des Etoiles ! Et même, s'il visait bien, un ou deux monoptères; l'un de ceux qui s'en allaient défolier les jungles venait d'ailleurs dans sa direction.

Ormond immobilisa sa monture, attendit que l'appareil soit presque à la verticale au-dessus de lui, épaula son lourd fusil et tira.

La roquette atomique explosa sous le ventre plat de l'engin, dont la pointe arrière gauche vola en éclats.

Auréolé d'une gerbe d'étincelles, le triangle de mort décrivit une courbe oscillante et perdit de l'altitude, pour s'écraser finalement à la lisière de la forêt d'où venait Ormond. Celui-ci repartit en direction du champ de bataille fumant, tandis que les nuages défoliants s'étendaient sur Zorilane. Il vit alors, la gorge nouée, courir à sa rencontre une torche vivante, silhouette gesticulante et hurlante qui était l'un des siens. Ormond lui décochaun trait de son arbalète pneumatique, ce qui abrégea le supplice du malheureux dévoré par les flammes. Il parvint bientôt au coeur du désastre, son nandou zigzaguant entre les décombres noircis des habitations, enjambant les corps carbonisés qui se comptaient par centaines. Il évita de justesse les filets projetés sur lui par un groupe de soldats, qu'il abattit d'une flèche explosive. Puis il reprit en main son lance-roquettes et se donna le temps de viser un des monoptères stationnés au-dessus, à une hauteur égale à celle des miradors - maintenant en cendres - construits par ses frères.

Cette fois-ci, il envoya dans le mille la charge nucléaire. Le Nettoyeur se transforma en un soleil rouge, pulvérisé en .. une myriade de minuscules braises qui retombèrent à • la ronde, jusque sur Ormond qui n'en fut pas affecté. Mais ce triomphe causa néan- moins sa perte, car le souffle de l'ex- plosion renversa le nandou sauteur; étourdi, Ormond ne put rien faire lorsqu'intervint un autre groupe de soldats. Un fi- let

jaillit d'un embout métal-

lique et enveloppa le ' r vaillant Mutant, mar- quant le terme de son bref baroud d'honneur.

Dans la pénombre de la cale, gémissements et pleurs s'ordonnaient en une lancinante mélopée qu'accompagnait le bourdonnement des générateurs anti-g.

Il n'y avait pas de hublot dans ces froids caissons, destinés aux prisonniers, qui occupaient l'arrière des monoptères Nettoyeurs. Aussi Ormond ne pouvait-il voir s'éloigner Zorilane la glauque, satellite de Procyon III. Mais il s'imaginait la petite lune, véritable miniature de planète - c'était le plus petit astre connu pourvu d'une atmosphère respirable - diminuant de taille dans le noir du cosmos, jusqu'à disparaître... à jamais, pour lui et les siens. Neuf Nettoyeurs laissaient derrière eux Zorilane incendiée, défoliée. Ils laissaient les dépouilles calcinées de 5000 Mutants, voire plus. Ils laissaient aussi deux carcasses de métal tordu, et une dizaine de leurs fanatiques Soldats des Etoiles.

Mais c'était payer bon marché le pogrome qu'ils venaient de perpétrer. Et ils repartaient chargés à craquer de prisonniers hagards, de ces humanoïdes que jamais les bourreaux n'avaient considérés comme des personnes humaines, et qui bientôt seraient moins que des rats, jetés sur l'ignoble planète-prison Deneb VIII.

Leur unique tort était d'être différents. Différents de Naxorg et de ses hordes belliqueuses, qui croyaient incarner la seule race digne de peupler l'Univers.

Ormond, dans la demi-obscurité, voyait ses frères se recueillir dans la prière, ou échanger entre eux d'ultimes paroles d'amour, ou geindre de douleur. Un grand nombre souffrait de brûlures superficielles, ou était simplement commotionné. Les bourreaux avaient achevé tous les blessés graves.

Combien étaient-ils, dans cette cale, en partance pour l'enfer? Peut-être cent, cent-vingt. En tout, les Nettoyeurs emportaient environ un millier de Mutants... une goutte d'eau qui s'ajouterait à l'océandes martyrs de Deneb VIII.

Ormond tâcha de s'habituer à l'idée qu'il allait rejoindre vingt millions de frères déportés, et qu'il lui fallait abandonner tout espoir.

Car on ne s'évadait pas de la planète-prison. Un système diabolique permettait aux vaisseaux d'atterrir, mais pas de décoller: un bouclier de force qui était perméable dans un sens, infranchissable dans l'autre.

C'est pourquoi, sur une station orbitale proche, Ormond et ses compagnons d'infortune seraient transférés à bord d'un vaisseau transporteur qui ne servirait qu'une fois. Tel un gigantesque conteneur jetable après usage, la fusée se poserait avec sa cargaison de captifs, et les bourreaux la recycleraient sur place dans les fonderies de Deneb VIII.

Ormond savait cela. Il croyait bien connaître toutes les horreurs et forfaitures dont étaient capables Naxorg et son Armée des Etoiles. Mais il connaissait encore bien peu. Là-bas, sur la planète-prison, il lui restait à découvrir jusqu'où pouvait aller la folie meurtrière, la négation de la dignité d'un être vivant, le paroxysme de la cruauté. Tout ceci dicté par la simple haine de l'autre. Non, Ormond ne se doutait pas...

Comment eût-il pu imaginer l'inimaginable?

Chapitre 1[modifier | modifier le wikicode]

"Noire Galaxie a vu naître et mourir bien des empires, les uns limités à une planète ou à un système solaire, les autres chevauchant les constellations et les amas globulaires. Mais partout, aux maîtres succédaient d'autres maîtres, plus cruels, plus intolérants, plus jaloux de leur pouvoir. A l'instard'un philosophe du lointainXK"'siècle, je me demande encore: le bonheur est-il une chimère, et la Révolution un leurre ?"

Konrad Marino.

Commentaires sur le livre des invasions.

Florian Venedig ne goûtait guère les réunions extraordinaires du Conseil de la Révolution. Dans ce profond dédales aux relents méphitiques - les catacombes de Z'Iyad - il lui fallait mettre ses nerfs à rude épreuve pour dominer les angoisses claustrophobes qu'un épisode tragique de l'enfance lui avait laissées en héritage. Malgré la fraîcheur et l'humidité qui sourdaient des parois d'obsidienne de la salle secrète, il suait abondamment sous la toile grossière de sa tunique, et les battements de son coeur s'emballaient par cycles chaque fois que sa volonté desserrait un peu la bride.

La parole était pour l'instant à Corlend Samal, l'impétueux Commandeur, responsable de la fraction militaire de leur mouvement. Florian, avec un mélange de nostalgie et d'amertume, se rappelait combien les discours enflammés du Commandeur l'enthousiasmaient jadis, lorsque, jeune recrue pleine d'espoir, apportant à l'Opposition Révolutionnaire son érudition et son intelligence, il durcissait son corps et fourbissait ses armes dans l'attente des luttes à venir.

Aujourd'hui, la véhémence de Samal ne gonflait plus sa poitrine du même souffle vengeur. Un malaise croissant avait pris la place. "Corlend a fait de toi un loup, Florian, même si jusqu'à présent tu ne t'es jamais servi de tes crocs..."

Il se remémorait la tristesse dans la voix de Tchalna. Elle avait dit cela peu avant de le quitter, un soir sur la Montagne Froide... En un sens, ces mots le réconfortaient lorsqu'il se les rappelait maintenant, bien qu'il gardât au plus profond de lui les traces de leur morsure. Réconfort de pouvoir se dire (même s'il n'en avait pas la certitude) qu'elle était partie à cause de cela: seulement parce qu'elle le voyait sous les traits d'un loup, et non parce qu'elle ne l'aimait plus, ou en aimait un autre. Il voulait même croire que la fuite de Tchalna signait la grandeur de son amour pour lui: elle n'avait pu accepter la métamorphose du Florian de naguère. Le jeune homme rêveur et tendre, le poète avide de connaissance et assidu à pratiquer la dévotion, le chantre anandique de la non-violence - cet homme là s'était forgé les muscles d'acier et l'implacable maîtrise d'une bête fauve, d'une machine à tuer faite de chair. Et cela, elle n'avait pu le supporter, elle avait préféré quelque exil lointain à la vision quotidienne de ses rêves travestis, dénaturés.

Florian Venedig sourit tristement tandis que le discours de Corlend Samal lui parvenait comme assourdi, feutré par l'effet du repli en lui-même. Il constatait une fois encore avec quelle force l'évocation de Tchalna pouvait l'accaparer en entier, quel que fût le lieu ou le moment. Et il songea encore, conscient cependant d'adoucir la vérité: "Mais un loup dont les crocs n'ont jamais goûté le sang, est-il vraiment un loup, Tchalna?"

Un déclic ténu, quelque part dans les minces fibres de conscience qui le reliaient encore à la réalité présente du conciliabule souterrain, enjoignit Florian de remettre en connexion ses fonctions sensorielles temporairement inhibibées. Bien lui en prit, car le Commandeur s'adressait précisément à lui avec une acuité de regard et un sourire subtilement menaçants.

— Je tenais - bien que ce ne fût pas à l'ordre du jour - à ce que Venedig nous présentât ses objections; mais il me semble que notre docte Connaisseur se laisse actuellement aller à la douce torpeur de je ne sais quelle méditation...

La voix de Samal était suave, mais en même temps coupante comme un kouttar.

La brusque réintégration de son être dans le réel immédiat avait remis Florian dans un état de vulnérabilité face à sa claustrophobie latente. Aussi dût-il faire appel à son art du prânâyâma, le contrôle du souffle, pour conserver une parfaite apparence de calme et de détachement. Et, saluant intérieurement sa totale maîtrise en la matière, il s'exprima sur un ton à la fois ferme et mesuré, plein de cette farouche puissance qu'il aimait parfois à laisser transparaître dans son attitude et dans son verbe, comme en cet instant où un rappel discret de ses forces cachées lui paraissait la seule réponse possible au défi à peine voilé que venait de lui lancer Corlend Samal, devant un conseil où la tendance non-violente que défendait Florian devenait de plus en plus minoritaire.

— Notre bouillant Commandeur s'est toujours fié un peu aveuglément aux apparences et aux évidences; il serait sans doute étonné si je lui prouvais l'attention que j'ai accordé à son discours en répétant ses dernières paroles, qui le résument...

Un muscle infime, parmi tous ceux qui composaient sur le visage de Samal le masque rituel de la provocation et de la menace, se relâcha, mais cela n'échappa point à Florian.

— Voyons donc si tu as bien écouté, Florian Venedig! lança-t-il.

Et Florian pensa: "L'intensité de son défi a baissé d'une petite mesure, car il ne me donne plus mon titre de Connaisseur; mais le défi persiste, sinon il m'aurait appelé par mon prénom seul." Deux façons de répondre s'offraient à küi. Répéter, ainsi qu'il l'avait suggéré, les phrases terminales du Commandeur; il le pouvait, bien qu'il ne les eut point écoutées: les mots issus d'un gosier humain, comme tout autre son, laissent dans l'air une vibration, et l'un des dons parapsychologiques de Florian lui permettait d'analyser cette vibration - même longtemps après - et de retrouver la nature du son original. De fait, dans les quelques fractions de seconde que lui prit son choix de la meilleure riposte, il utilisa simultanément cepouvoir et visualisa comme dans un flash la partie finale du discours de Samal.

L'autre façon de répliquer fut cependant celle qu'il retint. Accéder à la demande du Commandeur eût marqué sa docilité, voire une servilité qui ne pouvait qu'accréditer la thèse si répandue de la totale similitude entre non-violence et lâcheté. Aussi répondit-il, très bas, d'une voix ostensiblement lasse et attristée, en même temps que lourde de force contenue:

— Ne dirait-on point un maître s'adressant à un élève ? Tu sais que j'ai entendu tes paroles, Commandeur; quant à les écouter, peut-être en demandes-tu un peu trop à celui qui fut ton ami, mais jamais ton élève - et encore moins ton subalterne...

Impassible, Corlend Samal se donna le temps d'apprécier toutes les implications contenues dans les mots de Florian, dans son intonation, dans son regard.

Puis il articula lentement, avec la plus extrême froideur:

— Te voilà en verve pour discourir, Venedig! Veux-tu en ce cas t'exprimer devant cette assemblée, puisque tu sembles te juger plus digne que moi-même d'être écouté? Alors que Florian s'avançait en direction de la tribune, à travers une foule silencieuse qu'il fendait lentement, le Commandeur ajouta:

— Mais tu comprendras qu'à mon tour, je ne suis pas tenu de t'écouter...

Il descendit les marches de l'oratoire, et déjà en chemin vers la sortie, termina sans se retourner:

— Pas même de t'entendre...

Florian prit place face à l'assemblée tandis que Samal disparaîssait dans la bouche sombre d'une galerie.

"Une manière assez habile de faire marche arrière sans perdre la face", songea Florian. A n'en pas douter, le Commandeur quittait même la réunion avec un léger avantage, par le mépris évident que signait son départ! Dans un tel contexte, Florian voyait clairement s'amenuiser les chances d'imposer ses conceptions. Il prit néanmoins la parole avec sur son visage l'assurance et la sérénité d'un sage, ignorant délibérément les mouvements de foule qui agitaient le conseil - les représentants purs et durs de la Fraction Militaire se retiraient en effet sur les traces de Samal.

— Compagnons, le dialogue devient chaque jour plus difficile entre les différentes tendances de notre organisation. Sommes nous donc tellement incapables de discuter, de raisonner? Une voix rauque s'éleva de l'auditoire.

— Raisonner, voilà qui sied bien aux théoriciens guidés par leur omniscient Connaisseur! Mais pendant ce temps, les régiments de Naxorg vitrifient ou défolient monde après monde, partout où subsiste une étincelle de résistance. Vos discours et vos soi-disant actions non-violentes ont-ils, depuis le début, sauvé un seul de ces mondes? Avez-vous empêché la mort de millions de Mutants, et la déportation de millions d'autres sur Deneb VIII?

— Je bous comme toi de rage, Hikmet Yolong, rétorque Florian. Je reconnais que la résistance passive est une structure très longue à mettre en oeuvre, à tel point que le découragement est une tentation bien grande, tout comme l'envie de donner la parole aux armes. Avant que le noyautage des institutions planétaires ne soit effectif, bien d'autres mondes seront désertifiés, bien d'autres résistants, Mutants, libre-penseurs seront exterminés. Mais si nous décrétions la guérilla totale contre l'Armée des Etoiles, ne crois-tu pas que plus lourd encore pèserait le bilan de mort et de dévastation ? Car pas plus que ne sont prêtes nos structures subversives, nos forces militaires ne peuvent rien contre le formidable appareil guerrier de l'Impérium. Toutes les planètes actuellement soumises à Naxorg, et où vous souhaitez relancer ou implanter la lutte armée, s'ajouteraient inéluctablement à la listes des mondes suppliciés. Et je gage que Naxorg en viendrait à créer une seconde planète-prison, Deneb VIII ne suffisant plus à concentrer les déportés. Voilà, compagnons, ce que je prédis si nous systématisons la guérilla: des populations innocentes massacrées à cause de quelques poignées d'impatients, des horreurs au-delà de l'imagination, un Univers entier à feu et à sang, pire qu'aujourd'hui, oh oui, tellement pire!

D'autres Conseillers quittaient la salle, et une rumeur de désapprobation couvrait presque la voix de Florian.

— Toute révolution suscite une réaction violente de la part du pouvoir établi, rappela Hikmet Yolong. Il y eut de par l'univers bien des révolutions au cours des âges, dont beaucoup surmontèrent les inévitables atrocités réactionnaires, pour finalement triompher.

— L'expérience prouve que la révolution armée, dès lors qu'elle triomphe, doit instaurer une période de restriction des libertés, une dictature théoriquement provisoire mais qui pratiquement toujours s'installe et dure, jusqu'à ce qu'une autre révolution la chasse. C'est là le second inconvénient d'un mouvement insurrectionnel guerrier. Et il n'est pas moindre que le précédent...

— Mais, Connaisseur, insista Yolong, il y a une question de survie immédiate pour les communautés Mutantes! Nous ne pouvons rester passifs.

— Résistance passive, Hikmet, cela ne signifie pas passivité. Combien de Mutants ont été tués ou déportés, dans la communauté de Sirius IV? Aucun, parce que chaque Cométdide à la surface de la planète a pris un Mutant sous la protection de sa bulle d'énergie, et il eût fallu désintégrer le Cométdide aussi pour anéantir le Mutant! Un exemple de ce que peut accomplir une action non-violente généralisée. L'Armée des Etoiles n'a pas voulu prendre la responsabilité de décimer la population Cométdide qui est garante de la production énergétique de Sirius IV...

Un autre homme intervint, une sorte de géant albinos, au visage blafard, les traits durs et grossiers, déformés par une épaisse cicatrice boursouflant la joue droite et le menton.

— Les Suricates de Proxima Centauri ont tenté aussi ce genre d'action. Eux furent taillés en pièces par un Régiment des Etoiles, et leur sang se mêla à celui des Mutants. Belle victoire! Florian riva son regard à celui, totalement blanc, du colosse. Un contentieux les opposait depuis longtemps. Depuis que Zaran Dul, Grand Maître d'Armes de Z'Iyad et professeur de Florian, avait été humilié publiquement par son élève. Le jeune homme n'avait pourtant pas voulu ridiculiser celui à qui il devait sa parfaite maîtrise des techniques de combat. Simplement, un jour, il avait dépassé son maître, et lorsque Dul avait cherché en séance publique, à prendre en défaut son disciple (afin de se valoriser aux yeux de quelques élégantes de Z'Iyad), Venedig, acculé par les assauts frénétiques du Maître d'Armes, avait porté à son adversaire un coup terrible de son kouttar démoucheté dans la confusion du combat. Zaran Dul gardait de cet incident sa vilaine balafre, ainsi qu'un farouche désir de revanche.

Florian, qui savait n'avoir rien à se reprocher, en voulait à l'albinos de l'avoir poussé ainsi à frapper pour tuer, en présence de Tchalna; car Tchalna, très impressionnée par la scène - elle venait pour la première fois regarder Florian s'entraîner - s'était peu à peu détachée de lui à dater de ce jour.

— Je reconnais les faits, Maître Dul, dit Florian après un assez long silence. Toute stratégie a ses faiblesses, et dans ce cas précis, la non-violence a été inefficace, car les Suricates n'avaient aucun atout qui eût pu dissuader leurs bourreaux de les tuer. En d'autres termes, pour se permettre une non-violence qui ne soit pas suicidaire, il faut une certaine puissance. Disposer d'arguments, de cartes maîtresses...

— Préparer la guerre pour avoir la paix, n'est-ce-pas? interrompit Zaran Dul. C'est là ce à quoi vous vous êtes employé, Connaisseur, vous qui pourriez résister à l'assaut d'un régiment, mais n'utiliserez jamais la force pour régler un conflit? Jamais... est-ce tellement certain? Peut-on éternellement refuser le combat sans compromettre son honneur d'homme?

Le Maître d'Armes caressa la cicatrice de sa joue. Plusieurs fois, il avait tenté de provoquer Florian, mais celui-ci avait jusqu'alors su éviter le duel. Il y avait gros à parier que Dul chercherait encore à le défier à l'issue du débat.

— Là ne réside pas l'objet de cette réunion, lâcha Florian sèchement. Laissez-moi poursuivre et expliquer les avantages d'une subversion lente et organisée, d'un noyautage de l'Impérium pas nos meilleurs éléments sous l'apparence d'une collaboration, suivie dans une seconde phase, d'une paralysie de toutes les structures...

Et il essaya d'exposer clairement les principes de la prise du pouvoir par la mise en place d'agents triés sur le volet à un grand nombre de postes-clef de l'appareil politique, militaire et social.

Après quoi, son temps de parole épuisé, le Commandeur Corlend Samal revint à la tribune diriger le vote. Florian ne fut guère surpris de voir son projet rejeté à une écrasante majorité, car il ne se cachait pas que l'aspect "long terme" de cette stratégie constituait un lourd handicap. Par contre, il enragea lorsque Samal proposa une motion - visant à l'attaque immédiate de plusieurs planètes-garnisons de l'armée des étoiles - adoptée par le conseil dans la minute qui suivit. La colère et la tristesse l'envahissaient. Combien de compagnons allaient partir à la mort... et pour rien, car ils ne réussiraient pas à entamer sérieusement les forces de Naxorg. Quels ravages ferait ensuite la répression, s'en prenant à des planètes choisies au hasard parmi toutes celles suspectées de manquer de loyauté envers le despote ?

Les membres du Conseil de la Révolution se dispersèrent en silence. Seuls restèrent trois hommes, silhouettes dérisoires dans le grandiose décor de la salle vide: Corlend Samal sur la tribune, Florian en bas des marches, et Zaran Dul à quelques mètres en arrière. Le Maître d'Armes s'avança lentement, mais avant même qu'il ne parvint à la hauteur de Florian, le Commandeur leva la main et cria sur un ton qui ne souffrait aucune réplique:

— Zaran, il te faudra attendre encore avant de livrer contre Florian ce combat que tu espères si ardemment! J'ai à parler en privé avec notre Connaisseur. Vas-t'en donc, et ne sois pas trop amer... Car si, comme tu l'as insinué tout à l'heure, il ternit un peu son honneur chaque fois qu'il refuse ton défi, toi, tu y gagnes à chaque fois de rester en vie!

Les mâchoires crispées, ses lèvres pâles tordues par la rancoeur, le géant albinos s'éloigna, se coulant dans la pénombre d'une des galeries d'accès. Au pourtour de la grande salle, une femme avait commencé d'éteindre les imposants brûleurs qui l'éclairaient. Samal lui dit d'en laisser un en service et de retourner chez elle. Puis il se retourna vers Florian Venedig et murmura:

— Il fallait que la décision soit prise, ami. Se battre est une nécessité. Florian, le visage inexpressif, regardait silencieusement le Commandeur. Celui-ci reprit:

— Je t'ai appelé "ami"... car j'ose penser que nos différents politiques n'effacent par nos liens anciens...?

Il y avait une très discrète nuance interrogative dans la voix de Samal, et Florian laissa entrevoir qu'il acquiesçait, par un subtil changement dans l'éclat impitoyable de ses yeux.

— Rien ne t'oblige à participer aux missions de commando, poursuivit Corlend. Mieux, même, et c'est pourquoi je te retiens ici en tête à tête: j'ai à te proposer une mission plus importante encore, que tu pourras - situ l'acceptes - mener à bien selon tes propres principes. Tu seras en effet parfaitement libre d'user ou non de la violence pour parvenir au but, quoique je ne te cache pas mon scepticisme quant aux chances de réussir sans armes et sans casse...

Florian haussa imperceptiblement les sourcils, montrant que son intérêt s'éveillait.

— Je ne suis pas une brute avide de carnages, Florian; la grande offensive de guérilla que je viens de faire voter, bien peu au conseil savent quel est son véritable objectif. Et je gage que toi-même, tu es loin de te douter...

— Au fait, Commandeur, au fait! souffla tranquillement Florian.

— J'y arrive. Ce chien de Naxorg tire les ficelles de l'Impérium depuis sa fameuse planète invisible, n'est-ce-pas?

Florian hocha la tête avec un rien d'agacement: tout le monde connaissait l'existence de ce monde mystérieux, repaire inviolé du tyran.

— Le voilà, en vérité, l'objectif!

Corlend laissa Florian accuser le coup. Cette révélation avait l'effet escompté par le Commandeur: le jeune homme frémissait, très discrètement, mais de toutes les fibres de son corps, appréhendant à la vitesse de l'éclair toutes les implications. Il articula finalement, la voix blanche:

— L'attaque des planètes-garnisons ne constituerait donc qu'une diversion.., pendant que l'on irait détruire Naxorg?

— Bien raisonné. Je me réjouis de voir à l'o°uvre l'intelligence du Connaisseur!

— Tu te moques de moi, Corlend ? S'il faut chercher cette foutue planète , cela peut prendre des éons, et, alors à quoi rime toute l'opération.

— Du calme. Je ne serais pas là à t'exposer mon plan si nous n'avions aucun élément nouveau — je sais fort bien que toutes les recherches entreprises depuis des années ont été vaines... Non, Florian, nous ne foncerons pas en aveugle : si l'on ne détient toujours pas les coordonnées de la planète invisible, nous avons maintenant la piste qui y mène...

Corlend Samal ménagea un silence, pour savourer l'effet de cette révélation sur son interlocuteur.

— Alors ami, veux-tu te charger de cette formidable mission? Tendu, sans mot dire, Florian Venedig hocha la tête affirmativement. Il n'avait nul besoin d'un temps de réflexion. L'enjeu était trop immense.

— En ce cas, nous allons nous rendre dans la pénultième crypte, où se trouvent mes documents, et je vais tout t'expliquer.

Les deux hommes quittèrent la salle du conseil, franchirent un dédale de galeries obscures, et s'engagèrent dans un puits glacial. Ils descendirent longtemps s'aggripant à une étroite échelle métallique scellée dans le roc, tandis que les brûleurs protatifs ceints à leurs poignets refoulaient autour d'eux les ténèbres oppressantes. Tout au long de la descente, Florian fit appel au prânâyâma, luttant de toute sa volonté contre sa terrible envie de revoir le jour, à en hurler. Ils parvinrent enfin à la pénultième crypte, dont une colossale dalle de pierre fermait l'entrée. Seul le Commandeur de l'Opposition Révolutionnaire y avait accès, car le mécanisme pivotant de la porte rocheuse était réglé sur son propre biorythme. Samal n'eut qu'à apposer sa main droite sur un point précis de la dalle et la machinerie sophistiquée se mit en branle. Suivi de Florian, il pénétra dans la crypte, petit réduit parallélépipédique taillé dans du gneiss, où sept brûleurs de moyenne puissance s'allumèrent automatiquement, sensibles eux-aussi à la chaleur émise par le corps du Commandeur.

Florian, régularisant son souffle, considéra ce lieu quasi mythique, qu'il découvrait pour la première fois. Probablement personne, hormis Corlend Samal, n'y avaitjamais mis les pieds avant lui. Et l'angoisse faillit l'assaillir à nouveau lorsqu'il songea aux kilomètres de roc qui s'étageaient verticalement entre cette minuscule caverne - alimentée en air pulsé - et la surface. Les murs étaient tapissés de machines complexes, banques de données, écrans holographiques, computers. Tel était le bureau secret de Corlend Samal. Parmi les membres de l'Opposition, une légende circulait, parlant d'une autre Crypte, encore plus profondément située, quelque part sous celle-ci, et dont on disait que le Commandeur lui-même n'y pouvait accéder. Il pouvait s'agir d'un énigmatique héritage de l'ancienne race, mal connue, qui avait creusé les dantesques catacombes de Z'lyad, bien avant la venue des colons humanoïdes. Plus loin encore dans les entrailles de la planète bouillonnait le magma incandescent, avant lequel la crypte légendaire - existait-elle réellement? - constituerait une dernière antichambre. Cette croyance était en tous cas à l'origine du nom de "pénultième crypte", donné à l'antre du Commandeur.

Mais les deux hommes n'avaient guère l'esprit aux secrets étranges des anciens, qui pourtant faisaient frissonner bien des âmes sensibles. Ils tenaient un conciliabule où il était question de constellations lointaines, de mondes hostiles, de peuples persécutés, d'exterminations massives. Des heures durant, à l'aide de bandes mémorielles, de documents holographiques, de cartes tridimensionnelles, Corlend Samal esquissa pour le jeune Connaisseur l'épure d'une fantastique mission.

Et lorsque, enfin, Florian Venedig revint à l'air libre, la double étoile jaune et bleue de U Cephei se couchait derrière les crêtes des Mauvaises Montagnes du Milieu, et une farouche détermination se lisait sur les traits racés de ce loup qui refusait de tuer. Mais jusqu'à quand les crocs terribles de Florian pourraient-ils se garder de donner la mort?

Chapitre 2[modifier | modifier le wikicode]

"Je crois que l'homme, parson imagination, parson amour du conte et son talent de conteur, par sapeur des ténèbres et de la mort, a créé au fil des âges un autre monde de créatures différentes qui partagent la terre avec lui - des créatures invisibles, cachées je ne sais où, mais je suis sûr qu'un jour ou l'autre, elles pourraient bien sortir de la clandestinité pour revendiquer leur héritage"

Clifford D. Simak.

U Cephei IV

Sur les cartes spatiales, la planète natale de Florian Venedig apparaissait sous ce nom, car l'Impérium avait conservé la toponymie héritée de la vieille terre - la planète oubliée d'où étaient partis, quelques siècles auparavant, les lointains ancêtres de Florian. Mais pour lui, comme pour tous ceux qui y vivaient, ce monde desséché par l'ardeur d'une double étoile et à l'écorce creusée d'innombrables souterrains, ce petit monde ocré s'appelait Z'lyad.

La planète bénéficiait - mais pour combien de temps encore? - d'un statut particulier au sein de l'Impérium qui lui épargnait notamment la loi martiale et lui garantissait une relative autonomie, en contrepartie d'une apparente coopération avec l'Armée des Etoiles. Le commerce demeurait ainsi florissant. Les troupes régulières s'approvisionnaient ici en produits manufacturés, et des chantiers d'astronautique fournissaient à Naxorg des composants de haute technicité pour sa flotte et ses installations militaires.

Venedig, Connaisseur attitré du Conseil de la Révolution, couvrait cette activité clandestine par une fonction officielle de chargé de recherches au centre de physique des particules. De la même façon, le Commandeur Corlend Samal était aux yeux de la société un respectable directeur de travaux d'urbanisation.

L'homme que Florian s'en allait voir, en ce matin brumeux qui promettait une journée torride, avait quant à lui une couverture en rapport avec sa tâche à l'intérieur de l'Opposition Révolutionnaire: spécialiste de robotique, il vendait à l'Armée des Etoiles certaines 29 c machines de sa fabrication, mais il gardait secrètes ses plus récentes créations, à l'intention des besoins futurs de la résistance armée. Un taxi-navette ovoïde, se faufilant entre les bâtiments transparents de la mégalopole qui envahissait presque toute la surface de Z'lyad, déposa Florian Venedig au siège principal de l'Entreprise Cybernétique Cépheienne. Le président, principal, actionnaire et ingénieur de la firme, l'éminent roboticien Nigel Rhazmi, l'atten- dait sur l'aire d'atterrissage. Le gros homme, dont la toge blanche et le crâne rasé évo- quaient un sage des époques archaïques de la Terre-mère, plutôt qu'un technicien de l'Impérium, entraîna Florian à l'intérieur des structures métalliques et plastiques, jus- qu'au bureau personnel de Rhazmi, vaste pièce octo- gonale environnée de simili-verre aux multi- ples tons pastels translu- cides. Le maître des lieux verrouilla de l'inté- rieur les accès et opacifia complè- tement les parois de la pièce, par le truchement de commandes à biorythmes. — Nous voici à l'abri de toute indiscrétion, s'exclama-t-il sur un ton badin. Nous irons droit au fait, monsieur Venedig. Votre commandeur, en prenant rendez-vous en votre nom, m'a déjà exposé ce que vous attendez de moi. J'ai donc commencé la préparation des documents qui feront de vous - officiellement - un expérimentateur de prototypes robotiques. Et par ailleurs, j'ai sélectionné plusieurs de ces prototypes - qui en fait ont déjà été secrètement testés et sont donc parfaitement fiables - convenant à la nature de votre mission. Le choix vous appartient en dernier ressort. Nigel Rhazmi activa un cube holographique, le programma rapidement, et présenta au jeune connaisseur la quintessence de sa production. Tout en admirant, fasciné, les représentations tridi en volume réel, Florian précisa certains de ses désiderata: — Mon robot devra être doté d'une force maximum, d'une capacité à utiliser toutes les armes connues, d'une résistance exceptionnelle à tout type de corrosion, d'un entraînement parfait à tous les modes de combat rapproché et de stratégie, et enfin d'une connaissance assez approfondie en mécanique générale, avec une dextérité suffisante pour effectuer réparations et interventions. Son hôte projeta une seconde fois la série d'hologrammes, en déclarant: — Ces cinq types de robots présentent tous une somme optimale de compétences. Il peut simplement y avoir des variantes dans la prédominance de telle ou telle qualité, sans que les autres ne soient pour autant sacrifiées. Dites-moi quelle caractéristique vous placez au-dessus de tout, et je guiderai votre choix. Après un temps de réflexion, Florian se prononça en faveur du premier prototype: — Celui-ci me plait bien, et je suis porté à croire qu'il est le plus performant dans les domaines qui me tiennent le plus à coeur... 30 31 — En d'autres termes? s'enquit Rhazmi, intrigué. — Puissance et résistance. Le président de l'E.C.C. fit revenir l'image tridi du premier robot. Sa voix trahissant son étonnement, il confirma: — Le prototype NX 3 B est en effet supérieur aux autres en ce qui concerne le rapport force/solidité. Mais... vous avez des notions approfondies de robotique, Connaisseur? — Absolument pas. Un Connaisseur ne peut pas tout connaître ! fit en souriant le jeune homme. — En ce cas, comment avez-vous pu faire ce choix? Car je gage que le hasard... — N'a rien à voir là-dedans, non. J'ai simplement analysé visuellement les différents coefficients de formes de vos machines. Et puis, comme ces paramètres sont liés aux définitions techniques des mécaniques, j'en ai déduit les aptitudes dominantes de vos modèles. Nigel Rhazmi siffla d'admiration. — On m'avait dit que vous possédiez des pouvoirs faisant défaut au commun des mortels... Je ne m'attendais pas à en avoir une démonstration dans le cadre de notre entrevue! — Je m'en remets cependant à votre autorité de spécialiste, Président. Jugez-vous mon choix judicieux? — Tout à fait. D'ailleurs, je vous avoue que le NX 3B a ma préférence. C'est mon "dernier né", si je puis dire. Je vais vous l'appeler; ce bureau est directement relié à l'atelier ultra-secret où je mets au point mes prototypes., Nigel Rhazmi s'avança vers un transmetteur vocal devant lequel il articula très distinctement: — Atelier 12. Un voyant vert s'alluma sur l'appareil de liaison, indiquant que l'atelier était en ligne. — Xatal: monte! Le voyant se mit à clignoter, signifiant que le message avait été bien reçu. — Mon NX 3B, expliqua Rhazmi, répond au nom de Xatal. Ii est actuellement programmé pour reconnaître ma voix et lui obéir, mais une infime modification permettra de l'accorder sur votre propre fréquence vocale. Dans la seconde qui suivit, une trappe s'ouvrit automatiquement dans le sol de la pièce, au milieu de laquelle s'immobilisa un nacelle cylindrique et transparente supportée par un faisceau d'énergie vertical. A l'intérieur, un imposant robot se tenait immobile. — Vous n'aurez jamais à faire la moindre manipulation, indiqua Rhazmi: aussitôt que j'aurai substitué votre voix à la mienne dans sa mémoire, il exécutera simplement tout ordre émanant de vous - à moins, mais cela ne risque guère de se produire, que ses compétences ne le lui permettent pas. Bien, je vais sur le champ procéder à la petite modification en question. Le président s'appuya sur l'un des pupitres composant son bureau, mains à plat sur une surface irisée, polie comme un joyau. La structure du simili-verre de la nacelle se transforma alors pour ménager une ouverture au travers de laquelle le robot passa dès que Rhazmi eût prononcé: "Xatal, viens !" La pesante machine humanoïde se rendit auprès de son maître, tandis que le cylindre transparent redescendait vers les niveaux inférieurs, et que la trappe d'accès se comblait automatiquement. Nigel Rhazmi sortit des plis de sa toge une sorte de clef, dont la forme évoquait une croix ankhée. Il dégagea un des deux panneaux thoraciques du robot, et Florian le vit introduire sa clef à l'intérieur de la complexe mécanique. — Connaisseur, fit Nigel Rhazmi, je vous demande de répéter après moi: "je suis Florian, tu es Xatal, un, zéro, huit. Et ce sera terminé". Florian se conforma à cette prescription; le cybernéticien 32 33 manoeuvra la "clef' comme s'il refermait une serrure, la retira et rabattit le panneau. — Voilà, déclara-t-il. J'ai effacé de sa mémoire ma propre commande vocale et j'ai programmé la vôtre. Au cas où vous soyez, un jour, appelé à transmettre le commandement de Xatal à une autre personne, vous allez garder précieusement cet ankh... Avez-vous repéré la procédure? — Il me semble que je saurais le refaire, acquiesça Florian. — De toute manière, si vous aviez un doute, il vous suffirait de demander conseil à Xatal, qui vous détaillerait exactement les gestes à accomplir. Maintenant, nous allons descendre tous trois jusqu'au septième sous-sol, d'où vous pourrez rejoindre les catacombes. Le gros homme les guida, par deux nacelles successives, l'extérieure d'abord, puis une autre intérieure, et ils se séparèrent au seuil d'un accès secret aux souterrains. Nigel Rhazmi abandonna à Florian son inestimable NX 3B, non sans une ombre d'émotion dans les yeux - les roboticiens sont souvent très sentimentaux à l'égard de leurs machines qui pourtant, elles, ignorent les sentiments... A bord de l'astronef du centre de recherches, que sa fonction l'autorisait à employer, Florian Venedig s'éloignait de Z'lyad. Déjajes étoiles jumelles U Cephei s'amenuisaient, sur l'écran panoramique de poupe. La quatrième planète du système n'était plus visible, mais Florian savait que du plus profond des catacombes, la fraction militaire du Conseil Révolutionnaire téléguidait les opérations de commando: depuis quelques heures, à travers bien des systèmes, de Virgo à Fomalhaut et d'Antarès à Cassiopée, des insurrections éclataient, des garnisons de l'Armée des Etoiles étaient attaquées par des groupes-suicide.

Florian, le coeur serré, songeait aux compagnons qui versaient leur propre sang, et aussi celui des soldats réguliers: à la solde de l'infâme Naxorg, ils n'en restaient pas moins des hommes, et Florian déplorait la violence qui répond à la violence. Combien, dans ces sinistres Régiments des Etoiles, étaient, peut-être, des individus ordinaires, simplement fourvoyés dans une idéologie de haine et de mort? Les précédents ne manquaient pas, dans l'histoire de l'humanité: les actes monstrueux ne sont pas toujours le fait de véritables monstres.

Le jeune Connaisseur avait encore, en ce moment où l'Impérium basculait dans un chaos dont pourrait sortir le meilleur comme le pire, une pensée pour Tchalna. Partie vivre loin de la Montagne Froide, la fragile Tchalna aux longs cheveux fauves verrait-elle le fer et le feu ravager la demeure qu'elle s'était choisie? Florian eût prié pour elle, s'il avait su prier. Tandis que le robot Xatal pilotait le vaisseau, Florian Venedig se livrait à des exercices de prânàyâma, faisant taire par ces techniques respiratoires les émotions qui se bousculaient en lui. Il essayait de ne plus songer qu'à sa mission.

Le temps que durerait la guerre déclenchée par Samal, le formidable appareil militaire de Naxorg aurait d'autres soucis que de don- 34 35 ner la chasse à un malheureux petit astronef civil, et Florian pourrait donc évoluer aux franges de l'univers connu sans trop risquer de se trouver en butte aux régiments ennemis. Tout au plus s'attendait-il à

Chapitre 3[modifier | modifier le wikicode]

Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses. Guillaume Apollinaire Alcools. 36 37 Xatal vérifiait l'état des compensateurs de gravité, qui lui semblait suspect. Dans les dunes de sable brun auprès desquelles le robot avait posé l'astronef, Florian songeait à l'étrange parcours qui l'avait conduit de planète en planète, d'indice en indice. Jusqu'à ce monde aux paysages grandioses, où se cachait, d'après les éléments déjà en sa possession, une nouvelle pièce du puzzle. Mais il ignorait si, dès lors qu'il aurait déniché l'indice en question, le puzzle serait complet, et si la route menant à la planète invisible lui apparaîtrait enfin dans son intégrité. Il acheva l'ascension de la plus haute dune, depuis laquelle il dominait la masse oblongue de l'astronef. De ce côté s'étendaient à perte de vue de mornes ondulations sableuses, entrecoupées de chaos rocheux. Florian pivota lentement sur lui-même, embrassa l'autre paysage, celui d'au-delà les dunes. Une vaste plaine poussièreuse, parsemée ça et là d'arbres rabougris et de buissons épineux, était traversée par une piste grossièrement tracée, qui menait à un petit ensemble de baraquements perdus au milieu de cette immensité déserte. D'aussi loin, Venedig ne pouvait déterminer avec certitude si les mouvements quasi imperceptibles qu'il devinait étaient le fait d'êtres vivants ou de broussailles charriées par le vent. Etablissement civilisé ou ville fantôme, il lui fallait en avoir le coeur net. Il prévint Xatal par transmetteur et décida de se rendre sur place, la distance à couvrir lui semblant de l'ordre du mile standard. 39 Le connaisseur dévala en sautillant la pente sableuse, puis il progressa d'un pas alerte et régulier en direction de la piste. Il apercevait, bien plus loin encore que la "ville" mystérieuse, une barrière sombre dans le paysage plane, et il se demandait s'il s'agissait d'une énorme brèche dans le plateau désolé - réponse qui lui paraissait la plus vraisemblable - ou d'une épaisse ligne de verdure. Mais pour l'heure, Florian s'imposait comme première étape dans l'exploration de la région les baraques sans style, là-bas, au bord de la mauvaise piste caillouteuse. Il approchait. Et il voyait désormais distinctement qu'il y avait en effet des amas de plantes épineuses, roulés au gré des vents; mais il y avait aussi des hommes. Ils sortaient, un par un, des constructions déjà en voie de délabrement. Un petit groupe s'avançait même en direction du jeune Cepheien. Florian releva la visière de son casque intégral. Les individus en question présentaient un aspedt des plus terribles. Leurs vêtements de cuir noir étincellaient de clous et de rivets métalliques, certains portaient en outre, plaquées sur leurs costumes, des pièces d'acier martelé, d'autres étaient bardés de chaînes ou de lanières. Tous arboraient des coiffures plus exubérantes les unes que les autres, teintes de couleurs vives, et beaucoup brandissaient une arme bizarre, formée d'une barre de fer assez longue équipée à son extrémité d'un nombre variable de grosses chaînes terminées par des lames acérées tels des kouttars. Discrètement, Florian murmura dans son transmetteur: "Xatal, tu me reçois ?" La voix synthétique du robot nasilla un "oui" dans les micros de son casque, et le jeune homme ordonna: "localise-moi, et viens !" Cependant, alors que Florian ralentissait son pas, l'un des inquiétants personnages - le chef, sans doute, reconnaissable à sa chevelure rouge hérissée et aux multiples insignes de métal qui décoraient les revers de son cuir - leva la main et les autres s'immobilisèrent. L'homme, seul, avança encore, jusqu'à barrer le chemin à Florian. Face à face, si près que le connaisseur pouvait sentir une odeur forte et rance, ils s'observèrent. Puis le chef des "cuirassés" parla. — Où vas-tu comme ça, voyageur du ciel? Sa voix était éraillée, et une mince cicatrice à la base de son cou laissait à penser à quelque mutilation ancienne des cordes vocales. — Je viens du système U Cephei, commença Florian. — Que veux-tu que ça nous fasse? Nous avons vu arriver ton astronef; tout ce qui nous importe, c'est que tu eS un étranger, et ça, on n'est pas habitués. Ici, on est bien entre nous, on est nos propres maîtres et personne rie vient jamais voir ce qui se passe. Il y a bien un peu de racaille indigène, mais on les a mis au pli. Florian dressa l'oreille. 40 1 41 — Des indigènes? Alors vous n'êtes pas d'ici? — On descend des colons qui... Mais t'as pas à t'occuper de ça! s'emporta soudain le type. Tu ferais mieux de remonter dans ta petite fusée, et de repartir très vite. Sinon... Il agita ostensiblement son fléau d'armes, avec un rictus menaçant. Florian sourit. Ses sens particulièrement aiguisés percevaient la venue prochaine de son fidèle Xatal. Sans se retourner, il pouvait estimer que le robot devait maintenant être à portée de vue. Et, de fait, un léger mouvement ainsi qu'un murmure parcoururent la bande de cuirassés. — Ralf, cria l'un d'eux, voilà encore de la visite! Le dénommé Ralf regarda par dessus l'épaule de Florian. De sa course mécanique. Xatal approchait à vive allure. — C'est mon robot de combat, indiqua le jeune Cepheien avec calme. Un adversaire très agaçant, car les coups ne l'indisposent nullement, et il possède la force d'une douzaine d'hommes... Il s'interrompit, considéra les pistolets de facture archaïque que certains venaient d'extraire de leurs accoutrements, puis il reprit: — L'alliage dont il est fait résiste parfaitement à tous les projectiles; pour votre gouverne, sachez que, quant à lui, il dispose dans sa carcasse d'armes autrement dévastratrices, telles que lasers, radiants... Florian sourit encore, plus particulièrement à l'adresse de Ralf, le chef. — Tu vois, je ne crois pas que je vais m'en aller si vite. Je n'ai rien contre toi et ta petite famille... mais j'ai l'intention de visiter un peu cette planète, tu comprends. Xatal venait de stopper auprès de Florian. Tout à coup, Ralf éleva son fléau avec un cri de rage, visant la tête du jeune Connaisseur, lequel agit avec la rapidité du serpent: il saisit la main qui tenait l'arme, en même temps qu'il crochetait du pied les jambes de sonantagoniste, le déséquilibrant. Ralf chut pesamment, son fléau lui échappa, et sans qu'il ait pu réaliser ce qui lui arrivait, il était plaqué au sol par l'une des lourdes semelles du robot. Xatal avait par ailleurs fait jaillir de ses membres supérieurs des prolongements tubulaires qui menaçaient le groupe des cuirassés indécis. — Des radiants calorigènes sont braqués sur vous, expliqua Florian. Il serait plus sage de revenir à de bons sentiments! Les hommes de Ralf s'apaisèrent. Venedig aida leur chef à se relever: il semblait avoir abandonné toute velléité belliciste. — Alors, Ralf ? fit doucement Florian, le sourire toujours aux lèvres. Ces indigènes, où peut-on les trouver? — Je vais te montrer, répondit l'autre d'un air contrit. Mais avant, peut-être as-tu besoin de ravitaillement, carburants, lubrifiants? Nous avons ici toutes commodités.... Florian et Xatal franchirent le ravin tapissé de verdure par le chemin que leur avait indiqué Ralf. Après un passage assez abrupt, ils prirent pied sur un plateau sensiblement moins désertique que son homologue situé de l'autre côté de la faille. Les buissons et les arbustes y croissaient en plus grand nombre, et une maigre pelouse recouvrait inégalement le sol rocailleux. Ils marchèrent quelques heures, jusqu'à apercevoir au loin les fumées d'un village. Florian fit signe de stopper et s'adressa au robot: — D'après ce qu'a bien voulu nous raconter le chef des "cuirs et clous", les autochtones sont d'un naturel plutôt doux, mais facilement impressionnable. Je ne voudrais pas qu'ils soient effrayés à la vue d'une boîte de ferraille telle que toi, car leurs réactions seraient alors imprévisibles. Aussi vas-tu attendre ici, je t'appellerai si tout va bien... Le jeune Connaisseur poursuivit donc seul. Dès qu'il parvint entre les premières huttes, une dizaine de guerriers l'encerclèrent. Des guetteurs devaient avoir signalé son approche. 42 1 43 Le comité d'accueil ne se montrait pas spécialement hostile; simplement, on entourait, à distance respectable, le visiteur. Lequel continua d'avancer vers le centre du village, accompagné par cette escorte inattendue. Les gens de ce peuple étaient des humains du type le plus commun. Tout au plus différaient-ils de Florian par leur peau plus brune, leurs cheveux longs plus noirs, qui contrastaient singulièrement avec la combinaison de polyuréthane du Cépheien. Sur une place centrale aménagée au milieu des huttes de bois et de toiles tendues, un personnage à l'air important attendait le cortège. Florian comprit qu'il s'agissait du chef. Les broderies de ses vêtements étaient plus riches, plus colorées, et une étrange parure, faite de petits animaux empaillés et fixés à un casque de rotin, surmontait sa tête au port altier. Toujours environné par les guerriers, qui sans le menacer serraient cependant entre leurs mains diverses armes de jet, Venedig vint s'incliner devant l'homme, et fit les gestes de paix universellement connus: coudes au corps, il leva à hauteur d'épaule sa main droite ouverte, paume en avant, et il posa sa main gauche à plat sur sa poitrine. Le chef sembla se détendre. Il hocha la tête, et ordonna par signes à ses sujets de ranger leurs armes, et se rapprocha de Florian. Celui-ci, qui jusqu'à lors n'avait remarqué ni femme ni enfant à l'intérieur du village, vit dès ce moment la gent féminine ainsi que la marmaille sortir des huttes et se masser, prudemment, derrière la haie des guerriers. Le Connaisseur parla, dans la lingua franca de l'Impérium. — Amis, je viens d'une étoile lointaine, avec des intentions pacifiques. Je me livre à des recherches, et peut-être pourriez-vous m'aider... Mais ses hôtes indiquèrent, par leurs moues perplexes, qu'ils necomprenaient pas. Le chef, à son tour, prit la parole. Il s'exprima dans le dialecte chantant de son peuple, et, bien entendu, ce fut à Florian de montrer semblablement son incompréhension. Une lueur éclaira bientôt la face renfrognée du chef. Il se dressa sur la pointe des pieds, levant le menton comme s'il cherchait du regard quelqu'un, dans la foule silencieuse des femmes et des enfants. Il proféra à plusieurs reprises, un cri qui devait être un appel, et dans l'instant suivant, une jeune fille se faufila jusqu'à la rangée de guerriers impassibles qu'elle dépassa pour venir auprès du chef. Celui-ci lui chuchota quelques mots à l'oreille, tandis que Florian admirait les longues tresses noires d'ébène de la villageoise, ses immenses yeux en amandes, d'un vert qui illuminait le teint hâlé de son visage à l'ovale pur. Elle était plus grande que la moyenne des ses semblables, et sa silhouette harmonieuse, bien mise en valeur par une courte tunique bleue et sable, révélait par ailleurs une nette tendance athlétique. Quand l'homme au curieux chapeau eut terminé de lui faire ses recommandations, la jeune fille tenta d'engager le dialogue avec Florian ; à sa grande surprise, il reconnut la langue qu'elle utilisait. C'était du spatianglor, un idiome développé par la Terre-mère au début de la conquête spatiale, et désormais très peu usité en dehors des planères siriusiennes. — Notre monarque, disait-elle, m'a demandé de vous parler dans la langue de mes aïeux. Me comprenez-vous? — Parfaitement, acquiesça Florian ébahi. Seriez-vous donc originaire d'un autre monde? — Oui et non. Je suis née dans l'espace, à bord d'un astronef qui s'échoua ici. Ma mère et moi, seules survivantes, fûmes recueillies par cette tribu. La planète natale de ma mère s'appelait Arxos, mais je ne l'ai jamais connue. Venez-vous de là, vous aussi? — Je viens de plus loin encore. J'ai besoin de l'aide de cette tribu, car 44 1 45 je recherche quelque chose... Pouvez-vous dire au chef que ma démarche est amicale? La jeune fille traduisit. Le monarque se rembrunit et pointa un doigt inquisiteur sur l'étranger en vociférant. — Il est inquiet, car vous venez de là-bas... Là où vivent les Hommes Méchants. Il craint que vous ne soyiez des leurs! — N'avez-vous point vu, cette nuit, une fusée descendre du ciel? Je suis arrivé à son bord; et si j'ai effectivement traversé le domaine de ces gens déplaisants dont vous parlez, je ne suis en aucune manière leur ami. Ils ne m'ont d'ailleurs épargné que grâce à l'appui d'une puissante machine dévouée à ma défense. J'ai abandonné ce valeureux allié non loin d'ici, car son aspect eut pu vous effrayer tout comme il a effrayé les Hommes Méchants. Mais il m'obéit aveuglément, et puisque je suis votre ami, il sera aussi le vôtre. La jeune fille rapporta au chef les propos du jeune Cépheien. Le fier personnage maugréa encore quelque chose, puis il finit par se dérider. — Il a dit: ces malfaisants, ils nous ont tellement tourmentés... — Que vous ont-ils fait? s'enquit Florian. — Depuis bien longtemps, ils venaient parfois piller nos réserves de nourriture, et nous les laissions prendre ce qu'ils volaient, car pour mon peuple les victuailles sont à tout le monde, et l'égoïsme est méprisable. Un jour, ils sont venus sur leurs machines vrombissantes et se sont emparés de la seule chose à laquelle la tribu attachait de la valeur. Il y a eu combat, mais ils étaient les plus forts. Ils ont emporté le butin, laissant le sol jonché des cadavres de nos pauvres guerriers. Florian Venedig cogita promptement. Le mystérieux trésor dérobé par les "cuirs et clous" - les Hommes Méchants, ainsi que les baptisaient, vraisemblablement à juste titre, les indigènes - pouvait être ce qu'il cherchait. Aussi résolut-il d'agir avec diplomatie. — Dites au chef que si son peuple désire vraiment récupérer ce qu'ils lui ont volé, je puis offrir mes services... Je pense être fort capable de faire entendre raison aux Hommes Méchants. La jeune fille continua de jouer l'interprète. — Notre monarque a des doutes. Il dit que ces hommes-là sont forts et nombreux. Leurs machines-tonnerre répandent la terreur et la mort. Comment, seul, leur imposeriez-vous votre volonté? — Ils ne peuvent rien contre mon valeureux compagnon de métal, dont je vous ai déjà parlé. Lui, ils ne l'empêcheront pas de reprendre votre bien. Puis-je l'appeler ? Vous verrez que son apparence force le respect... Toutefois, il ne faudra pas en avoir peur, car il ne vous fera aucun mal. Le chef se laissa convaincre. Florian appela donc Xatal, puis enleva son intégral. — C'est un transmetteur, que vous avez dans votre casque ? interrogea la jeune fille. — Oui, répondit Florian avec étonnement. — Et votre compagnon qui va arriver, est un robot, n'est-ce pas? — Mais oui ! Vous connaissez ce genre de choses, vous qui m'avez dit avoir vécu ici toute votre vie? — Ma défunte mère m'a raconté beaucoup de choses, expliqua-t-elle. N'oubliez pas qu'elle était d'Arxos, et n'ignorait rien de ce qui a cours dans l'Impérium. Les yeux de la jeune fille se voilèrent. — Mes parents étaient des princes, sur leur planète. Là-bas, on nous croit certainement morts. J'aimerais tant aller sur le monde natal de mes ancêtres! Il y avait une sorte de supplication muette dans son regard fixé sur celui du jeune Cépheien; il trouvait cette naufragée des étoiles si jolie qu'il déclara sans hésiter: — Je vous emmenerai - si bien sûr vous acceptez de voyager avec moi. Quel est votre nom? 46 I 47 — Idris, répondit-elle. — Et bien, Idris, après que j'aie,remis un peu d'ordre sur cette planète, nous partirons pour Deneb, où j'ai une ultime affaire à régler... Puis je vous déposerai sur Arxos avant d'aller tuer l'infâme oppresseur de notre Impérium. Idris le gratifia d'un immense sourire qui découvrit ses dents de ~T~O~ nacre, et dit d'une voix de petite fille joyeuse: r

— Pourrais-je emmener Tikot-Lin - c'est mon suricate de compagnie, un animal d'une rare intelligence et très doux? — Tout ce que vous voudrez, princesse des étoiles, murmura Florian, souriant lui aussi. Cependant, Xatal faisait une entrée fort remarquée dans le village, et il fallut toute une heure-standard avant que soit assouvie la curiosité des indigènes à l'égard de cet "homme-machine", envoyé à leur secours par les dieux du ciel. 49 48 Dans la cabine de l'astronef, Idris et Florian étaient confortablement installés, face à l'immense panorama des constellations. Xatal, au pupitre de commande, veillait sur le bon fonctionnement du pilotage automatique. Tikot-Lin, étonnante créature sautillante au faciès de rongeur, tremblait de surexcitation devant le spectacle des étoiles. Florian venait d'expliquer à la jeune fille le motif et le but de ses investigations à travers la Galaxie. Maintenant qu'ils laissaient loin derrière eux la planète steppique, les Hommes Méchants et les bons sauvages - qu'Idris avait eu quelque peine à quitter - il ne restait qu'une étape avant d'être paré pour la bataille finale. — La planète-prison, Deneb VIII! grondait sourdement le Connaisseur, le dégoût dans la voix. Je m'étais juré voici bien longtemps de tenter un jour la libération de cette planète maudite. Sous peu, ce sera chose faite! Et je trouverai sur place, parmi les mutants, de vaillantes recrues pour compléter mon commando. — Ferai-je partie de ce commando ? demanda Idris, le plus sérieusement du monde. — J'ai dit que je vous déposerai sur Arxos, rappela Venedig. Votre place n'est pas... — Mais sachez que j'ai passé ma jeunesse à entraîner mon corps à de multiples disciplines physiques! plaida-t-elle. J'étais la plus rapide et la plus forte du village. A tel point que, si la coutume n'eût pas formellement interdit aux femmes de se battre, je fusse allée affronter moi-même les Hommes Méchants! 51 r- Florian sourit, cherchant une réplique imparable. Mais le nasillement du robot interrompit la•polémique. — Zone d'astéroïdes. Changement de cap. Idris et Florian se tournèrent vers les écrans panoramiques. Une large bande d'un brun pâle se détachait sur le noir de l'espace. Comme l'astronef s'en rapprochait bonne allure, ils purent bientôt distinguer les blocs de tailles diverses qui se pressaient en rangs successifs. — Appareils de détection perturbés, dit Xatal. Je répète: Appareils de détection perturbés! Un pli soucieux barra le front de Florian. — Présence d'un objet suspect? interrogea-t-il. — Imprécisé. — Je n'aime pas cela, maugréa le Connaisseur. Je crains qu'il n'y ait un intercepteur dans les parages. Il vit très rapidement ses craintes concrétisées. Une étrange vibration de l'air affecta la cabine de pilotage, et des scintillances apparurent autour des aventuriers. — Intrusion de patrouilleurs Psyborgs, avertit le robot, abandonnant son pupitre de commandes. — Partez vous mettre à l'abri! cria Florian à l'adresse de la jeune fille. Des ennemis se sont téléportés à l'intérieur du vaisseau... Mais il était trop tard. Les Psyborgs avaient terminé de se matérialiser: trois humanoïdes en scaphandres spatiaux portant les couleurs jaune et bleue de l'Armée des Etoiles, brandissaient des fusils radiants. Les agresseurs ouvrirent immédiatement le feu. Florian n'eut que le temps de bondir sur Idris pour la projeter au sol, lui épargnant ainsi une mort certaine. Xatal ripostait déjà, bien que touché. Venedig, d'une détente, s'élança entre les rayons meurtriers des Psyborgs, et en étendit unpour le compte d'une botte secrète de son kouttar qui, trouvant la jointure du casque et de la combinaison, atteignit la gorge de l'intrus. Un second Psyborg se trouvait trop près de Florian pour tirer une salve de radiant sans risque pour sa propre vie; aussi le patrouilleur frappa-t-il avec la crosse de son arme. Tout comme le jeune Connaisseur, les patrouilleurs Psyborgs avaient reçu un entraînement des plus intensifs. Florian ne pût éviter complètement le coup, porté de main de maître, et reçut la crosse sur l'épaule. Mais sa réaction ne se fit point attendre: il décocha une ruade de ses deux pieds joints, une sorte de saut-chassé de faible amplitude, qui envoya son adversaire bouler à plusieurs mètres de lui, et s'écraser contre une console de computer. Dans sa chute, l'intrus laissa échapper son radiant, cependant que Florian, la mort dans l'âme, dégainait le pistolaser fixé à sa ceinture afin d'en finir au plus vite. Xatal, derrière lui, s'évertuait au corps à corps contre le troisième assaillant qui réalisait l'incroyable prouesse de lui tenir tête. Etourdi, l'antagoniste de Florian tentait de se redresser. Il secoua la tête violemment pour recouvrer ses esprits, et dans ce mouvement son casque, déverrouillé, fut balancé à distance. Florian qui le tenait en joue et allait presser la gachette, tomba en arrêt. C'était une femme. Une douleur noua la gorge du jeune Cépheien. Ces longs cheveux châtains, ce visage allongé, au teint mat, et ces grands yeux noisette, légèrement dorés... Il resta un instant paralysé, la patrouilleuse ne le laissa pas passer sans agir. Elle dégaina à son tour et tira. Le rayon perça la combinaison du Connaisseur à la hauteur de la poitrine, et il s'écroula sans une plainte, dans la fumée du polyuréthane calciné. Idris, elle, poussa un cri déchirant. Son premier réflexe fut de se 52 53 jeter sur le corps du jeune homme à l'agonie, mais elle se ravisa dans la fraction de seconde, et, prenant au dépourvu la femme Psyborg qui ne se méfiait pas d'elle, elle ramassa le pistolaser de Florian et abattit la belle tueuse. Xatal venait finalement d'étouffer son adversaire entre ses bras de métal. Il s'approcha de son maître gisant au sol, et dit: — Intrusion repoussée. Cependant, Idris s'agenouillait auprès de Florian qui respirait à peine. — Pourquoi avez-vous hésité, gémit la jeune fille, des sanglots dans la voix. Pourquoi, pourquoi! — J'ai cru un instant que c'était Tchalna, répondit Florian dans un râle. Une quinte de toux le secoua, qui fit remonter un flot de sang à ses lèvres. — Elle... lui ressemblait tant... Idris ne comprenait pas, bien sûr, de quoi il retournait. Elle se mit à pleurer sans retenue. — Xatal, appela Venedig. Tu vas changer de maître. Tu indiqueras à Idris la... procédure de sélection vocale... — Compris, fit le robot. — Mais, fit la jeune fille, vous n'allez pas... — Mourir ? Si. Xatal veillera sur vous... Votre voix mise en mémoire, il vous sera possible de le commander... Je souhaite que vous alliez... libérer, malgré tout, Deneb VIII, mais après cela, ce sera à vous de choisir, d'achever ou non la mission... Idris hocha la tête, ruisselante de larmes. — Vous pourrez faire escale sur Sirius IV... Essayez de contacter Huzuk, c'est un grand notable cométoïde qui vous aidera si vous vous réclamez de moi... Aaah! — Nous irons au bout de la mission, dit farouchement la jeune fille, car c'est ce Naxorg la cause de ce qui arrive... Il mourra. Le sang sourdait maintenant du nez, des oreilles et des yeux du jeune homme. — Je vais vous soigner! hurla Idris, éperdue. — Inu... inutile. Florian émit une série de borborygmes et de syllabes sans suite. Puis il commenca à délirer. — J'ai vu les êtres de légende regagner les limbes de l'Id qu'ils n'auraient jamais dû quitter... Idris regarda Xatal d'un air implorant. Mais le robot n'avait pas été programmé pour partager les sentiments des Humains. De la coursive ouest du vaisseau émergea Tikot-Lin, le Suricate, qui revenait d'une visite au réacteur principal, et qui n'avait rien su de la terrible lutte. — Que s'est-il passé, maîtresse ? s'enquit-il avec une moue de dégoût devant le spectacle de mort. — Un drame abominable, mon pauvre Tikot! répliqua Idris. Florian ,baignant dans son propre sang, était déjà bien loin du monde. Il délirait encore. — J'ai réchauffé le musée des glaces, aux portes de la nuit... La jeune fille lui essuya le front. — Tikot, va chercher des linges, pour éponger tout ce sang! ordonna-t-elle. — J'ai vu..., poursuivait le Connaisseur, j'ai rencontré... le diable dans un vaisseau fantôme et je l'ai vaincu grâce à la foi de mes ancêtres... J'ai été, tel Hercule aux écuries d'Augias, sur la Planète Putride... — Mais de quoi parle-t-il? soupira la jeune fille. Xatal, dont les circuits-mémoire contenaient une somme immense de connaissances, répondit: — Je crois comprendre qu'il y a des références à de très anciens 54 a 55 mythes de l'histoire des Humains. Florian ne rejetait plus de sang. Idris l'enveloppa dans des étoffes stériles qu'apportait le suricate. Un râle plus fort secoua le corps supplicié du jeune homme. Son regard voilé de rouge se fixa sur Idris, sans la voir, et il murmura: — Si un jour vous allez sur Z'Iyad... faites savoir à Tchalna... Il expira une dernière fois, et Idris dut apposer son oreille sur la bouche du mourant pour entendre ces quelques mots: — Dites à Tchalna que... Et il mourut. La jeune fille se releva, les yeux secs, et son visage était un masque de tristesse quand elle chuchota, pour elle-même: — Je lui dirai que vos dernières paroles furent pour elle. Xatal, un peu plus tard, offrit à son défunt maître le cosmos infini pour sépulture. Et l'astronef poursuivit sa course vers Deneb VIII.

GLOSSAIRE[modifier | modifier le wikicode]

Armée des étoiles: Institution militaire créée en 2812 par l'oligarchie Terrienne. Destinée tout d'abord à assurer la protection des missions d'exploration spatiale, puis des colons envoyés depuis la Terre sur Proxima et Alpha Centauri; elle acquit ensuite des pouvoirs plus larges dans l'Impérium dès sa proclamation en 2901. Elle cumula très vite les fonctions de police interne à l'Impérium, d'armée d'invasion et de colonisation, et eut des réprésentants, essentiellement observateurs, au sein des Assemblées Tripartites, à partir de 2963. En 3009, un général de l'Armée des Etoiles, Naxorg, jusque-là réputé pour son effacement et sa discrétion, organisa un coup d'état qui le plaça à la tête de l'Impérium, investi des pouvoirs absolus. L'Armée des Etoiles fut la seule institution à survivre à ce putsch; elle centralisa tous les commandements, et gouverna sous la loi martiale la quasi-totalité de l'Impérium. Assemblées Tripartites: Par la fondation de l'Impérium des Planètes Unies (2901) trois races proclamèrent leur volonté de bâtir une société universelle, juste et tolérante, où chacun reconnaissait la valeur de l'autre. Ces trois races, que l'expansionnisme Terrien avait fait se rencontrer, étaient: les Humains de la Terre; les Mutants d'Alpha Centauri; les Cométoïdes de Sirius IV. Elles concrétisèrent leur désir de gouverner ensemble l'Impérium, en constituant, sur chaque planète colonisée ou adhérant à la coalition, des parlements où les réprésentants de chaque race étaient en nombre égal. Donc, trois fractions parlementaires se partagaient la scène politique universelle, d'où le nom d'Assemblées Tripartites.

Commandeur: Titre important, correspondant à une fonction élevée dans différentes organisations locales ou universelles, au sein de l'Impérium. Ne doit pas être confondu avec un grade militaire. En effet, cette fonction apparaît, pour la première fois dans l'histoire en 2902: les assemblées tripartites, créées de fraîche date, nommèrent trois représentants, un pour chaque race, chargés de superviser et de coordonner l'action de leur parti, et leur décernèrent le titre - au début plutôt honirifique - de Commandeur. Il y eut ainsi un Commandeur de la section des Mutants, un pour les Cométdides et un pour les Humains. L'emploi de ce titre, de plus en plus envié, va se généraliser ensuite sur les mondes de l'Impérium ainsi que dans les différentes guildes à vocation multiplanétaire, telles la Guilde des Maîtres d'Armes ou la Guilde des Jagatyogin (voir ce mot). On trouve des Commandeurs jusque dans certaines castes sociales ou corps de métiers. Dans une période plus récente, le titre revêt également une valeur ésotérique, et devient la plus haute distinction dans certaines organisations clandestines - exemple, l'Opposition Révolutionnaire. Connaisseur: De la même façon que des groupements humains de nature et d'importance très diverses se choisissent un Commandeur, toute communauté, qu'elle soit ésoterique, socio-professionnelle, politique, para-militaire, se doit d'avoir un Connaisseur. Il s'agit de la personne la plus érudite d'une manière générale, celle qui est à même de conseiller l'organisation dans tous les domaines. Ce sont bien là les deux pôles de la plupart des organisations humaines: un chef temporel, investi d'une autorité concrète - celui qui possède le plus grand charisme et les dons les plus évidents de meneur d'hommes se retrouve en général à ce poste - et un conseiller théoricien principal, véritable chef intellectuel dont les pouvoirs, sont, bien sûr, moins grands que ceux du Commandeur. Impérium: Après le second stade de la découverte spatiale, celui qui les mit en contact, dans d'autres systèmes stellaires, avec des civilisations exogènes, les Terriens colonisèrent de nombreuses planètes. Mais ils se heurtaient, en certains mondes, à des êtres au moins aussi évolués qu'eux. Ceci les mena à traiter, notamment avec deux de ces races extraterrestres, Mutants et Cométdides, afin de poursuivre ensemble une expansion rationnelle à travers la Galaxie. Les trois races s'unirent donc plutôt que de s'affronter, et ce fut la naissance de l'Impérium des Planètes Unies. Les habiles politiciens terriens et, plus tard, leurs descendants nés sur les colonies, s'efforcèrent toujours de réserver à la race humaine un rôle prépondérant. Il y eut même permanence, depuis l'avènement de l'Impérium, d'une minorité humaine - forte surtout au sein des armées - extrémiste, partisane d'un nationalisme humain exacerbé. L'on sait ce qu'il advint, lorsque cette minorité, Naxorg en tête, s'arrogea le pouvoir absolu. Jagatyogin: Adepte du Jagatyoga. Appelé aussi Brahmandayoga, cette discipline du corps et de l'esprit vise à dégager dans l'homme toutes les potentialités capables de mener au surhomme, à l'être en harmonie parfaite avec l'univers. Il semble d'ailleurs que le sens ancien du mot Jagatyoga (brahmandayoga étant un synonyme) évoque cette idée d'une "discipline" (yoga) universelle: jagat signifierait le monde, l'univers (brahmanda aurait approximativement le même sens, cosmos, univers). Il semble qu'il s'agisse là de mots issus d'une très vielle langue de la Terre-mère, langue morte avant même que ne s'engage la colonisation de l'espace. Le Jagatyogin contrôle parfaitement son corps et son esprit; il se veut sage, érudit, insensible au froid comme à la faim ou à la douleur, 60 a 61 et recherche la perfection dans chaque fibre de son corps. La Guilde des Jagatyogin avait pour éthique de ne jamais utiliser ses pouvoirs exceptionnels contre d'autres êtres vivants, le seul but étant la transcendance de l'être pour l'union mystique avec l'univers. Mais certains adeptes "déviants" se servirent de leurs dons à des fins douteuses, et se vendirent, comme mercenaires à qui les voulait acheter. Des hommes avides de puissance, après avoir suivi les enseignements de la Guilde, se lançaient à la poursuite de la gloire. Devant un tel dévoiement de leurs principes fondamentaux, les grands maîtres Jagatyogin choisirent eux-mêmes de dissoudre leur Guilde. On pense néanmoins qu'il subsiste encore, de par l'Impérium, des humains détenteurs de la méthode Jagatyogin, au moins partiellement. Kouttar : Arme blanche utilisée dans tout l'Impérium. Se compose d'une sorte de glaive court, épais, à double tranchant et à la pointe acérée, et de deux tiges parallèles formant manche et pouvant également servir à crocheter, désarmer l'adversaire, ou encore donner un support à une lanière de caoutchouc pour lancer des projectiles à la manière d'un lance-pierres. La configuration très particulière de cette arme remonte vraisemblablement très loin dans la prime histoire des anciens terriens, car ceux qui répandirent son usage dans la galaxie furent des adeptes de sectes se réclamant de la région de la Terre appelée jadis Extrême-Orient. Monoptère: Engin spatial à faible autonomie, généralement tributaire d'un astronef porteur. Appelé ainsi par opposition aux modules des premiers âges de la colonisation, dont la forme évoquait celle des antiques "avions" à deux ailes ou plus, des anciens terriens. Les monoptères, au contraire, ressemblent plutôt à une aile unique, d'où leur nom. Leur forme est en effet celle d'un triangle isocèle pour les modèles les plus aérodynamiques, tels que les intercepteurs qui sont extra-plats. Les versions destinées à transporter denrées ou passagers ont une forme en coin plus ou moins massive, jusqu'aux gros monoptères de commerce à l'aspect pyramidal. Nandou: Oiseau primitif de la terre-mère, d'une famille, répandue jusqu'à la fin du XXème siècle, qui comprenait les autruches, émeus, casoars... Au Xxvème siècle, les explorateurs terriens découvrirent sur Tau Ceti IV des animaux très proches de ces espèces éteintes, à ceci près que leurs pattes arrière étaient encore plus développées et leur permettaient de se déplacer par bonds, à des vitesses étonnantes. Ils furent appelés, par référence à leurs défunts cousins de la Terre, nandous sauteurs. Les Mutants d'Alpha Centauri et les communautés Mutantes disséminées dans la Galaxie utilisent traditionellement ces oiseaux, incapables de voler, comme montures dans les régions sauvages où les Mutants se plaisent souvent à mener une vie en marge du progrès universel. Nettoyeur: Type particulier de monoptère, construit par les armées de Naxorg pour l'extermination des mutants, et conçu pour agir en deux temps: 1) phase de destruction: leur équipement permet à une ou plusieurs escadrilles de dévaster entièrement une planète de taille quelconque. Fluide incendiaire et défoliants sont le plus couramment utilisés, rendant possible la désertification d'un monde en un temps record (de quelques heures à quelques jours selon la taille de la planète et le nombre de Nettoyeurs engagés). 2) phase de ramassage: les monoptères déposent au sol des unités spécialisées de Soldats des Etoiles, qui sont chargés d'anéantir 62 a 63 d'éventuelles poches de résistance, d'achever les blessés, et de capturer les survivants. Les Nettoyeurs sont par conséquent des monoptères d'assez grande taille, prévus pour accueillir dans leurs cales des centaines de prisonniers qui seront ensuite déportés vers la planète-prison Deneb VIII.

Opposition Révolutionnaire: Mouvement clandestin de résistance, né après le coup d'état de Naxorg, en 3010. Créée par des intellectuels de divers milieux - mais surtout issus du défunt Front Socialiste Universel - qu'unissait leur commun refus de la dictature, et par quelques éléments dissidents des armées spatiales.

L'opposition Révolutionnaire se cantonna longtemps dans un rôle de réseau d'aide aux personnes persécutées par l'Armée des Etoiles, et vit ses rangs grossis de nombreux théoriciens de la résistance Mutante. De source moins sûre, on pense qu'une poignée de penseurs Cométoïdes se joignirent également à eux.

Occupée à préparer dans l'ombre l'insurrection générale contre le joug de Naxorg, l'O.R. ne s'est livrée jusqu'à présent à aucune action spectaculaire, sa parfaite discrétion lui ayant permis d'échapper à toutes les investigations des agents du tyran.

Le siège planétaire de l'O.R. deheure encore inconnu de ceux-ci.

Patrouilleurs Psyborgs: Soldats d'élite de l'Armée des Etoiles. Leur puissance est en partie l'héritage des écoles déviationnistes qui détournèrent, au XXX me siècle, la science du Brahmandayoga. Pour une autre part, elle provient de grands Maîtres d'armes de la Guilde du même nom, et des enseignements des rares Cométdides télépathes-mentats passés à la solde de Naxorg. Le mode d'action des Psyborgs est le suivant: embarqués à bord de vaisseaux intercepteurs, ils s'approchent des astronefs jugés non loyaux à Naxorg; puis, comme l'actuel perfectionnement des boucliers de force rend caduques la plupart des moyens de combat dans l'espace, ils se téléportent, grâce à leurs pouvoirs psychiques, à l'intérieur du vaisseau ennemi; ils procèdent alors à une fouille méthodique, voire, s'ils rencontrent une quelconque résistance, à l'anéantissement de l'équipage par tout un arsenal de techniques guerrières, corps à corps, armes de poing, et aussi moyens psycho-actifs. Leur valeur est telle que de simples astrots, voire même rangers, ne sont guère capables de leur résister efficacement; de même, des télépathes, seuls, ne peuvent pas grand chose contre eux.

Planète Invisible : Quartier général de Naxorg et de l'Armée des Etoiles. Situation inconnue. Il s'agit d'un monde jamais encore colonisé, habitable par des humains, découvert par les agents de Naxorg et transformé en une forteresse inexpugnable.

Inexpugnable parce que soustraite à toute détection, visuelle, instrumentale ou télépathique, par des champs de particules d'un type secret.

Cette planète aurait été connue des anciens peuples civilisés de Proxima Centauri, dont descendent les actuels Suricates.

Il existerait donc, d'après certains chercheurs de l'O.R., un plan céleste permettant de localiser la planète. Laquelle pourrait être le légendaire Sanctuaire de ces peuples disparus. Prânâyâma: Contrôle du souffle. Technique issue du Jagatyoga, destinée à assurer au pratiquant une maîtrise totale de soi. Efficace contre la peur, l'anxiété, la faim, la soif, le froid, la douleur. Permet aussi d'optimiser les ressources de l'organisme, et de préparer au mieux le corps et l'esprit dans la perspective d'un effort à fournir, qu'il soit physique ou mental. Cette technique, qui prend appui sur des exercices respiratoires rythmés, et des mouvements diaphragmatiques, semble avoir été inventée par des sages des temps archaïques de la Terre-mère (ceux-là même qui développèrent les doctrines antiques devant, à une époque récente, donner naissance au Jagatyoga).

Sanctuaire : Lieu légendaire, dont le souvenir est colporté oralement par les vagabonds et pirates Suricates. Les races pré-suricatiques du système Proxima Centauri désignaient sans doute ainsi une planète idyllique, à laquelle chaque grand personnage de ces sociétés (très pétries d'esthétisme) essayait d'accéder à travers une quête initiatique dans la galaxie. Certains croient aujourd'hui que ce sanctuaire et la planète - rendue invisible - dont Naxorg a fait son repaire, n'en font qu'une.

LES RACES DE L'IMPERIUM[modifier | modifier le wikicode]

Cométoïdes : Etres originaires de Sirius. Leur organisme est fait d'une substance semi-solide, semi-fluide, puissante émettrice d'énergie. Leur esprit, plus que toute autre race, est doué d'une grande vivacité ainsi que de pouvoirs paranormaux, ce qui les prédestine à jouer le rôle de télépathes (tous les Cométoïdes le sont, à des degrés divers) ou de mentats. Leur apparence est celle de masses vaguement ovoïdes, malléables, pourvues de pseudopodes mouvants. Ils flottent en permanence à une distance variable du sol, portés par leur flux d'énergie; lorsqu'ils se déplacent, les pseudopodes se rabattent dans un sens inverse à celui du mouvement, formant une sorte de queue qui, jointe à l'effet des halos d'énergie, donne à ces créatures l'aspect de comètes en miniatures (d'où le nom de Cométôides).

Humains: Ils sont les descendants des Terriens qui essaimèrent dans la Galaxie à partir du XXVIII siècle. A cette époque déjà, les différentes races humaines de la terre primitive n'exitaient plus en tant que telles, ayant fusionné en un seul type humain qui s'est perpétué jusqu'à nos jours (peau légèrement cuivrée, cheveux bruns ou châtains, yeux variables).

Mutants: Race humanoïde autochtone des planètes d'Alpha Centauri. Descendant d'une civilisation humaine qui aurait peuplé la galaxie bien avant la naissance des civilisations terriennes. Ces peuples auraient disparu de l'univers connu, excepté du système Alpha Centauri, où ils subirent plusieurs mutations successives dûes aux puissantes radiations et aux champs magnétiques répandus dans cette constellation.

Il n'est pas exclu que les Humains de la terre soient eux aussi, partiellement ou intégralement, des descendants de ces mystérieux civilisateurs de l'espace, dont on a perdu presque toute trace. Déclarés indésirables par le despote Naxorg, les mutants sont traqués impitoyablement à travers l'univers. Certains résistent les armes à la main, s'organisent en réseaux où bien collaborent avec l'O.R. fondée par des Humains opposés à l'Armée des Etoiles. D'autres encore deviennent des pirates de l'espace qui souvent, aigris par leur condition de parias, rançonnent ou dépossèdent tout ce qui passe à leur portée.

Robots: Ils ne constituent pas à proprement parler une race, puisqu'ils sont de purs produits de la technique humaine. Mais leur importance est telle dans l'Impérium, où on les trouve à tous les postes possibles (hormis peut-être celui de télépathe, bien que des chercheurs s'efforcent d'en programmer certains à cette fin). Ils font notamment de parfaits astrots ou rangers, et sont donc nombreux au sein des forces armées. Ceux qui disposent de programmes plus sophistiqués peuvent également devenir d'assez bon mentats.

Suricates: Créatures intelligentes originaires de Proxima Centauri. Plutôt tournés vers une vie simple, proche de la nature, que vers les sciences et techniques. On pense toutefois que leurs lointains ancêtres, sans doute différents d'aspect, avaient une civilisation originale. Le nom de Suricate leur fut donné par les colons humains, car ces êtres leur rappelaient une espèce animale jadis commune dans les régions chaudes de la Terre-mère. Insouciants et pleins d'humour, les Suricates ne furent jamais considérés par les Humains commeautre chose que des animaux de compagnie, ou, par certains, comme des parasites vagabonds, paresseux et voleurs. Nombre de Suricates exercent d'ailleurs l'activité de pirates de l'espace.


Ont participé à OMEGA planète invisible. Marc CECCHI Agnès BELMUDES Anna ELHADAD Yohann ELHADAD Christian BALLANDRAS Bruno BONNELL Daniel CHARPY Dans l'Impérium des planètes Unies, Humains et Extra-terrestres s'efforçaient de vivre en paix. Mais, avec l'arrivée du tyran NAXORG la terreur s'installa dans cet univers paisible. Pour débarrasser l'Impérium de ce despote ivre de puissance, vous devez constituer une équipe dé quatre valeureux aventuriers capables d'attaquer NAXORG sur la planète invisible OMEGA. Mais comment trouver une planète que nul ne peut voir? A vous de découvrir les indices dissimulés sur les 6 mondes de l'Impérium. Chaque énigme se présente sous la forme suivante: - Vous devez trouver "Quelque chose" à placer ensuite "Quelque part"! Sachez que la partie romancée de ce livret, recèle bien des éléments susceptibles de vous mettre sur la voie... .~1111,~~ CHARGEMENT ET MISE EN MARCHE OMEGA est constitué de deux cassettes: -1 cassette JEU (la face 1 et la face 2 sorit identiques), -1 cassette PLANETES comportant sur la face l les planètes PB, PO à P2, et sur la face 2, les planètes P3 à I'7. Avant de commencer à jouer, vous devez repérer sur cette cassette la position des différentes planètes. Pour cela: - Mettez votre ordinateur sous tension. - Insérez la face 1 de la cassette PLANETES dans votre magnétophone. - Rembobinez la cassette au début. - Mettez le compteur de votre magnétophone à zéro. - Enfoncer la touche LECTURE de votre magnétophone; tapez LOADM "ESSAI", puis appuyez sur le touche ENTREE. Le message SEARCHING apparaît à l'écran. - A la suite de cette opération, le magnétophone démarre, et à chaque fois que l'ordinateur trouve une planète il affiche à l'écran: SKIP PB (planète base) SKIP PO (planète 1) SKIP P1 (planète 2) et ainsi de suite. Il vous suffit, lors de l'apparition de chaque message, de noter le chiffre du compteur correspondant à la planète trouvée. L'opération étant terminée pour la première face, procédez de la même façon pour répérer les planètes I'3 à P7 situées sur la face 2 de la cassette PLANETES. Cette manipulation n'est à effectuer qu'une seule fois. Elle vous permet de repérer la position de chaque planète survotre cassette PLANETES. En effet, pendant le jeu, l'or- dinateur vous demandera de charger une planète pour y accéder. I l vous su l7i ra alors d'introduire votre cassette dans le magnétophone, sur la face contenant la planète souhaitée, mettre le compteur à zéro, puis grâce à la touche d'avance rapide, v is p ositionner sur le chiffre compteur correspondant à la planète en question. Chargement de la cassette JEU. - Connectez votre magnétophone à votre ordinateur. - Mettez celui-ci sous tension. (Option 1 sur T07/70 ou 4 sur TO9). - Insérez la cassette JEU et rembobinez-la au début. - Enfoncez la touche LECTURE de votre magnétophone. - Tapez LOADM et appuyez sur la touche ENTREE. Au bout de quelques minutes, l'image de présentation apparaît. Surtout, n'arrêtez pas votre magnétophone. Laissez-le tourner jusqu'à ce que le menu s'affiche à l'écran: AVENTURE D'IDRIS, VOTRE AVENTURE. SUITE DE VOTRE AVENTURE. N.B.: munissez-vous d'une cassette vierge, que vous appelerez EQUIPE. MENU: SELECTION D'UNE OPTION - AVENTURE D'IDRIS. - VOTRE AVENTURE. - SUITE DE VOTRE AVENTURE. Pour sélectionner un choix, utilisez les touches fléchées et validez en appuyant sur ENTREE. - 1 -AVENTURE D'IDRIS. Vous jouerez avec une équipe déjà sélectionnée dont les quatre personnages ont chacun leurs caractéristiques bien déterminées (race, métier, etc...). rs Après avoir visionné les caractéristiques de chaque personnage, le message: VOULEZ-VOUS JOUER AVEC L'EQUIPE D'IDRIS? O/N apparaît à l'écran. Si vous tapez N(non), le menu apparaît à nouveau et vous devez choisir une option. Si vous tapez O (oui), la suite du programme se charge automatiquement si la touche LECTURE du magnétophone est restée enfoncée (sinon il faut le faire). Cette option présente un grand avantage, car elle permet de se familiariser avec le jeu et les impératifs de gestion d'une équipe. C'est une étape indispensable dans l'apprentissage du jeu pour les néophytes. 2-VOTRE AVENTURE. Vous devez créer votre propre équipe. Un questionnaire apparaît à l'écran : il faut déterminer les caractéristiques, nom, race et métier de chacun des quatre personnages composant votre équipe. Les caractéristiques. Elles sont au nombre de 6: ENTRAINEMENT - FORCE - INTELLIGENCE CONNAISSANCE - DEXTERITE - RAYONNEMENT L'Entraînement d'un personnage détermine sa résistance à la fatigue et aux attaques extérieures, son degré de préparation physique et sa santé. La Connaissance diffère de l'Intelligence, elle représente le savoir ainsi que le degré d'instruction générale du personnage. La Dextérité est l'habileté manuelle et pratique. Le Rayonnement est le magnétisme du personnage, sa faculté d'impressionner autrui par son aspect et sa personnalité. 80 points doivent être répartis entre ces 6 caractéristiques, avec pour chacune un score compris entre 5 et 20. Pour les valeurs inférieures à 10 points, validez votre choix cri appuyant sur ENTRES. Pour les valeurs supérieures à 9 la validation se fait automatiquement. Vous entrez une valeur pour chaque caractéristique en utilisant le ciavier. Si le total de 80 points est dépassé, vous devrez recommencer la répartition des points. Après avoir choisi les 6 valeurs, le message: SATISFAIT O/N apparaît. Si vous tapez N(non), vous pouvez recommencer toute la répartition des caractéristiques. Si vous tapez O(oui), vous passez à la rubrique suivante. La race. Dans l'Impérium des planètes Unies, il existe 5 races: - MUTANT - COMETOIDE - ROBOT - SURICATE - HUMAIN Pour choisir, utilisez les touches fléchées t ou , et appuyez sur la touche ENTREE Le métier. Le choix ne peut être arbitraire car certains métiers nécessitent des compétences par- ticulières. 6 possibilités: ASTROT Pas de conditions RANGER LA FORCE doit être supérieure à 15 TELEPATHE L'INTELLIGENCE doit être supérieure à 15 MENTAT La CONNAISSANCE doit être supérieure à 15 PIRATE La DEXTERITE doit être supérieure à 15 XENO Le RAYONNEMENT doit être supérieur à 15 Remarques: L'astrot est l'élément de base d'une expéditon spatiale, une sorte de soldat à tout faire, de qui on n'attend pas de prouesses, mais qui a son utilité dans toute une gamme de situations. Le ranger est un combattant de l'espace par excellence, un degré au-dessus de l'astrot. Le télépathe, doué comme son nom l'indique, de facultés parapsychologiques, il peut, outre la télépathie, hypnotiser, statufier, se téléporter, etc... C'est un magicien de l'ère spatiale en quelque sorte. Le mentat est un personnage très savant, véritable ordinateur humain faisant égale-nient autorité en matière de médecine. Le pirate: faut-il vraiment un commentaire? Rusés voleurs, les Pirates de l'Espace sont les bandits de grand chemin de l'âge spatial. Ce qui n'empêche pas certains d'oeuvrer pour la bonne cause.

Le xéno (abréviation de xénosociologue), professionnel de la communication et de la culture, est tout particulièrement utilepour les contacts entre les différentes races et créatures de l'Univers. Pour choisir un métier, utilisez les touches fléchées t ou 1, puis appuyez sur la touche ENTREE. Le nom. Pour baptiser votre personnage, tapez un nom de 6 lettres au maximum, puis appuyez sur la touche ENTREE. La touche — vous permet de changer le nom si vous le désirez. Vous déterminerez tous les personnages de votre équipe de cette manière. Puis, à la question: SATISFAIT O/N si vous répondez O(oui), vous passez à la suite, si vous répondez N (non), vous pouvez redéterminer les caractéristiques des personnages. 3-SUITE DE VOTRE AVENTURE. Cette commande permet de reprendre une partie interrompue, à l'endroit même où vous l'aviez laissée. Pour cela, utilisez la cassette EQUIPE contenant la partie intéressante. Un message s'affiche, vous indiquant de l'insérer dans le lecteur, en précisant le code. Choisissez un numéro compris entre 0 et 9, ou une lettre entre A et Z. Laissez-vous guider par les instructions à l'écran, le programme va charger la situation de votre partie inachevée. - Si vous étiez en mode COSMOS, la partie se poursuit sans autre manipulation. - Si vous étiez en mode PLANETE ou BASE, il faudra charger la planète ou la base où vous vous trouviez. LES MODES D'OMEGA 1-LE MODE COSMOS. L'équipe est représentée à l'écran par l'astronef qui transporte les personnages. Quand cette fusée se déplace dans l'espace, une carte céleste défile sous elle. L'écran ne représente alors qu'une infime partie de l'Univers connu. Les milieux où peut évoluer la fusée sont: équipe champ G 0

planète	base	météorites	nuages	étoiles magnétique

Le mode COSMOS permet de se déplacer d'une planète ou d'une base, à une autre. 2- LE MODE PATROUILLEURS. A tout moment, lors d'un voyage en mode COSMOS, vous pouvez être attaqués par des patrouilleurs Psyborgs de l'armée régulière (voir glossaire). Pour continuer votre aventure, il faut les détruire en les combattant, ou bien les fuir en repassant en mode COSMOS (touche C), mais alors chaque personnage perd 10 points de vie. 3-LE MODE BASE. Il existe une dizaine de Bases spatiales réparties dans l'Impérium, sur lesquelles vous pouvez acheter (ou voler) armes, nourriture, objets manufacturés (plus ou moins sophistiqués), ou encore vendre les objets glanés sur les planètes que vous avez visitées. Les Bases sont des zones neutres où aucun combat n'est possible. 4-LE MODE PLANETE. Six planètes jalonnent votre odyssée spatiale, sans compter la septième et ultime planète, OMEGA, la planète invisible de Naxorg. Cette dernière, vous ne pourrez la découvrir qu'après avoir exploré et percé les secrets des six autres.

Chaque planète recèle une énigme à résoudre, mais on y rencontre aussi des créatu- res dangereuses ou amicales, des épreuves terribles ainsi que des surprises agréables (trésors, aides précieuses...) ou très désagréables... 5-POUR PASSER D'UN MODE A L'AUTRE.' - Pour entrer dans une Base lorsqu'on est en mode COSMOS, il faut se positionner surr le symbole de la Base, et taper B. Dans certains cas, il faudra charger les données relatives à la Base à l'aide du fichier PB de la cassette Planètes. - Pour entrer dans une planète depuis le mode COSMOS, positionnez votre astronef sur le symbole de la planète et tapez P. Parfois, le message suivant apparaît: INSEREZ LA CASSETTE PLANETES Conformez-vous aux instructions apparaissant à l'écran. Une fois la cassette rembobinée au début et positionnée (grâce à la touche "avance rapide" de votre magnétophone) sur le numéro de compteur correspondant à la pla- nète en question, mettez votre magnétophone en lecture. Appuyez sur ENTREE. A l'écran, vous voyez: JE CHERCHE P puis: J'AI TROUVE P si la planète rencontrée est la bonne. La planète se charge, et quelques instants plus tard, vous pouvez la visiter. - Pour revenir en mode COSMOS à partir d'un autre mode, appuyez sur la touche C. Attention, cette fonction n'est valable que dans certaines situations!!...

LES COMMANDES Ces touches de fonction Si à S8 sont obtenues si vous possédez un T07/70 ou un M05 en appuyant simultanément sur la touche shift (jaune ou avec un point jaune) et sur la touche 1 à 8 correspondante. Si vous possédez un T09, elles correspondent aux touches Fi à F8. - LES TOUCHES DE FONCTION Si, S2, S3, S4. Elles permettent d'avoir un rappel complet des caractéristiques des personnages 1, 2, 3, et 4, ainsi que la liste des objets qu'ils portent. PERSONNAGE N" NOM (NI)NIVEAU MÉTIER VIE EXPERIENCF. ENERGIE CREDIT ENTRAINEMENT FORCE INTELLIGENCE CONNAISSANCE DEXTERITE RAYONNEMENT OBJETS PORTES: 1 (nom de l'objet) 2 3 4 Les objets portés ont tous un numéro apparaissant à l'écran. Pour revenir à l'écran du jeu, appuyez sur n'importe quelle touche. N.B.: Au départ d'une aventure, chaque personnage possède: 50 POINTS DE VIE 20 POINTS DE NOURRITURE 50 POINTS D'ARGENT irll ll~r~{i 0 POINT D'EXPERIENCE NIVEAU 1 L'efficacité d'un personnage est proportionnelle à son niveau et à ses points d'expérience. - LES TOUCHES DE FONCTIONS S5, S6, S7, S8. Ces touches permettent de reprendre en main le personnage 1, 2, 3 ou 4, lorsque l'équipe a été dissociée. - LA SAUVEGARDE D'UNE PARTIE. Lorsque vous désirez arrêter de jouer, pour sauvegarder la partie en cours: - Tapez FIN et appuyez sur ENTREE. Le message: INSEREZ LA CASSETTE EQUIPE CODE? apparaît. - Rembobinez la cassette EQUIPE et donnez un code de sauvegarde compris entre 0 et9,ouAetZ. - Appuyez simultanément sur les touches ENREGISTREMENT et LECTURE du magnétophone. - Lorsque la sauvegarde est terminée, vous revenez à l'écran précédent. - Le code est celui que vous utiliserez pour reprendre la partie en sélectionnant l'option "SUITE DE VOTRE AVENTURE". - Pour revenir au Menu, tapez MENU et validez avec ENTREE. - RELANCE. Cette commande vous permet de reprendre une partie interrompue. Tapez au clavier l'instruction RELANCE et validez avec ENTREE. INSEREZ LA CASSETTE EQUIPE CODE? apparaît à l'écran. Il suffit de suivre cette instruction et d'indiquer le numéro de code, puis de mettre votre magnétophone en lecture. Le jeu reprendra où vous l'aviez laissé. SYNTAXE ET VOCABULAIRE D'OMEGA Afin de mener au mieux votre aventure, le jeu dispose d'une syntaxe et d'un vocabulaire qui lui sont propres. De plus, la touche F permet de corriger une lettre. permet de supprimer un ordre. Î' permet de répéter un ordre. 1- LES ORDRES DE DIRECTION. On peut donner un ordre de direction dans tous les modes, sauf le mode Patrouilleurs (où la seule commande possible est C, pour COSMOS). Il suffit de taper la première lettre du point cardinal désiré (N, S, E, O), sachant que vous faites toujours face au Nord. 2- LES ORDRES D'ACTION. L'ordre donné comprend: un sujet, un verbe avec un ou deux compléments. Chaque ordre doit être validé par la touche ENTREE. Le sujet. C'est le nom du personnage accomplissant l'action, et qui est symbolisé par son numéro 1, 2, 3 ou 4. Le verbe. Il suffit de taper les deux premières lettres du verbe pour qu'il apparaisse intégralement à l'écran. A condition qu'il fasse partie de la liste des verbes cités plus loin. Le complément. Le premier complément est symbolisé par une lettre A, B, C ou D (objets visibles à l'écran), ou par un numéro 1, 2, 3 ou 4 (objets portés). Le deuxième complément est symbolisé par 1, 2, 3 ou 4 désignant un objet porté, ou un personnage. Exemple: Noms des personnages: Objets visibles: 1 IDRIS A PATROUILLEUR


2 XATAL B RADIANT 3 ORMOND C CASQUE 4 HUZULE D MALLETTE - Si vous tapez: 1 AT A 2 Après validation, l'écran affichera: IDRIS ATTAQUE PATROUILLEUR AVEC PISTOLASER. Le pistolaser (2) étant un objet porté visible uniquement sur la page des caractéristiques. - Si vous tapez: 1 DO 23 Après validation, vous pourrez lire: IDRIS DONNE PISTOLASER A ORMOND. - Si vous tapez: 3 OU D Vous lirez: ORMOND OUVRE MALLETTE. 3-VOCABULAIRE. Pour expliquer le vocabulaire, nous utiliserons les abréviations suivantes: Notations: P...PERSONNAGE (1, 2, 3 ou 4) O...OBJET PORTE (1, 2, 3, ou 4) M...MONSTRE/OBJET (ABCD) D...DIRECTION (O, E, N, S) N...NOMBRE (points de nourriture ou points d'argent) Liste des verbes mis à votre disposition: 1ABSORBER: P ABSORBE N 2 ACHETER: P ACHETE M 3 ALLUMER: P ALLUME M 4 ATTAQUER: P ATTAQUE M P ATTAQUE M AVEC O 5 BOIRE: P BOIT O 6 BRISER: P BRISE M 7 CHASSER: P CHASSE M 8 DESACTIVER: P DESACTIVE M 9 DONNER : P DONNE O à P 10 ENVOUTER: P ENVOUTE M P ENVOUTE M AVEC O 11 EXPLORER: P EXPLORE D 12 HYPNOTISER: P HYPNOTISE M 13 INSPECTER: P INSPECTE M 14 LIRE : P LIT M 15 MANGER: P MANGE O 16 MEDUSER: P MEDUSE M 17 NOURRIR: P NOURRIT P 18 OUVRIR : P OUVRE M P OUVRE M AVEC O 19 POSER: P POSE O 20 PRENDRE: P PREND M 21 QUESTIONNER: P QUESTIONNE M 22 SOIGNER: P SOIGNE P 23 STATUFIER: P STATUFIE M 24 TELEPORTER: P TELEPORTE D 25 TIRER: P TIRE M AVEC O 26 TROQUER: P TROQUE N 27 VENDRE: P VEND O 28 VISUALISER: P VISUALISE D 29 VOLER: P VOLE M Quelques précisions sur le vocabulaire: - Si vous tapez 1 AT A, la frappe assistée affichera sur l'écran "Idris attaque patrouilleur avec"; si vous ne souhaitez pas de deuxième complément (ex." avec pistolaser), il suffit de valider. - Les verbes ENVOUTER, HYPNOTISER, MEDUSER, STATUFIER, TELEPORTER, VISUALISER, ne sont utilisables que par un TELEPATHE. TELEPORTER permet d'emmener à distance toute l'équipe, ce qui coûte cher en points de vie; VISUALISER permet de voir à distance, par télépathie dans une direction donnée, sans y aller "en chair et en os". Pour être plus efficaces, ces verbes requièrent de l'expérience. - Le verbe SOIGNER n'est utilisable que par un MENTAT. - Les verbes VOLER, VENDRE, ACHETER, TROQUER ne fonctionnent qu'en mode Base. 12 13 - Les seuls verbes fonctionnant en mode COSMOS sont: DONNER, NOURRIR, ABSORBER, BOIRE, MANGER, SOIGNER. - Le verbe TROQUER permet d'échanger de l'argent contre de la nourriture. - Les verbes INSPECTER et DESACTIVER permettent de déceler, puis de désamorcer d'éventuels objets piégés. - Le verbe NOURRIR permet à un personnage d'utiliser ses propres points de nourriture pour aider un personnage en proie à la faim. - Le verbe ABSORBER permet d'augmenter les points de vie d'un personnage à l'aide de ses points de nourriture. - Les verbes MANGER et BOIRE ne fonctionnent qu'avec des objets portés: il faut PRENDRE une victuaille avant de la manger. - Le verbe CHASSER permet de gagner des points de nourriture. - Le verbe TIRER s'utilise toujours avec une arme de tir ou de jet en complément. - Le verbe ALLUMER permet de se tirer d'embarras si l'on est plongé dans l'obscurité. CONSEILS PRATIQUES Dissociation d'une équipe. Une particularité intéressante d'OMEGA, est de pouvoir dissocier une équipe. On peut de cette manière envoyer les différents personnages dans des directions opposées. On utilise le verbe EXPLORER. Exemples: 1 EX N — (le personnage 1 ira au Nord). 2 EX S — (le personnage 2 ira au Sud). etc... Songez cependant, qu'une équipe dissociée est moins performante, car chaque personnage a un métier qui peut être fort utile aux autres membres de l'équipe. Un pirate peut facilement subtiliser un objet, mais s'il faut tuer un monstre, il est préférable d'avoir sous la main un bon ranger, ou un télépathe capable d'envoûter une créature trop résistante. Des personnages qui se rencontrent sont à nouveau considérés comme groupés. Il faut donc réutiliser le verbe EXPLORER pour les dissocier à nouveau. Un personnage qui n'a plus de point de vie est considéré comme MORT. C'est pourquoi, il est utile de sauvegarder votre équipe dès le début d'une partie. A vous de gérer astucieusement vie, argent, nourriture de vos personnages et d'utiliser les richesses que vous découvrirez au cours de votre aventure. A vous de jouer et bonne chance! 19 15 L- I-