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Villes/Nice/Université populaire/CR/366 mars - La philosophie du logiciel libre selon Richard Stallman

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La philosophie du logiciel libre selon Richard Stallman[modifier | modifier le wikicode]

1 mars 2017 (366 mars)

Présentation[modifier | modifier le wikicode]

(cette présentation est un résumé de ce que Stallman dit généralement dans ses conférences)

Un programme informatique est une suite d'instructions exécutées l'une après l'autre. En général on écrit ces instructions dans un langage compréhensible par l'être humain, puis on les transforme en information binaire composée de 0 et de 1, incompréhensible par l'être humain, dans une opération qu'on appelle la compilation.

On peut être dans deux cas quand on exécute un programme informatique : soit on contrôle le programme, soit c'est le programme qui nous contrôle. Dans le premier cas on parle de logiciel libre, et dans le deuxième cas de logiciel propriétaire (Richard Stallman utilise le terme de "privateur", un néologisme plus parlant pour insister sur la privation de liberté).

Pour que le logiciel soit considéré libre, il faut qu'il donne à l'utilisateur les 4 libertés fondamentales :

  • la liberté 0 consiste à pouvoir simplement exécuter le programme tel qu'il est quand on veut
  • la liberté 1 consiste à pouvoir changer le code source de son programme pour pouvoir exécuter une version modifiée qui nous obéit.

Sauf que la plupart des gens ne savent pas programmer... et pourtant ils méritent eux aussi d'avoir un contrôle sur le programme qu'ils utilisent. Un moyen pour eux de le faire c'est d'avoir un contrôle collectif sur le programme. Et on a 2 autres libertés qui en découlent :

  • la liberté 2 qui consiste à pouvoir distribuer des copies exactes du programme à qui on veut
  • et la liberté 3 qui consiste à distribuer des versions modifiées du programme

Les logiciels privateurs de liberté ont tendance assez systématiquement à abuser de leur pouvoir en ajoutant des fonctionnalités malveillantes à leurs programmes.
Une des choses malveillantes qu'ils font le plus souvent c'est d'espionner en recevant des informations régulières. C'est discret et ils peuvent le faire massivement.
On a aussi souvent des fonctionnalités destinées à empêcher l'utilisateur de faire quelque chose comme les DRM où on empêche de lire par exemple un document avec un autre programme que le programme officiel, qui évidemment contient un logiciel espion.

On a aussi la porte dérobée qu'on retrouve dans la plupart des grands programmes, surtout les systèmes d'exploitation, et qui permet de prendre le contrôle à distance. On a par exemple Amazon qui a à plusieurs reprises supprimé à distance des livres électroniques sur la liseuse Kindle de ses clients grâce à une porte dérobée. Un fait assez marrant c'est qu'en 2009 Amazon avait massivement supprimé le livre 1984 de George Orwell...

On trouve même parfois des portes dérobées universelles qui permettent de faire télécharger et exécuter n'importe quel programme à l'utilisateur. Microsoft a avoué que Windows en a un, mais la plupart des autres OS privateurs en ont, y compris les smartphones dont le constructeur peut prendre le contrôle à n'importe quel moment. On ne s'en rend pas forcément compte mais les smartphones ne peuvent pas être éteints. Il y a un bouton pour éteindre mais il fait ce que la personne qui l'a programmé veut et rien d'autre. D'ailleurs de plus en plus on ne peut même plus enlever la batterie des smartphones qui sont soudés.


Pour créer un environnement favorisant la liberté dans le monde informatique, Richard Stallman a initié en 1984, avec d'autres programmers le projet GNU ,qui était un projet de système d'exploitation libre. En 1991 Linus Torvalds a crée un noyau pour le projet qu'il a appelé Linux, et on a eu la naissance de GNU/Linux, appelé juste "Linux" à tort par le grand public.

En plus du projet GNU, Stallman s'est intéressé à l'aspect juridique en utilisant le droit d'auteur et a crée la licence libre GPL (general public licence). Cette licence est de type "copyleft", littéralement gauche d'auteur. Elle est contaminante, c'est à dire que si on utilise un projet sous cette licence pour en développer un autre modifié qu'on veut distribuer, on devra forcément le distribuer lui-aussi sous cette licence libre. L'idée derrière cette pratique c'est d’éliminer à terme le logiciel propriétaire perçu comme un danger pour la liberté de manière générale.

Parallèlement à Stallman et la free software foundation s'est développé le mouvement dit Open Source qui ne s'intéresse pas à la liberté ni à l'éthique, mais seulement au côté pratique et efficace du logiciel à code ouvert. Les licences qu'ils soutienennt ne sont pas contaminantes mais permissives, elles permettent à tout le monde d'intégrer les projets sous ces licences dans des projets libres comme dans des projets propriétaires. Évidemment les grandes entreprises et les médias parlent surtout d'open source et rarement de logiciel libre.


Stallman aussi soulève d'autres problématiques plus générales liées à la dictature qui pourrait s'installer à force d'avoir des ordinateurs partout (on a aussi Benjamin Bayart d'ailleurs qui tient le même discours). L'Etat et les grandes entreprises collectent de plus en plus de données sur nous et cherchent en permanence à nous identifier dans toutes nos actions.
L'utilisation des logiciels libres est une solution à certains problèmes mais ça ne règle pas tout. A partir du moment où on a un périphérique qu'on utilise, qui envoie des données vers un serveur distant qu'on ne contrôle pas, c'est un problème parce que même si on maîtrise le code qui est sur notre périphérique, on ne maîtrise pas ce qui tourne sur le serveur distant. Et le fait de nous promettre qu'il y a un logiciel libre qui tourne dessus ne nous avance à rien si on n'a pas le contrôle sur le serveur.
C'est le problème qui se pose avec les SAAS (software as a service) où une entreprise met ses serveurs à notre disposition pour qu'on lui envoie nos données, qu'elle les traite et nous les renvoie. La solution c'est de ne pas utiliser de SAAS, et de faire tourner les services sur son propre ordinateur pour maîtriser ce qu'on en fait. Une solution pour régler le problème des services trop lourds pour tourner sur un ordinateur c'est d'utiliser une forme de mutualisation décentralisée comme ce que permet par exemple la blockchain.
Et plus généralement on peut poser le problème des objets connectés comme les voitures autonomes : elles vont être connectées à un point central qui les coordonne. Mais qu'est-ce qui empêchera un jour qu'on rentre dans notre voiture, et que plutôt que d'aller là où on veut elle nous emmène dans le centre de déradicalisation et de torture secrêt de l'Etat ?

Vidéos de Stallman[modifier | modifier le wikicode]

Enregistrement de l'atelier avec RIchard Stallman présent à Nuit Debout Paris République le 48 Mars : https://www.youtube.com/watch?v=TZSv2jCVsDA&index=87&list=PLXLdT-r0EVCxJDwWSYFi1xPfuZnQdhZ37

Discussion[modifier | modifier le wikicode]

Discussion en atelier le 366 mars sur la place à Nice et sur mumble.

Voici les points qui en sont sortis :

  • Il ne faut pas confondre logiciel libre et logiciel "librement accessible", c'est à dire simplement gratuit. Le logiciel libre est bien celui qui permet le respect des quatre libertés.
  • Le logiciel libre permet la vente (même si en pratique elle est très difficile étant donné de l'absence d'exclusivité) mais on pourrait y voir une diminution de la liberté 0 d'exécution du programme. Si le logiciel était gratuit il n'y aurait pas besoin que quelqu'un l'achète pour le donner ensuite, la liberté d'utiliser serait encore plus grande.
  • Pour les personnes "non initiées" à l'informatique, que peut-on faire pour être libre avec ses logiciels et ses ordinateurs et ne pas se faire surveiller ni contrôler son matériel ?
    • Se procurer un smartphone avec une batterie qui s'enlève, au cas où (pour ne pas se faire écouter et pour éviter l'émission permanente d'ondes), ou alors laisser les portables dehors quand on fait une réunion importante ou sensible.
    • Aller dans les fablab pour apprendre à installer et utiliser linux plutôt que windows, ce sera une porte dérobée universelle de moins sur son ordinateur.
    • Désactiver la wifi pour ne pas que des personnes à proximité lisent nos données qui transitent dans l'air (mais ce point n'a pas de rapport avec le libre, c'est simplement une question de sécurité).
  • Il est important de garder en tête que l'électronique peut contenir directement des parties logicielles non libre et malveillantes. On sait que les smartphones ont une partie logicielle qui tourne en permanence pour communiquer avec le réseau téléphonique et qui peut contenir (et contient très probablement) une porte dérobée universelle.
  • A propos des blockchains, il est intéressant de s'y pencher. Elles peuvent permettre d'exécuter des programmes de manière décentralisée pour ne pas être à la merci des grandes entreprises.
    • La décentralisation via la blockchain, surtout quand on commence à l'appliquer au remplacement de tout ce qui est administratif, peut être finalement très dangereux : on pourra avoir des injustices ou des comportements immoraux et destructeurs sans rien pouvoir faire contre parce qu'on ne pourra pas lutter contre la puissance immuable de la décentralisation.

Enregistrement audio de l'atelier[modifier | modifier le wikicode]

https://www.youtube.com/watch?v=XlT3Ej-RV_s