Bienvenue sur le wiki de Nuit debout, nous sommes le 2988 mars.




Villes/Nice/Université populaire/CR/77 Mars - Steve Keen et les petits patrons - La crise de la Tulipe

De NuitDebout
Aller à : navigation, rechercher

Université populaire[modifier | modifier le wikicode]

77 Mars 2016 (16 Mai)

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

L'atelier s'est déroulé avec au moins une quinzaine de participants. Deux personnes voulaient faire une intervention un peu plus longue, suivie de réactions, puis divers échanges se sont déroulés.

1ère intervention d'un entrepreneur : Steve Keen et les petits patrons[modifier | modifier le wikicode]

Steve Keen, économiste hétérodoxe, démonte les théories néo-classiques. Il commence par attaquer les hypothèses de ces théories :

  • concurrence parfaite
  • connaissance des prix par les acteurs

Nous avons tendance à trop faire l'amalgame entre les petits patrons et les gros, alors que le problème ne vient que des gros qui sont avantagés par ce système économique.

Réactions :[modifier | modifier le wikicode]

  • Il faudrait reprendre un étalon de valeur tel que l'or, la monnaie a une grande importance
  • Steeve Keen avait prévu la crise des subprimes, un des seuls à l'avoir fait par écrit
  • A l'entrepreneur : pourquoi n'embauchez-vous pas plus de personnes ? Réponse : parce que c'est financièrement difficile...
  • Les petits patrons sont bienvenus à nuit debout
  • Nuit debout est un mouvement de libération sociale donc il s'agit de lutte contre les patrons, même petits : pourquoi seraient-ils les maîtres de l'entreprise ?

2ème intervention d'un enseignant : la crise des tulipes en 1630[modifier | modifier le wikicode]

Le marché des tulipes se rapprochait du marché de l'art (produit de luxe). Les tulipes ont crée un engouement si important que qu'on a eu la 1ère bulle spéculative. On a commencé à acheter des bulbes de tulipes n'existant pas encore, et les gens s'échangeaient des caractéristiques de bulbes. Un nouvel acteur fait son apparition entre le producteur et le consommateur : il achète la fleur potentielle pour la revendre alors qu'elle n'est encore que potentielle.

Le prix des tulipes explose en 1637, multiplié par un nombre à deux chiffres. Puis sur un évènement anodin la confiance s'écroule brusquement et le prix chute de plus de 95%.

Réactions :[modifier | modifier le wikicode]

  • Il s'agit de la titrisation, qui crée un monde de fiction sociale.
  • Le film "the big short" vulgarise efficacement le principe de la titrisation
  • Une étude des théories de Milton Friedman serait intéressante ==> il y a un documentaire "Le capitalisme en 10 volets" qui en parle bien
  • Des bulles peuvent être déjà crées avec des marchés normaux sans recours à la titrisation. ==> oui certes, mais les outils spéculatifs (tels que l'effet levier) sont à un niveau bien pire.
  • Paul Jorion propose d'interdire la spéculation pure.

Exposé : La crise de la Tulipe - Windhandel (le commerce du vent) - La première bulle financière de l'Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Pieter Holsteyn le Jeune, "Beste Bruyne", Hollande, circa 1630-1640

En Hollande, jusqu'en 1634, le marché de la Tulipe est resté stable. Les horticulteurs vendent directement les bulbes à leurs clients. C'est un marché de produits de luxe qui ressemble un peu au marché de l'art du vingtième siècle. On choisit un artiste, c'est à dire un horticulteur, un horticulteur sachant faire de bonnes greffes et capable de donner naissance à de nouvelles couleurs. Ce sont notamment ces couleurs, nouvelles, qui font la valeur de la fleur. On passe commande à l'automne, quand les bulbes sont plantés, et on paie à partir du printemps quand les fleurs sortent et que le client peut vérifier que ce qu'il achète correspond à sa commande.

En 1635 et 1636, l 'engouement de plus en en plus grand pour la tulipe auprès des riches hollandais, va entrainer le développement d'un mouvement spéculatif. Les bulbes ne seront plus vendus à l'unité mais au poids, ce qui ne change pas fondamentalement la donne, mais surtout, il est désormais possible de vendre des bulbes encore en terre. Pour ce faire, on introduit des « billets à effet » sur lesquels sont inscrits les caractéristiques du bulbe et son prix, fixé à l'avance entre les deux parties et ce, en attendant que le contrat se dénoue au printemps lors de la vente. Voila exactement ce que l'on appelle un « marché à terme ».

C'est à ce moment là qu'apparaissent de nouveaux intermédiaires, les « Bloemisten » en néerlandais, terme que l'on pourrait traduire par « fleuristes ». Ces « fleuristes » ont pris place entre les horticulteurs et les clients, et ce sont eux qui vont commencer à échanger les « billets à effet » et vont favoriser le développement rapide de la spéculation. Le marché de la Tulipe a alors rapidement changé de visage, d'un marché physique, les bulbes, il est devenu un marché financier, les billets, et un marché ouvert toute l'année.

L'engouement pour le commerce des tulipes s'en est trouvé accru et les prix ont commencé à grimper. Les premiers billets avaient été établis entre horticulteurs et fleuristes dans une transaction où chaque partie connaissait les fleurs concernées. C'est donc un marché secondaire qui se développe, un marché où désormais fleuristes et clients, ou même fleuristes et fleuristes, s'échangent des morceaux de papier dont le prix augmente à chaque transaction, augmentant automatiquement le prix du bulbe auquel il se réfère. On se moque très vite de savoir ce qu'est vraiment la fleur concernée, où et par qui elle a été plantée, et on se concentre sur le marché des morceaux de papier. Un tel « billet à effet » pouvait changer dix fois par jour de mains, changeant de valeur à chaque transaction. Cette pratique était facilité par la vente « à découvert », c'est à dire uniquement une promesse de vente et d'achat d'un produit que l'on ne possède pas.

Le prix des tulipes finit par atteindre des montants astronomiques avec des progressions gigantesques au cours de l'année 1636 et du début de 1637, avec des multiplications de prix par douze pour certaine variétés. Un seul bulbe est vendu pour 5200 Florins (Guilders) lors de la vente de Winkel en 1636, c'est une dépense incroyablement élevé. Aucune peinture, de ce siècle pourtant d'or de l'école flamande, n'aurait pu être estimée à ce prix. Le sommet de la spéculation est atteint pour la tulipe « Semper Augustus » de la famille des Rosen, des tulipes aux pétales blanc et rose, de cette même famille que celle qui avait atteint les 5200 Florins en 1636. Elle sera vendu plus du double, 11000 Florins au tout début 1637.

Mais qu'est-ce que 11000 Florins ? C'est une maison avec dépendance, jardin et écurie sur un grand canal d'Amsterdam. Ou encore 20 porcs gras + 10 veaux gras + 35 moutons engraissés + 80 tonnes de Blé + 160 tonnes d'Orge + 7 barriques de Vin + 15 barriques de Bière + 7 tonnes de beurre + 4000 livres de fromage + 4 timbales d'argent + 3 lots d'habits + 3 lits avec matelas et literie + 3 bateaux pour les canaux.

Le 3 février 1637, alors qu'un collège de fleuristes se réunit à Haarleem, les bulbes proposés ne trouvent pas preneur. Après une proposition de baisse de prix de 20% les billets valant pour les bulbes ne changent pas de mains. En quelques heures à Haarleem, puis en quelques jours au Pays-Bas, les prix s'effondrent avec une décote de 95 à 99%. Le bulbe fût la première bulle financière.

Jean-Baptiste.G


Petite Bibiliographie :
[modifier | modifier le wikicode]

  • John Kenneth Galbrath, « Brève histoire de l'euphorie financière » in Économie hétérodoxe, Edition du Seuil.
  • Christian Chavagneux, Une brève histoire des crises financières (des tulipes aux subprimes), Edition La Découverte.

Diverses interventions courtes :[modifier | modifier le wikicode]

  • Attention au prix nobel d'économie : il s'agit d'une escroquerie, l'économie n'avait pas été prévue pas Alfred Nobel.
  • Et qu'en est-il de l'éthique dans l'économie ?
    • pour Lordon parler d'éthique dans le système actuel c'est déjà néo-libéral
    • il faut choisir entre l'éthique et la propriété comme droit sacré et inviolable : si on s'occupe de l'éthique, il faut au moins en partie violer la propriété privée
  • Si l'économie n'est pas une science, pourquoi on en parle avec des termes "scientifiques" et tout un jargon qui va avec ? ==> c'est une science sociale, il faut juste la remettre à sa place
  • Il faudrait peut être aussi penser un peu par soi-même plutôt que seulement par les penseurs. ==> Oui il serait temps de subjectiver la pratique, avec notre savoir qu'est-ce qu'on crée nous-mêmes ?
  • Ce serait bien si une prochaine fois on pouvait ramener des solutions concrètes tirées des "théoriciens"
  • Quel est l'objectif de l'université populaire ?
    • à court terme aiguiser nos armes théoriques
    • à long terme arrêter d'être un simple usager par rapport aux experts
    • l'université populaire pourrait aussi nourrir les actions
    • Il peut y avoir embrasement autour du savoir qu'on va chercher chez les auteurs
  • Il faudrait engager la confrontation avec les penseurs de droite
  • Il faut faire péter les usines et les industries qui détruisent la terre. La croissance à l'infini est synonyme d'une terre ravagée.