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Villes/Paris/Vocabulaire/CR/16 avril 2016

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Atelier du 16 avril 2016 : Le mot « Démocratie »[modifier | modifier le wikicode]

Le samedi 16 avril 2016, la Commission Vocabulaire et réappropriation du langage s'est réunie pour travailler autour du terme Démocratie dont il a été constaté qu'il était souvent utilisé à la fois comme repoussoir dans la critique de mouvements citoyens (les mouvements citoyens étant dénoncés comme anti-démocratique par une certaine partie des voix médiatiques ou médiatisées) et à la fois comme outil de désignation des aspirations les plus hautes de ces mouvements.

Le mot Démocratie est le plus couramment utilisé pour désigner la Démocratie représentative, c'est-à-dire le modèle politique actuel en France. Un rapide tour des usages et des déclinaisons du terme démocratie a ensuite donné: Démocratie directe, Démocratie représentative, Démocratie participative. Ce qui a mené à souligner qu'il y avait dans le terme une tension entre une forme de démocratie ultime perçue comme de l'autogestion et dans le même temps un lien indéfectible avec une forme de constitution, autogestion et constitution étant perçues comme opposées.

   Le travail sur l’idée de Constitution s’est conclu par l’idée que la cession de pouvoir dans la démocratie représentative résultait de l’écriture des lois. Cette écriture incarne l’autonomie, fonctionnant comme une promesse indépendante de sa tenue.
 
L’étude du mot Démocratie a induit également un travail sur l’idée de Peuple et l’évocation d’une double conception du peuple: 

le peuple comme “tout le monde” résultant en une dictature de la majorité, et le peuple comme “les exclus du pouvoir”. Cette deuxième conception semble induire un paradoxe puisque alors démocratie signifierai le pouvoir aux exclus du pouvoir, ce qui est certes compréhensible théoriquement mais apparait comme une contradiction dans les faits. La résolution de cette contradiction réside dans la production d’une structure dynamique de passation de pouvoir récurrente, beaucoup plus en adéquation avec l’idée que l’on se fait de la démocratie que ne l’est l’oligarchie dont nous avons conclu qu’elle nous gouvernait aujourd’hui.


Dans la continuité, le terme Démocratie sociale a été évoquée pour désigner une structure de pouvoir ayant pour fonction d’organiser les rapports de force qui existent nécessairement dans une société multiple: Paul Ricoeur a été cité en ces termes “Est démocratique une société qui se reconnait divisée et se donne pour objectif d’intégrer ces conflits en vue d’un arbitrage”, résonnant ainsi avec la Démocratie radicale de John Dewey qui consiste a organiser la société autour des conflits.

A l’opposé nous avons compris la Démocratie libérale * comme une collection d’avis individuels sur ce qui est bon pour soi, contre une démocratie plus “athénienne” qui est la synthèse de ce que chacun pense être bon pour tous.

Ont ensuite été dénoncées les expressions:

   Démocratie d’entreprise: exploitation par soi-même (qui résonne avec le statut d’auto-entrepreneur tel qu’il existe aujourd’hui au Portugal et qui désigne les individus vendant leurs bras pour des tâches à la journée parfois.)
   Démocratie participative: toute démocratie est participative, ce que l’expression désigne aujourd’hui c’est une démocratie consultative, outil de légitimation et soupape de sécurité des individus au pouvoir. 

Amendement (Geoffroy) :[modifier | modifier le wikicode]

“toute démocratie est participative” écris-tu à la fin : je n’ai pas l’impression que ce soit le cas.
La démocratie dite représentative me semble être une première tendance, qui peut être tirée du côté de ce que tu avais appelé “démocratie consultative”, qui est une dérive représentative de la démocratie participative : cf. les expériences dites “participatives” actuelles, comme celles mises en place par la mairie de Paris sur l’utilisation de son budget.
De l’autre côté, il y aurait la tendance de la démocratie directe, dont l’autogestion ne serait pas le modèle “ultime” comme tu l’écris au début mais le modèle idéal du point de vue local. Dans la tendance “démocratie directe”, le niveau national tendrait plutôt vers une démocratie participative vraiment participative, celle que j’ai appelé “contributive”.
Du coup, je ne dirais pas que “démocratie participative” mérite d’être dénoncé : cela mérite d’être mesuré.

Et j’ajouterais aussi un point sur lequel il me semble important d’insister, à savoir que l’horizontalité pure n’existe pas, même dans le modèle de l’autogestion : toute forme de démocratie directe s’accompagne d’une forme de verticalité (des règles, des organisations) et d’un minimum de représentativité (il y a toujours des fonctions précises à pourvoir, par exemple dans une démocratie contributive : des magistratures, une diplomatie, etc, et cela implique des élections, des choix de représentants, l’important étant de définir le mode de l’élection - par exemple le tirage au sort, et la nature de la représentation : mandat révocable d’un non-professionnel ou délégation irrévocable d’un professionnel).

  • Je pense m’être trompée dans la retranscription ici, il y avait trois proposition et non deux et la démocratie libérale avait été décrite autrement je crois, qui peut m’aider?



Votes[modifier | modifier le wikicode]