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Villes/Nice/Action/CR/114 Mars - formation à l'action non violente

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Formation à l'action non-violente[modifier | modifier le wikicode]

114 mars 2016 (22 juin)

Xavier du collectif "Désobéir" nous a fait une formation à l'action non-violente.

Qu'est-ce qu'une action non-violente ?[modifier | modifier le wikicode]

L'idée centrale à retenir pour différencier l'action violente de l'action non-violente c'est l'empathie envers son adversaire. Là où pour l'action violente tous les moyens sont bons pour arriver aux fins fixés, dans l'action non-violente il s'agit de bien cibler l'institution ou le symbole qu'on attaque et non pas les personnes qui la représente. Il faut donc toujours veiller à traiter les personnes avec respect, comme on aimerait nous mêmes être traités. Par exemple il est tout à fait envisageable de séquestrer un maire pour protester contre ce qu'il représente et les choix faits par la mairie, mais il faudra surtout veiller à ce qu'il soit bien traité, qu'il puisse manger, passer un coup de fil à sa famille, qu'il ait un minimum de confort etc. et que ceci soit rendu public. Et de manière générale il faut veiller le plus possible à rester humble et non pas condescendant avec les personnes représentant les institutions qu'on attaque (employés, vigiles, policiers etc.), ça permet de désamorcer les potentielles situations de violence physique et ça évite que ces personnes deviennent des ennemis trop farouches qui pourraient faire échouer l'action.

L'intérêt stratégique de ce mode d'action non-violent c'est de gagner au jeu de l'adversaire : mettre l'opinion publique de son côté en poussant l'adversaire à devenir lui-même violent publiquement et donc à se discréditer en montrant son vrai visage. C'est seulement en ayant l'opinion publique de son côté qu'on peut affaiblir le pouvoir (alors que si on l'a contre soi on pourra être mis en prison sans problèmes, sans personne pour protester).

Méthode pour organiser une action non-violente[modifier | modifier le wikicode]

Une action ça se prépare. Une fois qu'on a décidé de l'action qu'on veut faire (ici on prend l'exemple d'une occupation de plage privée) on va considérer plusieurs points :

1- Repérage[modifier | modifier le wikicode]

  • route nécessaire pour y aller
  • accès
  • horaires
  • la surveillance du lieu
  • les dangers
  • les opportunités du terrain
  • un avis juridique sur l'action

2- Scénario[modifier | modifier le wikicode]

  • Il faut penser au début de l'action telle qu'on la met en place, mais aussi aux diverses réactions de l'adversaire.
    • Le début en général on pense à le prévoir, il s'agit de notre arrivée sur les lieux et la manière dont on met les choses en place
    • Le milieu de l'action nécessite un peu de réflexion : que faire par exemple si il ne se passe rien, si l'adversaire ne réagit pas du tout ? Il faut alors avoir en tête de nouvelles actions à faire, un nouveau développement sur sur le lieu où on est déjà. Et si on compte rester longtemps il faut peut être penser à la nourriture, l'eau etc.
    • En fonction de la réaction de l'adversaire la fin peut prendre plusieurs formes, il faut y penser pour savoir ce qu'on fait :
      • On peut avoir gain de cause (ça pourrait aussi arriver seulement au bout de la Xème action), mais on pourrait aussi avoir la moitié de ce qu'on demandait (auquel cas on aurait pu avoir décidé par exemple d'accepter cette demi-victoire, et de revenir quand même une autre fois pour demander le reste).
      • Il est aussi assez probable que l'adversaire ne veuille pas céder et décide soit d'appeler la police, soit joue le pourrissement. Dans les deux cas il faudra être préparé.
  • Plan B : Et si en arrivant sur les lieux on trouve la police en train de nous attendre ? Il faut alors avoir prévu un plan B. Par exemple il pourrait consister à se replier dans un tout autre endroit pour faire une autre action, ici par exemple aller à une autre plage privée où la police n'est pas, ou encore changer la nature de l'action et simplement manifester devant la plage pour attirer l'attention des passants etc. Il serait dommage de gâcher la mobilisation de autour de l'action initiale en arrêtant tout.

3- Rôles[modifier | modifier le wikicode]

Il faut prévoir les rôles suivants dans la mesure du possible, certains peuvent être omis en fonction de l'importance et de la durée de l'action, mais surtout une personne peut avoir plusieurs rôles parce qu'ils n'ont pas la même durée ni importance.

  1. porte parole : il a bossé à fond l'aspect technique de l'action, et surtout du pourquoi de celle-ci et de ce qu'on demande. SI il est indispensable que chaque membre du groupe sache répondre à des questions basiques de l'action, il pourra rediriger des journalistes vers le porte-parole en cas de demande de précisions sur des détails techniques.
  2. nos images : la caméra est indispensable pendant l'action, et des photos sont aussi un bon point. Ca permettra plus tard de communiquer autour de l'action et ça dissuade tout débordement de la part de l'adversaire qui sait qu'il est filmé.
  3. activistes : ce sont tous ceux qui vont faire le coeur de l'action (l'occupation, le blocage etc. en fonction de la nature de l'action). A noter qu'on voit bien que le porte-parole sera sans doute aussi activiste par exemple, donc les rôles s'additionnent sans problème en fonction de leur nature.
  4. anges-gardiens : ils s'occupent du confort des activistes. Il s'agit du confort général au niveau nourriture/eau, et autre choses si besoin sur la durée.
  5. médiateurs : c'est le service d'ordre non-violent qui a deux rôles :
    - détourner la colère de l'adversaire vers eux pour la désamorcer avec une attitude ferme mais empathique en lui rappelant qu'il est filmé, qu'on ne s'attaque pas à lui personnellement etc.
    - calmer les membres de l'actions qui pètent un plomb en les faisant revenir à la raison après les avoir mis à l'écart. Le moment crutial pour ce rôle est celui des premières minutes de l'action où l'émotion des deux côtés est à son maximum, il s'agit de la faire retomber pour éviter tout débordement.
  6. contact presse : c'est une personne qui va se rapprocher de la presse en général, des journalistes, qui va les appeler éventuellement à couvrir l'action et qui leur transmettra les informations pour faire un article.
  7. contact public : personne qui va parler avec le public pour leur expliquer ce qui se passe pendant que les activistes agissent. Il recueille aussi le sentiment des gens pour le débriefing.
  8. négociateurs : ils vont parler avec l'adversaire pour essayer de le convaincre de céder.
  9. contact police : il est là pour expliquer à la police qui viendrait sur les lieux ce qui se passe, le pourquoi de l'action et ce qui est demandé.
    Il prépare les policiers pour que si le moment de la confrontation arrive ceux-ci ne soient pas trop violents puisqu'ils auront compris que les membres de l'action eux-mêmes ont un but précis et ne sont pas là pour de la simple violence.
    Un deuxième intérêt de ce rôle est de faire remonter à travers les policiers ce qui est revendiqué à la hiérarchie étatique. Celle-ci n'ayant pas toujours les mêmes intérêts que les éventuels adversaires privés, il est intéressant de liguer les deux l'un contre l'autre pour gagner dans ce qu'on demande. (ici par exemple il est possible que le préfet (ou le maire etc.) dise au propriétaire de la plage qui refuserait tout dialogue d'accepter au moins de parler parce qu'il en a marre d'envoyer la police, et qu'à force que la police vienne, sa plage pourrait être mal vue du public qui ne viendrait pour y consommer).
  10. permanence téléphonique : il s'agit de quelqu'un qui ne sera pas sur le lieu de l'action et a une liste des personnes qui y sont. Il est là dans le cas où tout le monde est embarqué et ne peut plus communiquer avec l'extérieur.
    Lorsqu'il est informé que quelqu'un a été interpellé ou si il n'a plus d'informations d'une personne, il va attendre 4 heures (contrôle d'identité) avant de s'inquiéter. Passé ce délai, il va engager des actions pour aider la/les personnes détenues :
    - manifester devant le commissariat
    - appeler des jorunalistes pour leur demander de venir sur place ou d'écrire des articles
    - faire appel à des contacts haut placés, pistons et autres relations (notamment le procureur ou quelqu'un qui le connaît, car il est le seul à pouvoir ordonner la libération) pour faire libérer les gens
    - mettre le numéro du commissariat sur les réseaux sociaux et demander de l'appeler pour la libération des camarades détenus. Cette méthode peut marcher dans la mesure où le commissariat est obligé de décrocher à chaque appel, et va finir par en avoir marre.
  11. observateurs neutres : utiles dans certaines actions, il s'agit de personnes qu'on place sur le lieu de l'action, notamment dans une foule, et qui vont jouer un rôle de personne neutre ne faisant pas partie des militants qui font l'action. Ils peuvent par exemple permettre de désamorcer la violence de la foule envers les militants en tenant des propos qui euphorisent l'action des militants sans les défendre pour ne pas être démasqués.

4- Leurre[modifier | modifier le wikicode]

Le leurre peut être intéressant dans certains cas. Il peut s'agir :

  • d'une action se passant à un autre endroit et jouant un rôle de diversion pour mobiliser les forces de police, en vue de faire la vraie action plus tranquillement.
  • du rôle d'une personne qui détourne l'attention sur elle pendant que d'autres ont la voie libre pour agir.

5- Communication[modifier | modifier le wikicode]

  • La ligne de communication : si un journaliste demande la raison de l'action il faut absolument que tout le monde soit capable de lui répondre.
  • visuels : Tee-shirts, banderoles, pancartes

6- Matériel[modifier | modifier le wikicode]

Ces éléments sont d'autant plus importants que l'action est longue :

  • trousse de secours
  • alimentation/eau
  • confort : même si ça n'en a pas l'air il s'agit d'un élément très important parce qu'il détermine le moral et donc la durée réelle de l'action

7- Budget[modifier | modifier le wikicode]

En plus du matériel il faut prévoir un budget pour rembourser l'éventuel manque à gagner de l'adversaire dans le cas d'un procès. On peut cependant relativiser ce point puisque dans les faits ce genre de procès aboutit rarement, l'adversaire ne voulant pas dévoiler ses marges et donc son manque à gagner durant l'action.

8- Recrutement[modifier | modifier le wikicode]

Lorsqu'on recrute les personnes pour l'action on leur décrit bien le scénario, les rôles qu'ils peuvent occuper, mais aussi les risques juridiques qu'ils peuvent encourir.

9- Débriefing[modifier | modifier le wikicode]

Le débriefing n'est pas obligatoirement fait à chaud, surtout si l'action a été riche en émotions. Ca pourrait créer des tensions inutiles entre les militants et compromettre les actions futures.
Il s'agit de faire le point sur ce qui a marché ou non à tous les niveaux (technique, juridique, matériel etc.) pour faire mieux la prochaine fois.

10- LA FETE[modifier | modifier le wikicode]

C'est un élément capital pour durer et faire grossir le groupe militant.

A propos de la police et des interpellations[modifier | modifier le wikicode]

De manière générale que ce soit dans le cadre d'un interrogatoire ou d'une interpellation, en cas de dérapage policier, il faut tout de suite le faire remarquer aux autres policiers de manière très claire mais polie et ne surtout pas se laisser faire. Les autres se désolidarisent et le policier fautif bat généralement en retraite.

Si on est appelé à se présenter au commissariat[modifier | modifier le wikicode]

On essaye de dire qu'on a des choses à faire et on demande de s'y rendre plus tard (à priori ils vont accepter puisqu'ils n'ont aucune raison de penser qu'on va préférer fuir plutôt que de s'y présenter). On en profite alors pour planquer les éléments sensibles, les ordinateurs etc. et s'organiser dans la perspective d'une perquisition.
Avant d'aller au commissariat on mandate une personne pour jouer le rôle de permanence téléphonique et qui va vérifier qu'on est libéré au bout de 4 heures, et engager des actions sinon.

Si on est arrêté[modifier | modifier le wikicode]

L'idée clé lorsqu'on est avec les policiers est la même que celle des actions non-violentes : il faut traiter les autres comme on voudrait qu'ils nous traitent. C'est particulièrement vrai dans un commissariat où on est vulnérable.

Les 4 premières heures (maximum) constituent le contrôle d'identité. Soit ils ne font rien, soit ils nous emmènent au commissariat pour nous auditionner. La seule chose obligatoire est de donner son identité : nom, prénom, adresse de résidence, date/lieu de naissance.
L'officier de police judiciaire va éventuellement poser d'autres questions : est-on marié ? Possède-t-ton une voiture ? As-t-on ceci ou cela ? etc. Si au premier abord ces questions paraissent d'innocentes questions destinées à des statistiques, il s'agit en fait de mesurer notre patrimoine pour calculer l'amende en conséquence dans le cas d'un procès. Il ne faut surtout pas répondre à ces questions.

Lorsque le policier parle de l'affaire il peut mentir, il peut prêcher le faux pour avoir le vrai, dévoiler seulement une partie des éléments ou des affaires en cours nous concernant etc. On n'a aucun intérêt de mentir parce que c'est trop difficile de rester cohérent dans son mensonge, et encore plus de le faire coïncider avec celui des camarades détenus aux-aussi. On peut en revanche utiliser son 1er droit : se taire.
Si jamais le policier tente un chantage "Si tu parle tu n'ira pas en garde à vue" il ne faut pas céder. Non seulement on n'ira pas forcément en garde à vue si il voit qu'il ne va rien tirer de nous, mais en plus le chantage pourrait se révéler faux puisque si on parle, le policier pourrait vouloir plus de temps pour nous interroger et obtenir des informations.

A la fin il nous dresse un procès verbal qu'on doit signer (si on a suivis les conseils, il devrait être à peu près vide).

Au cours de l'interrogatoire le policier peut se la jour "cool" et "citoyen" en nous disant qu'il trouve notre action intéressante et utile : ne surtout pas se laisser prendre au piège, si il est un citoyen il est aussi en train d'exercer son métier de policier sur nous sur le moment même. Si il veut en parler vraiment on peut toujours lui donner son numéro et l'inviter dans un bistrot une fois que l'affaire est finie.

Le 2ème droit est celui de voir un médecin : si on a été violenté pour le constater, si on va bien pour le constater aussi. Dans le cas où on se sent en danger, faire constater qu'on va bien par le médecin permettra d'éviter que notre état se détériore par des violences éventuelles subies au commissariat.

3ème droit : l'avocat . A ce stade si on connaît déjà tout ce qui est écrit ici, l'avocat est inutile à part pour le répéter. Il n'y a pas de dossier encore, et donc il ne pourra rien consulter.
Si on devait appeler un avocat il vaut mieux d'ailleurs appeler un commis d'office plutôt qu'un avocat militant qu'on dérangerait pour pas grand chose.

4ème droit : le coup de fil : c'est en fait plus une tolérance qu'un droit et ils vont le passer eux-mêmes pour prévenir une personne très proche (avec laquelle on vie) qui serait susceptible de s'inquiéter, ou encore notre employeur qui serait normalement aussi susceptible de s'inquiéter si on ne va pas au boulot.

Si on est mis en garde à vue[modifier | modifier le wikicode]

On va nous mettre en cellule :

  • fouille : on vide tout et ça nous sera restitué à la fin
  • fouille à nu (à priori en sous-vêtements, avec quelqu'un du même sexe et l'utilisation d'un détecteur de métal pour les objets tranchants).
  • on est nourri trois fois par jour
  • il ne faut pas oublier qu'on est vulnérables là où on est : ils peuvent très bien "oublier" de nous nourrir, et pareil pour nos autres droits... donc on reste humble et surtout pas condescendants.
  • ils prennent une photo et nos empruntes (refuser est un délit)
  • ils prennent notre ADN : refuser est techniquement aussi un délit mais dans les faits on ne risque pas grand chose parce que beaucoup de gens refusent. Dans la plupart des cas on ne sera pas poursuivi, et même si on l'est on a des chances d'être relaxé par un juge jugeant scandaleux cette pratique de fichage ADN. Au pire même si on est condamné dans les faits on le sera à quelques centaines d'euros.
  • on est enfin libéré
  • on peut être invité à comparaître immédiatement : mieux vaut refuser pour préparer sa défense convenablement