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Villes/Paris/economie politique, débat économique, propositions économiques/CR/20 avril 2016

De NuitDebout
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COMPTE RENDU COMMISSION ECONOMIE "NUIT DEBOUT" MERCREDI 20 AVRIL / 51 MARS


Thème : se réapproprier l’économie (3)


- Résumé des épisodes précédents : on a abordé ici différents points pour reprendre le contrôle sur l’économie, notamment on a eu de longues discussion sur « consommer autrement » (acheter des produits locaux, bio, qui respectent les salariés des entreprises… bref consommer de manière responsable, écologiquement et socialement parlant) mais on a vu que la responsabilité, l’action individuelle en tant que consommateur avait ses limites, par exemple à cause du manque d’information et des blocages à Bruxelles, et que, dans le cadre de Nuit Debout, on essayait de trouver des solutions collectives plus efficaces. Mais les deux ne sont pas incompatibles. On a aussi parlé de se réapproprier l’économie en reprenant le contrôle des entreprises, comment faire en sorte que les travailleurs aient le pouvoir de leur entreprises, comment répartir le risque équitablement des capitaux, quels modèles existent. Les SCOP ont beaucoup été évoquées mais quelles en sont les limites et les inconvénients. Est-ce qu’on planifie a production aussi en tant que citoyen (avec les SCIC) ? Deux autres points ont aussi été évoqués. Se réapproprier l’économie par le contrôle sur la monnaie et les banques. Comment finance-t-on un pays ? Quels sont les moyens ? On se dit souvent ici qu’on en est dépossédé, parce que cela se joue à des niveaux sur lesquels on n’a pas de contrôle. Enfin, on a aussi parlé du libre-échange et du commerce international, de la mondialisation libérale. Retour à des règles nationales ? Est-ce possible ? N’hésitez pas à aborder des problématiques nouvelles ou d’aller plus loin dans l’analyse. Je vous laisse désormais la parole.


- J'ai une question : est-ce que se réapproprier l'économie, c'est aussi se réapproprier le débat économique ?


- Oui, se réapproprier l'économie matériellement et aussi de manière académique.


- Aujourd'hui on nous dépossède du discours économique, on nous dit que c'est trop compliqué pour nous. Ce n'est pas le cas, mais il y a un manque d'éducation sur l'économie, ça manque en tant que citoyen. Il y a un besoin urgent. On ne va pas tous être expert, mais c’est un réel besoin. Ça passe par l'école, mais aussi par exemple par des débats télévisés ou autres.


- On pourrait introduire des quotas sur les courants hétérodoxes et néoclassiques.


- En seconde, une option de nature économique est obligatoire. Mais ce sont les modèles libéraux qui sont présentés. L'APSES (Association des professeurs de SES) propose un contre-programme, pour diversifier les auteurs, les approches.


- Il y a un wiki nuit debout commission économie politique sur lequel vous pouvez trouver des références pour en apprendre un peu plus.


- Il existe un site internet « la finance pour tous ». Ce qui est dit est ultra-libéral, et derrière il y a les grands patrons. C’est pas très critique…


- Est-ce que se réapproprier l'économie ça passerait pas par fixer certains prix, pour les produits de première nécessité, par exemple le blé, le riz...


- 80% des professeurs d'économie sont néoclassiques (en résumé, "les marchés ont toujours raison"). C’est vrai que c’est cette vision qui nous a fait en arrivé là. Mais leur théorie n'est pas systématiquement fausse : c’est vrai que si on augmente les salaires, il y a moins de profit, donc le patron va moins embaucher, moins produire, et donc moins d’offre. Mais ça masque aussi une contradiction : si les salaires sont trop bas, il y a moins demande, on produit moins aussi. Ce modèle mène à des successions de crises de la demande et de l'offre. C’est pas qu’ils ont tort, c’est qu’ils nous proposent que la précarité ou le chômage. Ce sont des contradictions intrinsèques au modèle de production capitaliste lui-même. On retrouve les mêmes problèmes sur la question de la fixation des prix. Il faut trouver une réponse plus globale.


- Les néoclassiques ont une pensée producteurs/consommateurs mais ont évacué l’idée de classes sociales. Par opposition à un économiste classique comme Marx, qui avait poussé à l’extrême la lutte des classes.


- Comment pourrait-on penser simultanément micro-économie et macro-économie, économie et travail, conditions de travail, effets sur la santé ?


- On parlait de fixer les prix des choses essentielles, ce qui irait à l’encontre de la théorie libéral du marché, et on disait que les libéraux n’avaient pas forcément tort.... Je ne suis pas d’accord. Il n'y a rien de bon dans la théorie néoclassique. Lorsqu’on déroule le modèle à partir de leurs hypothèses de base, à un moment on finit par s’opposer aux hypothèses de départ. Ce n’est pas logique. Ou en tout cas pas réel. Par exemple, elle affirme que le marché doit fixer le prix idéal, pour lequel offre et demande s’équilibre correctement, en réalité ce n'est pas ce qui se passe avec le capitalisme. Par exemple, puisque tu parlais des matières premières pour se nourrir, et bien aujourd’hui il n’y a que 3 entreprises, dont McGill, qui se partagent le marché, et font pression pour des prix à la baisse en exploitant les producteurs. Le capitalisme lui-même empêche l'équilibre par le marché.


- C'est dans le cadre de l'hypothèse d'une concurrence pure et parfaite que leur réflexion est juste.


- Mais elle n’existe pas. Le capitalisme, par agglomération du capital, l’en empêche. La concurrence ne peut pas se faire s’il y a des monopôles.


- Le problème il vient aussi du fait que tant que l'économie présente l'amélioration des conditions humaines et la protection de l'environnement comme un coût, et que le travail pour limiter l’impact sur l’environnement, aider les gens sera fait par des bénévoles, on y arrivera pas. Ce n’est pas dans la logique naturelle et pérenne de bienveillance de l'homme vis-à-vis de lui-même et de son environnement. Et je pense qu’on peut très vite dire qu’il faut donc s’opposer au capitalisme et réfléchir à un nouveau système.


- Pour revenir à la question de comment faire le lien entre micro-économie et macro-économie, ici on s’était d’abord poser la question de c'est quoi le sens du travail ? Ce qui mine les rapports dans le travail c'est le pouvoir. Le pouvoir illégitime, injuste, oppressant. On s’était posé la question de comment mieux répartir le pouvoir. Comment faire pour que les gens veillent les uns sur les autres, et qu’il n’y ait pas des gens qui subissent en silence. Quand on se pose la question de comment faire pour que le pouvoir n’appartiennent pas que à ceux qui possèdent le capital, ça implique qu’on inclut dans les conditions de travail autre chose que le rendement, la productivité etc… qui pour moi rendent les gens malheureux et malades. Une entreprise où les gens prennent soin d’eux, c’est forcément une entreprise où les salariés ont plus de pouvoir. Pour moi faudrait qu’ils aient le pouvoir total et qu’ils se le répartissent entre eux, selon leurs compétences, leurs responsabilités, leurs envies. Cela éviterait la souffrance au travail, le fait de subir des chefs, des petits chefs, etc...


- Le cœur du problème, c'est la propriété de l'entreprise.


- Pendant longtemps la réappropriation de l'économie est passée par la nationalisation et la municipalisation : l'eau, le train, l’électricité, la santé...


- La santé n'a pas été nationalisée : ce sont les salariés, et non pas l'État, qui géraient la sécurité sociale.


- Juste pour revenir à la théorie néoclassique, tu disais que certaines de leurs hypothèses ne marchent pas du tout. Et bien par exemple, ils font l’hypothèse que le marché, notamment financier, est parfait : la demande baisse quand le prix augmente. Ou plus la valeur d'une chose baisse, plus on l'achète. Mais sur les marchés financiers, c’est exactement l’inverse ! Plus une action prend de la valeur, plus on l'achète ! Ce qui contredit les hypothèses de base. Mais c’est pas grave, on continue quand même avec l’idée que le marché financier est parfait… Vous pouvez voir ça avec André Orléan qui l’explique très bien et montre que c’est une vaste fumisterie.


- Pour rebondir sur la réappropriation de l’entreprise, on fait l’hypothèse que la capital est gestionnaire de l’entreprise, pas ses travailleurs, et ça, c’est un choix pas du tout évident, pas du tout neutre. Quand on parle de nationalisation, c'est le capital, qui appartient à l’Etat, qui reste gestionnaire. On fait l’hypothèse que passer 10h par jours dans une entreprise, à y travailler, ça compte pour zéro. Il ne compte pas par rapport à celui qui a mis le capital. C’est un choix. C’est l’investisseur, celui qui risque son argent qui a la propriété. D’ailleurs, si la société coule, ce sont aussi les travailleurs qui prennent un risque. Le capital humain est négligé. C'est le capital financier qui dirige, qui est gestionnaire de l'entreprise. Avec la nationalisation, c’est l’Etat qui possède l’entreprise, mais c’est toujours le capital, c'est pour ça que je ne suis pas fan des nationalisations. Même si l’Etat est généralement un employeur plus sympa.


- La théorie néoclassique consiste en un passage de la valeur travail à la valeur d'utilité. Ils espéraient s'échapper ainsi du concept de profit, un profit qui tendrait vers zéro, sauf qu'il reste au cœur du système. Il suffit d’oberver des banques qui existent depuis 400 ans et leur profit ne tend pas vers zéro. C’est une hypothèse qui ne tient pas la route. La concurrence pure et parfaite est contraire à la dynamique du capitalisme. Le capitalisme crée la concentration du capital qui empêche la concurrence pure et parfaite. La théorie fonctionne pour une atomicité des agents. La concurrence pure et parfaite n’a jamais existé et n’existera jamais. Pour l’histoire du prix et de l’offre et de la demande, les facteurs sociaux sont éludés de la théorie économique. Vous voulez une rollex parce qu’elle coûte cher, parce qu’elle montre un statut social. Pour moi, il faut sortir à la fois de la propriété publique et de la propriété privée.


- Sur 3 millions d'entreprises, 2.9 millions ont un capital inférieur à 1000 euros. Donc la question de la propriété du capital n’a rien à voir avec le rapport salarié/patron et d’un éventuel partage.


- Je ne vois pas le rapport.


- Je voulais dire qu’un patron qui perd son entreprise, il n’a le droit à rien.


- Il y a eu une proposition qui a été faite : étendre aux patrons et aux indépendants les allocations chômages.


- Les patrons n'ont pas les assedic, mais un bon patron souscrit à une assurance-chômage qu'il peut déduire des cotisations sociales.


- Je veux réagir sur la concurrence pure et parfaite. Les modèles incluent l'hypothèse d'une concurrence pure et parfaite, mais il y a ensuite des paramètres d'ajustement. Pour des oligopoles de 10 entreprises par exemple.


- Quand bien même un modèle fonctionne avec une dizaine d'entreprises, la réalité ce sont des situations d'oligopoles, à 2 ou 3 entreprises.


- J’ai une question : si on augmente les aides, les revenus, alors les loyers vont augmenter, les prix vont augmenter. Alors ça ne change rien. Comment arrêter ça ?


- Oui, par exemple les augmentations d'allocations de la CAF sont suivies d'augmentation des loyers. C’est un vrai problème.


- Si on abolit les revenus du capital, plus de loyer, la question ne se pose pas.


- En abandonnant la propriété lucrative, un propriétaire qui a une dizaine d'appartements devra les vendre car ça ne sera plus possible de faire de l'argent avec.


- Qui va les acheter ?


- Ceux qui n’en ont pas. Beaucoup gens ne sont pas propriétaires de leur logement.


- Il existe des réflexions actuellement sur une sécurité sociale du logement.


- A propos de la réappropriation, il y a un truc qui se fait beaucoup sur internet : l'open source. Il faut réfléchir à une société fondée sur ce modèle-là, où en gros le progrès suit les besoins de la société et n'est pas motivé par l'argent.


- Je voudrais revenir sur la hausse des salaires ou des aides… c’est vrai, les prix montent, ça ne change rien. Il faut repenser la distribution des richesses, due au rapport de force dans la société. Penser à comment on produit, comment on distribue, peu importe le prix.


- Les problèmes soulevés sont intrinsèques au capitalisme, attention aux solutions qui seraient des pansements sur une jambe de bois.


- Je voulais parler du bénévolat qui n'est pas pris en compte de manière économique. Il y a toutes sortes de travaux utiles qui ne sont pas pris en compte. Et ok, les réformes ne serviront à rien, c’est le capitalisme en lui-même qui ne va pas. Mais ce n'est pas demain qu'on va abolir le capitalisme, comment trouver des solutions d'ici-là ? Il faut trouver des solutions concrètes immédiates, même si on a des idéaux. Et je pense que prendre en compte le bénévolat est une piste.


- Il existe une réforme sur le statut d'aidant qui est en ce moment à l'étude.


- Vous êtes des jeunes, vous êtes de l’UNEF ? Tout ce qu’ils veulent, c’est obtenir un poste. Quand on est reçu à l’Elysée avec des petits fours et du champagne, on change d’avis. Mais c’est bien ce que vous faites ! Ceux qui vous représentent sont des traîtres !


- Il y a plein de choses qui ne sont pas valorisées (le travail auprès des enfants par exemple) dans le système. On en a déjà parlé, et des choses ont émergé, comme le revenu de base. Vous avez un peu plus d’argent en plus de votre salaire, donc vous avez plus de force de négociation face à l’employeur. Mais ça ne change pas le rapport d’exploitation. Juste de domination. Il existe aussi le salaire à vie, qui change tout mais c’est plus difficile à mettre en place. C’est sortir de la religion du capitalisme et envisager une sortie long terme du mode de production.


- La salaire à vie, on peut le faire tout de suite, c’est une question de choix politique. Si on regarde sur une échelle de 1 à 4, de 1500 à 6000 euros, ça fait un salaire moyen de 25 000 euros par an, multiplié par 50 millions de personnes qui ont au dessus de 18 ans, ça fait 1250 milliards d’euros à attribuer aux salaires. C’est exactement ce qu’on consacre à l’heure actuelle aux salaires. Donc le salaire à vie est applicable dès maintenant.


- Faudrait aussi se poser la question de la propriété immobilière. Dans certains pays, accumuler des maisons est interdite. Simplement pour une question d’espace. Pas plus de deux maisons par personne.


- A Amsterdam, les loyers ne sont pas chers car le sol appartient à la mairie.


- On peut contourner ça en créant des sociétés écrans.


- On parle d’économie politique donc de redistribution des richesses. Or il y a une inégalité de base qui est l’héritage. C’est légitime de vouloir léguer à ses enfants, mais c’est inégal. Est-ce que vous en avez parlé ?


- Durkheim, un sociologue, disait que la propriété individuelle doit commencer et se terminer avec l’individu.


- Il existe déjà des taxes énormes sur l’héritage, et ça ne suffit pas. Ils trouvent toujours un moyen, un nouveau type de capital.


- Je voudrais parler du prix et de l’exemple de l’édition. C’est l’éditeur qui décide du prix du bouquin et tout est compris dans le prix. La chaine du livre est stable, quand il y a des baisses de 10-15% ailleurs dans l’économie, nous c’est 1-2 %. Mais la rentabilité est faible. On pourrait prendre cet exemple…


- C’est quoi la différence entre le revenu de base et le salaire à vie, et le montant ?


- Je vous conseille de lire « Emanciper le travail » de Bernard Friot. Mais en gros, le revenu de base c’est une allocation qui donne du pouvoir d’achat supplémentaire. Cela ne change rien. Et le salaire à vie, c’est une refonte du système, c’est la mise en commun de l’argent et toute activité est reconnue comme du travail. C’est la rétribution de tout travail d’utilité sociale. C’est une caisse collective qui finance les salaires et les investissements, de tout le monde et de toutes les entreprises. Ce n’est plus les entreprises qui paient les salaires. Le PIB c’est 2000 milliards. On prends 60 % pour financer tous les salaires. C’est une sortie de mode de production capitaliste, l’abolition de la propriété lucrative. Un patron pourra créer sa boite, mais il ne pourra pas la vendre pour se barrer avec les thunes.


- Vous pouvez voir tout ça sur le wiki de la commission économie Nuit Debout Paris.


- Là où on a un marché de l’emploi qui définit ton salaire, le salaire à vie se base sur le droit des travailleurs et les conventions collectives.


- Il y a des néolibéraux, comme Friedman, qui proposent aussi le revenu de base.


- ça ne rassure pas !


- Quand on est propriétaire d’un appartement qu’on loue, il existe des déductions fiscales sur les travaux. C’est à abolir !


- On attaque plein de sujets, on ne va pas au bout des choses ! Pour revenir sur le foncier, faut arrêter de taper sur les propriétaires. Il existe la taxe foncière. Et on ne peut pas augmenter les loyers comme on veut. Et être propriétaire, la plupart du temps, on paie des impôts sur de l’argent qu’on n’a pas, parce qu’on a dû emprunter pour acheter. Les loyers sont fixés par les indices du marché. Ok on rembourse l’emprunt avec les loyers, mais la fiscalité est démesurée. Les propriétaires ne sont pas des bêtes noires. On en fait quoi des proprios qui ont 200, 300, 500 milles euros de dettes ?


- On parle du RSA à partir de 18 ans, du salaire à vie, etc… Comment financer tout ça ? La France n’a pas de ressources naturelles, pas de pétrole, etc… A part l’armement, à part faire la guerre partout… D’où vient l’argent ?


- On se place toujours dans un rapport marchand. On parle du salaire à vie pour se soigner par exemple. Mais on ne devrait pas avoir à payer. On ne devrait pas investir pour du logement ou pour préparer sa retraite. Faut sortir du rapport marchand.


- Le salaire à vie prend en compte la gratuité des services vitaux.


- Que ceux qui gagnent plus contribuent plus.


- A propos de l’immobilier, ses intérêts des 5 premières années d’un emprunt sont déductibles d’impôt. Les gens profitent de ça, puis revendent au bout de 5 ans.


- C’est la loi Besson, mais c’est que pour le neuf.


- J’ai un pote qui l’a fait pour de l’ancien.


- Je trouve fou de donner la moitié de mon salaire pour me loger ! En plus, mon logement je l’entretiens, je le répare, je l’astique, je le valorise… C’est du travail qui n’est pas valorisé. Je comprends le propriétaire qui veut un retour sur investissement, mais c’est un coût social énorme : il y a plein de gens qui ne peuvent pas se loger ! Je suis pour le rachat public des logements. Faut rationaliser, c’est trop discriminant.


- Je comprends, mais les propriétaires ils ont des problèmes aussi. Faut changer tout le système !


- Pour répondre à la dame qui demandait où est l’argent ? Le système économique actuel crée l’illusion. L’argent c’est légiférer sur les échanges entre les personnes. C’est une masse à se partager. 2000 milliards par an. J’aime bien prendre l’exemple du corps humain. L’argent c’est le sang, il doit circuler partout pour distribuer les nutriments et que tout fonctionne. S’il n’y a pas assez de sang dans un organe, on est malade. Et s’il y a trop de sang, on est malade aussi. La crise actuelle, c’est l’argent qui est trop concentré, le capital qui pompe trop d’argent. Il ne circule pas assez. Il faut plus de fiscalité pour mieux redistribuer. Ou tout simplement interdire l’accumulation.


- La dame voulait parler de la France-Afrique (et de l’Asie aussi), je crois. La richesse de la France vient directement de l’Afrique. Faut pas confondre le petit propriétaire de logements et Bouygues. C’est les grandes entreprises qui foutent le bordel. Pareil avec la loi Travail.


- Je remercie la dame au chignon de me faire réaliser que je réfléchis en termes trop marchands. On parle du salaire vie etc… Mais si tout simplement on réduisait le temps de travail pour que tout le monde puisse travailler ? C’est plus simple à mettre en place, et ça revient un peu au même, non ?


- Je ne pense pas que la réduction du temps de travail soit la solution, ça n’abolit pas le capitalisme. Cela réduit les marges mais ça ne change rien.


- J’ai bien aimé le symbole du corps humain. Mais comment on fait pour redistribuer au niveau national ? On peut placer son argent ailleurs, comme on a vu avec les Panama Papers. Comment on fait pour un pays inclus dans l’Europe, dans le monde ?


- Le seul outil pour redistribuer, pour fonctionner, c’est l’Etat. Mais L’Etat manque de recettes. Alors on a quel moyen d’action ? Quel levier ? Sur les 35h par exemple, les entreprises ne jouent pas le jeu. Les gens ne vont pas par eux-mêmes vers la réduction du temps de travail. Quel levier on a pour faire bouger la situation ?


- Le salaire dépend de tes performances individuelles. J’aime bien l’idée du revenu global du groupe à répartir. Mais c’est à la source que ça se passe, pas par la redistribution.


- Tu demandais quels leviers ? On les a perdus. Nos états ont orchestré les moyens pour l’exil fiscal. Ceux qui sont censés tenir leviers sont ceux qui abusent (Junker, président de la Commission Européenne qui a organisé le dumping fiscal en Europe, Cahuzac…). C’est pas forcément un retour aux frontières, mais il faut le contrôle des comptes, des actionnaires, de la manière dont les gens utilisent le capital, et arrêtent de nous entuber.


- C’est un état policier que tu décris, la surveillance perpétuelle ? Chelou.


- Il y a un levier possible contre l’optimisation fiscale. Actuellement on joue sur deux endroits : les cotisations sociales et l’impôt sur les bénéfices. Il faut taxer sur le chiffre d’affaire.


- Ok, nos dirigeants sont pourris, mais à l’échelle individuelle on doit aussi agir. On doit avoir le courage de refuser des primes ou des hausses de salaire pour l’intérêt commun de l’entreprise. Il faudrait revoir les grilles de salaires, collectivement, et arrêter l’évaluation individuelle. Moi j’ai fait des études, je suis mieux payé, j’ai un meilleur poste que l’autre qui n’a pas fait les mêmes études et qui gagne moins. C’est la double peine.


- On parlera de ça le 1er mai à la Nuit Debout. On est en train de mettre en place un weekend-end « Debout sur les lieux de travail ».


- Je reviens sur ce que tu disais sur l’état policier. C’est pas le contrôle des individus mais des entreprises et des Etats.


- Tu veux contrôler les autres états ?Attention à ne pas créer des carcans. C’est un système coercitif. En chassant les monstres, attention à ne pas en devenir soi-même un.


- On imagine à créer des moyens de surveillance, mais pourquoi ne pas directement placer son argent ailleurs, soutenir ce qu’on a envie de soutenir ? On peut déposer son argent à la NEF qui soutient des projets qui nous touchent, acheter bio, acheter des produits d’entreprises qui sont responsables écologiquement et socialement. Le pouvoir vient de la consommation. Notre pouvoir est plus puissant que celui des institutions.


- J’ai pas les moyens d’acheter ce que je veux.


- Tu peux manger des lentilles bio, c’est pas cher et c’est plein de nutriments


- Je suis d’accord avec la dame au chignon. Il y a trop d’écart de salaire, mais le même salaire pour tout le monde, ça me gène. Il y a le tabou du salaire en France, de dire combien tu gagnes. Faudrait revoir les grilles de salaires, et les rendre transparentes. Mais le salaire unique risque de donner envie de partir à l’étranger à ceux qui veulent gagner plus.


- On doit travailler sur les conventions collectives et réduire les coefficients d’écart de salaire. C’est la tâche des représentations syndicales, et à l’Etat de légiférer.


- Point technique : samedi on organise un atelier de décryptage et de réécriture de la Loi Travail.


- Moi je ne crois pas du tout au pouvoir de l’Etat pour résorber les inégalités. C’est une déception pour moi, je croyais que l’Etat servait à ça. Je suis peut-être utopiste, mais pour moi, on doit éduquer à l’intérêt commun, au vivre ensemble.


- Je ne suis pas d’accord pour la grille de salaire 1 à 5, car le salaire dépend des diplômes. Mais l’accès aux études est inégal. Si je ne gagne pas pas assez d’argent, je ne suis pas productif. Et le problème avec l’Etat, c’est que ça vient du haut vers le bas. Faut inverser ça, l’Etat c’est nous.


- On ne peut pas gagner tous la même chose car il y a toujours des gens qui s’investissent plus, qui travaillent plus que d’autres. C’est injuste. Je suis pour la méritocratie.


- J’aimerais bien que Nuit Debout porte le projet d’un meilleur partage du temps de travail. Passer au 32h c’est vital pour créer de l’emploi. On n’a jamais créé autant avec si peu. Faut passer avec la semaine de 4 jours. Mais ça ne résorberait pas forcément tout le chomage. On pourrait allier la réduction du temps de travail au revenu de base.


- Pt Tech : Pour l’instant on discute sur des thèmes généraux. On remontera plus tard les propositions à l’AG pour les soumettre au vote. Ici c’est une commission consultative, pas décisionnelle. Mais c’est très bien de faire des propositions, et vous pouvez aussi le faire sur le web. On archive tout.


- Sur les études : on devrait pouvoir accéder à des postes sans faire d’études et faire confiance aux compétences.


- On parlait de la propriété des moyens de production, etc… On peut me parler des SCOP ?


- La SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production, mais ça a changé de nom je crois) c’est éliminer l’influence du capital. 1 travailleur ou 1 salarié = 1 voix. Ici on se demande si c’est généralisable, si ça résout tous nos problèmes.


- Je voudrais rebondir sur la méritocratie. Je ne suis pas d’accord pour qu’on gagne tous la même chose. Si le salaire rémunère ton travail, c’est normal que tu gagnes deux fois plus qu’un autre si tu travailles deux fois plus. Mais le problème c’est qu’on peut gagner de l’argent sans travailler parce qu’on alloue de la création de richesse à son argent! Mais il faudrait aussi pouvoir travailler plus pour gagner plus.


- On fait quoi de ceux qui parasitent ça ? Ceux qui ne veulent pas travailler ?


- On est tous des êtres humains, pas des parasites.


- Sur le logement, ok il y a des gens qui gagnent de l’argent sans travailler en louant des logements, mais c’est bien aussi de pouvoir trouver une chambre, un appart quand tu te déplaces.


- L’impôt est important, pour redistribuer les richesses, éviter les rentes trop importantes. Mais je voudrais poser la question du coût du travail. Pourquoi est-il si élevé en France ? Je ne trouve pas qu’en Allemagne on est moins bien soigné, ou que le retraites sont moins bonnes.


- En France, on a une bonne protection sociale, des frais d’inscription à l’université très bas, on ne se ruine pas pour se soigner, la retraite, le chômage… Il y a des problèmes pour gérer tout ça, mais réfléchir en terme de compétitivité du cout du travail : jusqu’où on va aller ? Est-ce qu’on vit en méritocratie ? Non ! Combien de chefs incompétents, chefs parce qu’ils sont passés par les bonnes écoles, parce qu’ils ont la chance d’avoir des parents pour les payer ? L’accès aux études n’est pas le même pour tout le monde. Dire que quelqu’un mérite 10 fois plus parce qu’il a fait des études, c’est faux, il ne travaille pas 10 fois plus. La question c’est pas pour ou contre le mérite, mais c’est quoi le vrai mérite ?


- Bourdieu a montré que le résultat au concours d’HEC reflétait l’origine sociale.


- A propos de la méritocratie, il y a une inégalité aux diplômes, ok. Mais le mérite aujourd’hui il est pour celui qui ramène de l’argent. Les gens qui travaillent dans les hôpitaux, dans la culture, ils donnent de leur temps mais ne rapportent pas d’argent. Trouver un système qui permet de correctement payer ces gens qui ont, malheureusement, non, heureusement, choisi ces métiers.


- La culture rapport plus que de PIB que l’industrie automobile.


- Le coût du travail en France ne veut rien dire. Il faut se demander quel secteur ? C’est incomparable entre les industries robotisées ou pas. Baisser les charges sociales, çà dépend pour qui. Le grand groupe ou le petit garagiste ?


- Le cout du travail c’est la différence entre le net et le brut, et il est très élevé. Les contributions reposent toujours sur les mêmes. Il y a aussi une escalade des salaires des PDG du Cac40 parce qu’ils publient leurs rémunérations, et se font la compétition. C’est à cause de trop de transparence.


- Je m’étonne de l’envergure des discussions. C’est au ras des paquerettes. La problématique c’est comment faire le jour où il n’y aura plus du tout de travail ? Mais j’ai envie de ça, j’ai envie qu’un robot travaille à ma place. On parle à l’échelle nationale, mais il faut aller au-dessus, à l’échelle de la planète. D’ailleurs, le réchauffement climatique, c’est pas grave pour la planète, mais c’est l’élimination de l’espèce humaine. Pourquoi la concurrence entre les uns les autres ? A la fin il n’y a qu’un seul gagnant.


- On veut toujours produire plus, mais on vit déjà au-dessus des moyens de la planète. Il y a des bouchons parce qu’on est une seule personne dans une bagnole, est-ce que c’est utile ? On surchauffe nos baraques, est-ce que c’est utile ? Il nous faudrait 5 planètes. On les a pas. Faut décroitre. Il faut remettre en question la productivité.


- Pour moi, le productivisme n’est pas une mauvaise chose, et c’est dans la nature humaine d’ailleurs. Ok, ça pose un problème écologique mais… Et si on créait une économie qui… heu je m’embrouille, désolé ;)


- Abolir le travail ? Pas forcément. Moi j’aime mon travail. On devrait pouvoir travailler indépendamment de la nécessité de vivre. J’aime bien travailler, car je suis avec d’autres gens. Si on m’avait dit que je ne serais pas payé, je l’aurais fait quand même.


- Abolir le travail pénible. Robot caissier, robot balayeur…


- Des travaux sont pénibles pour certains, pas pour d’autres. C’est la question de la perception sociale des emplois. Moi ça ne me dérangerait pas d’être éboueur si je gagne assez d’argent pour vivre, que j’ai du temps libre, que j’ai de la reconnaissance pour mon travail. Qu’on ne me voit pas juste comme un mec en vert.


- Je voudrais parler de l’insertion dans le monde du travail. Par exemple les barèmes des concours. Les boulots sortie de bac sont trustés par les bac+3, les bac+3 par les bac+5 etc… On retarde de plus en plus l’entrée dans le monde du travail. On sait qu’on va juste devenir un numéro, une statistique, un chômeur. Et nous, étudiants, comme on a jamais travaillé, on les touche même pas les alloc.


- Il faut différencier emploi et travail. Travailler c’est transformer le monde. Là on est en train de travailler. Le problème du travail, c’est qu’il est devenu un marché. On ne doit pas être écarté de la société si on n’a plus un emploi. Il faut aussi se débarrasser de l’idée d’un emploi stable. Chacun devrait être éboueur à un moment, ou caissier…


- Il y a une zone grise entre activité et travail. Le travail pour moi c’est transformer une matière première. Là on ne travaille pas, on fait de la politique.


- Il nous manque l’imagination d’un autre système. On se base toujours sur l’idée de toucher plus ou moins d’argent. Il faut penser autrement. Il faut la fin du capitalisme pour libérer les êtres humains. Ils ont existé avant le capitalisme, et ils existeront après le capitalisme.


- Juste un détail. Des statistiques sont sorties récemment qui montrent que les 10 métiers les moins rémunérés sont : enseignant, infirmière, éboueur… Des gens qui sont très utiles. C’est juste pour illustrer la différence entre l’argent qu’on gagne, son salaire, et la valeur de son travail.


- Il y a des coopératives catalanes, à Barcelone, pour gérer les soins, les services sociaux etc… Tout ce que gère l’Etat. Je sais qu’à Toulouse ils ont voulu faire pareil, mais les lois ne sont pas pareilles.


- Travailler c’est se travailler (dixit Marie Pezé). Quant au problème des banques, il serait intéressant qu’il y ait des médiateurs (en société d'économie mixte privé public) qui fassent le lien entre les banques et des médiateurs qui fassent le liens entre banques et entreprises ou particuliers qui ont des problèmes avec les banques. La confiance retrouvée grâce aux médiateurs, l’argent peut sortir des banques !


- C’est fini ! RDV demain ici même 