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Villes/Nice/Journal/CR/Casseurs contre-productifs ?

De NuitDebout
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LES CASSEURS SONT DES PERSONNES EXTÉRIEURES QUI VEULENT DISCRÉDITER LA NUIT DEBOUT : Les provocations de petits groupes de casseurs, les cortèges sauvages, nuisent gravement au mouvement. De nuit en nuit, la situation empire, les esprits s’échauffent. Les dégradations et les heurts avec les policiers se multiplient. Il y a quelques semaines encore, c’était ici un haut lieu du recueillement, un lieu tranquille, un symbole après les attentats contre Charlie et du 13 novembre. Sous la statue fleurissent les bougies, les messages de solidarité et les souvenirs émus. Mais quand Paris s’éveille aujourd’hui, il découvre des équipes de nettoyage effaçant les traces des nuits agitées et troublées... Un même scénario se répète chaque soir, d’abord les discussions, les débats pacifiques des nombreux participants, puis le départ du gros de la foule, et enfin l’apparition de petits groupes violents qui cherchent à agresser les forces de l’ordre ou à dégrader certains commerces, notamment des banques. Depuis le début du mouvement citoyen, lancé le 31 mars contre le projet de loi travail et son monde, 36 personnes ont été arrêtées en marge de Nuit debout, dont 35 ont été placées en garde à vue. À trop être débordé, Nuit debout risque de ne pas s’en remettre. Des vitrines brisées, des abribus détruits, des poubelles brûlées… En marge du rassemblement du mouvement Nuit debout, un groupe d'au moins 300 personnes a commis des dégradations dans les 10e et 19e arrondissements de la capitale, jeudi dernier. Le mouvement a démarré peu après 22 heures, à la fin de l'émission "Dialogues citoyens" sur France 2, où Flamby s'est exprimé pendant près de deux heures. "Le président a annoncé que la loi Travail ne serait pas retirée, ce qui a énervé beaucoup de monde place de la République", rapporte Floryan, un des manifestants. Au départ, les militants annoncent vouloir marcher vers l’Élysée, pour y accueillir Flamby, après son intervention. Un cordon de police les dévie de leur itinéraire. Alors que le groupe se dirige vers Stalingrad, des jeunes, cagoulés pour certains, brisent sur leur passage des vitrines, des abribus ou encore des véhicules Autolib. Des manifestants crient "La rue est à nous !", pendant qu'une agence de Pôle emploi est dégradée. "Ce sont des cibles symboliques, on voit bien que les casseurs n'ont visé que des banques ou des chaînes de supermarchés", estime Floryan, qui ajoute toutefois que la violence n'est jamais justifiée. "Les autres manifestants ont protesté, mais ce n'était pas leur rôle d'arrêter ce groupe d'une dizaine de casseurs", dit-il. Alors que les militants arrivent près de la station de métro Colonel Fabien, des forces de police sont déployées en nombre. "On s'est aussitôt dispersés dans les rues autour, par petits groupes, raconte le jeune homme de 27 ans. On voulait éviter tout affrontement avec la police. Les forces de l'ordre ont toutefois intercepté certains participants à cette manifestation sauvage et procédé à divers contrôles d'identité. Des enquêtes sont d'ores et déjà en cours pour identifier les auteurs de ces faits et les traduire devant la justice", a assuré la préfecture de police dans un communiqué. Selon Floryan, "Les casseurs ne sont toutefois pas liés à la Nuit debout. Je pense qu'il s'agit principalement de personnes extérieures, qui veulent discréditer le mouvement", affirme-t-il. Comme nous le répétons tous les jours place de la République, la Nuit debout est pacifiste. Quel niveau de violence tolère-t-on dans un mouvement de démocratie directe ?. Pour éviter cet écueil, Frédéric Lordon plaide pour une vision “télescopique” du mouvement, “avec à un bout la loi Arétha Khonnerie, et à l’autre bout la nouvelle Constitution, et entre les deux des objectifs intermédiaires”. Lors de la 4ième Nuit debout celui-ci avait en effet proposé au mouvement d’écrire “la Constitution de la République sociale”. Il a réaffirmé cet objectif ce 12 avril, tout en reconnaissant qu’il constituait un horizon très lointain : “Entre l’occupation improductive et le retour aux écuries électorales, il y a une solution : refaire les institutions dans lesquelles nous retournerons après”. Des intervenants ont débattu de la place de la violence dans le mouvement, qui en débat lui-même abondamment depuis que des débordements ont eu lieu. “Les casseurs font-ils partie de Nuit debout ? Faut-il revendiquer la violence, ou la dénoncer?”, demande un jeune homme au micro qui tourne dans la salle. Réponse de David Graeber : “La question de la violence revient toujours. Le mieux est de se poser la question non pas en des termes moraux, mais en des termes organisationnels. Quel niveau de violence tolère-t-on dans un mouvement de démocratie directe?” Frédéric Lordon s’est avancé prudemment sur ce terrain par crainte d’être mal interprété. Puisque l’assistance avait en tête notamment l’image de la voiture brûlée en marge de la place de la République, il a cité Bourdieu, qui a la fin du documentaire de Pierre Carles, La Sociologie est un sport de combat, déclare : “Tant qu’on brûlera des voitures, on enverra des flics. Il faut un mouvement social, qui peut brûler des voitures, mais avec un objectif”. Surement un clin d’œil à mai 68 ... Face aux débordements, les militants de Nuit Debout s'interrogent sur la réaction à adopter. La violence est-elle étrangère au mouvement, "contre-productive" ou l'expression d'une révolte nécessaire ? Après quinze jours d'existence, cette question pourrait être une ligne de faille dans ce mouvement contre la loi travail et pour "penser un autre monde". Parmi les étudiants, employés, chômeurs et déçus en tout genre de la parole politique, une immense majorité de cette agora moderne dit son opposition à la violence, mains levées. "Cette violence est contre-productive. Il faut dire qu'on n'a rien à voir avec ça", lance Adrien à la tribune, où chacun peut prendre la parole trois minutes, en respectant son tour. "Je ne vois pas pourquoi on devrait prendre position. Oui, on est un mouvement pacifiste mais pourquoi est-ce qu'on devrait se justifier?", rétorque Julien. D'autres, minoritaires, estiment que la violence "fait partie de la lutte" et qu'on ne doit pas la condamner en soi. La violence, c'est surtout "celle que nous imposent la société, le chômage, la rue", dans une France sous état d'urgence. Toute une journée, la "commission presse" a planché sur cette question et rédigé un projet de communiqué pour démarquer le mouvement "d'une minorité" d'activistes qui donnent une "image fausse". "Faire cesser le matraquage médiatique, il est temps pour nous de faire cesser le matraquage médiatique, qui associe la Nuit debout aux dérapages, qui vise à décrédibiliser le mouvement. Il faut prendre position, pour pouvoir passer à autre chose", plaide un membre de la commission. Le modérateur des débats tente de soumettre le texte au vote. Immédiatement, plusieurs bras se lèvent, main droite fermée sur le poignet gauche: le signe d'une opposition radicale. Au jeu de la démocratie directe de l'AG, cela signifie qu'on doit s'arrêter et en tenir compte. Alors, on vote sur le fait de savoir si on est d'accord pour mettre au vote le communiqué. Petit à petit; on avance. Le texte est amendé. Mais une tignasse blonde estime au micro qu'il faut "passer par d'autres canaux que les télés, les grands médias", remettant à nouveau en cause le principe du communiqué de presse d'un mouvement sans chef, sans porte-parole officiel. "Bon, lâche le modérateur un peu las, il faut quand même faire un peu confiance à la commission. A un moment donné, il faut prendre une décision". Le communiqué "violences" attend toujours. C'est toute la difficulté d'un mouvement qui fonctionne "horizontalement": cela sera un "frein à notre développement" et "peut signer notre mort", affirment certains. D'autres y voient une richesse sans frontières. Ils nous veulent univoques, restons hétérogènes, ils nous veulent divisés, restons solidaires. "Le mouvement est encore un nouveau-né", clame un grand gaillard, la quarantaine. Il explique, sous les applaudissements, le "refus d'une obligation de réussite en 15 jours d'existence" quand la classe politique "n'a rien fait pendant des années". Cette résistance obstinée s'exprime jusque dans le calcul du temps, qui s'étire depuis la naissance du mouvement: dimanche 17 avril, nous sommes le "48 mars" en calendrier Nuit debout. Une jeune utopie qui n'ira pas loin si elle refuse de s'amarrer à un projet, de se doter d'une structure, selon ses critiques. "Pas d'amalgame", plaide un militant de Nuit Debout Place de la République, où le mouvement "Nuit Debout" prend de l’ampleur, les manifestants ont refusé fermement d'être associés à ces casseurs."Il n'y a pas d'amalgame à faire. Il faut que ça soit bien clair dans l'esprit de chacun. Il y a deux ambiances différentes, en soi", explique ce militant de "Nuit debout". "Casseurs, ça veut dire ce que ça veut dire: des gens qui cassent des vitrines, etc. Donc, je pense que ce sont de fouteurs de merde. On les retrouve dans toutes les manifestations de Paris", renchérit, sous le couvert de l'anonymat, une jeune femme aux longs cheveux bouclés. Ne pas condamner ces casseurs nuirait au mouvement, ce qui serait en opposition avec ce qu'il revendique, à mon sens.