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Villes/Pussay/Commission actions/LettreMarlinColombani

De NuitDebout
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Messieurs,

Nous vous interpellons aujourd'hui, en tant que collectif « Nuit debout de la Beauce », parce que nous souhaiterions connaître votre position sur la loi El-Komri.

Nous avons décidé de vous écrire à vous, M. Marlin car il nous est paru normal de nous informer de ce que sera le vote du député nous représentant à l'assemblée.

Nous avons décidé aussi, de vous écrire à vous, M. Colombani car vous êtes président de la Communauté d’Agglomération de l'Etampois et êtes à ce titre, de même que M. Marlin, le « patron » des salariés de la collectivité locale à laquelle vous avez été attachés. Nous avons donc pensé qu'il serait intéressant de connaître votre point de vue sur ce texte de loi.

Ce courrier conjoint a donc pour nous deux finalités différentes : Connaître la position de notre député. Solliciter une expression de nos élus sur la nature et les principes de la loi El-Komri, car vous êtes aussi les employeurs de ceux qui se chargent quotidiennement de la mise en œuvre d' une grande partie des services publics de notre territoire. On nous dira que la loi El-Komri concerne avant tout le privé mais rappelons-le nous bien, les collectivités locales emploient aussi des contractuels dont les conditions d'embauche relèvent du droit privé. Les collectivités locales sont donc concernées par les changements qui pourraient découler de son application.

Nous pensons aussi que les mécanismes en œuvre avec la loi El-Komri toucheraient à terme l'ensemble des salariés du public, car à chaque fois que l'organisation du travail est bouleversée dans ce pays, les fonctionnaires finissent eux aussi par voir leurs conditions d'exercice affectées.

Le jeu politicien dans lequel M. Marlin, vous tiendrez votre rôle de député, laisse penser que vous ne voterez pas ce texte de loi proposé par un gouvernement socialiste. Si tel est votre choix, nous nous en satisferons. Cependant, la loi El-Komri dans ses grands principes semble plus proche de la doctrine néolibérale que des valeurs visant à renforcer les droits des travailleurs. En inversant la hiérarchie des normes, ou en mettant en place des conditions propices à une remise en cause des clauses incluses aux CDI, le projet de loi constitue à nos yeux une attaque sans précédents contre le droit du travail. Il constitue pour nous des pas supplémentaires dans la libéralisation du monde du travail. Cette libéralisation, lors des étapes précédentes, n'a jusqu'à maintenant, reconnaissons-le, apporté aucune solution au chômage. Elle a surtout renforcé la précarité et dégradé les conditions de vie et de travail des salariés dans tous les secteurs d'activités du privé et du public.

Ici et ailleurs, quand on est salarié du privé on est contraint d'accepter des solutions draconiennes présentées comme étant les conditions ultimes de la sauvegarde de l'entreprise. Ici et ailleurs, le secteur public connaît les dérèglements budgétaires favorisant l'alourdissement des charges de travail et des horaires, le recours aux emplois précaires, aux prestataires, et à la privatisation du secteur public.

C'est la crise, direz-vous. Force est de constater que ce n'est pas la crise pour tout le monde quand certains placent des millions d'euros dans des paradis fiscaux, pour évader les impôts. C'est la crise me direz vous, mais il est peu de privatisation qui ne trouve pas de repreneurs à la recherche de bonnes affaires.

Oui, ici et ailleurs, c'est la crise… pour le jeune, le licencié et le demandeur d'emploi, qui ont plus de chance de décrocher un contrat avenir, un CUI, un petit boulot de quelques mois que de trouver une situation stable.

Ici et ailleurs, quand on a du travail, il faut accepter sans rechigner les modifications d'horaires, les baisses de salaires, les changements de postes impromptus, la multiplications des tâches, la remise en cause de ses compétences, la pression et l'arrogance des supérieurs de toutes sortes. Tout supporter pour obtenir le renouvellement de son contrat et malgré cela être remercié car on ne peut cumuler plusieurs CCD, CUI, contrat avenir…

Ici et ailleurs, quand on est en CDI ou titulaire, on nous rabâche que l’on coûte trop cher. Il faut se soumettre, au risque d’être accusé sans fondement d'incompétence, de malveillance, de maltraitance et de se retrouver dans les affres de procédures indignes et douloureuses. Ici et ailleurs, ces climats professionnels ne font que développer le silence et la souffrance. On ne compte plus les arrêts, les longues maladies. On constate tragiquement que certains tentent de mettre fin à leur jour, que certains y parviennent.

C'est tout cela, malheureusement, que nous vivons et observons, ici et ailleurs, dans les grandes et les petites boîtes privées, les hôpitaux, les postes, le secteur des télécommunications, les écoles, les administrations, les services publics territoriaux, les piscines, les bibliothèques, les crèches et dans bien d'autres endroits encore.

Vous êtes de par les mandats qui vous ont été confiés, des administrateurs parmi d'autres de ce systèmes que nous subissons au quotidien. Alors, au-delà de vos fonctions politiciennes, nous souhaiterions savoir, Messieurs, quels sont vos projets pour vos administrés et les agents territoriaux dont vous avez la responsabilité ? Comment comptez-vous aborder les problématiques que nous nous permettons de soulever aujourd'hui ?

Nous espérons que vous trouverez le temps de nous répondre, à l'heure ou nos exaspérations nous ont poussé à nous réunir en bon nombre sur les places de nos villes et villages. Il nous a paru important de vous poser ces quelques questions car nous entendons être dorénavant les acteurs et actrices de notre réalité locale.

En vous priant d'agréer notre profond attachement aux principes les plus démocratiques, nous vous adressons à tous deux nos salutations.