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Villes/Rennes/Travailleurs debouts/CR/CR Dim 17 avril : le handicap

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Compte rendu groupe « handicap au travail » « Nuit Debout »

Le groupe était composé de 7 personnes. Chacun s’est exprimé sur le pourquoi de sa participation à ce groupe d’expression et de travail.

- 3 participants sont venus au titre de leur handicap,

- 2 participantes au titre de parentes ou d’amies de personnes en situation d’handicap,

- 2 personnes au titre d’une activité professionnelle qui peut les mettre en contact avec des personnes désignées comme handicapées : une conseillère d’orientation-psychologue de l’éducation nationale et un jeune en contrat aidé intervenant comme Aide à la Vie Sociale (AVS).

Une première partie a été consacrée à la présentation des parcours de vie et des situations d’handicap au travail ou dans d’autres cadres d’activité. La notion de travail a donc été prise au sens large de l’activitéi:

- situation salariée,

- situation d’autoentrepreneur,

- situation scolaire,

- situation d’insertion sociale.

Donc une grande diversité de situation.

Présentation des parcours de participants au groupe

Pour deux des jeunes l’obtention du « label » d’handicap (MDPH) s’inscrit dans un passé salarié professionnel (menuisier, oenologue), ils expriment la façon dont se sont imbriquées :

- des difficultés au travail (chutes, risques propres liés au métier),

- des phénomènes de dépendance à des psychotropes, anxiolytiques, neuroleptiques, la dépendance à l’alcool,

- voire des atteintes neurologiques importantes (trépanation).

Pour un salarié plus âgé, le statut d’handicapé est davantage lié aux suites de maladies invalidantes (diabète, glaucome, problèmes respiratoires).

Pour les parentes ou amis de personnes classées handicapées, deux situations ont été présentées qui pose le problème de l’engagement parental (en l’occurrence il s’agissait plutôt de mères) dans les dispositifs d’orientation, d’accueil et de prise en charge institutionnelle de leur enfant.

- Orientation dans un foyer occupationnel après un parcours classique en IME de 6-à 18 ans, pour une jeune femme, handicapée à 80%, suite à des épisodes neurologiques précoces ayant produits des lésions cérébrales irréversibles.

- Exclusion du système scolaire d’un jeune qui sera diagnostiqué bien plus tard autiste Asperger car il ne se coulait pas dans le moule scolaire alors qu’après avoir refusé une orientation en CAT, il passera son brevet des collèges en 6 mois et qu’il accède actuellement à la fac.

Dans les 2 cas de figure l’accent est mis sur un usage très banalisé de neuroleptiques par les institutions et une tendance à psychiatriser les diagnostics (ex : diagnostic de psychoses infantiles qui ne tient plus compte des atteintes neurologiques dues aux lésions ou ex : diagnostic de schizophrénie qui ne tient plus compte des aspects neurologiques de l’autisme Asperger).

Pour les professionnels présents dans le groupe : Un jeune AVS (Aide à la vie scolaire) en contrat aidé exprime le désarroi ressenti lors d’expériences de d’encadrement de jeunes handicapés comme moniteur dans des camps de vacance que comme accompagnateur AVS de jeunes handicapés dans le cadre scolaire. Il se sentait autant démuni par les expressions agressives de ces jeunes que par les modalités de traitement à base de neuroleptiques ou d’anxiolitiques. Il ne disposait d’aucune formation pour cela. Le poste qu’il occupe n’est cadré en rien du point de vue des fonctions, ne bénéficie d’aucune reconnaissance, et ne s’intègre dans aucun dispositif d’évolution de carrière ou d’intégration dans l’institution. Pour lui, on lui demande de « camer les gamins » notamment ceux qui viennent des familles en grandes difficultés économiques et sociales. Il mentionne que de plus en plus d’institutions scolaires doivent accueillir des publics issus des IMPro par exemple sans être préparées à cela. On retrouve des enfants en grande souffrance dans les écoles et des AVS en aussi grande souffrance. Certains AVS sont formés par les familles elles-mêmes pour accompagner des enfants autistes.

Une professionnelle de l’orientation, psychologue, nous fait part de son expérience d’accompagnement de jeunes autistes dans des classes et que bien des adaptations peuvent être faites à la condition de leurs demander à eux-mêmes les difficultés qu’ils rencontrent et ce dont ils ont besoin.

Eléments forts du débat et des échanges :

- Débat sur la notion d’handicap : Il s’agit d’abord d’une définition sociale : nous avons tous nos formes d’handicap mais la société établit les critères et les dispositifs institutionnels pour étiquetés ceux qui ont le statut d’handicapé qui donne des droits mais qui pose aussi les problèmes de leur intégration sociale une fois étiquetés.

- La notion d’handicap amalgame des situations et des pathologies très différentes.

- Un membre du groupe avec le statut MDPH dit que l’handicap est un champ très large, « qu’il y a beaucoup d’argent de disponible pour le gérer jusqu’à ce que l’on crève ».

- Un autre membre MDPH du groupe dit que le problème est moins l’argent que l’utilité sociale, qu’il touche « 1200 euros pour rien glander » que pour lui l’essentiel c’est l’amour de chacun.

- Les prisons deviennent un « lieu d’accueil » des malades mentaux (40% des effectifs)

- Les ESAT en tant qu’entreprises sous-traitantes pour les travailleurs handicapés sont concurrencés par les prisonniers dont le coût de la MO est plus bas.

- Les centres de réadaptation n’ont pas vraiment de structures d’accompagnement vers le travail. Dans la majorité des cas il s’agit de voies de garage. La référence des compétences reste le travail à la chaine (calcul du temps mis pour visser tant de roues de voiture).

- On compense par les médicaments le manque de moyens humains, notamment pour gérer les comportements violents, alors que ce mode d’expression leur est nécessaire et que cela évite d’avoir à en rechercher les causes.

- L’usage de plus en plus banalisé des psychotropes et des neuroleptiques engage des personnes dans des trajectoires de difficultés mentales ou de dépendance. Exemple d’une jeune fille au pair en Angleterre souffrant du mal du pays et de ses proches qui sera traitée par extasy et amphétamines ; exemple d’un membre du groupe dont la dépendance à l’alcool installée progressivement du fait de son métier sera traitée par benzodiazépines et neuroleptiques et qui parvient à s’en libérer progressivement par la métadone tout en préservant une activité d’autoentrepreneur.

- Responsabilité du système français de la médecine extrêmement conservateur. Dans d’autres pays comme le Canada on trouve des adaptations intermédiaires, de transition, qui évitent des processus d’exclusion massive. Ex d’une adaptation du milieu du travail face à un dédoublement de la personnalité par l’aménagement du temps de travail ( la personne continue à venir à son travail 1 heure par jour).

Q : Qu’est ce qui empêche l’intégration des handicapés ?

- On est dans une société du rendement, personne ne veut prendre du temps

- On aménage un champ social à part pour l’handicap pour que les personnes handicapées y passent leur vie

- Les institutions spécialisées dans la déficience mentale, dans les atteintes neurologiques ou psychiatriques continuent à fonctionner, à rebours des discours dominants d’intégration ou de co-construction, comme des institutions « totalisantes » contre lesquels les parents s’épuisent à partir du moment où ils ne se coulent pas dans les diagnostics dominants de l’institution. Ils sont fréquemment confrontés eux-mêmes à des situations d’isolement et doivent gérer des dilemmes cruels entre la mobilisation pour leurs jeunes et leur propre dynamique de vie. La mobilisation de réseaux familiaux, amicaux et la capacité à trouver des solutions externes à l’institution mais progressivement reconnues par elle est une solution qui facilite l’intégration.

- Problème de l’absence de pouvoir décisionnel reconnu aux personnes en situation d’handicap.

- L’essentiel est d’écouter ce que les personnes ont à dire, d’être attentif à leurs rythmes, à leurs besoins, à leur quotidienneté, Il suffit parfois de prendre en compte ce qu’elles expriment.