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Villes/Rennes/Travailleurs debouts/CR/Compte rendu du Dimanche 17 avril : la souffrance au travail

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Groupe souffrance et organisation du travail[modifier | modifier le wikicode]

17 avril 2016

Ce compte-rendu distingue les témoignages, les idées évoquées et les propositions d'actions qui ont émergé.


Témoignages[modifier | modifier le wikicode]

Au sein d’une administration publique. Témoignage sur une situation de harcèlement moral. « Tout peut aller très vite, les gens peuvent s’effondrer très rapidement. » Or, les leviers d’action sont très lents à activer. De plus, les hauts fonctionnaires qui en sont responsables ne sont jamais virés, ils sont seulement déplacés. Quand les gens voient un collègue pleurer au travail, ils doivent se dire que ce n’est pas normal. Or, on met souvent les situations individuelles, privées au premier plan dans ces cas-là. Les deux sont liés, les problèmes de boulot ont des conséquences sur la vie privée. -> Question : Comment aller plus vite pour protéger les personnes concernées ?

Une personne témoigne du fait qu’il vit une situation très difficile au travail et met tout en œuvre pour cloisonner vie privée et travail. Il y arrive mais cela lui coûte. Il dit avoir l’impression, en parlant avec des personnes plus vieilles que la souffrance n’était pas aussi présente avant. Un jeune homme qui dirige une association d'animation rapporte qu'il a traité la question de la souffrance par des réunions de debriefing en fin de journée où chacun exprime son ressenti sur ce qu'il a vécu. Personne ne peut l'interrompre ou lui répondre ce qui garanti une liberté dans l'expression.

Un chef d'entreprise dit qu'il laisse ses employés prendre autant de congés qu'ils veulent dans les périodes où la charge de travail est faible et que ça ne pose aucun problème. Il dit ne jamais consulter le code du travail.

Une femme témoigne pour son époux qui n'a pas pu venir car il avait peur de ne pas maîtriser son discours. Il ressent une très grande colère qui l'atteint jusque dans sa vie de famille. Il est plombier, se sent atteint jusque dans son intégrité et a l'impression d'être le seul à exprimer des choses dans son entreprise. Il est chef d'équipe sur des chantiers. On fait peser une très grande pression sur lui avec un chantage à la prime, sans lui donner les moyens de faire ce qu'on lui demande dans les délais. L'entreprise fait peser sur lui la responsabilité des retards pris.

Une personne dit faire de la résistance en veillant à ne jamais atteindre les objectifs qu'on lui fixe. Car il sait qu'une fois atteints on lui en fixera de plus ambitieux et ainsi de suite.

Idées évoquées[modifier | modifier le wikicode]

- La souffrance au travail semble plus présente que chez les générations précédentes

- On n'accepte de moins en moins la violence physique alors que la violence psychique s'installe insidieusement

- Rappel de ce que sont : CHSCT, médecine du travail, Assistant/e de service social1 de l'entreprise… Pourquoi ces instances ne répondent-elles pas au problème ? → Il manque une réelle cogestion, les avis de ces instances ne sont que consultatives.

- Evocation des groupes d'analyse de pratique utilisés dans le secteur médico-social. Ont un effet sur la souffrance quand elle est liée à une difficulté de positionnement professionnel , peut aussi renforcer le soutien collectif mais ne traite pas le problème de l'organisation du travail. Est-ce un système duquel on pourrait s'inspirer pour proposer une aide aux travailleurs concernés ?

- Les personnes ont besoin d'autonomie dans leur travail et de s'appuyer sur le collectif. Beaucoup d'entreprise cherchent à briser ce collectif.

- On dit souvent, « ça va péter » mais « ça » ne pète pas, ce sont les personnes, individuellement, qui craquent. Et on les remplace.

- L'individualisation des évaluations casse les collectifs et augmente la pression sur chacun. Les personnes qui craquent sont orientés vers des prises en charges individuelles alors que le problème est collectif. CONTROVERSE Certains défendent les médecins psychiatres qui vont justement à l'encontre de la culpabilisation individuelle. → Attention à la limite entre « vous pouvez surmonter ce problème » et « vous devez régler ce problème vous-même »

- Pb : la médecine du travail est payée par les employeurs. Un système de caisse comme la Sécurité Sociale pourrait neutraliser ce problème de conflit d'intérêt.

- Le management a été inventé pour mettre la pression sur ce qu'on appelle aujourd'hui « ressources humaines » quand on a épuisé les autres recours : répartition des matières premières par la guerre (1ère GM), taylorisation, travail en flux tendu.

- L'apparition de la notion de management dans les fonctions publiques est une manière pour le privé de déstabiliser des organisations pour se les accaparer (il y a des mannes financières : URSAF/Sécu…).

- La sous-traitance est un système pervers qui fait peser plus de pression sur les salariés à chaque fois qu'on saut un maillon de la chaîne de sous-traitance.

- Ce que cherche l'entrepreneur, ce n'est pas la qualité mais la performance économique.

- Pour certains, Rennes est une ville bourgeoise où on étouffe les choses, il faudrait mettre cette souffrance sur la place publique.

Propositions d'actions pour la suite : restaurer le collectif[modifier | modifier le wikicode]

Cette souffrance ne doit pas être individualisée mais prise en charge collectivement. Le soutien du collectif de travail est un facteur majeur qui protège du Burn-Out. Le problème de ce qu'on peut faire pour prévenir la souffrance au travail reste posé.

Mettre la souffrance indicible sur la place publique : voir ce qui est proposé par le groupe action et faire le lien.


Offrir un lieu de parole à ceux qui n’en ont pas. Pour dire l’insupportable du travail et être entendu. Certaines personnes ont peur d’aller vers les syndicats ou ne leur font pas confiance. Nous proposons de réfléchir à un tel lieu au sein de la Nuit Debout Rennes et souhaitons faire un appel à compétences.