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Vendredi 13 mai. Expulsion des occupantes de la Maison du Peuple[modifier | modifier le wikicode]

« Nathalie Appéré est sur une corde R.A.I.D. » Sticker DIY vu à Rennes
Mercredi 10 mai, prenant pour prétexte la manifestation spontanée en centre-ville qui s'était déroulée après l'annonce du recours au 49.3, Nathalie Appéré annonçait son refus de prolonger la convention d'occupation de la Maison du Peuple et enjoignait aux militants de quitter les lieux. L'ensemble du mouvement social réaffirmait la légitimité de l'occupation d'un bâtiment à vocation politique, afin de disposer d'un lieu où se réunir et s'organiser.

Le lendemain, ce qui devait n'être qu'un rassemblement statique contre la Loi Travail, Place du Peuple, à l'appel de toutes les composantes du mouvement social, s'est finalement transformé en cortège. La plupart des syndicalistes de FO et de la CGT se contentaient d'un petit tour avenue Janvier et boulevard de la Liberté, alors que la majorité des manifestantes bifurquaient vers le centre-ville et atteignaient dans le calme la place de la mairie, ordinairement rendue inaccessible par les forces de l'ordre. Une délégation demandait à rencontrer la députée-maire pour défendre l'occupation de la Maison du Peuple, sans succès. L'AG informait l'huissier de sa décision de contester l'injonction de la mairie à quitter les lieux.

Minuit. Depuis la salle de projection, des militantes de Nuit Debout occupent les ondes de Radio Croco. Des occupantes terminent de barricader solidement les accès au lieu tandis que d'autres observent la nuit rennaise depuis le sommet du bâtiment. L'attente est longue. A 5h30, une douzaine de fourgons des forces de l'ordre sont signalés place des Lices. Quelques minutes plus tard, les guetteuses sur le toit voient des voitures banalisées investir le chantier du couvent des Jacobins, mitoyen de la salle. "Le PC de commandement", suggère quelqu'une. Il s'agit en fait de policières du R.A.I.D., qui, en surplomb, vont tenir en joue les occupantes de la toiture, depuis une nacelle suspendue par une grue.

À 6h00, des CRS passent par le terrain vague adjacent, ouvrent une brèche dans la palissade et attaquent la porte au bélier, sans parvenir à la défoncer. C'est à la scie circulaire qu'elles fractureront les entrées principales et secondaires simultanément. Les occupantes de la salle, assises en cercle, bras dessus, bras dessous assistent à leur encerclement en chantant "Il en faut peu pour être heureux" ou "On veut des bisous". Après 15 minutes de rires et de chants, les occupantes sont sorties dans le calme et escortées une par une à l'extérieur du périmètre protégé par les forces de l'ordre, sous les applaudissements des personnes venues les soutenir à l'annonce de l'expulsion.

Dehors, les manifestantes se massent peu à peu face aux boucliers des forces de l'ordre, place Sainte-Anne et rue Saint-Louis. Côté Saint-Louis, un accordéon est sorti, et un expulsé improvise une séance d'éducation populaire à destination des policières. L'ambiance est bon enfant, à tel point qu'un jeune CRS fond en larmes et est exfiltré par ses collègues. Tenues en respect par les six membres du R.A.I.D., les occupantes du toit voient quant à elles arriver les policières, qui y accèdent par la grande échelle des pompiers. Encerclé, le petit groupe tente sans succès de négocier le café et les croissants en échange de sa coopération. Elles descendront dans le calme, encouragées par le voisin d'en face, en slip sur son balcon, et par les applaudissements de leurs camarades.

Satisfait de l'opération, le gendarme brigadier responsable de la manœuvre attribuera un respectable 7 sur 10 aux barricades des occupantes.

Bulletin Nuit debout Rennes #1, mai 2016