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Villes/Nice/Université populaire/CR/534 mars - L'université populaire

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L'université populaire[modifier | modifier le wikicode]

534 mars (16 août 2017)

Son de l'atelier[modifier | modifier le wikicode]

https://www.youtube.com/watch?v=KRKiaxvD9ps

Présentations pour alimenter la discussion[modifier | modifier le wikicode]

L'université populaire doit l'être vraiment d'après un article de Thomas Moreau[modifier | modifier le wikicode]

Lien de l'article : https://www.revue-ballast.fr/luniversite-populaire/

Thomas Moreau retrace un historique de l'université populaire d'un point de vue socialiste libertaire. Il raconte l'histoire à travers deux personnages historiques. D'abord il prend le cas d'Emile Méreau, ouvrier ébéniste qui organise des soirées d'éducation populaire avec des collègues, chez lui après le boulot, vers la fin du 19ème siècle. Pendant ces soirées ils lisent un texte introductif dans un livre acheté ensemble, et partagent ensuite une réflexion commune. Peu à peu ils abordent des sujets de plus en plus intellectuels et fouillés, mais ils font toujours l'effort d'eux-mêmes. Ils créent eux-mêmes les conditions de leur émancipation en exerçant leur liberté individuelle et collective. Et puis un jour George Deherme, ouvrier typographe, passe à une des soirées, et il a une idée pour revisiter le concept : il introduit la figure de l'intellectuel universitaire. Il fonde alors en 1899 la première université populaire. Le principe est de faire la jonction entre les masses voulant acquérir du savoir, et les intellectuels voulant agir sur les masses. Mais si ça a un grand succès pendant quelques années avec plus d'une centaine d'université populaires en France en moins de deux ans, le succès retombe très vite et leur nombre s'effondre rapidement. Elles sont à nouveau remplacées par les bourses du travail où on se réunit pour mener des actions sociales, faire la grève etc.

Selon Thomas Moreau cet échec est dû à deux raisons :

  • Si le concept d'Emile Méreau mettait l'accent sur la libération de l'individu par l'autogestion, la volonté de partage et d'émulation mutuelle, le concept de George Deherme avait le défaut d'introduire un aspect utilitariste avec des figures intellectuelles militantes célèbres qui se servaient de ces universités pour mener à bien leurs projets.
  • L'autre problème vient de la place prépondérante que prennent peu à peu les intellectuels, et qui fait qu'une divergence vis-à-vis des sujets théoriques qu'ils imposent, alors que les ouvriers préfèrent des sujets liés à leur actualité, et finissent par se désintéresser de cette construction intellectuelle à laquelle ils ne participent pas vraiment.

Ensuite tout le long du 20ème siècle la diffusion du savoir passe par les réseaux militants, par l'associatif. Mais tout ça est peu à peu institutionnalisé, subventionné. L'Etat crée un ministère de la culture et les associatifs qui s'occupaient de l'éducation deviennent salariés dans des domaines très spécifique. Tout l'aspect politique de cette éducation est progressivement remplacé par de la culture inoffensive comme sait si bien le faire l'Etat.

Enfin, les université populaires renaissent dans les années 1990. Elles sont gratuites, mais leur forme est encore trop élitiste. Des conférenciers présentent des choses et proposent ensuite d'en parler un peu avec l'auditoire, qui finalement n'en retiendra pas grand chose parce qu'il n'y projette aucun affect.

Thomas Moreau propose de changer ces universités populaires pour transformer les participants en sujets politiques, en acteurs plutôt que spectateurs. Il faut selon lui que l'intellectuel spécialisé accepte de descendre de son piédestal, et reste en retrait pour ne pas créer une séparation entre sachants et ignorants. Le conférencier peut alors apporter des réponses concrètes que les autres se posent en fonction de leur savoir empirique. Ca lui permet d'être confronté à une situation dont il n'a pas l'habitude et de s'enrichir de ça, et aux autres d'être des acteurs d'une construction collective du savoir, qui forme des connaissances à usage concrêt et immédiat. Il cite Simone Weil qui dit qu'il s’agit de contrer la « domination de ceux qui savent manier les mots sur ceux qui savent manier les choses ».

Mais ça ne suffit pas selon lui, il faut un deuxième aspect de transformation :

"Il faut, dans la mesure du possible, réconcilier dans les contenus la pensée théorique et la pratique, l’esprit et le corps, l’intellect et l’émotion. Pour se matérialiser, cette réconciliation peut passer par un regroupement avec la culture des activités de solidarités (Économie sociale et solidaire, AMAP, ateliers d’autonomie avec des thématiques comme « se nourrir », « faire son vêtement », etc.), les cafés et les restaurants solidaires. Ce côtoiement des activités et la priorité donnée à l’expérience sensible permettent de vivifier ces structures en assurant la présence de tous les publics. Il érige aussi des passerelles entre les savoirs dans l’acte de l’apprentissage. Enfin, il fait naître une atmosphère quotidienne de convivialité. Le groupe d’auditeurs-acteurs gagne en autonomie spirituelle, intellectuelle et matérielle. Cette forme et ces méthodes proprement populaires correspondent au « projet d’éducation politique des adultes » voulu par Condorcet comme Saint-Fargeau, qui lui assignaient la fonction d’empêcher l’apparition d’une société inégalitaire fondée sur les savoirs. Cette élaboration critique du savoir dans les universités populaires serait un crachat lancé à la face du conservatisme actuel de l’enseignement supérieur, qui cherche à tout prix à empêcher l’énonciation du conflit social par un enseignement ultraspécialisé, inoffensif, hors-sol, excluant tous rapports sociaux et toute visée critique au nom de la sacro-sainte objectivité. L’autonomie des universités et l’entrée « partenariale » du monde de l’entreprise témoignent de cette volonté de façonner un Homo capitalicus, selon les besoins, les souhaits et les attentes du Capital. À l’envers de ce modèle, l’université populaire mène un exercice de déconstruction des savoirs morts, mais dote surtout ses membres de savoirs pratiques qui leur donnent la « puissance d’agir » décrite par Spinoza. Ils peuvent verbaliser ce qu’ils vivent et contrer la diminution pratique comme sémantique de leur réalité sociale d’exploités et d’exclus."

Educ'Pop Debout[modifier | modifier le wikicode]

Site : https://educpopdebout.org

Educ'Pop Debout s'est assez rapidement autonomisé par rapport à la nuit debout, avec ses médias, son lieu sur la place, et a continué longtemps alors qu'il n'y a vait presque plus personne à la nuit debout de Paris République. Et ils continuent toujours.

La formule de base de fonctionnement est que ceux qui veulent venir parler d'un sujet le proposent, et ils auront alors 5 à 20mn de présentation suivi de 40 mn de discussion avec les gens sur la place. On ne connaît que leur prénom et pas leur fonction (et ils sont priés de ne pas se présenter en experts mais de parler de manière accessible), et on peut les intérompre n'importe quand pour une remarque ou une question.

Les conventions sont bien sûr celles classiques de Nuit Debout : on ne parle pas en même temps qu'un autre, on lève la main pour demander la parole, on peut faire des gestes, on est bienveillants les uns envers les autres etc. et un modérateur s'assure qu'on les respecte que la parole circule, y compris de manière paritaire.

Tout le monde peut s’inscrire pour venir intervenir en proposant un thème de discussion portants sur un savoir-faire, une expérience, une passion, un projet,une idée, une pensée… le sujet est choisit par l’intervenant, ses propos n’engagent que lui et pas Debout Éducation populaire qui a juste une fonction organisationnelle.

Ils ont par la suite adopté deux autres formats :

  • la boite à questions qui consiste à réserver des sessions où on lit à haute voix des questions posées sur desbouts de papier ou par internet, et on reste dessus tant que quelqu'un a une réponse à apporter, puis on en change, avec la possibilité de rester jusqu'à 1 heure sur une question.
  • l'atelier hebdomadaire "Educ'Pop" de 2 heures, où un grand thème est poursuivi de semaine en semaine pour construire colelctivement des propositions. Ils ont fait en 40 séances le thème "Quelle société veut-on ?" suivi de "Comemnt arriver à la société qu'on veut ?".

La Charte :

Nous, citoyen.ne.s indépendant.e.s, faisons vivre un espace de débat et de partage des savoirs sur la Place de la République à Paris, depuis le dimanche *41 mars* 10 avril 2016. Ce lieu a vocation à proposer une autre forme de transmission et de mise en commun des savoirs et des pratiques, hors des cadres scolaires et médiatiques. En cela, nous, collectif d’indépendant.e.s,auto-géré, voulons continuer à faire vivre ce lieu et cette communauté quotidiennement et permettre ainsi aux débats de s’y tenir. Notre fonction est avant tout organisationnelle mais chacun.e de nous reste libre de s’exprimer lors des débats, le sujet est choisit par l’intervenant.e, ses propos n’engagent que lui/elle et pas Debout Éducation populaire.
DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Tout le monde peut venir assister aux débats et y prendre part. Tout le monde peut s’inscrire pour venir intervenir en proposant un thème de discussion portants sur un savoir-faire, une expérience, une passion, un projet,une idée, une pensée… Ceux/celles-ci sont ensuite inscrit.e.s sur le programme par les modérateurs/ices. Nous ne présentons les intervenant.e.s qu’avec leur prénom et non pas au nom d’un statut, d’une profession ou d’une compétence particulière. Les intervenant.e.s sont libres de proposer le thème qu’illes souhaitent aborder sans aucune restriction thématique. Ainsi,peuvent être proposés tant des contenus théoriques que pratiques,pouvant s’associer à l’usage d’un ou plusieurs médias, en interaction avec l’auditoire.

Chaque thème fera l’objet d’une séquence d’une heure organisée comme suit :
   Intervention : entre 5 et 20 minutes maximum.
   Débat : entre et avec l’auditoire.
L’intervenant.e peut, à tout moment, être interrompu.e par une intervention, une question ou une remarque.
SUR LE CONTENU DES INTERVENTIONS

Notre volonté est de proposer des débats accessibles à tou.te.s. Nous voulons rendre réelle et effective une véritable démocratisation de la transmission des savoirs ainsi que l’égalité de la parole de chacun.e. En ce sens :
Nous appelons les intervenant.e.s à ne pas adopter une posture «d’expert.e » mais à proposer un discours accessible à tou.te.s. Nous les appelons aussi à expliciter au maximum leur pensée en des termes clairs et simples et à définir les concepts employés. Nous appelons par ailleurs l’auditoire et les intervenant.e.s à respecter un principe de bienveillance envers tous ceux/celles qui prennent la parole. Nous appelons les participant.e.s, modérateurs/ices compris, à diffuser les débats, notamment auprès de celles/ceux qui ne peuvent pas y prendre part. Nous appelons également les participant.e.s, intervenant.e.s et modérateurs/ices à veiller à la parité des interventions et tours de parole.
LA BOÎTE À QUESTIONS

Les questions peuvent être soumises directement sur la place, par email, ou via la page de notre site web « La Boîte à Question ». Toutes les questions sont inscrites sur des morceaux de papier rassemblés dans une seule boîte. Un membre du public tire au hasard une question puis la lit à haute voix. Tant qu’une personne est prête à répondre, on répond à la question. Si personne ne souhaite répondre ou réagir, un second tirage est effectué.
La limite de temps consacré à chaque question est d’une heure.
L’ATELIER EDUC’POP

Il s’agit d’un atelier hebdomadaire de 2 heures ; le créneau est précisé à la fin de chaque atelier. Au début de chaque séance sont désignés un modérateur/questionneur, un scribe, et une personne pour faire le compte-rendu de la séance. Le compte-rendu de la séance précédente est lu afin d’établir une continuité avec la nouvelle séance. En fin de séance, on choisit si, la prochaine fois, la discussion portera sur la même thématique ; sinon, une nouvelle est définie. Le compte rendu, accompagné de l’enregistrement de la discussion, est publié sur notre site web, et diffusé sur les réseaux sociaux. Une compilation de l’ensemble des propositions recueillies lors des différentes séances est publiée sur notre site web, celui de la Gazette Debout et de Nuit Debout.
L’atelier éduc’pop repose sur la retranscription des idées et débats qu’elles suscitent ; il n’y pas de prise de décision ni de vote. Il comprend deux étapes ; la première consiste à élaborer des idées sur une question/texte/image sans se fixer de limites ; la seconde étape a pour objectif de reprendre l’ensemble des idées de manière plus concrète tout en sollicitant la participation des commissions de Nuit Debout.

Discussion[modifier | modifier le wikicode]

Discussion suite à l'article de Thomas Moreau[modifier | modifier le wikicode]

  • Le texte de Moreau soulève plein de questions...le rapport entre théorique et pratique, entre les intellectuels et les manuels...
  • Il me semble qu'à Nice on n'a pas trop le problème qu'il dénonce par rapport aux intellectuels qui prendraient le pouvoir. On essaye de choisir nos sujets collaborativement, on favorise l'apport de chacun pour présenter des choses etc. par contre sur l'aspect pratique il me semble qu'il nous manque des choses.
    • On n'es pas très nombreux non plus, le problème du choix du sujet se poserait plus pour un grand nombre avec une salle de cour, quelqu'un à la tribune et un public. En petit nombre on peut facilement décider des sujets ensemble et facilement prendre la parole. C'est une des qualités du PC d'autrefois : il y avait la volonté affichée que les intellectuels ne prennent pas le pouvoir au sein du parti, on privilégiait les travailleurs pour donner les programmes (cela dit finalement c'était des permanents du parti qui finissaient par tenir ce rôle).
      • J’imagine très bien que, même si on était plus nombreux, on pourrait faire plus d'ateliers en petits groupes pour mettre moins de pression sur le choix de sujet.
        • Oui mais ça revient à être à nouveaux moins nombreux pour se débarrasser des contraintes. Mais il y a aussi la solution d'utiliser les technologies informatiques qui peuvent faciliter le processus de choix de sujet si on est beaucoup.
          • D'ailleurs là dessus on peut remarquer que le parti pirate utilise en interne la démocratie liquide informatisée.
  • C'est quoi un intellectuel ?
    • C'est quelqu'un qui est payé pour penser, y compris pour les autres. D'où la formule de Sartre : "Les intellectuels en tant que pensant pour les autres doivent disparaître, pour que dans la société chacun pense pour lui-même.".
      • Cela dit Sartre lui-même qui disait ça parlait lui-même pour les autres, et très longuement.
      • L'intellectuel c'est bien par opposition avec celui qui fait un travail manuel ? Parce que tous ceux qui ne font pas un travail manuel ne "pensent pas pour les autres" il em semble.
        • A partir du moment où nous sommes dans une société avec division du travail nous avons bien des gens qui pensent pour d'autres qui ne le font pas. Des non-intellectuels peuvent avoir une activité intellectuelle mais seulement dans leur temps de loisirs, ce qui est beaucoup moins reconnu.
      • Il y a aussi des intellectuels qui ont pour activité principale de penser sans être payés pour ça, qui survivent autrement (chômage ou autre).
  • En France il y a eu un "reviving" des universités populaires, et l'université populaire du Rhin a été une des premières dans la 2ème phase récente. On trouve des cours de cuisine, de yoga, d'informatique, de la grammaire etc.. il s'agit de se ré-outiller, par contre je n'ai pas perçu de composante politique.
    Ensuite on a les universités populaires de Caen avec Michel Onfray, mais en général on a un unique conférencier. Celà dit ils marquent sur leur site : "Créer les conditions de la co-construction de faire œuvre, que celle-ci soit intellectuelle, sociale, ou mieux politique. Nous sommes là bien plus dans un processus de démocratie culturelle, dans ce que Georges Deherme appelait la coopération des idées.
    A Toulouse il n'y a pas d'université populaire, mais il y a des RERS (réseaux d'échanges réciproques de savoir), différents des SEL (systèmes d'échanges locaux) qui sont plutôt économiques, là où les RERS sont plutôt pédagogiques."
  • Dans l'article, il y a uen critique de l'aspect "culturel", qui pourtant a une grande importance dans la politique.
    • Ca transparaît un peu dans le texte, mais ça apparaît surtout dans un article de Frank Lepage qui prend l'exemple : "Allez dire aujourd'hui dire à uen femme qui s'est inscrit à du Yoga d'aller militer contre le TAFTA, elle vous dira de la laisser tranquille, elle a payé pour faire du yoga". Les choses sont coupées les unes des autres, segmentées. On perd le côté politique des activités connectées entre elles.
      • Oui il s'agit d'une critique d'une certaine forme de culture aseptisée, neutre, morte, qui ne pose aucun problème au pouvoir. Pas la culture du groupe OCtobre qu'animait Prévert mais la culture qui consiste à admirer les oeuvres dans les musées, en étant simplement en admiration, en en ressentant pas tout ce qui a de vivant dans les œuvres, qui représentait quelque chose d'important pour les artistes. Selon une formule de Guattari : Une culture dans laquelle l'hétérogénéité perd toute aspérité.
      • Le yoga quand même (se reconnecter avec son corps, ses énergies etc.) permet d'intégrer notre corps au reste et facilite la politique. Ca peut être en soi une activité ayant un aspect politique.
  • L'éducation suppose quand même une forme de transmission de ceux qui savent vers ceux qui ne savent pas. Même chez les religieux, on estime qu'il s'agit à chaque fois de transmission de savoir.
    • Quand je réfléchis ce qui me reste de mon parcours scolaire en terme de savoir... il n'en reste presque rien. Ce qu'on remobilise surtout chez les gens ce n'est pas tant le savoir, mais le désir d'apprendre. La transmission de savoir en elle-même est stérile et ne donne rien. Le principe du vase qu'on remplit ne marche pas du tout, c'est une impasse.
    • Les gens qui travaillent dans des coopératives d'éducation populaire, justement il n'y a pas un sachant et un ignorant. On est plutôt dans une co-éducation. C'est de l'intelligence collective. C'est dans l'échange lui-même souvent que quelque chose se crée, dans la relation elle-même, et non pas d'un individu A à un individu B. Pareil dans les repair cafe, les gens se mettent autour et réparent ensemble.
    • Ce qu'on fait ici c'est une forme de transmission de savoir, et faire naître chez chacun l'envie d'apprendre, une forme de réflexion rationnelle et intellectuelle.
      • Intellectuel ne veut pas forcément dire intelligent. On peu très bien être intelligent dans un domaine manuel et moins intelligent dans un domaine intellectuel. Par contre il faut avoir une bonne base.
        • C'est à dire avoir une base ?
          • Il faut que l'émetteur ait les compétences mais le récepteur ait les capacités de recevoir aussi. Il faut un certain nombre de capacités pour recevoir certaines connaissances, mais la plupart de la population a cette capacité, sauf exceptions (certains handicaps lourds par exemple). Mais il y a aussi des paliers de progression : on ne peut aps intégrer des connaissances de haut niveau à des gens qui n'ont pas déjà certaines connaissances.
    • A un moment donné si il n'y a pas du tout de transmission des gens qui savent vers les gens qui ne savent pas, il n'y a pas d'apprentissage (exemple des enfants sauvages). Partir de l'idée que le savoir vient d'une sorte de génération spontanée c'est pas très vrai. Cela dit ceux qui reçoivent le savoir émettent aussi vers ceux qui reçoivent. Ca part dans les deux sens, mais il y a bien ceux qui ont le savoir et qui transmettent le savoir, le savoir ne se crée pas de la relation elle-même.
    • Lisez "Le Maître Ignorant" de Rancière, puisque le maître ignorant en question a du apprendre le Néerlandais à lui et ses élèves, et le principe marchait tellement bien que les Etats se sont inquiétés et ont préféré fermer ces écoles parce que les gens acquéraient trop d'autonomie avec cette technique d'apprentissage collectif.
    • Il faut aussi voir que les intellectuels sont souvent forts sur certains sujets mais pas sur d'autres. Il n'y a pas vraiment de différence entre certains qui sauraient et d'autres qui ne sauraient rien.

Discussion suite à la lecture de la charte d'Educ Pop Debout[modifier | modifier le wikicode]

  • La particularité de l'université populaire de Nice ou d'Educ Pop Debout comparé aux autres formes d'éducation populaire, c'est qu'il s'agit ici d'une Université populaire de rue. On a une sorte d'hybridation entre université populaire, réseau d'échange de savoirs (université de pair à pair), et Café philo. Même si une personne fait la présentation des 20 mn, le temps d'échange ensuite est bien plus important. On a donc une création en commun du savoir en circulation. Ca pourrait être utile de préciser "Université populaire de rue"
  • Il y a par moments une fonction entre l'aspect éducation populaire (avec transmission de contenu) et l'aspect "débat". Le débat relève plus de l'agora où chacun donne son avis que de l'éducation où on transmet des savoirs, des savoirs-faires etc. c'est différents que de confronter des avis. Pour confronter des avis il n'y a pas besoin de travailler, alors que pour transmettre des savoirs il faut d'abord les acquérir.
    • Ce que résout l'éducation populaire c'est aussi la question de la progressivité : tu viens un jour, tu écoutes, tu reviens tu écoutes etc. et finalement tu prends la parole petit à petit et tu déploie toute ta puissance. Les gens sont ravagés par la peut, les humiliations. L'Univ Pop permet à tout le monde, sans distinction de diplôme, d'accéder à des échanges de savoirs en étant acteurs.
      Il y a des réciprocités à tous les niveaux : réciprocité des dons (de savoirs), réciprocité coopérative (on choisit ensemble), réciprocité des rôles, réciprocité formatrice (préparer l'offre de savoir en synthétisant ce qu'on sait déjà et reformulant etc.), réciprocité consciente. Dans le monde professionnel ou même familial il n'y a pas la place de faire tout ça, pour des raisons de hiérarchie et autres. L'Educ Pop avec son lot de règles et conventions inclusives, égalitaires etc. permet tout ça.
    • Tout à fait il faut différencier transmission de savoir et discussion, mais sans discussion la transmission devient inintéressante. Rien que pour la motivation, elle est nécessaire.
  • Il y a quand même des inégalités de savoir dans chaque domaine entre les personnes.
    • Le but n'est pas forcément que tout le monde ait les mêmes connaissances de toute façon, mais plutôt de s'émanciper.
  • Après avoir dit tout ça sur l'historique et le fait de savoir qu'est-ce que l'université populaire, on peut se poser la question réflexive de notre activité d'université populaire dans Nuit Debout Nice. Qu'est-ce que c'est pour chacun d'entre vous l'université populaire ? On a un cycle ces derniers mois sur la non-violence, et on choisit avec un sondage le sujet à chaque fois, comment ça marche ?
    • Pour les sujets pour le moment ils sont beaucoup décidés sur la place, surtout en AG. On fait quand même un sondage sur facebook pour inclure des personnes extérieures aux habitués. Tant que les gens sont toujours intéressés par faire un atelier sur le thème général on continue là dessus, et dès que ce n'est plus le cas on change de thème, en décidant chaque semaine.
    • On a plutôt pratiqué ici, et au fil du temps on s'est rendu compte que c'était de l'université populaire, finalement on va voir ce qui se fait ailleurs dans le même genre. On est passés par plusieurs phases, au début on avait des ateliers tous les jours, puis moins souvent, en expérimentant différentes formules. Pendant un temps on occupait la place sans qu'il ne se passe de choses très intéressantes, et cette activité a fini par s'imposer de manière régulière parce qu'on en sentait le besoin.
    • Moi j'ai commencé tardivement à faire des présentations pour lancer les discussions parce que c'est difficile de se lancer, mais aussi de préparer seul, c'est aussi pour ça que j'essaye d'encourager la co-préparation des sujets dans la mesure du possible. Sur moi l'université populaire a un effet super motivant, je lis des livres rien que pour venir les présenter et en parler avec les autres. C’est une méthode qui me permet d'apprendre des choses bien plus efficacement que de lire les livres 5 fois de suite.
      • On voit bien comment on casse les catégories de sachant, éduquant/éduqué, on apprend en marchant, l'apprenant apprend en préparant aussi.
    • Au Maroc il y a la "philosophie dans al rue", on se rejoint dans un parc pour discuter d'un sujet lié à l’actualité régulièrement (laïcité, l'athéisme, la gauche etc.). Toujours au Maroc, à la Fac on lit un livre ensemble et on se donne rendez-vous pour se dire des critiques etc. J'ai beaucoup appris dans ces lieux alternatifs, sans doute plus qu'en amphi de fac.
  • Mais alors l'antithèse de l'éducation populaire ce serait quoi ? L'éducation académique ou l'éducation impopulaire ? Est-ce que l'éducation populaire doit être vu comme une alternative à l'éducation traditionnelle ou comme un complément ? Et alors lequel des deux systèmes serait le plus efficace ?
    • J'aime pas trop les oppositions de ce genre. Les méthodes alternatives peuvent aussi infiltrer le milieu traditionnel et que ça circule.
    • J'ai l'impression qu'aux Etats Unis où le modèle académique est plus proche de ce modèle d'apprentissage alternatif le niveau est plus faible qu'ailleurs.
      • Ca renvoi à "L'être et l'avoir" d'Ivan Illich. Le système américain n'est pas du tout éduc pop parce qu'il repose sur l'argent. L'être n'est pas du tout mis en avant puisque le diplôme devient un passe droit pour acquérir des positions dominantes et accumuler du capital. Ce qui dénote aussi avec le modèle académique c'est l’élaboration collective des programmes, choisir les thèmes dans lesquels on veut évoluer ensemble. On ne nous a jamais demandé ce qu'on voulait apprendre, peut être pas à partir de 6/7 ans mais au moins 10/12 ans. Et cette expérimentation existe dans des collèges et lycées en France, avec des conseils de collégiens, lycéens pour décider des choses etc. mais ces expériences ne sont jamais relayées.
    • Je pense qu'il faut un certain socle d'éducation académique, et ensuite il faut pousser vers l'éducation populaire. Aujourd'hui même à la fac l'éducation académique est très puissante et laisse peu de place au développement individuel. Par exemple en histoire/géo on voit essentiellement l'histoire de la France et peu d'autres possibilités. Avec l'éducation populaire progressivement au collège et lycée et totalement à la fac, on pourrait laisser les individus s'orienter eux-mêmes.
      • J'ai un problème avec cette histoire de socle académique nécessaire. On peut penser au modèle des écoles qui laissent faire les enfants ce qu'ils veulent, en apprenant d'eux-même les choses qui les intéresse.
        Moi-même aujourd'hui je suis dans un cursus académique où je dois étudier aussi des choses qui ne m'intéressent pas pour avoir un diplôme qui me valide. Par exemple je suis en sociologie de la religion et je suis intéressé par l’extrémisme, mais je dois aussi m'intéresser à la sociologie des usages et ce genre de choses pour faire un doctorat. Il y a un problème aussi avec la difficulté d'accès aux hautes études pour les gens issus de milieux populaires. Il y a des cas isolés mais pour la plupart ce n'est pas possible. Je me demande comment on peut sortir de cette logique. Soit on a l'égalité des chances, soit l'égalité des places, mais comment résoudre cette question ?
        • Il faut aussi voir que l'éducation populaire a la limite qu'elle dépend des gens qui participent. Si on fait de l'éduc pop entre fascistes on restera dans le fascisme. On peut très bien traiter un sujet dans le cadre de l'éducation populaire d'un point de vue orienté. Par exemple si on parle surtout de l'immigration on va plus s'orienter vers les positions d'extrême droite, à gauche on va plus parler de capitalisme. C'est pour cette raison que je pense qu'il ne faut pas faire l'éducation populaire dès le plus jeune âge mais une fois un socle acquis.
          • Si l'extrême droite fait de l'éducation populaire, je ne suis pas certain de combien de temps ça durerait avant qu'ils finissent par se gauchiser pour sortir de l'impasse de leur idéologie. Puisqu'ils sont dans l'erreur, parler de manière libre et collective ne peut que les ramener vers la raison.
            • Historiquement l'éducation populaire est propre à la gauche, mais sur un sens plus large, elle est aussi utilisée par l'extrême droite quand elle fait de l'historie locale pour créer une identité plus forte. La libération aussi n'est pas propre à la gauche, la droite a aussi été à la tête de la libération, avec les premiers mouvement féministes qui étaient bourgeois etc.
          • Je ne pense pas qu'il soit possible que l'extrême droite puisse pratiquer l'éducation populaire, ils fétichisent trop l'autorité et la hiérarchie.
        • Par rapport aux pédagogies alternatives (Montessori, Shtiner, Waldorf, Freinet), c'est vrai que l'approche est là totalement réinventée. Ca respecte le rythme de chaque personne. L'école républicaine a ça de formidable malgré tout d'alphabétiser les gens, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays, mais il faut quand même en faire la critique pour l'historiciser, en dégager les questions de pouvoir. Même l'université est aujourd'hui orientée vers le travail, et ça ne devrait pas être ça le but du savoir, ça devrait être l'émancipation, redonner du sens à sa vie, partager, échanger. Il y a bien sûr ces écoles alternatives, mais il y a aussi des tas d'autres formes, et l'éduc pop de rue en est une très bonne qu'il ne faut pas négliger.
          La connaissance est un bien économique non rival et c'est formidable : on peut le partager autant qu'on veut sans le perdre. C'est tout l'enjeu des communs, du bien commun de l'humanité qu'est la connaissance.
  • Et l'orientation, c'est une question compliquée. Qu'est-ce qu'on pourrait faire là-dessus ?
  • On a tendance à assimiler éducation populaire aux travaux manuels, et éducation académique aux travaux intellectuels, pourtant c'est faux. Au moyen âge par exemple les travaux manuels se transmettaient beaucoup de manière très stricte et académique d'un maître à l'élève. Il s'agit plus d'une question de démarche.
  • En revenant sur les 3 types d'ateliers qu'ils ont à Paris Educ Pop Debout : le 1er type est un peu celui qu'on fait aussi, et le 3ème type en est un avec plus de continuité, on ne le fait pas vraiment encore même si on fait parfois des ateliers sur plusieurs séances. Et enfin il y a la boite à questions où les gens posent anonymement des questions qu'on lit et dont on parle. Je me demande ce qu'on peut leur piquer comme idée. La boite à questions me paraît intéressante et facile à reprendre.
  • Dans l'éducation il y a l'idée d'élever les individus certes, mais il y a aussi l'idée que la société attend un retour des individus vers elle. Que ce soit donannt-donnant. Et alors avec l'université populaire, est-ce qu'il y a aussi un retour des gens qui individuellement bénéficient du savoir, vers le collectif ?
    • Je pense qu'il y a une certaine attente de l'éducation nationale de la part des élèves (par exemple le fait de ne pas se révolter, d'être soumis). Pour le cas de l'éducation populaire il y a éventuellement le retour de faire vivre ce lieu à nouveau, mais il n'y a pas plus d'attente que ça.
      • Est-ce qu'on peut en déduire qu'un des rôles de l'éducation populaire c'est que les gens se révoltent ?
        • Oui ça me paraît évident. Puisqu'on vit dans une société de domination, si on laisse les gens s'éduquer librement ils iront naturellement vers la révolution. Si il n'y avait pas d'oppression, il n'y aurait pas besoind e révolution non plus.
  • Les élèves ont de plus en plus des choses à apprendre aux professeurs autant que les professeurs en ont. On le voit avec les tutos youtube de gamins qui sont épatants par exemple. L’éducation populaire c'est aussi ça : ça vient faire exploser les hiérarchies. D’ailleurs ça permet aussi la libération des femmes qui peuvent apporter ce qu'elles ont.
    • Mais si on imagine que des gens arrivent avec la volonté d'apprendre juste la broderie et quelques trucs pratiques du genre, est-ce que ça suffit ? Est-ce qu'il n'y a pas une volonté aussi d'étendre le champ à diverses connaissances ?

[à compléter]