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Villes/Nice/Université populaire/CR/548 mars - Lafauteàqui dans le couple et le groupe

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Lafauteàqui dans le couple et le groupe[modifier | modifier le wikicode]

548 mars (30 août 2017)

Audio de l'atelier[modifier | modifier le wikicode]

https://www.youtube.com/watch?v=yAX27hC8BFg

Présentation par Betty[modifier | modifier le wikicode]

Cette présentation est extraite d'un colloque intitulé "Le couple, une obsolescence programmée ?" qui a eu lieu à Nice le 1er avril 2017, qui associait des présentations et du théâtre. Il y avait des comédiens, des neuroscientifiques, un physicien, un socio-anthropologue, quelques psychanalystes de couple. Il s'agissait de faire le procès du temps, accusé par un couple de l'avoir assassiné.

Cette présentation témoigne de la façon dont un couple ou un groupe problématise ses difficultés sous la forme d'une accusation, c'est pour ça que ça s'appelle "lafauteàqui ?". Ca part de témoignages de personnes venant consulter des psychanalystes. Et l'expression "La faute à" dans ce contexte est extrêmement présente.

Si l'humanité a survécu pendant tant de temps, c'est parce qu'elle se posait la question de la cause des problèmes, donc chercher l'origine des problèmes n'est pas en soi quelque chose de négatif. Mais le fait de chercher immédiatement un fautif est une problématisation particulière. Dans le cadre du couple, à partir de cette problématisation, on construit des techniques, des pratiques en référence à des causalités. Dans la sphère conjugale, c'est une pratique d'identification d'un fautif suite à la construction d'une causalité linéaire (attribuer à un phénomène une seule cause) et accusatrice.

Il est évident que dans cette logique quelqu'un peut être accusé d'une faute qui ne lui incombe pas. On peut penser aussi que lafauteàqui est une variante du bouc émissaire ou de la notion d'attaque-fuite qu'on trouve chez Bion (une des personnes qui a travaillé sur les groupes). Mais dans le cas de lafauteàqui il s'agit d'une conduite où une faute est attribuée de façon erronée pour se protéger d'un danger. Mais pour les fautesàqui conjugales il s'agit là d'un premier niveau seulement.

Ceux qui vivent ou ont vécu en couple vont probablement reconnaître ce genre de paroles quand il y a des disputes :

  • C'est à cause de toi tout ce qui se passe !
  • C'est toi qui a commencé à boire, à me délaisser !
  • Mais non, c'est de ta faute !
  • Non c'est pas de ma faute !
  • Alors c'est la faute à qui ? C'est de ta faute !

Quand c'est parti comme ça ça ne s'arrête pas jusqu'à ce qu'il y en ait un qui capitule.

Donc il y a la 1ère étape on attribue une faute, et dans la 2ème étape on applique une contrainte pour que l'accusé se soumette au point de vue de l'accusateur. Il faut qu'il reconnaisse que c'est de sa faute.

Dans le domaine judiciaire on considère que le coupable doit se soumettre à la peine qui lui est infligée, mais on ne l'oblige pas la personne à avouer le délit ou le crime, ni à approuver sa condamnation. Ici dans le couple c'est le cas. L'accusé est obligé de reconnaître sa faute.

On entend des choses comme :

  • Tais-toi, c'est moi qui sait mieux que toi.
  • Quand on aime on pense comme moi.
  • Dans un couple il y en a un qui fait et l'autre qui réfléchit. Toi tu fais et je respecte ce que tu fais. C'est moi qui réfléchis et t'es libre de penser comme moi.

On peut aborder ici le 3ème étage de lafauteàqui, qu'on appelle dans le jargon des psychanalystes l'étage du rappel aux codes conjugaux. Il y a "procès" (dispute) parce que les codes de la vie en commun (la vie conjugale) sont transgressés. On rappelle au conjoint qu'il n'a pas respecté les règles conjugales, et en général on ajoute même une peine : un "travail d'intérêt conjugal".

On considère que le couple est une communauté qui développe des codes de fonctionnement, des instances d'autorité. Les conjoints sélectionnent dans leur couple un ensemble de codes en fonction des valeurs qu'ils projettent sur le lien conjugal. En général ils se répartissent des champs d'autorité légitime, mais de façon implicite ou inconsciente. Par exemple : il y en a un qui décide de quand descendre les poubelles, du nombre de fois qu'on va chez les beaux parents, du nombre de rapports sexuels etc. Ca peut aussi être sur des tâches domestiques, l'éducation des enfants, sur l'explication du monde etc. En général il y a une distribution de celui qui fait autorité sur tel et tel aspect de la vie conjugale. Cette répartition des autorités considérées légitimes n'apparaissent que quand il y a une contestation ou une transgression.

Il s'agit d'une forme de rappel pour que le conjoint "dissident" respecte les codes en vigueur, et s'incline devant les valeurs conjugales qui sont pensées comme partagées. Les disputes seraient des rappels à l'ordre conjugal. Mais on pourrait se demander pourquoi avouer une faute est si important ? Peut être parce qu'en avouant sa faute, le conjoint prête à nouveau allégeance aux codes institués.

Prêter allégeance à des codes institués, aux valeurs d'une communauté conjugale, ce n'est pas l'apanage du couple, ça existe dans tout groupement. Mais on oublie souvent que le couple est une communauté d'appartenance comme une autre, et ça induit à ce titre inconsciemment des façons d'agir et de penser. La fauteàqui existe en fait dans tous les groupes.

En tant que praticien, si on veut aider les couples dans cette situation, on arrive difficilement à dissocier cette historie de fauteàqui des enjeux de domination et d'autorité. Et pour celui qui veut intervenir dans un couple, il est vraiment important d'avoir clarifié son propre rapport à l'autorité, sinon il va mélanger des choses qui lui sont personnelles avec des problèmes du couple en face. C'est le cas par exemple de ceux qui pensent qu'à partir du moment où ils ont un diplôme ils peuvent avoir une autorité légitime, ils peuvent fixer des cadres, donner des conseils. Mais il faut considérer comment les personnes vont réagir face à une personne qui veut leur donner des indications d'autorité, ou qui va lui-même considérer que dans al situation c'est la faute de l'un ou l'autre. Le fautif va se révolter contre cette position autoritaire qui n'est pas légitime.

Il y a plusieurs types de fauteàqui :

  • la fauteàqui individualisée
  • la fauteàquiconjugualisée
  • la fauteàqui groupalisée

Pour la fauteàqui individualisée c'est la situation où chacun des conjoints va considérer que c'est la faute de l'autre. C'est là qu'on a les situations les plus difficiles voir violentes. Chacun se démène alors pour que sa position soit reconnue comme "vraie" et qu'elle fasse autorité.

Par exemple pour l'un c'est de "la faute de l'un qui ne fait rien à la maison", "depuis la naissance du petit il n'accepte plus de relations sexuelles" et inversement etc.

On peut se demander pourquoi les gens se battent ainsi pour convaincre de la justesse de leur point de vue. On peut penser que c'est des enjeux de pouvoir, mais sur quoi ils portent ? Sur l'estime de soi ? L’ego, le narcissisme ? Ce n'est pas toujours flatteur d'être accusé, mais est-ce que c'est flatteur d'être accusateur ?

La fauteàqui individualisée comprend aussi un processus qui vise à imposer un travail de changement psychologique et comportemental à l'autre. C'est l'idée que le fautif serait condamné à un travail d'intérêt conjugal, et surtout qu'il doit accepter un travail de changement spontanément et sans rechigner. Mais qui aurait envie d'être condamné par son conjoint ou par un professionnel à un travail de changement ? Parfois on enverrait bien son conjoint chez le psy pour qu'il revienne plus propre que propre... mais est-ce que c'est ça qui va régler le problème ? J'en doute.

La fauteàqui conjugualisée consiste à ce que les conjoints soient d'accord sur le coupable. L'accusation peut porter sur le problème d'un des deux : par exemple "si ça ne va pas dans notre couple c'est parce que tu sors trop le soir.", ou encore "c'est la faute de l'alcool". Dans ce cas-là (c'est encore en référence à Bion) les membres du collectif pensent que leur problème sera résolu quand on aura fait disparaître le fautif qu'ils ont identifié ensemble. Et ils demandent alors au professionnel de faire disparaître le fautif, ce qui n'est pas très simple quand le fautif c'est les enfants ou al belle-mère.

Et le 3ème cas c'est la fauteàqui groupalisée, elle semble plus simple au moins au début pour la personne qui accompagne le couple dans la situation. C'est le cas où le couple et le professionnel sont d'accord sur le coupable sur qui porte la faute. Donc tout le monde unit ses forces pour lutter contre le même fautif (le plus souvent extérieur au couple). Il s'installe alors souvent une forme de dépendance et d'illusion partagée, avec la croyance magique que cette dépendance va éloigner les dangers de l'affrontement ou de la dislocation du couple. Et ça peut durer très longtemps sans régler les problèmes. La difficulté c'est de ne pas se laisser enfermer dans ces histoires là. Ca demande du temps pour analyser et déconstruire ces mécanismes d'accusation réciproque. En général tant que cette phase linéaire accusatrice n'est pas dépassée, on sort difficilement des difficultés.

Pourquoi il faudrait toujours attribuer une faute ? Pourquoi toujours une accusation linéaire ? Pourquoi l'autorité, le pouvoir sont-ils nécessaires et en même temps cause de tant de difficultés ? Il n'y a sans doute pas de réponse unique, mais on peut trouver des réponses sans fauteàqui.

Discussion[modifier | modifier le wikicode]

  • Est-ce qu'il n'y a pas dans un couple à un moment des choses à mettre sur la table ? Pour parler des choses qui ne vont pas.
    • C'est un peu comme ça que le code conjugal se construit. Une des personne a l'impression que le code n'est aps respecté, il y a une dispute, et le code est reconstruit, remodulé.
    • Les discussions sont bien sûr nécessaires, mais les codes ne sont pas du tout explicites. Ils paraissent évidents, et posent problème quand ils se révèlent ne pas l'être tant que ça.
    • Poser les problèmes sur la table c'est peut être aussi le meilleur moyen pour qu'ils y restent.
  • Le thème à la base c'était le temps, comment il peut détruire un couple. Mais la présentation n'en parle pas beaucoup.
    • Effectivement c'était un sujet central du colloque, mais il s'agit là seulement d'une partie qui ne se centre pas sur cette question. Le colloque durait toute la journée. Pour info la conclusion du procès c'était que le temps n'était pas coupable.
  • Tu disais qu'il y avait un code conjugal qui était implicite, mais qu'est-ce qu'il faudrait faire ? Le rendre explicite ? On peut faire le rapprochement avec nuit debout nice. Pendant longtemps on était un groupe sans explicitation de notre fonctionnement, et puis on a petit à petit installé des AG régulières, on a essayé d'expliciter les choses. Est-ce que dans le couple on peut aller dasn le même sens pour expliciter les rapports explicites ?
    • La question de l'explicitation fait sortir de la seule question de dimension amoureuse. C'est peut être une attitude peut être plus qu'un moyen de communication.
    • L'explicitation c'est plus de l'ordre de la négociation, des choses qui sont explicitées parce qu'elles sont conscientes. Les choses dont il est question ici ne sont pas conscientes et donc je ne vois aps comment on pourrait expliciter des choses dont on n'a pas conscience. C'est des phénomènes comme ça qui débordent des couples ou groupes qui les débordent. Ca peut être dans les fantasmes des gens : on tombe dans l'interfantasmatisation où chaque membre du couple ou du groupe va avoir son système de fantasmes (au sens général où il va imaginer des choses), et tous ces fantasmes vont se mélanger, de façon à s'articuler de façon différente mais pas consciente. C'est très difficile à expliciter ce genre de chose.
    • Effectivement c'est un enjeu important notamment dans les groupes, de savoir comment faire pour questionner les rapports de pouvoir sans introduire de nouveaux rapports de pouvoir en questionnant lafauteàqui. Par exemple si on dit "Ah celui-là c'est un leader il se prend pour qui !" mais est-ce que cee n'est pas une manière aussi de prendre le pouvoir soi-même ?
  • Et le sentiment amoureux ? Il est un peu absent de la discussion. Ca pourrait être la faute à la perte du sentiment amoureux.
    • Si le couple ne se sépare pas, c'est qu'il y a quand même un sentiment amoureux qui persiste.
    • L'amour c'est quelque chose qu'on subit plutôt que quelque chose qu'on choisit. Alors que le couple nécessite une certaine organisation du quotidien, surtout si on vit ensemble, une certaine implication de l'implication respective. D'ailleurs on pense au couple à deux mais il peut y avoir des couples à plus de personnes, des trouples par exemple (à trois).
    • On considère le couple de façon un peu particulière : il peut y avoir des couples sans amour et de l'amour sans couple. La question de l'amour est différente.
  • Au niveau du droit, dans des temps très reculés il n'y avait pas beaucoup de différence entre droit civil et pénal comme aujourd'hui, et il n'y avait pas non plus beaucoup de différence entre la morale et le droit. On partait du principe que si on est coupable c'est au niveau juridique mais aussi moral. C'est de la culpabilité que découlait la responsabilité. Aujourd'hui on a la responsabilité pour faute, mais on a aussi la responsabilité en l'absence de faute : exemple : on a un piéton qui traverse et se fait renverser, même si l'automobiliste n'a pas fait exprès, il sera condamné quand même. On estime que le piéton étant la partie faible, il doit être indemnisé sans chercher vraiment la faute. On a donc d'un côté la responsabilité et de l'autre la culpabilité, ces notions peuvent être confondues, ou séparées.
    • Ca fait penser à la culpabilité objective selon Freud. Il parlait du fait de ne pas se sentir coupable consciemment pour un acte ou une pensée, mais on tombe ensuite par exemple dans l'escalier et ensuite dans l'analyse on se rend compte qu'il y avait peut être un lien.
  • Le fait de poser la question "lafauteàqui" suppose qu'on soit dans des rapports assez égalmitaires. Un esclave vis-à-vis de son maître ne peut aps poser la question, ni un salarié à son patron. Pareil dans un tribunal on ne pourra pas dire au juge que c'est de sa faute. On suppose donc que dans le couple ou le groupe, les différentes parties sont dans des relations supposées relativement égalitaires.
    • Cette question d'égalité n'est pas quelque chose de donné. C'est quelque chose de déterminé par les rapports de pouvoir préétablis certes, mais ça dépend du regard qu'on a sur soi-même. Si face à la personne qui a l'autorité supposée on décide quand même d'oser lui parler comme si on était son égal, en utilisant par exemple des méthodes comme la communication non violente, on peut au moins arriver à faire passer un message. C'est mieux que d'abandonner directement parce qu'on est supposé inférieur.
      • Peut être que faire une revendication c'est déjà se positionner en inférieur.
    • Les phénomènes dont on a parlé dans la présentation ne concernent effectivement pas les cas avec un employeur ou des cas de rapport de domination comme ça. C'est plutôt dans des couples ou groupes qui se construisent volontairement sans forcément expliciter tous les rapports entre eux.
      • Mais même dans le cas du couple ça suppose qu'on se place dans le cadre du couple de la deuxième moitié du 20ème siècle et début du 21ème. Les couples dans les temps plus anciens étaient plus verticaux, les femmes étaient soumis au mari et il n'y avait pas la question de savoir qui était fautif ou non. Pour chercher un fautif il faut être dans des rapports relativement horizontaux.
      • Le féminisme l'a suffisamment montré, même dans le cadre de couples libres, on constate souvent que l'homme prend beaucoup de place. C'est dans un but d'émancipation de cette place de victime qu'une femme peut justement utiliser la communication non-violente pour établir une communication seraine même dans le cas où elle est désavantagée.
  • Quand on parle de fautif que ce soit pour l'homme ou la femme, il s'agit d'une condamnation. Est-ce qu'on ne pourrait pas amener la chose de manière à en discuter ensemble sans dire que c'est une faute, mais simplement un problème commun.
  • Du point de vue d'une institution, des enjeux de pouvoir il y en a toujours, et peut être que la solution n'est pas de les éliminer mais de les faire tourner. Mais après, je me demande où placer le pouvoir, comment le définir.
  • Du point de vue du couple, il peut y avoir aussi parfois le pouvoir du dominé. C'est difficile de parler de ça quand on est "de gauche", mais je pense qu'il y a aussi une forme de jouissance dans le fait de revendiquer la posture de victime face à celui qui a le pouvoir. Ce serait alors une façon de prendre le pouvoir en se laissant dominer.
    • On peut se sentir satisfait du simple fait de se faire entendre, tout en restant une victime. C'est peut être la reconnaissance par l'autre qui fait qu'on est content et pas forcément le fait de ne plus être victime.
    • Effectivement souvent il y a des individus qui veulent intégrer un groupe pour avoir quelqu'un dans le groupe qui fait figure d'idéologue ou de dominant. Les gens sont souvent étonnés qu'on n'ait pas de personnes dominantes dans notre groupe d'ailleurs. La même chose peut s'appliquer à un couple. Et justement est-ce qu'on peut se satisfaire d'être en position d'infériorité dans un couple ou un groupe ?
      • Pour le cas du couple notamment il y a divers aspects qui peuvent être l'objet de rapport de force, de pouvoir. Par exemple le simple fait d'être celui qui décide des activités ne fait pas forcément de la personne celui qui domine, il peut très bien y avoir d'autres facteurs sur lesquels c'est l'autre qui a la main, qui peut faire des reproches etc.
        • Effectivement il y a des positions d'autorité légitimes dans le couple ou le groupe, untel est légitime sur telle chose, l'autre sur une autre chose et tout le monde trouve un équilibre. Le problème survient quand l'équilibre habituel est rompu. Il y a toujours un équilibre à trouver entre les avantages et les inconvénients, et l'équilibre est complexe.
      • Pour moi c'est difficile de généraliser, d'abord parce que pour moi le couple n'existe pas. Tous les couples sont des créations uniques et ce qui est important c'est comment chacun se représente la relation. Ce qui compte c'est la manière de vivre la chose. On peut en dire autant de nuit debout qui n'existe en soi pas, si ce n'est à travers la manière dont chacun le vit.
        • Il n'y a pas de consensus là-dessus parmi les philosophes. Certains pensent que seuls existent les entités individuelles, d'autres que n'existent que les collectifs à un certain niveau, d'autres qu'existent les individus et les collectifs etc. Chacun doit se faire sa conception.
          • Il n'y a pas de réponse définitive, mais quand on utilise des expressions comme "notre couple est malade", je n'ai jamais vu un couple être amené chez le médecin.
        • Quand tu dis que le couple n'existe pas, nuit debout n'existe pas etc. Moi je suis tombé dans une forme de nihilisme pendant des années et existentiellement c'était très difficile. On se pose des questions sur la réalité, on essaye d'être dans la réalité, et pour moi considérer que ces choses existent existent. Je réfute le nihilisme, l'irréel.
          • Il ne s'agit pas du tout de nihilisme. Un couple est une représentation en fait. Ca a une existence mais peut être d'un autre ordre, c'est quelque chose d'imaginaire qui existe d'une façon particulière. Par exemple si on demande à chacun qu'est-ce qu'un chien, chacun va écrire quelque chose et on se rendra compte que ce n'est pas le même chien, donc le concept de chien n'a pas la même existence qu'un vrai chien concret.
          • Tu tu réalises apparemment à travers ton appartenance à un mouvement social et politique comme nuit debout, mais si je te disais que pour moi tu existe en tant que toi, sans te penser avec le mouvement dont tu fais partie ? Tu existe bel et bien en toi-même sans avoir besoin de l'autre concept. C'est plutôt toi qui existe dans les représentations partagées par le groupe et non pas l'entité imaginaire du groupe qui existe.
            • Il ne s'agit pas seulement de nuit debout mais aussi par exemple de la vie de couple qui existe tout autant que les individus. Ca a une grande signification psychologique, affective. Ca permet de sentir en sécurité.
              • "Ca n'existe pas" c'est un peu provoque. C'est une façon de dire qu'il y a de nombreuses façons de le voir. Mais si il n'y avait à aucun moment de vacillement dans ce sentiment d'exister, on n'aurait même pas inventé le mot d'exister.
          • La société nous formate, nous pousse à une certaine possessivité. Il faut se construire par rapport à soi-même pour éviter de tomber dans une certaine forme de nihilisme.
  • lafauteàqui ? La faute à l'autre bien sûr. C'est ce qu'on pense tous à chaud, mais avec le recul on se rend compte qu'on a une partie des torts. Il faut donc savoir se remettre en question. Pour éviter d'être violents, il y a certains moments où on est dans l'affect où il vaut mieux attendre que ça descende, et ensuite quand c'est retombé discuter de manière constructive. Par contre il faut revenir et discuter, dire les choses franchement parce que si passe et on garde les choses en soi, ça va s'accumuler jusqu’au moment où on arrive au point de rupture. Et ce n'est pas une question de tort ou raison mais plutôt de trouver une entente entre les deux.
    • Effectivement choisir le moment est très important.
    • Je me demandais si ce ne serait pas une bonne idée d'avoir un moment fixe où le couple ou le groupe pratiquerait la communication non-violente.
      • On pourrait espérer que la communication non-violente soit permanente. On ne peut pas parce qu'on peut difficilement éviter les disputes et même les rapports de domination. Le problème c'est de ne pas les nier, mais ce n'est pas si évident de régler ces problèmes. Les conflits ne sont pas forcément négatifs, le problème c'est quand on en arrive à de l'abus de pouvoir.
  • Dans la plupart des civilisations, notamment dans les temps plus reculés, sont des sociétés de type holistes, c'est à dire que les groupes symboliques ont plus d'importance que les individus qui les composent. Et j'ai l'impression que dans la société occidentale individualiste, le couplle est un peu le dernier élément holiste qui subsiste du passé.
    • Je ne pas sûre que le couple soit le dernier bastion du holisme. Déjà rien qu'à nuit debout il y a un collectif, des choses qui nous dépassent. Au travail on est aliéné, quand on rentre chez soi on est aliéné par le travail etc.
  • Souvent quand on entend des professionnels de santé aborder par exemple des problèmes de reproduction ou des problèmes sexuels, ils parlent d'un problème de couple, alors que c'est un problème qui souvent existait avant le couple chez l'un des individus, et qui existera après. C'est plutôt le problème d'une personne au sein du couple.
    • Je pense qu'un individu ne peut pas vivre sans appartenir à un ou plusieurs groupes. Un individu tout seul n'existe pas. Il ne s'agit pas d'opposer l'individu au collectif, c'est une dialectique permanente. Après il est bien sûr possible que dans un couple un des membres ait un problème individuel, mais ce problème peut devenir un problème pour les deux, et à partir de ce moment ça devient un problème du couple. On peut tout à fait imaginer qu'il y ait un problème d'infertilité chez une personne et que ça n'affecte pas le couple.
    • Si on commence à dire que les problèmes de couple sont des problèmes individuels on en revient justement à lafauteàqui. Et puis on a trop tendance à vouloir mettre les choses dans des cases, dans des logiques individuelles alors que les gens sont liés aux autres.
      • Je trouve au contraire que même dans le cas où les gens ne présentent pas leurs problèmes comme des problèmes de couple, la société, les professionnels de santé les catégorisaient comme problèmes de couple.
        • Ou alors en suivant la logique qui est très forte en psychiatrie en ce moment, on va prendre en compte les aspects génétiques par exemple. On ne prend pas assez en compte justement le groupe, ce qu'il y a autour de la personne. Pour moi il n'y a pas de pathologie individuelle, il y a toujours uen dimension sociale.
          • Ou peut être qu'on peut dire qu'il n'y a pas de pathologie en tant que tel. Les caractéristiques des personnes font partie d'elles, il faut en jouir comme c'est sans essayer de les pathologiser.
  • On ne remet jamais en question le caractère d'exclusivité du couple : dès qu'on dépasse un certain seuil de la relation on devient un couple officiel et on entre dans la possession, l'appartenance à l'autre. Les problèmes conjugaux sont symptomatiques de ça, comme si ces problèmes concernaient le couple et personne d'autre. Si on met de côté l'aspect d'exclusivité du couple, les problèmes de couples tombent à l'eau d'eux-mêmes.