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Nuit debout Rennes

Assemblée du 17 août 2016 – mail François Mitterrand

Retours personnels sur les Rencontres des #NuitDebout de Paimpont, en tours de parole librement commentés.[modifier | modifier le wikicode]

La page wiki des Rencontres de Paimpont est ici.

- Je suis arrivé le dimanche pendant l'AG. J'ai été interloquée par la tentative de prise de pouvoir de certaines parisiennes sur l'assemblée, par la manière de diriger les débats, de considérer que Paris est le centre du monde.

- J'étais venue pour la comm' média. J'aurais aimé échanger des infos pratiques, des tuyaux, prendre des contacts, mais ça a été un règlement de comptes parisiens sur la question du medi center. Le débat parigo-parisien a pris le dessus. Sinon, pour le reste, c'était très agréable, on pouvait facilement causer, on a bouffé ensemble, y avait une bonne ambiance. Mais qu'est-ce que c'est que cette embrouille, et qu'est-ce qu'on fait avec ?

- J'ai évité les grosses AG. Des parisiennes ont posé leurs pions tout de suite, ont répété les mêmes histoires tout le week-end. Ils ont parlé beaucoup, longtemps, ils ont ramené leurs inimitiés sur la place. On est là pour être solidaires, pour échanger des infos, ils ont un peu gâché l'ambiance.

- D'autres gens de Paris n'étaient pas dans cette dynamique. Il y avait d'autres approches. Certaines parisiennes percevaient la qualité des groupes de province, qu'eux ne retrouvent pas à Paris, à cause de la taille. Elles étaient agréablement surprises.

- Complétement. On a eu de supers échanges avec de nombreuses parisiennes, sans parler des lannionaises, nazairiennes, les angevines...

- En tout cas ces personnes sont enfermées dans le passé, dans le passif. Dans la politique. J'ai eu une fille de Paris au téléphone, que j'avais rencontrée à la Maison du Peuple. Je l'ai faite causer, elle m'a parlé du bazar à Paris avec les Vertes, le PG, avec des boîtes d'info/com. Elle était dégoutée que les parisiennes ramènent ces histoires à Paimpont.

- Il y a tant d'embrouilles que ça ? Mais pourquoi ?

- Rappel de l'histoire du Media center (voir CR Paimpont commission communication/médias)

- Ils veulent prendre le pouvoir.

- Ouaip, et c'est toutes des spécialistes debout. Archi-debout, SDF debout, machin debout...

- Beaucoup de gens sont venus pour profiter de l'occasion pour faire de la pub pour leur projet. Elles croient toutes avoir trouvé la solution, ne sont pas venus pour s'écouter.

- Moi j'ai été enchantée par ce week-end. J'y suis allé dimanche et lundi. A l'AG, j'ai rien senti de spécial, par contre à la commission actions, c'était folklo ! Tout le monde avait amené un texte à lire, et chacun parlait pour soi, personne ne s'écoutait. On a mis trois-quart d'heure à bosser. Sans chef, c'est pas mal pour un groupe de vingt personnes qui ne se connaissent pas. On a fait un brainstorming, qui était très riche. On a retenu la date du 3 pour une initiative nationale. C'était un peu long, mais on a bien travaillé, bien décortiqué le truc. Sauf deux personnes, qui voulaient sans cesse rappeler pourquoi on est là, des personnes anxieuses, inquiètes. Toujours rappeler l'urgence dans laquelle on est, alors qu'on sait.

Je suis revenue le lundi. Nous avons rencontré les enfants accueillis à La Guette, qui venaient de zones périphériques à Fukushima. Soit-disant pas irradiées. Une asso se préoccupe depuis le début de leur procurer des vacances. Une asso franco-japonaise, plus plein de petites énergies. Ils font quelque chose de complétement fou, ça coûte très cher, les vacances. Bon, les conditions sont spartiates. J'ai été émue d'un bout à l'autre, au bord des larmes, par la rencontre avec ces gens qui se décarcassent, de manière discrète et efficace. Une des animatrices est musicienne, on pourrait voir avec elle pour organiser une représentation pour la paix, dans le cadre de la journée mondiale pour la paix, le 21 septembre. Le 23 à Rennes, le mouvement pour la paix et d'autres vieux machins organisent une marche pour la paix. Les gens de l'asso nous ont assez mal reçues initialement, car elles croyaient qu'on voulait « voir les enfants ». Puis ça a été extrêmement chaleureux. C'était fou. Avec ces enfants qui ne sont quand même pas en forme, qui ne parlent pas français... Il y avait une générosité, un élan... C'était formidable. Je suis sortie de là heureuse.

Après j'ai participé à la deuxième commission communication. Je suis admirative. Ces informaticiens sont doués, bien dans leur truc. Mais il y a un gros manque à Nuit debout : il n'y a pas d'équipe de rédaction. Personne pour accueillir les médias. On abandonne ça à des gens qui n'y connaissent rien.

- Ca a été en partie discutée la veille. Nous étions plusieurs à vouloir relativiser l'importance des outils, pour parler des contenus à créer et partager.

- Puis la dernière AG, lundi après-midi, très intéressant, avec des échanges précieux. Les gens partaient au fur et à mesure, et à la fin, nous n'étions plus nombreux mais nous avons continué à échanger, sur la lutte, mais dans une dimension plus personnelle, plus intime. Alors, c'est extrêmement étrange de comprendre de quoi il ressort dans ce mouvement. J'avais participé il y a quelques années à une tentative de mise en réseaux des alternatives, et ça n'avait pas marché. Le monde associatif n'était pas prêt à aller vers l'extérieur.

- Les participantes à la réunio du CAC (Collectif des Assos Citoyennes), à Rennes, ont fait le même constat : leur incapacité à travailler en réseau, à décloisonner.

- Donc c'est un problème connu depuis longtemps, mais ça va marcher, car cette fois ça vient du bas. Même s'il y a des egos, c'est infiniment moins que ce qu'on voyait jusque là. C'était impossible à canaliser. Après ce que j'ai vu à Paimpont... On a passé une marche. Il y a encore des individus égotiques, mais beaucoup ne sont plus comme ça. - Et ils ont été calmés. On leur a rappelé qu'il n'y a pas de leaders.

- Pour rassembler, il ne faut pas commencer par s'attaquer aux convictions des autres. IL faut rester dans l'esprit « On fonce ! ». Mais il ne faut pas laisser s'envenimer ce qui se passe actuellement, pas faire l'autruche.

- Voilà. Car le problème du media center n'est pas un problème parisiano-parisien. D'abord, beaucoup de parisiennes s'en foutent, considèrent qu'il s'agit de querelles personnelles et qu'on n'a pas besoin de Facebook. Mais surtout, de nombreux collectifs locaux ont fait part de leur incompréhension devant l'utilisation qui est faite de l'outil, et l'impossibilité de communiquer avec République via cette page, qui ne répond jamais aux messages. Or, ce n'est pas anodin, car énormément de collectifs locaux sont (malheureusement) organisés uniquement autour de cet outil. Certains n'ont même pas de mail. Donc ça pose un problème, dont la résolution passe par l'apprentissage de l'organisation hors-Facebook, à l'ancienne (lol), mais aussi par l'établissement d'un dialogue avec les gestionnaires des pages pour que l'usage qui en est fait corresponde à ce qu'en attendent les participantes au mouvement. La fonction de ces outils devrait être de valoriser les singularités et les initiatives locales, et de communiquer sur nos aspirations et exigences fédératrices. On en est loin, et il faudra s'organiser d'une manière ou d'une autre pour améliorer ça si on veut réellement peser.

Ca n'en reste pas moins une question secondaire. On a eu l'occasion à Paimpont de bien explorer le sujet. Alors certaines se sont un peu plaintes que les débats tournent en rond, mais une fois que tu poses les choses et que tu synthétise, tu te rends compte de la richesse qu'il y a eu dans les échanges... comme en ce moment. Et il y avait apparemment une forme d'accord sur le fait qu'il faut un peu mettre de côté les outils numériques pour accentuer le caractère humain, inter-relationnel de la communication. Aller labourer le terrain, et réserver la comm numérique aux aspects pratiques.

- La réussite ne peut pas se mesurer uniquement en termes de quantité, bien au contraire. Regardez par exemple ce qui s'est passé dans le village, à Plélan, quand on a fait une action « Porteur de paroles » sur le marché. Mais ça prend du temps, ça demande de connaître les techniques.

- J'étais là du vendredi au lundi soir. Je tire un grand plaisir et une grande satisfaction de ces rencontres. Il n'y avait pas d'objectif particulier, si ce n'est prendre le temps de se rencontrer, et ça a vraiment fonctionné. On a tissé des liens qui devraient perdurer. Sur le plan de l'orga, on était deux à organiser. On a beaucoup bossé après la réunion sur la ZAD, pour lancer la machine et poser le cadre, puis la semaine précédant les rencontres. L'orga a coûté 720 €, essentiellement en nourriture ainsi qu'en papeterie. La participation était libre. On avait annoncé le coût de l'orga, et invité les personnes à mettre un peu plus pour soutenir les activités du lieu. Nous avons récolté un peu plus de 1100€. On a remboursé les frais avancés, et donné 400 € à l'association qui anime La Guette. Et on a piqué un billet de 20 pour la caisse de Nuit debout. Les deux petits bémols sont les personnes qui ont fait un peu de bazar jusqu'à 6 heures du matin le dimanche, et importuné leurs voisins de camping, et le fait que nous ayons mis deux jours à retourner à La Guette finir le rangement, faute de voitures. Mais ses habitantes n'ont pas eu l'air traumatisées.

Les gens avaient bien intégré l'attente de responsabilité et d'autonomie, et se sont partagés les tâches communes avec un plaisir visible. Personne ne se sentait obligé à participer en intégralité à une réunion, et pouvait aller et venir de groupes en groupes, ou aller discuter en aparté, quelque part à l'ombre. Cette liberté a beaucoup contribué à la qualité du moment. En partant, une participante habituée à des réunions de coordination m'a dit : "C'est probablement la réunion la moins organisée à laquelle j'ai assisté, et je ne me suis jamais autant senti à ma place".

- Alors moi, je suis venu le dimanche, pour la commission médias-comm, qui devait commencer en grand groupe avant de se scinder. Et on n'a jamais pu se scinder ! J'étais venu pour proposer une aide pratique à la réalisation de gazettes, mais on n'a pas pu en parler et c'est dommage. Alors il y a eu des trucs intéressants, comme la proposition de Grenoble de faire un site de visibilisation des exigences. Mais quand un débat tourne en rond, ça me fatique, alors je suis allé faire la cuisine, et c'était vachement sympa. Moi j'ai pas besoin d'être devant, ça va, j'ai des amis. Je suis retourné voir une demi-heure après, et ça tournait encore en rond. J'ai proposé qu'on fasse un tour pour que chacun expose ses problèmes, et ça n'a pas été accepté. Mais j'ai bien aimé ce qu'a dit un monsieur agé. Nuit debout, c'est personne. Il faut arrêter de vouloir centraliser. On va pas créer une espèce de grande hydre. Il faut créer 50 000 trucs, être dépassés par l'énergie. Etre dépassés et tant mieux !

Et puis j'ai été aussi agacé par l'emploi à tout bout de champ du mot « démocratie ». Ca veut plus rien dire, démocratie. C'est un mot délavé, tarte à la crème, faut arrêter avec ça et trouver autre chose.

- Je pense que sur la centralisation, les choses ont été clairement posées à Paimpont. Il y a besoin de se coordonner sur des actions et sur des messages, mais il faut cultiver et encourager la pluralité des moyens d'expression et la confrontation des opinions. Sinon Nuit debout ne sert à rien, car c'est quand même ça, à la base : la « libération » de la parole publique.

- Sur la démocratie, je ne suis pas d'accord. Si on lit les textes des philosophes qui ont servi de références à la construction de l'ordre actuel, nous ne sommes pas en démocratie, mais en oligarchie élective. Les fondatrices des républiques, au XVIIIe, en France et en Amérique, étaient très clairs sur leur projet : la démocratie n'était ni souhaible, ni désirable. C'est seulement par un glissement de sens qu'on en est venus à appeler notre système « démocratie ». Donc il faut se battre sur les mots, mener l'offensive. Exiger la démocratie, ou plus de démocratie, et rappeler que factuellement, nous ne sommes pas sous un régime démocratique – les gens ne seront pas durs à convaincre !

- Faudrait trouver un autre terme, quelque chose de plus frais.

- De plus SWAG

- C'est quoi, ça ?

- Ca veut dire cool.

- Mais j'ai pas d'opposition à ce que vous travailliez sur ce mot. C'est juste une question que je souhaitais poser.

- C'est comme pour le mot « révolution », qui a d'abord fait marrer les gens quand il a été lâché à la réunion « Contours de Nuit debout ». Et puis à la réflexion, en en recausant pendant le week-end, on s'est dit que si on commençait à appliquer nos exigences sur les plans démocratiques, agricoles... Ben ce serait une révolution. Donc, va pour la révolution. L'idée a été démodée, démonétisée, avec la découverte des réalités du communisme réel et la chute du mur. Même les anti-stal en ont perdu leur boussole. Mais maintenant, ça commence à être digéré. Nuit debout, c'est ça, c'est les prémisses du retour d'un désir révolutionnaire d'un nouveau genre, frais, positif mais déterminé. Une nouvelle idée révolutionnaire qui ne passe plus par les vieilles formes du militantisme hiérarchique ni par un soulèvement armé.

- Les gens ont conscience de l'archaïsme du système politique. Comment faire ensemble ? Bien-vivre ensemble ? Il y a des choses à apprendre sur le « buen vivir » brésilien.

- Tu serais prête à nous faire un temps de présentation sur cette notion, après la rentrée, autour d'une AG ?

- Oui, pourquoi pas ?

- Donc ce week-end, même si ça n'a pas toujours été simple ni efficace (mais ne prêchons-nous justement pas contre l'impératif d'efficacité ? Pourquoi se l'appliquer à nous-même ?), nous sommes tout de même parvenus à identifier des choses que nous avons en commun, à formuler des propositions stratégiques et à proposer des actions coordonnées. Tout ça ressortira des synthèses qu'on fera des comptes-rendus, mais on a décidé, en modifiant une proposition amenée par des parisiennes de faire un texte d'appel, de rédiger un « message », de la part de deboutistes réunis à Paimpont, pour présenter l'état de nos réflexions à tous ceux qui ne pouvaient pas être présents, et leur faire des propositions. Je peux vous lire le début du texte, qui n'est pas fini et va prendre un peu de temps à être rédigé et validé. (Lecture du projet de texte)

- Dans le texte, il faut parler de la souffrance au travail. En particulier d'une souffrance de plus en plus répandue, celle de ne pas pouvoir bien faire son travail, qui est une des plus grandes souffrances.

- Et de l'état d'urgence.

- Ne pas oublier non plus de mentionner que Nuit debout est aussi à l'origine de dynamiques de transformation individuelles. Beaucoup de personnes ont mentionné cette dimension.