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Villes/Rennes/texte de présentation de Nuit debout Rennes

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Reprendre la main sur une vie politique indigente : Rennes Debout depuis le 36 mars[modifier | modifier le wikicode]

Depuis le 36 mars (5 avril), à Rennes, des citoyennes opposées à la Loi Travail s'assemblent Place du peuple (ex-esplanade Charles de Gaulle) pour se réapproprier le politique, inventer un autre rapport à l'espace public et approfondir la démocratie. Nuit debout Rennes poursuit deux objectifs : à court terme, faire échouer le projet de loi Travail. A plus long terme, nous organiser pour reprendre la main sur le politique.

Origines[modifier | modifier le wikicode]

Le surgissement d'un mouvement de prise de parole publique en France en ce printemps 2016 trouve son origine dans la contestation contre le projet de loi travail, catalyseur des colères accumulées contre la politique suivie par les derniers gouvernements, liberticide et entièrement favorable aux grandes entreprises et aux plus fortunés. A l'origine de la première Nuit Debout du 31 mars, une équipe de militantes de différentes organisations constituée autour du journal Fakir et du film « Merci Patron ». Réunies le 23 février à la Bourse du travail de Paris autour de la question : « Comment leur faire peur ? », elles ont décidé de diffuser le mot d'ordre « Nous ne rentrerons pas chez nous après la manifestation du 31 mars », et ont préparé un événement militant place de la République. Mais l'événement est devenu mouvement. Initialement prévu pour une nuit, et toujours en cours aujourd'hui, Nuit Debout a largement débordé du cadre initial et s'est diffusé dans plus de 150 villes en France, ainsi qu'à l'international.

Dès la première nuit, la dynamique a pris à Rennes, mais a été contrariée par les autorités. Le rassemblement, qui devait se tenir Place du Parlement, a été interdit par la préfecture, le quartier bouclé et les participantes empêchées de se rassembler. Prétexte officiel : préserver le patrimoine du centre historique. Raison réelle : la situation de la place en plein « Carré rennais », concentration de boutiques de luxe dont il ne faudrait surtout pas effrayer la clientèle frileuse. Mais Paris a tenu parole, Paris n'est pas rentrée chez elle après la manifestation et a prolongé le mois de mars : 32 mars, 33 mars, 34... Et le 36 mars, nouveau jour de contestation du projet de loi Travail, les rennaises sont entrées dans la danse. Répondant à un appel lancé sur les réseaux sociaux, plus de trois cent personnes se sont retrouvées sur l'esplanade Charles de Gaulle pour un premier rassemblement sans organisatrice. Depuis, nous sommes revenues chaque jour, pour des assemblées réunissant plusieurs centaines de personnes (1 500 après la manifestation du 40 mars). Focalisées sur la question de l'accès à l'hyper-centre, les autorités nous ont concédé l'usage de l'esplanade Charles de Gaulle pour y organiser des assemblées populaires. Elles se retrouvent aujourd'hui démunies pour justifier une répression de notre mouvement, comme on peut en voir dans d'autres villes.

Influences[modifier | modifier le wikicode]

L'initiative n'est pas totalement originale. Le mouvement en cours place de la République à Paris, Place du peuple à Rennes, présente des similitudes avec les mouvements d'occupation des places : printemps arabes, Indignés, Occupy Wall Street. Avec une différence notable : ici, pas d'occupation permanente de la place, mais une occupation temporaire et légère, se reformant jour après jour. Comme s'il ne s'agissait pas de tenir un territoire mais plutôt d'inventer une autre façon d'user collectivement de celui-ci. Une autre référence revient dans de nombreuses discussions entendues Place du peuple : la Révolution de 1789. Les prises de parole, les échanges dans les cercles de discussion et leurs synthèses ont un air de parenté avec les cahiers de doléance, irruption d'une parole politique aux conséquences irréversibles. On y retrouve également la même aspiration au déclenchement d'un processus constituant redéfinissant les règles du jeu démocratique, et le même rêve d'une nouvelle nuit du 4 août, d'une Nuit debout qui verrait l'abolition des privilèges.

Fonctionnement[modifier | modifier le wikicode]

Un mois durant, nous nous sommes réunis chaque soir en assemblée. Autour de ces assemblées, de plus petits cercles se sont formés pour discuter plus avant certains sujets ou organiser la suite. Des commissions prennent en charge la logistique et l'organisation des rassemblements, tandis que des cercles thématiques assurent le suivi des principales questions. Démocratie, féminisme, travail, agriculture sont les thèmes dont Nuit Debout Rennes s'est le plus sérieusement emparé pour l'instant. Lors des assemblées, nous pratiquons l'écoute et le respect des opinions. Chaque intervenante dispose de trois minutes pour s'exprimer, et la parole est donnée en priorité à celles qui ne l'ont pas encore prise. Des gestes sont utilisés pour marquer l'accord ou le désaccord avec l'orateur sans intervention verbale.

Les assemblées décisionnelles ont lieu le mercredi, mail François Mitterand, et le samedi, Place du peuple.

Un repas végane (sans produits animaux) cuisiné par la Cantine Mobile est proposé à prix libre et conscient, c'est-à-dire en fonction de ses moyens, et de la valeur que l'on prête à ce qui est offert (produits, travail du cuisinier et service, soutien à la lutte et au projet de cuisine mobile).

Le nom « Nuit Debout » peut être trompeur : nous ne cherchons pas à passer l'intégralité de nos nuits dehors. Les discussions se déroulent usuellement entre 18 heures et 22 ou 23 heures, mais elles peuvent parfois se prolonger jusque tard dans la nuit. Les dimanches et jours de manif, nous sommes en revanche présents Place du peuple dès midi.

L'organisation est spontanée, fruit des rencontres qui se font place du Peuple, et chacun peut y prendre sa place.

Politique d'ouverture[modifier | modifier le wikicode]

Nous pensons qu'être citoyenne ne se résume pas à glisser de temps à autre un bulletin dans l'urne en assistant le reste du temps à une compétition présidentielle de plus ou moins haute intensité. Être réellement citoyenne suppose de pouvoir disposer d'une agora où chacune, individu ou organisation, puisse exprimer ses opinions sans se sentir en insécurité, entendre les opinions contraires et contribuer à chercher dans les choses publiques l'intérêt général plutôt que des intérêts particuliers. La seule limite que nous fixons à la liberté d'expression est l'exclusion des opinions oppressives, comme le racisme ou le sexisme. Pour autant, les assemblées proposées par Nuit debout le sont à l'initiative de personnes mobilisées contre la loi Travail « et son monde », déterminées à changer l'ordre des choses. Un tel projet n'étant par définition pas consensuel, on ne saurait confier à Nuit debout seul la responsabilité de faire vivre des assemblées citoyennes garantissant strictement la liberté d'expression de chacun.

Liens avec le mouvement contre la Loi Travail[modifier | modifier le wikicode]

Pensé pour être un prolongement des mobilisations contre la Loi El-Khomri, Nuit debout rassemble des personnes opposées à la réforme du code du travail, qui participent chacune à leur manière aux actions qui ont lieu régulièrement. Nuit debout Rennes relaie les informations d'autres collectifs locaux en lutte, comme l'AG de Rennes 2, l'AG interprofessionnelle, la CIP (Coordination des Intermittents et Précaires), les syndicats. Elle participe aux assemblées du TNB occupé, ainsi qu'à l'occupation en cours de la salle de la Cité / maison du peuple, ainsi qu'aux réunions inter-syndicales lorsqu'elle y est conviée.

Ses objectifs allant au-delà du retrait du projet de loi El-Khomri, Nuit debout Rennes poursuit place du peuple une activité indépendante de la coordination de ces différents collectifs.

Reprendre la main sur une vie politique indigente[modifier | modifier le wikicode]

Les thématiques dont se nourrissent les débats de Nuit debout sont nombreuses : travail, éducation, écologie, agriculture, flux migratoire, art, guerre, etc. C'est toutefois le thème de la démocratie qui donne sa cohérence à la mobilisation en cours. De partout revient, comme une évidence depuis longtemps partagée, que le système politique est à bout de souffle, que les institutions de la Ve République sont profondément sclérosées et instrumentalisées, gangrenées par la corruption et la médiocrité, et que les élus ne représentent plus qu'eux-même et leurs clients.

Notre premier objectif est le retrait du projet de loi travail, mais maintenant que nous sommes debout, nous irons plus loin.. Nous sommes debout pour reprendre la main sur les affaires publiques et sur le politique, pour en déprofessionnaliser l'activité, pour approfondir la démocratie. Nous le resterons jusqu'à ce que ces buts soient atteint... et plus longtemps encore. Ce n'est que le début.


Version du 8 mai 2016